Le gouvernement espagnol PSOE-Podemos interdit les débrayages alors que les travailleurs de Ryanair font grève dans toute l’Europe

Alors que les travailleurs des compagnies aériennes et des aéroports débrayent dans une vague croissante de luttes à travers l’Europe, le Parti socialiste espagnol (PSOE) — Podemos a réprimé la grève de trois jours du personnel de cabine de Ryanair en imposant des services minimums draconiens, rendant ainsi la grève illégale pour la plupart des employés.

Vendredi, les équipages de cabine en Belgique, en Espagne et au Portugal ont débrayé pour protester contre les attaques contre leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions de travail. C’est le premier jour d’une grève de trois jours. La compagnie s’est trouvée contrainte d’annuler 315 vols au départ et à destination de l’aéroport international de Bruxelles pendant ces trois jours de grève. En Espagne, où Ryanair emploie 1.900 personnes, on n’a annulé aucun vol, sauf ceux à destination de la Belgique. On a également dû annuler deux vols du Portugal vers Bruxelles.

En France, le personnel de cabine est en grève aujourd’hui et demain. En Italie, une grève d’une journée aura lieu aujourd’hui. Les travailleurs espagnols sont également appelés à faire grève du 30 juin au 2 juillet.

Ryanair n’est qu’une des nombreuses compagnies aériennes à être touchée par des actions de grève cet été. Les pilotes et le personnel de cabine de Brussels Airlines ont entamé jeudi une grève de trois jours qui se termine aujourd’hui. En France, les pilotes d’Air France se sont mis en grève aujourd’hui pour dénoncer les risques de sécurité liés à l’augmentation des capacités pendant la saison estivale.

En Espagne, le personnel de cabine d’EasyJet prévoit de faire grève pendant neuf jours par intermittence en juillet (du 1er au 3, du 15 au 17 et du 29 au 31) pour réclamer une hausse des salaires. Les agents de bord réclament une augmentation de 40 pour cent de leur salaire de base, qui s’élève à 950 euros.

En Europe du Nord, environ 900 pilotes de Scandinavian Airlines, la compagnie nationale danoise, norvégienne et suédoise, sont appelés à faire grève fin juin.

Le personnel au sol des aéroports européens se met également en grève. Ce week-end, les contrôleurs aériens français basés à Marseille se sont mis en grève, ce qui a eu pour effet de retarder et d’affecter les vols traversant l’espace aérien français. Ces grèves interviennent quelques semaines après une grève d’une journée du personnel au sol de l’aéroport Charles de Gaulle à Paris, qui a entraîné l’annulation d’un quart des vols qui transitaient par l’aéroport. Ils réclament une augmentation de 300 euros par mois dans un contexte d’augmentation vertigineuse du coût de la vie, et d’autres actions sont prévues pour le 2 juillet.

Lundi, l’aéroport de Bruxelles-Zaventem a dû annuler tous les vols au départ en raison d’une action du personnel de sécurité. Jeudi, des centaines de travailleurs de British Airways à l’aéroport d’Heathrow ont voté en faveur d’une action de grève plus tard cet été. L’objectif est de demander le l’annulation d’une réduction de salaire de 10 pour cent imposée au plus fort de la pandémie.

Les travailleurs des compagnies aériennes constituent une section stratégique de la population active dont la mobilisation témoigne de l’immense pouvoir social et industriel de la classe ouvrière internationale. Les grèves se multiplient en raison de l’augmentation du coût de la vie et des conséquences de la gestion officielle désastreuse de la pandémie de COVID-19. Unifiées et coordonnées au-delà des frontières nationales et des différentes catégories d’emploi, elles pourraient rapidement fermer l’espace aérien de l’Europe et mettre l’économie à genoux.

De telles actions pourraient gagner un soutien puissant parmi des couches plus larges de la classe ouvrière européenne. Elles ont lieu en plein milieu des grèves croissantes des travailleurs de la santé, de la métallurgie, des chemins de fer et du camionnage. Cela peut jeter les bases d’une lutte coordonnée contre l’inflation, les politiques officielles sur la pandémie et le détournement de ressources massives vers le renforcement militaire de l’OTAN et la guerre contre la Russie. Ces mouvements ont lieu alors que le gouvernement conservateur de Boris Johnson au Royaume-Uni fait face à la plus grande grève nationale des chemins de fer depuis une génération, impliquant plus de 50.000 travailleurs.

Une telle lutte nécessite toutefois une rupture avec les bureaucraties syndicales nationales. À l’heure actuelle, les différents syndicats s’efforcent de diviser les grèves en fonction des lignes nationales et industrielles, de programmer les grèves à des jours différents et d’empêcher les travailleurs de mobiliser toute leur force contre Ryanair et les gouvernements qui la soutienne.

Actuellement, Ryanair prévoit effrontément de faire face à la grève, en comptant sur le soutien des gouvernements capitalistes à travers l’Europe. Ryanair a déclaré que moins de 2 pour cent de ses 3.000 vols ont été affectés par les grèves européennes du personnel de cabine.

Au début de la grève, le PDG de Ryanair, Eddie Wilson, a déclaré avec arrogance: «Nous pensons que les arrêts de travail n’auront pas de suivi important et que l’impact sera minime». Il a ajouté: «Même si les équipages de cabine se mettent en grève, ils doivent assurer ces vols conformément à la loi».

Wilson faisait référence aux mesures antigrève draconiennes imposées par le gouvernement espagnol PSOE-Podemos avant le premier jour de la grève. Le ministère des Transports a déclaré que 73 à 82 pour cent des vols de Ryanair se trouvaient couverts par les lois sur les «services minimums». C’est-à-dire, qu’ils sont si stratégiques pour l’économie espagnole que le gouvernement peut interdire toute action de grève contre leur exploitation. Sur cette base, les travailleurs de Ryanair en Espagne se sont largement présentés au travail hier.

Cela marque un nouvel assaut du parti de pseudogauche, Podemos, contre les luttes de la classe ouvrière. En novembre, en tant membre du gouvernement, il a déployé des véhicules blindés et des policiers antiémeute contre des métallurgistes en grève à Cadix. En avril, il a mobilisé 23.000 policiers pour écraser une grève des camionneurs qui protestaient contre la hausse des prix du carburant dans le contexte de la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine. Les principaux syndicats espagnols, affiliés au PSOE ou à Podemos, ont isolé les grévistes dans ces deux luttes et ont imposé un contrat de concession aux travailleurs de Cadix.

La grève de Ryanair ne fait pas exception: La direction travaille directement avec les gouvernements nationaux et les bureaucraties syndicales pour isoler et mettre fin à la grève. Dès le début, les syndicats ont signalé qu’ils étaient prêts à saboter la grève en se conformant aux exigences du «service minimum». En Espagne, les syndicats USO (Unión Sindical Obrera) et SITCPLA (Sindicato Independiente de Tripulantes de Cabina de Pasajeros de Líneas Aéreas) ont négocié avec Ryanair des services minimums qui varie de 25 à 50 pour cent.

La direction de Ryanair a également eu recours à la signature de contrats avec des factions de la bureaucratie syndicale qui ne représentent même pas les travailleurs de Ryanair — les Commissions des travailleurs liées à Podemos (CCOO) en Espagne et le Syndicat des travailleurs du transport portugais (STTAMP). Bafouant le droit du travail, Ryanair tente maintenant d’imposer ces contrats à la main-d’œuvre.

L’emprise de ces syndicats sur les luttes des pilotes, du personnel de cabine et du personnel au sol doit être brisée. C’est la seule manière pour que les travailleurs puissent s’unir et faire peser leur force collective sur les sociétés transnationales telles que Ryanair. Pour cela, les travailleurs ont besoin de nouveaux comités de base pour coordonner leurs luttes au-delà des frontières nationales et faire appel au soutien des travailleurs du transport au niveau international.

C’est la fonction de l’Alliance internationale des travailleurs des comités de base (IWA-RFC), lancée par le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) en avril 2021. L’IWA-RFC joue le rôle central de fournir un cadre dans lequel les travailleurs peuvent organiser et coordonner des actions de grève, tout en s’opposant au sabotage de leurs luttes par les bureaucraties syndicales réactionnaires et les partis de pseudo-gauche comme Podemos.

(Article paru d’abord en anglais le 25 juin 2022)

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