Les forces spéciales britanniques fournissent de la formation aux troupes ukrainiennes.

Selon un article publié dans le Timesde Londres, les forces spéciales britanniques entraînent les troupes ukrainiennes,.

Sous le titre «Les forces spéciales britanniques ‘entraînent les troupes locales en Ukraine’,des soldats britanniques en service ‘sur le terrain’ pour la première fois», l’article indique que «des officiers de deux bataillons [ukrainiens] stationnés dans et autour de la capitale ont déclaré avoir suivi un entraînement militaire, l’un la semaine dernière et l’autre la semaine précédente».

Des soldats ukrainiens participent à un exercice d’utilisation de missiles antichars NLAW sur le terrain d’entraînement militaire de Yavoriv, près de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, vendredi  28  janvier 2022. (AP Photo/Pavlo Palamarchuk)

Selon l’article «le capitaine Yuriy Myronenko a déclaré que des formateurs militaires étaient venus enseigner aux nouvelles recrues et à celles qui revenaient de l’armée à utiliser des NLAW, des missiles antichars fournis par la Grande-Bretagne et livrés en février au début de l’invasion». Le bataillon de Myronenko est stationné à Obolon, dans la banlieue nord de Kiev.

«Un commandant des forces spéciales ukrainiennes, surnommé “Skiff”, a déclaré que le 112e  bataillon, auquel son unité était rattachée, avait suivi un entraînement la semaine dernière. Ce récit a été confirmé par son officier supérieur».

L’article affirme que «des formateurs militaires britanniques ont été envoyés pour la première fois en Ukraine après l’invasion de la Crimée. Ils ont été rapatriés en février pour éviter un conflit direct avec les forces russes et la possibilité que l’OTAN soit entraînée dans le conflit actuel».

«D’anciens soldats, marines et commandos des forces spéciales britanniques sont également en Ukraine et travaillent comme contractants et volontaires pour la formation, mais les officiers ukrainiens étaient catégoriques, c’était bien des soldats britanniques en service qui leur avaient donné leur formation ce mois-ci», poursuit l’article.

Une grande partie de la formation dispensée récemment par la Grande-Bretagne à l’Ukraine a porté sur l’utilisation des 3.600  armes antichars légères de nouvelle génération (NLAW) expédiées depuis février par Londres dans la zone de guerre. Ces armes ont joué un rôle crucial dans la capacité de l’armée ukrainienne à détruire de nombreux chars et véhicules blindés russes.

Les médias britanniques jubilent depuis des semaines sur le rôle joué par les forces britanniques dans les revers militaires russes. Le 1er  avril, le Times, citant des informations du «Major William Ross, connu sous le nom de Bill, qui a dirigé l’entraînement de l’armée dans le pays jusqu’au 13  février», rapportait que «les soldats ukrainiens de tout le pays se sont présentés en masse pour recevoir une formation britannique sur les armes antichars dans les jours précédant l’invasion, ce qui s’est ensuite avéré inestimable pour ralentir l’avancée russe…».

Le Timesfaisait remarquer «l’ampleur de l’effort de formation du Royaume-Uni dans le pays» de la part de Ross et d’autres troupes britanniques « qui ont été déployés en Ukraine dans les mois précédant l’invasion par la Russie». Les «troupes britanniques ont formé des soldats aux techniques de contre-espionnage, à la défense contre l’artillerie lourde et à la lutte dans les batailles urbaines».

Le dernier article du Timesindique à propos du rôle des forces spéciales que «le ministère de la Défense [britannique] a refusé de confirmer les récits des commandants ukrainiens, invoquant une convention de longue date qui interdit tout commentaire sur les opérations spéciales».

Toutes ces déclarations de Londres refusant de confirmer ou d’infirmer ces informations doivent être traitées comme une dérobade vu le bilan de longue date de l’impérialisme britannique dans les intrigues anti-russes, surtout pour ce qui est de la formation et de l’armement de l’Ukraine depuis le coup d’État de Kiev en 2014. La Grande-Bretagne a soutenu ce coup d’État, mené par des forces fascistes, notamment le Secteur droit, Svoboda et le Bataillon Azov, et qui a renversé le président prorusse Viktor Ianoukovitch.

En février 2015, le Premier ministre David Cameron a annoncé que la Grande-Bretagne allait envoyer des «conseillers» militaires et une «aide non létale» en Ukraine, afin d’«améliorer la capacité de survie» des troupes ukrainiennes. Dans le cadre de cette opération, 75  formateurs militaires ont été envoyés dans l’ouest de l’Ukraine, «fournissant une instruction sur les procédures de commandement, le renseignement tactique, les premiers secours sur le champ de bataille, la logistique, et la planification et l’exécution d’opérations urbaines».

Les Britanniques ont également évalué les besoins futurs de formation de l’infanterie ukrainienne.

Quelques mois après, en juillet, la Grande-Bretagne participait à une opération d’entraînement multinationale, Rapid Trident. Dirigée par les États-Unis et l’Ukraine, elle réunissait «des soldats britanniques et des troupes de plusieurs autres nations partenaires dans l’ouest du pays». Selon le ministère de la Défense on avait formé les troupes de «nations partenaires» aux «tactiques essentielles, comme la réaction au contact des forces ennemies». Le personnel du quartier général du groupement tactique contribuera également à un exercice de commandement testant la capacité des commandants à diriger des opérations aux côtés de soldats et d’officiers d’autres nations».

Dans le cadre de cette opération, l’armée britannique a envoyé «l’état-major du Groupement tactique et un peloton d’infanterie du 1er  Bataillon des fusiliers, une cinquantaine de personnes au total, pour assurer une formation essentielle et contribuer au quartier général de la mission».

La même année, la Grande-Bretagne a codifié son rôle de soutien avec le lancement de l’opération Orbital, sa mission officielle de formation en Ukraine.

Fin  2015, David Cameron a autorisé une augmentation de 2  milliards de livres sur cinq ans du budget des forces spéciales.

En 2018, on a élargi la portée de l’entraînement Orbital par le déploiement «d’équipes d’entraînement de la Royal Navy et des Royal Marines pour dispenser une formation à la marine ukrainienne qui fait face à des menaces croissantes dans la mer d’Azov».

En 2019, lorsque le ministère de la Défense a révélé que 17.500  membres des forces armées ukrainiennes étaient déjà formés par la Grande-Bretagne via Orbital, il a annoncé une nouvelle prolongation «de sa mission de formation en Ukraine de trois ans, jusqu’en mars 2023».

Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a annoncé en septembre 2020 que la Grande-Bretagne dirigerait une initiative multinationale de formation pour la marine ukrainienne. L’année suivante, à l’approche de la guerre et alors que la Grande-Bretagne se vantait d’avoir formé plus de 20.000  membres des forces armées ukrainiennes, les deux nations ont joué un rôle crucial dans l’escalade des provocations anti-russes dans le cadres des opérations Carrier Strike Group  21 de l’OTAN menées par le Royaume-Uni en mer Noire.

Le WSWS a rapporté en avril 2021 que les Special Air Services (SAS) britanniques jouaient alors un rôle crucial en Ukraine: «Le Royaume-Uni a déjà des forces spéciales et des avions de la Royal Air Force (RAF) déployés dans la région. Une équipe des forces spéciales SAS et une unité électronique des Royal Signals ont été officiellement envoyées en Ukraine la semaine dernière, aux côtés d’une équipe d’opérations spéciales américaine, pour ‘surveiller l’activité russe’».

Outre la formation des troupes ukrainiennes par les forces britanniques, on a organisé des entraînements réguliers entre les deux nations en Grande-Bretagne. La semaine dernière, le 12  avril, le site d’information i a rapporté que «des troupes ukrainiennes arriveront sur le sol britannique dans quelques jours pour un entraînement d’urgence dans leur lutte contre la Russie».

Alors que le ministère de la Défense estime qu’il y aura une intensification de la guerre dans l’est de l’Ukraine, le irapporte que le ministre des Forces armées James Heappey a déclaré à la radio LBC que la Grande-Bretagne fournirait à l’Ukraine 120  véhicules blindés qu’on «apprêtait». Il a ajouté: «Les troupes ukrainiennes qui les utiliseront arriveront au Royaume-Uni dans les prochains jours pour apprendre à conduire et à commander ces véhicules».

Le Premier ministre Boris Johnson faisant d’un tournant déterminé vers les États-Unis un élément central de sa stratégie post-Brexit, et augmentant massivement les capacités militaires de Londres, on peut être sûr que la Grande-Bretagne envenimera les choses, quelles qu’en soient les conséquences. L’année dernière, les provocations anti-russes de la Grande-Bretagne en mer Noire avaient conduit un avion de chasse russe à larguer des bombes sur la trajectoire d’un navire de guerre britannique alors que les tensions atteignaient un point critique.

Ce week-end, la Russie a reconnu le rôle joué par la Grande-Bretagne comme principal laquais de l’impérialisme américain en facilitant ses visées de longue date sur la masse continentale eurasienne et sa volonté de démembrer la Russie. Samedi, Moscou a interdit à Johnson d’entrer en Russie, de même que la ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, le ministre de la Défense Ben Wallace, celui des Finances Rishi Sunak, l’ex-première ministre Theresa May, le premier ministre écossais Nicola Sturgeon ainsi que d’autres ministres et hommes politiques de premier plan.

Le ministère des Affaires étrangères de Moscou a déclaré que c’était «en raison de l’action hostile sans précédent du gouvernement britannique, en particulier l’imposition de sanctions contre de hauts responsables russes». La Grande-Bretagne avait mené une «campagne d’information et une politique effrénées visant à isoler la Russie sur le plan international, à créer les conditions d’une réduction de notre pays et à étrangler l’économie nationale».

La Russie aurait tout aussi bien pu prendre des mesures contre le chef du parti travailliste, Sir Keir Starmer, et ses conseillers, qui ont rejoint les conservateurs au pouvoir pour former de fait un parti de la guerre. Alors que Johnson mettait en place les premières sanctions contre la Russie, Starmer lui a demandé sur un ton belliqueux de «renforcer» les sanctions contre la Russie afin de «paralyser sa capacité à fonctionner».

(Article paru d’abord en anglais le 18 avril 2022)

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