Dimanche, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le secrétaire à la défense Lloyd Austin se sont rendus à Kiev, en Ukraine, pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de la visite officielle américaine la plus importante dans la capitale ukrainienne depuis le début de la guerre.
Ce voyage intervient alors que, en l’espace de dix jours seulement, le président américain Joe Biden a annoncé que les États-Unis allaient envoyer 1,6 milliard de dollars d’armes à l’Ukraine, dont des avions, des drones, de l’artillerie et des véhicules blindés.
Blinken et Austin se sont rendus à Kiev pour donner des ordres à Zelensky. Ce sont les États-Unis qui mènent la guerre, le gouvernement de Zelensky faisant office de marionnette. Ils ont acheté les oligarques ukrainiens à coups de milliards de dollars pour qu’il sacrifie le peuple ukrainien en tant que chair à canon dans le conflit avec la Russie.
Mener une «guerre chaude sur le territoire ukrainien» a été un objectif central de la planification impérialiste américaine depuis au moins le coup d’État ukrainien de 2014, et probablement depuis la «révolution orange» de 2004. Les préparatifs militaires américains pour ce conflit étaient si essentiels qu’ils ont conduit à ce qui n’était que le troisième impeachment d’un président dans l’histoire des États-Unis, basé sur des allégations selon lesquelles le président de l’époque, Donald Trump, aurait retenu des armes destinées à l’Ukraine.
Le 24 février, le développement pendant des années de l’Ukraine en tant que forteresse des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie a provoqué le résultat souhaité par Washington. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, les stratèges américains espéraient que cela devienne «l’Afghanistan de la Russie», qui «saignerait» le Russie «à blanc».
Aujourd’hui, deux mois après le début de la guerre, les responsables américains déclarent publiquement ce qu’ils n’admettaient auparavant qu’en secret: les États-Unis sont la force motrice d’une guerre qui vise à paralyser et à subjuguer la Russie et à renverser son gouvernement, quel qu’en soit le coût en vies ukrainiennes.
Dans une interview accordée à CBS, l’ancien commandant de l’armée américaine en Europe, Ben Hodges, a déclaré: «Vous savez, nous ne sommes pas de simples observateurs qui applaudissent l’Ukraine». Les États-Unis, a déclaré Hodges, devraient déclarer: «Nous voulons gagner».
Il a poursuivi: «Cela signifie que toutes les forces russes doivent retourner à leurs positions d’avant le 24 février… un engagement à long terme pour la restauration complète de la souveraineté ukrainienne – cela signifie le retour de la Crimée et du Donbass – et enfin, venir à bout de la capacité de la Russie à projeter sa puissance en dehors de la Russie et menacer la Géorgie, la Moldavie et nos alliés baltes».
En d’autres termes, les objectifs des États-Unis doivent être non seulement de reprendre la Crimée – un territoire que la Russie revendique comme le sien – mais aussi de détruire la capacité de combat de l’armée russe.
Vendredi, le New York Timesa utilisé l’expression «mettre la Russie à genoux» dans un éditorial, déclarant: «Les sanctions seules – du moins les sanctions que les pays européens seraient prêts à envisager maintenant – ne mettront pas la Russie à genoux de sitôt».
L’utilisation délibérée de ces expressions – «mettre la Russie à genoux» et «venir à bout» de la Russie – met à nu le récit officiel de la guerre tel qu’il est présenté au public dans les médias, à savoir qu’il s’agit d’un assaut non provoqué de la puissante Russie contre la pauvre et impuissante Ukraine.
Ces déclarations impliquent clairement l’extension de la guerre à l’intérieur du territoire russe, ce qui pourrait inclure le déploiement de forces américaines en Ukraine, sur le territoire russe, ou les deux.
Dans une déclaration à l’émission «Face the Nation» de CBS, le sénateur démocrate Chris Coons, qualifié par Politico de «secrétaire d’État fantôme» de Biden, a effectivement réitéré sa demande de discussion sur l’envoi de troupes américaines en Ukraine.
La question suivante a été posée à Coons: «Dans certaines remarques publiques cette semaine, vous avez dit que le pays devait discuter du moment où il serait prêt à envoyer des troupes en Ukraine». À cela, Coons a répondu: «Poutine ne s’arrêtera que lorsque nous l’arrêterons».
Dans une interview à l’émission «Meet the Press» de NBC, le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale, Jon Finer, s’est fait demander à brûle-pourpoint: «L’objectif de la politique américaine en ce moment pour l’Ukraine est-il de vaincre la Russie? Pouvez-vous le dire de manière définitive?» Finer a effectivement répondu par l’affirmative. «La Russie est plus isolée dans le monde. Son économie est plus faible… Et notre objectif va être de poursuivre cette tendance.»
Ce n’est pas seulement une guerre que Washington voulait. C’est une guerre que les États-Unis ont provoquée. Les milliards de dollars d’armes acheminées vers l’Ukraine sous les trois dernières présidences, la déclaration de Biden qu’il ne reconnaît pas les «lignes rouges» de la Russie et le refus de négocier avec la Russie sur l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN: tous ces éléments étaient calculés pour provoquer la guerre actuelle.
Une fois la guerre déclenchée, les États-Unis ont fait tout leur possible pour couper court à tout règlement diplomatique. En plus d’inciter les responsables américains à déclarer ouvertement que l’objectif de la politique américaine est la défaite militaire de la Russie, les talk-shows de dimanche ont été dominés par des condamnations des efforts des Nations Unies pour négocier un règlement diplomatique de la guerre.
Les présentateurs américains n’ont exprimé que du mépris pour la tentative du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, d’en arriver un règlement pacifique de la guerre en rencontrant le président russe Vladimir Poutine. Posant une question tendancieuse, Kristen Welker, de NBC, a demandé: «Le secrétaire général des Nations unies est-il autorisé à parler au nom du gouvernement ukrainien?»
Igor Zhovkva, chef adjoint du bureau du président ukrainien Zelensky, a répondu en condamnant les efforts de Guterres. «Ce n’est pas une bonne idée de se rendre à Moscou. Nous n’avons pas compris son intention de se rendre à Moscou et de parler au président Poutine».
Afin de susciter le soutien de l’opinion publique à la guerre, les médias américains mènent une campagne d’incitation, accusant la Russie de crimes de guerre, de massacres et de génocide, et visant à créer une haine des Russes aux accents de plus en plus racistes.
Les apologistes libéraux et de la pseudogauche du capitalisme américain, y compris des couches d’universitaires désorientés, incapables de voir quoi que ce soit dans un contexte historique, ont été emportés par l’hystérie militariste contre la Russie.
Un avertissement doit être lancé: les objectifs poursuivis de plus en plus ouvertement par les États-Unis dans cette guerre impliquent inévitablement l’extension du conflit. Il ne reste plus rien de la fiction selon laquelle les États-Unis et l’OTAN ne sont pas en guerre contre la Russie. Dans sa quête d’un changement de régime, du démembrement de la Russie et du pillage de ses vastes ressources, l’impérialisme américain risque la guerre nucléaire.
(Article paru en anglais le 25 avril 2022)