Les dirigeants du mouvement pour le climat « Fridays for Future » soutiennent la campagne de guerre de l’Allemagne

La dixième grève mondiale pour le climat organisée par « Fridays for Future » s'est déroulée dans des conditions où le danger d'une guerre nucléaire entre la Russie et les puissances de l'OTAN est plus grand que jamais, car toutes les parties concernées agissent avec une extrême irresponsabilité. Quiconque prend au sérieux la lutte contre le changement climatique doit tout faire pour empêcher une telle guerre et pour lutter contre le réarmement de l'armée allemande ; et il doit s’opposer à ce qu’on attise le conflit par des livraisons d'armes et des sanctions commerciales.

Manifestation de Fridays For Future à Berlin le 25 mars 2022

Mais alors que les participants aux manifestations s'inquiétaient du développement de la guerre et voulaient empêcher une guerre mondiale nucléaire, les leaders autoproclamés de « Fridays for Future » eux, font exactement le contraire. Ils essaient de transformer le mouvement en lobby faisant la claque pour le réarmement et l'agression de l'OTAN et de le mettre au service de la marche à la guerre. Cela doit être évité à tout prix!

La politicienne verte Luisa Neubauer, qui joue un rôle de premier plan dans le mouvement, exprime le plus clairement cette méprisable politique de droite. Neubauer soutient non seulement l'armement de l'armée ukrainienne – dans les rangs de laquelle se battent des néonazis et des légionnaires d'extrême droite du monde entier – mais aussi le réarmement sans précédent dans l’histoire de l'armée allemande et les sanctions de guerre contre la Russie.

Ainsi, quelques jours seulement après l'invasion réactionnaire de l'Ukraine par les troupes russes, elle soutenait déjà la livraison d'armes dans la zone de guerre et déclarait: « Les armes seules ne suffisent pas. » Dans une interview au journal taz, elle a ajouté un jour avant les manifestations qu'il était « logique que les dépenses militaires soient également discutées ». Cependant, il fallait « regarder la situation dans son ensemble » et enfin mettre en œuvre des mesures de protection du climat qui avaient «maintenant aussi un sens dans la logique de la guerre ».

Neubauer a déclaré à la chaîne de télévision NTV qu'elle soutenait le réarmement et que le passage aux énergies renouvelables servait les mêmes objectifs politiques. « La volonté politique de dire que nous investissons 100 milliards d'euros dans l'armée est là », a-t-elle déclaré. Mais « la volonté politique de dire qu'aujourd'hui nous rééquipons vraiment nos systèmes énergétiques » était tout aussi nécessaire. Après tout, « l'abandon des combustibles fossiles » était comme le réarmement « en fin de compte une question de politique de sécurité ».

Neubauer a été on ne peut plus clair sur le fait que ses revendications n'avaient rien à voir avec les droits de l'homme ou la sanction de criminels de guerre. Elle a glorifié les efforts du ministre vert de l'Économie Robert Habeck pour conclure de nouveaux partenariats énergétiques stratégiques avec le Qatar et les Émirats arabes unis, les qualifiant de « détour » nécessaire sur la voie d'une plus grande protection du climat. Neubauer fait également la promotion du pilote de Formule 1 Sebastian Vettel, financé entre autres par l'Arabie saoudite, comme un modèle de comportement.

Ces trois régimes sont des dictatures pures et simples et des acteurs clés de la guerre d'agression contre le Yémen, qui, selon les Nations unies, a déjà tué 377 000 personnes depuis 2015 et en menace actuellement 19 millions de famine.

Neubauer et la direction de « Fridays for Future » exigent un embargo contre toutes les livraisons de charbon, de pétrole et de gaz en provenance de Russie. Une lettre ouverte au gouvernement allemand – signée, entre autres, par les militantes Neubauer, Carla Reemtsma et Pauline Brünger – exige que « le robinet soit fermé pour les dirigeants russes » et qu’ainsi « l'effet des sanctions imposées à juste titre à la Banque centrale russe » soient renforcées.

Une « nouvelle hausse des prix de l'énergie » et d'autres « effets majeurs » attendus, ont déclaré les signataires, « devraient être considérés comme le prix à payer pour notre liberté, notre sécurité et la vie du peuple ukrainien ». Des appels officiels de Fridays for Future demandaient eux aussi une « interdiction immédiate des importations de charbon, de pétrole et de gaz en provenance de Russie » et appelaient les « dirigeants mondiaux » à « aller au-delà des mots et des déclarations de soutien à l'Ukraine ».

Il ne fait aucun doute qu'un embargo sur l'énergie en pleine pandémie, inflation et guerre aurait des conséquences dévastatrices pour les travailleurs en Russie, en Ukraine et dans le reste du monde. Le pétrole et le gaz naturel représentent les deux tiers des exportations de la Russie et environ la moitié des recettes de l’État. La Russie, dont l'économie n'a augmenté en moyenne que de 0,3 pour cent par an depuis 2014, serait confrontée, par une telle mesure de guerre commerciale lui faisant perdre des milliards de dollars, à l'alternative entre « guerre nucléaire ou asservissement économique ».

La politique de sanctions économiques et de guerre commerciale ne correspond pas à la logique de protection du climat, c'est-à-dire au maintien d'une biosphère viable, mais à la logique d'une guerre nucléaire mondiale. Au cours des 30 dernières années, les puissances impérialistes de l'OTAN ont bombardé et détruit de nombreux pays, tuant bien plus d'un million de personnes. Ils ont systématiquement et délibérément encerclé la Russie et la Chine et se préparent maintenant à une troisième guerre mondiale. La direction de Fridays for Future soutient cela et garde le silence sur ces crimes.

Contrairement aux affirmations des leaders de la contestation et des gouvernements occidentaux, l’actuelle guerre par procuration meurtrière en Ukraine a elle aussi été planifiée par les puissances de l'OTAN et délibérément provoquée ces dernières années. Le calcul des stratèges militaires occidentaux consistait à utiliser la population de l'ex-République soviétique appauvrie comme un pion pour préparer au Kremlin un « Afghanistan russe ».

L'invasion réactionnaire et criminelle de l'Ukraine par le régime de Poutine est une expression de la faillite historique du nationalisme russe, mais pas la cause de la guerre. L'invasion divise la classe ouvrière et fait le jeu des puissances de l'OTAN, qui s'efforcent depuis des décennies d'écraser et de soumettre la Russie. Le Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l'égalité socialiste, SGP) a expliqué en détail ce contexte historique et politique dans une vidéo récente.

Le militarisme allemand considère la guerre en Ukraine comme un prétexte longtemps attendu pour mener à bien un programme de réarmement historiquement sans précédent et faire valoir ses propres intérêts économiques dans le monde entier. C'est aussi la raison pour laquelle la demande d'un embargo contre la Russie a été accueillie avec enthousiasme par d'importantes sections de la classe dirigeante en Allemagne.

En prenant le parti du gouvernement en pleine guerre, les leaders du mouvement de contestation Fridays for Future montrent qu'ils n'ont cure de la protection du climat, à moins qu'ils ne veuillent stopper le réchauffement climatique par un hiver nucléaire. Pour faire carrière avec les Verts et d'autres partis et organisations bourgeois, ces gens sont prêts à profiter des peurs et des inquiétudes de millions de jeunes et à répandre de la sale propagande de guerre.

Un slogan plus approprié pour un « mouvement pour le climat » qui propage l’étranglement économique de la deuxième plus grande puissance nucléaire serait « Fridays for Nuclear War ». Il est donc grand temps de faire le point et de construire un véritable mouvement contre le changement climatique et contre la guerre qui ne soit pas guidé par les intérêts prédateurs de la géopolitique impérialiste, mais par les principes de la lutte de classe internationale.

Un tel mouvement doit inévitablement être dirigé contre le capitalisme et ne doit s'associer à aucune nation, encore moins à une alliance impérialiste belliciste. Ce qu'il faut, c'est une lutte contre les puissances de l'OTAN, qui ont pillé la planète et ses habitants pendant des décennies et poussé la civilisation humaine au bord de l'anéantissement.

L'International Youth and Students for Social Equality (IYSSE – les Jeunes et étudiants internationaux pour l’égalité sociale) ont déclaré que la lutte contre la guerre nucléaire et le changement climatique – ainsi que la lutte contre la pandémie de COVID-19 – était inséparable de la lutte pour le socialisme international et est inconcevable sans une économie mondiale démocratique et rationnellement planifiée. La propagande de droite pro-guerre répandue par les dirigeants officiels du mouvement climatique le confirme une fois de plus.

La classe ouvrière internationale, avons-nous déclaré, doit être mobilisée sur un programme internationaliste et socialiste afin de prendre le pouvoir politique et de mettre les énormes forces productives – les entreprises, les banques et la richesse – au service de ses intérêts sociaux, économiques et écologiques. En tant qu'organisation de jeunesse du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), l'IYSSE se bat pour une telle perspective socialiste. La construire est à présent de la plus grande urgence.

(Article paru en anglais le 5 avril 2022)