Le Parti de l’égalité socialiste (SEP/PES) a publié une demande d’élection parlementaire. Nous lançons cet appel afin d’exposer au grand jour les problèmes qui sous-tendent la crise actuelle: 1) l’escalade incessante de la guerre contre la Russie jusqu’à risquer une guerre nucléaire; 2) le refus criminel d’arrêter la transmission sans fin du virus Sars-CoV-2 et de permettre l’infection et la mort en masse; et 3) l’attaque implacable du niveau de vie et des droits démocratiques de la classe ouvrière.
Nous exigeons une élection pour démasquer la politique des conservateurs (Tories) et de leurs alliés travaillistes.et pour y construire une opposition populaire.
La démission du Premier ministre Boris Johnson en tant que leader du Parti conservateur est le résultat non seulement de profondes divisions au sein du parti Tory mais aussi d’une crise croissante du régime de classe. Johnson, un personnage détesté et méprisé, est démis de ses fonctions parce que l’élite dirigeante a perdu confiance en sa capacité à diriger la Grande-Bretagne alors qu’elle intensifie la guerre contre la Russie et en même temps celle contre la classe ouvrière à l’intérieur.
Dans l’histoire politique de la Grande-Bretagne, la guerre a fréquemment conduit à des crises politiques majeures qui ont nécessité un changement à la tête du parti au pouvoir.
En 1916, le Parti libéral a destitué le Premier ministre Asquith dû au mécontentement suscité par son leadership pendant la Première Guerre mondiale.
En 1940, ayant conclu que Neville Chamberlain se trouvait trop compromis par les concessions qu’il avait faites à Hitler à Munich, le Parti conservateur l’a remplacé par Churchill huit mois après le début de la Seconde Guerre mondiale.
Au début de l’année 1957, au lendemain de la désastreuse guerre de Suez, les conservateurs ont mis Anthony Eden à la porte et l’ont remplacé par Harold Macmillan.
Ce schéma politique se répète, mais avec une différence importante. Cette fois, dans un contexte d’escalade de la guerre contre la Russie, les véritables questions qui sous-tendent la crise de leadership sont exclues du débat public.
Les conservateurs ne veulent pas que leurs plans d'escalade de la guerre, de poursuite de leurs politiques meurtrières de pandémie et de baisse du niveau de vie des travailleurs soient perturbés. Leur détermination à bloquer l'interférence de la classe ouvrière avec cet agenda politique est partagée par le Parti travailliste.
Les deux partis craignent par-dessus tout qu’une élection puisse réveiller l’opposition populaire à la guerre et conduire à un mouvement de masse contre celle-ci.
Derrière le dos de millions de personnes, les conservateurs et les travaillistes entraînent la Grande-Bretagne toujours plus loin dans une guerre contre une Russie dotée d’armes nucléaires, qui va rapidement vers une troisième guerre mondiale.
Le PES lance l'appel à des élections générales comme moyen pour la classe ouvrière de briser la conspiration des deux grands partis, de s'opposer à leurs politiques et d'affirmer ses intérêts sociaux indépendants.
Nous utiliserons la période électorale pour soulever l’opposition à la politique de guerre du gouvernement et pour inciter la classe ouvrière à mener une action de masse pour faire échec à l’assaut brutal contre le niveau de vie et les droits démocratiques.
Notre appel vise à développer la lutte sociale et politique de la classe ouvrière contre tous les partis capitalistes de Westminster. Une oligarchie financière obsédée par la guerre, soutenue tout autant par les travaillistes et le Scottish National Party (Parti national écossais) que par les conservateurs, présente la guerre contre la Russie comme un fait accompli. On cache, avec le soutien de médias corrompus, les implications immensément dangereuses de cette guerre pour la classe ouvrière.
Ni le gouvernement ni les travaillistes ne veulent d’élections générales. La tentative tardive de Starmer de présenter une motion de censure visait à écarter Johnson et non les Tories. Les travaillistes craignent que toute discussion ouverte sur la politique de droite qu’ils partagent avec le gouvernement n’ouvre la voie à une opposition populaire massive. Ils se trouvent au sommet d’un électorat ouvrier en colère qui méprise la direction du parti et qui sait que Starmer pourrait tout aussi bien être le chef du parti conservateur.
De nombreux travailleurs conscients de leur classe et à l’esprit socialiste peuvent questionner la nécessité d’une élection générale parce qu’ils savent pertinemment que remplacer le gouvernement conservateur par un gouvernement travailliste ne changera rien. C’est exact, mais cela ne signifie pas que la classe ouvrière doive s’abstenir d’intervenir dans la crise politique.
La demande du PES à organiser des élections législatives n’implique ni le moindre soutien au Parti travailliste ni le soutien pour une solution parlementaire inexistante. En cas d’élections, nous n’appellerons pas à voter pour les travaillistes. Nous avertirons les travailleurs que le parti travailliste est leur ennemi et qu’il faut s’y opposer avec autant de détermination qu’au Parti conservateur.
Nous utiliserons de telles élections pour plaider en faveur de grèves, de manifestations de masse et de l’organisation d’une grève générale pour arrêter la guerre. Nous exigerons l’adoption d’une politique de zéro COVID, et nous développeront le soutien à une alternative socialiste au capitalisme. Ceci est essentiel dans des conditions où les syndicats suppriment un mouvement de grève croissant et empêchent tout défi politique au gouvernement conservateur et à la politique de droite du Parti travailliste.
Nous donnerons une voix aux millions de travailleurs dont on ne demande jamais l’opinion et qui ont encore moins de représentation politique.
Voilà la politique que le PES mettra en avant lors d'une élection parlementaire :
Pour un mouvement socialiste international contre la guerre!
Le PES et ses partis frères du Comité International de la Quatrième Internationale luttent pour le développement d’un mouvement de masse de la classe ouvrière britannique et internationale contre les préparatifs de l’OTAN et des puissances impérialistes pour la troisième guerre mondiale.
L’humanité est aujourd’hui plus proche de la guerre mondiale qu’elle ne l’a jamais été depuis 1945. L’armée s’y prépare activement.
Le 28 juin, le nouveau chef de l’armée britannique, le chef d’état-major des armées, le général Sir Patrick Sanders, a exposé son plan pour une guerre terrestre entre l’OTAN et la Russie. L’armée britannique devait « être prête à s’engager dans la guerre la plus violente», a-t-il déclaré, «une guerre terrestre européenne n’est pas seulement l’apparition de nuages d’orage lointains à l’horizon; nous pouvons la voir maintenant».
L’ampleur des objectifs de guerre du Royaume-Uni, a clairement indiqué Sanders, exigeait la militarisation de l’économie et de la société. «Nous ne pouvons pas allumer les haut-fournaux des usines dans toute la nation à la veille de la guerre; cet effort doit commencer maintenant», a-t-il insisté. La Grande-Bretagne devait «inspirer l’imagination de notre peuple pour qu’il se batte et gagne si on l’appelle… Pour réussir à mobiliser, nous devons nous assurer d’engendrer la culture et le comportement requis».
La guerre contre la Chine est également activement préparée. La ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, a déclaré au sommet de l’OTAN à Madrid le mois dernier que sa guerre en Ukraine envoyait un message au président chinois Xi. La collaboration accrue entre la Russie et la Chine et l’extension de «leur capacité militaire» et de «leur influence mondiale» nécessitaient un nouveau concept stratégique pour la région Inde-pacifique et pour la sécurité euro-atlantique.
Ces objectifs de guerre mondiale sont incompatibles avec les formes démocratiques de gouvernement. Placer la Grande-Bretagne sur le pied de guerre signifie une guerre contre la classe ouvrière à l’intérieur. Cela signifie une austérité massive et la suppression des droits démocratiques fondamentaux, dont le droit de grève et la liberté d’expression et de réunion. Le Royaume-Uni a déjà dépensé 4 milliards de livres pour armer l’Ukraine, ce qui a conduit à des demandes d’augmentation d’un tiers des dépenses de défense pour atteindre 3 pour cent du PIB. Mais ce n’est que le début.
La seule façon de sortir de ce désastre est l’intervention consciente de la classe ouvrière.
Pour une stratégie de zéro-COVID pour mettre fin à la pandémie!
Le SEP et le Comité international de la Quatrième intenationale (CIQI) mènent la lutte pour construire un mouvement international de la classe ouvrière pour arrêter la pandémie.
Des millions de travailleurs ont célébré la chute de Johnson dont la réponse criminelle à la pandémie a coûté la vie à plus de 200.000 personnes. Pourtant, malgré la destitution de l’homme qui a déclaré «plus de confinements, que les corps s’empilent par milliers», sa politique continue.
L’exigence de la classe dirigeante que nous devons «apprendre à vivre avec le virus» est une politique de la maladie et de la mort de masse. Un an après que Johnson ait proclamé le «Jour de Liberté», la pandémie est en pleine expansion. On estime que 3,5 millions de personnes avaient la COVID la semaine dernière, une augmentation de près de 30 pour cent en une semaine, les jeunes adultes et les personnes en âge de travailler étant les plus touchés.
Les implications à long terme sont désastreuses, 1,8 million de personnes souffrant des symptômes de la COVID longue durée. Selon un suivi de la surmortalité du magazine TheEconomist, 3,8 millions de personnes sont mortes de la pandémie dans le monde depuis le 3 janvier.
La priorité donnée aux profits des banques et des trusts sur la vie de la classe ouvrière a créé une catastrophe. Cela fut rendu possible par le Parti travailliste et les syndicats qui, tout en soutenant les milliers de milliards de livres de renflouement COVID donnés aux trusts, n’ont jamais lancé une seule grève pour exiger des écoles, des hôpitaux et des lieux de travail sûrs. Aujourd’hui, même ceux qui « à gauche » soutenaient des mesures limitées d’atténuation ne disent rien.
Nous appelons les travailleurs à exiger le rétablissement de toutes les mesures sanitaires nécessaires pour supprimer le virus. Cela comprend la fermeture des lieux de travail non essentiels avec indemnisation complète des travailleurs et des petites entreprises, le rétablissement des protocoles de test, traçage et quarantaine, le port de masques et le confinement lorsque cela est nécessaire. Ces mesures doivent être financées par l’expropriation des grandes entreprises, des banques et des profiteurs de la pandémie.
Mobilisez la classe ouvrière dans une grève générale pour mettre fin à la crise du coût de la vie!
Le PES liera la demande d’élections à la lutte pour la grève générale.
La guerre contre la Russie et la pandémie alimentent une spirale inflationniste qui dévaste la vie des travailleurs. Les prix du pétrole, du gaz, des céréales et d’autres produits de base ont atteint des sommets, les factures de carburant risquant de passer du record actuel de 1,971 livres (2.320 euros) à 3,245 livres (3.830 euros) en octobre.
La classe ouvrière n’a pas les moyens de vivre parce que la société est gérée dans l’intérêt des super-riches! Selon Oxfam, la hausse des profits des trusts est responsable de 60 pour cent de la hausse de l’inflation. A présent, les travailleurs britanniques font face à la «pire compression des salaires réels» depuis des décennies. La Grande-Bretagne est le deuxième pays le plus inégalitaire d’Europe après la Bulgarie.
Le mois dernier, la grève du syndicat RMT (Rail, Mer, Transports) a entrainé des mises en garde contre un été de la colère, des mesures du gouvernement pour utiliser des intérimaires comme briseurs de grève et la menace d’interdire les grèves dans les services essentiels. Les grévistes ont été dénoncés comme «laquais de Poutine» sapant l’effort de guerre.
Des millions de travailleurs veulent se joindre à cette lutte pour des hausses de salaire qui neutralisent l’inflation. Les conducteurs de train, les postiers, les employés de British Telecom et les employés d’aéroport votent la grève à une majorité massive. Il y de furieuses demandes d’action de la part des enseignants, des médecins, des soignants, des employés municipaux et d’autres sections. Mais ils sont tous confrontés à une bureaucratie syndicale déterminée à supprimer la lutte des classes à tout prix.
Nous exhortons les travailleurs à mettre en place des comités de la base sur chaque lieu de travail, démocratiquement responsables et dirigés par les militants ouvriers les plus respectés, afin de prendre le combat en main et d’unifier leurs luttes contre l’ennemi commun.
Pour l’unité internationale de la classe ouvrière!
La perspective centrale pour laquelle se bat le PES est celle de l’internationalisme socialiste.
Les alliés des travailleurs britanniques sont les travailleurs d’Europe et du monde qui entrent déjà en lutte. Ces dernières semaines, des grèves générales ont eu lieu en Grèce, en Italie et en Belgique. Des vagues de grèves ont déferlé sur la Turquie, la France et d’autres pays. Un mouvement de masse de la classe ouvrière et des ruraux pauvres a fait tomber le gouvernement Rajapakse au Sri Lanka.
Une offensive sociale et politique déterminée de la classe ouvrière britannique, centrée sur la contestation du droit des partis du grand capital à gouverner, deviendrait une inspiration puissante pour les luttes de classe en développement, en Europe et dans le monde.
C’est ce que défend le PES et c’est la base de notre appel à des élections législatives et à la construction de notre parti en tant que nouvelle direction socialiste de la classe ouvrière.
(Article paru d’abord en anglais le 18 juillet 2022)