Ce mois-ci, la 101e division aéroportée de l’US Army a été déployée en Europe pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre d’un renforcement militaire majeur de l’OTAN le long des frontières de l’Ukraine et de la Russie.
Les membres de l’OTAN envoyaient «davantage de navires, d’avions et de troupes sur le flanc oriental de l’OTAN, de la mer Baltique au nord à la mer Noire au sud» a déclaré l’OTAN dans un communiqué au début du mois.
CBS a intitulé son reportage sur ce déploiement «La 101e division aéroportée de l’US Army s’entraîne à la guerre avec la Russie à juste quelques kilomètres de la frontière ukrainienne».
Le brigadier général John Lubas, notant que près de 5.000 soldats de la 101e division aéroportée avaient rejoint les plus de 100.000 soldats déployés en Europe, a déclaré à CBS: «Il ne s’agit pas d’un déploiement d’entraînement, mais d’un déploiement de combat pour nous. Nous comprenons que nous devons être prêts à nous battre ce soir».
Le journaliste «embarqué» de CBS a conclu: «Si les combats s’intensifient ou s’il y a une attaque contre l’OTAN, ils sont tout à fait prêts à franchir la frontière de l’Ukraine».
La dernière fois que cette unité a été déployé en Europe, fut lors du débarquement du jour J durant la Seconde Guerre mondiale. «La 101e n’est pas retournée en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», a déclaré le sous-lieutenant Patrick Tabor dans un communiqué. «Maintenant, nous sommes de nouveau en ligne avec la 1ère Division d’Infanterie. C’est une occasion unique».
La 101e Airborne est déployée en Roumanie dans le cadre du groupement tactique de l'OTAN mis en place en mai.
S’adressant mercredi au Premier ministre roumain Nicolae Ciucă, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, a décrit l’ampleur du renforcement de l’OTAN dans la région: «Vous accueillez l’un des nouveaux groupements tactiques de l’OTAN dans la région de la mer Noire. Nous renforçons la présence de l’OTAN de la mer Noire à la mer Baltique. Des avions de chasse du Canada contribuent à assurer la sécurité de votre ciel. Et des milliers de soldats français, néerlandais, belges et américains sont en Roumanie pour dissuader toute agression.»
Répondant à ce qu’il a appelé la «dangereuse rhétorique nucléaire» du président russe Vladimir Poutine, Stoltenberg a déclaré: «L’OTAN ne se laissera pas intimider ni dissuader de soutenir le droit de l’Ukraine à se défendre».
Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’OTAN avait renforcé ses quatre groupements tactiques existants en Europe de l’Est et s’était engagée à former quatre groupements tactiques supplémentaires en Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie.
«Cela a porté le nombre total de groupements tactiques multinationaux à huit, doublant effectivement le nombre de troupes sur le terrain. Et cela a étendu la présence avancée de l’OTAN le long du flanc oriental de l’Alliance – de la mer Baltique au nord à la mer Noire au sud», a déclaré l’OTAN dans un communiqué la semaine dernière.
Cette expansion se poursuit, les alliés de l’OTAN s’étant engagés, au sommet de Madrid en juin, à «renforcer les groupements tactiques multinationaux en les faisant passer de la taille de bataillons à celle de brigades».
Dans un article provocateur intitulé «Les troupes américaines sont prêtes à s’engager dans une guerre avec la Russie» (American Troops Prepared to Engage in War With Russia), Newsweek rapporte qu’«un porte-avions américain est prêt à mener une charge internationale si la Russie intensifie ses attaques contre l’Ukraine et ses alliés».
Newsweek note que «l’USS George H. W. Bush… se trouve en mer Adriatique pour mener Neptune Strike 2022 – un déploiement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui teste la dissuasion et la défense dans la zone euro-atlantique».
«La série Neptune est une démonstration tangible de la puissance et de la capacité de l’OTAN dans tous les domaines d’opération», a déclaré le vice-amiral Thomas Ishee, commandant de la Sixième flotte américaine et des forces navales de frappe et de soutien de l’OTAN, en annonçant l’exercice.
«Neptune Strike 2022 est un excellent exemple de la capacité de l’OTAN à intégrer les capacités de guerre maritime haut de gamme d’un groupe d’attaque de porte-avions allié, garantissant notre capacité collective de dissuasion et de défense».
L’exercice comprend plus de 80 avions, 14 navires et environ 6.000 soldats.
Mercredi, le président américain Joe Biden a rencontré les dirigeants du ministère de la Défense, et s’est engagé à augmenter la taille et le financement de l’armée américaine.
«Nous avons clairement indiqué dans la stratégie de sécurité nationale que la modernisation et le renforcement de notre armée sont une source essentielle de notre force nationale et constituent une priorité pour moi et mon gouvernement», a déclaré Biden.
«Et comme nous l’avons clairement indiqué dans la Stratégie de sécurité nationale, il s’agit d’une décennie décisive, non pas à cause de l’un d’entre nous – mais parce que le monde change».
Mercredi, la Russie a procédé à une série d’essais nucléaires, démontrant que «les forces offensives stratégiques de la Russie sont prêtes à mener une frappe nucléaire massive en réponse à une frappe nucléaire ennemie», selon les termes du ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu.
Shoigu a déclaré que l’essai nucléaire, le premier depuis le début de la guerre en Ukraine, était conçu pour simuler une «frappe nucléaire massive».
La Russie a lancé un missile balistique intercontinental, tiré un missile depuis un sous-marin nucléaire et effectué des tests avec deux bombardiers nucléaires stratégiques à longue portée Tu-95.
Les exercices de la Russie se sont déroulés au même moment que les essais nucléaires «steadfast noon» de l’OTAN, au cours desquels des B-52 américains ont simulé le largage de bombes nucléaires en Europe. Ces exercices sont en cours et se poursuivront jusqu’au 30 octobre.
Mercredi également, les États-Unis ont lancé une fusée depuis la base de lancement de Wallops en Virginie. Ils ont mené une dizaine d’expériences sur des armes hypersoniques dans leur course à la construction de nouveaux missiles hypersoniques pouvant servir à transporter des ogives nucléaires.
Dans ces conditions survoltées où les États-Unis et l’OTAN procèdent quotidiennement à des essais d’armes nucléaires, le danger existe qu’une erreur de calcul ou une provocation puisse aggraver le conflit de façon dramatique.
(Article paru d’abord en anglais le 27 octobre 2022)