Le week-end dernier, des membres républicains du Congrès ont participé à des exercices militaires sous la direction d’un général américain à la retraite, en prévision d’une guerre avec la Chine d’ici 2025, a rapporté le Wall Street Journal.
Lors d’une séance de réflexion du parti républicain tenue à Orlando, en Floride, le contre-amiral américain à la retraite Mark Montgomery a supervisé une simulation de guerre avec la Chine qui envisageait la mort de dizaines de milliers d’Américains et des porte-avions américains coulés.
Alors que l’exercice était présenté comme une réponse défensive des États-Unis à une invasion chinoise de Taïwan, les États-Unis s’efforcent systématiquement de provoquer un conflit avec la Chine en mettant fin à la politique d’une seule Chine, en armant Taïwan et en renforçant la présence des troupes américaines sur l’île.
Voici comment le Wall Street Journal a décrit ces exercices militaires dans un éditorial: «Les coûts seraient énormes et les familles partout dans le pays perdraient des proches. L’amiral Montgomery a dit que le nombre de victimes pourrait varier de 15 à 50 dans chaque circonscription des États-Unis, soit environ 5.000 à 20.000 Américains».
Le journal d’extrême droite Washington Free Beacon, qui a également rendu compte des exercices militaires, a écrit que «les législateurs se sont réunis dimanche soir pour définir la plus grande menace à laquelle est confronté le peuple américain: une guerre totale avec la Chine».
Le Free Beacon a écrit que «les pertes américaines dans un conflit impliquant les États-Unis, Taïwan et la Chine pourraient se chiffrer à des dizaines de milliers en l’espace de quelques jours seulement». Il ajoute que «dans certains cas extrêmes, les États-Unis subiraient jusqu’à 20.000 pertes militaires en une seule semaine, soit le nombre le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale».
Le représentant républicain du Nebraska, Don Bacon, a déclaré: «Ce sera un combat sanglant… Si nous avons le temps d’envoyer des munitions et des avions sur place, nous en sortirons vainqueurs, mais ce sera toujours sanglant».
Le député Michael Waltz a déclaré au Free Beacon: «Notre calendrier avec la Chine ne sera pas le même qu’avec la Russie… Nous n’aurons pas cette longue et lente montée en puissance pour déterminer ce que nous voulons faire et débattre de ce que nous allons faire».
Selon Free Beacon, les législateurs ont notamment envisagé de «frapper la Chine continentale, d’attaquer les navires chinois, voire de submerger les forces chinoises par une sorte de blocus et d’empêcher les troupes terrestres de mettre le pied en Taïwan. Tous ces scénarios, selon les députés qui y ont participé, impliquent des pertes américaines importantes».
De plus en plus, les secteurs dominants de l’establishment politique et militaire américain considèrent qu’une guerre potentielle des États-Unis avec la Chine n’est pas une question de décennies, mais d’années.
En janvier, le général Michael Minihan, de l’armée de l’air, a déclaréà son commandement qu’il s’attendait à ce que les États-Unis soient en guerre avec la Chine d’ici 2025. «Mon instinct me dit que nous nous battrons en 2025», a-t-il déclaré. Il a exhorté les aviateurs sous son commandement à mettre de l’ordre dans leurs «affaires personnelles» pour se préparer à la guerre.
Quelles que soient les conséquences désastreuses d’une guerre entre les États-Unis et la Chine, les États-Unis ont pris ces dernières semaines un certain nombre de mesures destinées à préparer une confrontation directe.
Le 11 mars, le directeur du renseignement national des États-Unis, Avril Hanes, a déclaré que l’affirmation de Biden selon laquelle les États-Unis entreraient en guerre avec la Chine au sujet de Taïwan n’était pas seulement l’opinion personnelle du président, mais bien la politique réelle des États-Unis.
En septembre, lors d’une interview, on a demandéà Biden: «Contrairement à l’Ukraine, les forces américaines, des hommes et des femmes, défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise»? Biden a répondu: «Oui».
Alors même qu’ils mettent fin à la politique d’«ambiguïté stratégique» et déclarent qu’ils entreraient en guerre avec la Chine au sujet de Taïwan, les États-Unis s’orientent vers la fin de la «politique d’une seule Chine», selon laquelle la position des États-Unis est que Taïwan fait partie de la Chine.
Mardi, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté le Taiwan Assurance Implementation Act, une loi qui charge officiellement le département d’État «d’identifier les possibilités de lever les limitations qu’il s’impose encore à l’engagement des États-Unis vis-à-vis de Taïwan et d’élaborer un plan pour y arriver».
Le journal d’État chinois Global Times a cité Yang Xiyu, chercheur principal à l’Institut chinois d’études internationales, qui a souligné la signification essentielle de la loi: «Le projet de loi suggère que la Chambre des représentants des États-Unis a l’intention de modifier unilatéralement le statu quo de part et d’autre du détroit… Au cours des 40 dernières années, les États-Unis n’ont entretenu que des relations officieuses avec l’île, mais ils cherchent désormais à passer à des relations officielles».
Dans un communiqué sur l’adoption du projet de loi, le bureau de la représentante républicaine Ann Wagner a affirmé que «pendant des décennies, la plupart des hauts fonctionnaires du pouvoir exécutif américain, y compris des officiers militaires de haut rang, se sont vu interdire de se rendre à Taïwan pour apaiser la Chine. De même, les principaux dirigeants taïwanais ne pouvaient pas se rendre aux États-Unis».
Le projet de loi vise à annuler ces restrictions. La Chine, de son côté, a déclaré à plusieurs reprises que la reconnaissance officielle de Taïwan par les États-Unis conduirait à une réunification par la force.
L’adoption des projets de loi intervient une semaine seulement avant la visite prévue de la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, aux États-Unis.
Alors que la classe dirigeante américaine prépare et planifie ouvertement une guerre avec la Chine, elle s’efforce simultanément d’assurer le contrôle total des entreprises américaines sur l’internet.
Jeudi, lors d’une audition de cinq heures, des membres du Congrès américain ont exigé la «fin» de TikTok, le réseau de médias sociaux détenu par la société chinoise ByteDance.
Les membres du Congrès ont affirmé, sans preuve, que TikTok espionnait ses utilisateurs aux États-Unis pour le compte du gouvernement chinois.
«TikTok nous surveille tous, et le parti communiste chinois peut s’en servir pour manipuler tous les Américains», a lancé Cathy McMorris Rodgers, une républicaine de l’État de Washington, à l’adresse de Shou Chew, PDG de TikTok, lors d’une audition qui a duré cinq heures. «Votre plateforme devrait être interdite. Je m’attends aujourd’hui à ce que vous disiez n’importe quoi pour éviter ce résultat... Nous n’y croyons pas».
Les législateurs des deux partis ont ouvertement demandé l’interdiction de TikTok. «Une menace pour la sécurité des États-Unis ne devrait-elle pas être interdite?», a demandé le représentant républicain Ken Buck. «Ils nous le font. Pourquoi ne le faisons-nous pas contre eux»?
Témoignant devant la commission, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu’il fallait «mettre fin à TikTok d’une manière ou d’une autre, et qu’il y avait différentes façons de le faire».
Le gouvernement Biden a exigé que les actionnaires chinois de ByteDance vendent TikTok à une société américaine.
La levée de boucliers contre TikTok poursuit deux objectifs principaux. Premièrement, les États-Unis sont déterminés à détruire systématiquement le secteur chinois de la haute technologie dans le cadre de la guerre commerciale qu’ils mènent contre Pékin. Mais, plus inquiétant encore, le gouvernement américain cherche à consolider sous son contrôle tous les aspects de la communication de masse.
(Article paru en anglais le 23 mars 2023)