D’anciens premiers ministres occidentaux proposent une alliance militaire avec l’Ukraine

Mardi, un groupe d’anciens premiers ministres, ministres des Affaires étrangères et autres hauts responsables des pays de l’OTAN a publié un document qui propose effectivement une alliance formelle entre l’Ukraine et les pays de l’OTAN qui, s’il était adopté, menace de transformer la guerre par procuration en Ukraine en un conflit à part entière entre l’OTAN et la Russie.

Le document, intitulé «Kyiv Security Compact», a été officiellement présenté au président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui l’a approuvé, a appelé à son adoption et l’a publié sur le site web de la présidence ukrainienne.

D’anciens responsables occidentaux de haut niveau se réunissent pour discuter de l’alliance proposée (Photo: Bureau du Président de l’Ukraine)

Le document demande «aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, à la Pologne, à l’Italie, à l’Allemagne, à la France, à l’Australie, à la Turquie, ainsi qu’aux pays nordiques, baltes et d’Europe centrale» de conclure des accords «juridiquement et politiquement contraignants» pour s’allier à l’Ukraine dans sa guerre actuelle contre la Russie».

Le document affirme l’intention de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN et à l’Union européenne, déclarant: «L’adhésion à l’OTAN et à l’UE renforcera considérablement la sécurité de l’Ukraine à long terme. Toutefois, l’Ukraine a besoin de garanties de sécurité dès maintenant», indique le document.

Il ajoute: «L’Ukraine a besoin de garanties de sécurité à toute épreuve. Celles-ci proviendront principalement – mais pas exclusivement – des pays de l’OTAN».

Le document a été rédigé par le Groupe de travail sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine, composé de hauts responsables politiques de toutes les puissances impérialistes.

Le groupe est coprésidé par l’ancien premier ministre danois et secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen. Il comprend l’ancien premier ministre australien Kevin Rudd, l’ancien premier ministre suédois Carl Bildt, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères Lord William J. Hague de Richmond, ainsi que d’anciens ministres allemands, italiens, polonais et français.

Pleinement conscientes du caractère incendiaire du document, les communications du groupe soulignent que «les membres [du groupe de travail] participent à titre personnel et non en tant que représentants de leurs organisations».

Le document fait allusion à la création d’une «zone d’exclusion aérienne» en Ukraine, évoquant aussi une «série d’accords entre l’Ukraine et les pays producteurs d’équipements de défense antiaérienne et antimissile afin de fournir à l’Ukraine des systèmes modernes et efficaces de défense antiaérienne et antimissile en quantité suffisante pour garantir un “ciel protégé” des attaques aériennes».

La publication de ce document permet de clarifier le calendrier des événements survenus en Ukraine au cours du mois dernier.

L’offensive actuelle a été précédée de frappes extraordinairement provocatrices sur les bases militaires russes en Crimée et de l’assassinat de Daria Douguine, la fille de l’idéologue d’extrême droite et partisan de la guerre Alexandre Douguine. Toutes ces provocations visaient à l’escalade de la guerre et portaient la marque de Washington.

Mardi, le New York Times a révélé que la dernière offensive militaire ukrainienne, qui a entraîné l’effondrement des troupes russes dans le nord-est de l’Ukraine, avait été proposée au gouvernement Zelensky par les États-Unis.

«Ensemble, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’Ukraine ont procédé à une évaluation du nouveau plan, en essayant de le soumettre à un jeu de guerre une fois de plus», écrit le Times. «Cette fois, les responsables des trois pays ont convenu qu’il fonctionnerait – et donnerait à Zelensky ce qu’il voulait: une grande et nette victoire».

Il est évident que le but politique de cette «grande et nette victoire» était de créer les conditions politiques d’une escalade massive de l’implication des États-Unis et de l’OTAN dans la guerre, dans laquelle ce document joue un rôle crucial.

Annonçant la proposition, l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Rasmussen, a déclaré: «En ce moment même, les Ukrainiens démontrent sur la ligne de front qu’avec les ressources nécessaires, ils peuvent vaincre la Russie sur le champ de bataille. Les Ukrainiens démontrent leur volonté de se battre, et le monde démocratique doit continuer à leur fournir les moyens de se battre», a-t-il déclaré.

Les responsables russes ont réagi à la publication du document par une combinaison de menaces à glacer le sang et d’appels aux puissances impérialistes pour qu’elles reviennent à la raison.

Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, a écrit sur Telegram: «La camarilla de Kiev a rédigé des “garanties de sécurité” qui sont un prologue à une troisième guerre mondiale. Bien sûr, personne ne donnera de “garanties” aux nazis ukrainiens. Après tout, cela revient presque à appliquer l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord (le traité de Washington) à l’Ukraine. Pour l’OTAN, c’est la même chose, mais vue de côté. C’est pourquoi c’est effrayant».

Si Medvedev croit que «personne ne donnera de “garanties”» à Kiev après plus de huit ans pendant lesquels les puissances impérialistes ont construit l’armée ukrainienne précisément pour cette guerre, il se fait des illusions. Après cette déclaration réconfortante, Medvedev lui-même a menacé les puissances de l’OTAN: «Tout va s’enflammer autour d’eux aussi. Leurs populations seront dévastées. Leur terre va littéralement brûler, et le béton va fondre. Nous aussi, nous allons beaucoup souffrir. Ce sera très mauvais pour tout le monde. Après tout, il est dit: “Par ces trois fléaux, un tiers du genre humain a été tué, par le feu, la fumée et le soufre qui sortaient de leurs bouches” (Apocalypse 9:18).»

Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a déclaré: «Un engagement total à soutenir le régime de Kiev signifierait tout simplement l’immolation [pour l’UE]».

Comme en témoignent ces déclarations, le gouvernement russe n’a aucune réponse aux plans systématiques d’escalade de la guerre, outre que des menaces de détruire le monde dans un échange thermonucléaire ou des appels renouvelés aux puissances impérialistes à revenir à la raison.

La publication de ce document, coordonnée au plus haut niveau de l’État des principales puissances de l’OTAN, montre clairement que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sont engagés dans une escalade massive de la guerre qui pose de graves dangers pour l’ensemble de l’humanité.

(Article paru en anglais le 15 septembre2022)

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