La grève des raffineries en France et la réquisition des grévistes par Macron marquent une nouvelle étape dans la lutte des classes, avec l’entrée en lutte des travailleurs contre l’inflation. La répression à laquelle les grévistes doivent d’emblée faire face pose des questions vitales à tous les travailleurs, en France et à l’international.
Tous sont menacés par l’explosion des prix, qui mine le pouvoir d’achat, à présent renforcée par l’impact de la guerre entre l’OTAN et la Russie en Ukraine. Les travailleurs des raffineries Esso et Total sont entrés en lutte contre les efforts des employeurs et de l’État, non d’imposer des augmentations salariales bien en-deçà de l’inflation, qui atteint à présent des sommets historiques. Cette politique, menée non seulement en France mais à travers l’Europe et le monde, signifie une perte de pouvoir d’achat qui plongera à terme des masses de travailleurs dans la misère.
Déjà, une large mobilisation internationale des travailleurs est en marche. Les travailleurs des ports et des transports sont en lutte en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud, les aiguilleurs du ciel à travers l’Afrique, les enseignants à travers l’Europe depuis l’Allemagne et la Norvège jusqu’en Serbie, au Kosovo en en Grèce. Aux USA, la colère ouvrière monte dans l’automobile et le rail, et la possibilité d’une grève nationale du rail se profile.
La réquisition des grévistes par Macron n’a pas pour but d’aider les automobilistes français en leur assurant la disponibilité du carburant, mais de casser une grève qui risque de faire boule de neige et de déclencher une éruption de la lutte des classes. En effet, autour de l’inflation un conflit irrépressible se dessine entre la colère des masses ouvrières à la base, et toutes les vieilles structures politiques et syndicales de l’ordre établi.
Les travailleurs refusent de sacrifier leurs maigres salaires et leurs vies au diktat des banques, et de cliques de généraux de l’OTAN qui prônent la guerre à outrance contre la Russie.
Tous les travailleurs ont un intérêt vital dans la lutte des raffineries françaises. Les grévistes des raffineries ne se mobilisent pas seulement pour la défense, évidemment nécessaire, de leurs propres salaires. Il s’agit de défendre le droit de grève, c’est-à-dire le droit social et démocratique des travailleurs de se mobiliser en lutte contre le diktat et les politiques réactionnaires des banques et du militarisme impérialiste.
Pour défendre le pouvoir d’achat et les droits des grévistes des raffineries, seule une nouvelle stratégie politique sera efficace. Il faut d’abord stopper la spirale d’escalade militaire qui traverse toute l’Europe autour de la guerre OTAN-Russie, qui risque une guerre nucléaire et qui favorise l’explosion des prix de l’énergie et de l’alimentation.
Pour ce faire, il faudra une insurrection internationale des masses ouvrières contre le diktat des bureaucraties et du «dialogue social» sur leurs luttes. La répression des grévistes Esso et Total par Macron met en lumière le rôle corrompu des appareils syndicaux nationaux, dont le financement par le patronat et par l’État est un secret de Polichinelle dans la vie politique française et européenne.
Un accord syndical de complaisance, négocié par des bureaucrates CFDT véreux, a servi de prétexte à Macron pour déclarer que la grève était terminée, alors que l’accord CFDT saigne le pouvoir d’achat des travailleurs Total et Esso. Suite à cette déclaration, le «président des riches» s’est autorisé à lancer les forces de l’ordre contre les grévistes, pour les réquisitionner sur les premiers sites. Cette stratégie, extensible aux autres secteurs de l’économie, révèle comment l’État voudrait casser toutes les grèves avec la complicité des appareils syndicaux.
La CGT, quant à elle, critique les accords à Esso et à Total et menace d’organiser des grèves ponctuelles dans quelques autres secteurs. En même temps, son dirigeant Philippe Martinez appelle à négocier avec Macron, et ses fédérations dans les ports et l’énergie font le service minimum pour organiser une lutte. Il a justifié sa décision de refuser son soutien à la marche contre la vie chère à l’appel de Mélenchon aujourd’hui à Paris au prétexte absurde que la lutte contre la vie chère est séparée de la lutte qu’il mènerait pour augmenter les salaires.
En fait, les confédérations nationales de la CGT freinent des quatre fers pour retarder un mouvement de la base parce que les bureaucrates qui les dirigent trouvent leur compte dans les politiques de Macron et de l’OTAN qui poussent la hausse des prix.
En juin 2020, les dirigeants de la CGT ont signé le plan de relance européen adopté face au Covid, qui accordait des milliers de milliards d’euros en fonds publics aux banques. Cela n’a pas servi à protéger les travailleurs du virus; la gestion désastreuse de la pandémie a fait presque 2 millions de morts en Europe à ce jour. Mais cette énorme expansion monétaire a provoqué un transfert massif de richesses vers l’aristocratie financière et une explosion de l’inflation.
En mars 2022, alors que la guerre OTAN-Russie commençait en Ukraine, le direction de la CGT a publié une déclaration qui s’alignait sur la politique de Macron. Dénonçant «l’agresseur, en l’espèce Vladimir Poutine», elle appelait à des sanctions pour «provoquer une déstabilisation totale de l’économie russe aux lourdes conséquences pour la population et pour l’économie mondiale. La question de l’intensification des sanctions économiques se pose donc et plusieurs voix en Russie nous laissent entendre qu’il s’agit d’une piste à explorer.»
Depuis, l’escalade militaire dirigée par l’OTAN, refusant toute négociation avec Poutine, a plongé l’Europe dans les premières étapes d’une Troisième Guerre mondiale. Biden a dit lors d’un meeting avec ses donateurs privés que le péril d’un «apocalypse nucléaire» est réel. Dans son intervention télévisée suite aux commentaires de Biden jeudi, Macron a avoué craindre que son envoi d’artillerie et de missiles en Ukraine contre la Russie ne fasse de la France une cible russe. Il a aussi prétendu qu’il n’y avait aucun lien entre la guerre en Ukraine et la lutte dans les raffineries.
En réalité, la lutte ouvrière contre l’inflation est inséparable de la lutte contre la guerre impérialiste et la politique de sanctions que mène l’OTAN. Les sanctions européennes contre la Russie ont déjà fait bondir la spéculation des banques sur les prix du gaz et du grain. Ceci a déjà appauvri les travailleurs via l’inflation, tout en produisant les énormes profits de Total et d’Esso.
Cet hiver, les masses ouvrières d’Europe sont menacées de pénuries de gaz et d’électricité avec un effet dévastateur sur l’économie et la santé des travailleurs en pleine pandémie de Covid.
La seule façon de défendre les travailleurs des raffineries, qui sont en pointe en France de la lutte contre la politique réactionnaire de l’impérialisme de l’OTAN, est d’organiser une mobilisation plus large des travailleurs en lutte. Cette mobilisation devra prendre la forme d’une insurrection de la base contre le diktat démobilisateur et nationaliste des appareils bureaucratiques sur les luttes ouvrières.
Le Parti de l’égalité socialiste appelle à la formation de comités de base sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers populaires. Seules de pareilles organisations, libérées de l’influence des appareils syndicaux et de l’establishment politique, pourront unifier les luttes qui se déroulent déjà à travers le monde en un puissant mouvement des travailleurs contre la guerre, la misère, et le capitalisme. C’est la perspective pour laquelle le PES se bat, et sur laquelle il invite les travailleurs à lui accorder leur soutien.