Les événements mettent à nu les menaces et les mensonges que les puissances de l’OTAN utilisent pour lancer une campagne de guerre contre la Russie. Hier, la date qui, selon les responsables américains, devait marquer le début de la conquête de l’Ukraine par la Russie s’est déroulée sans la moindre invasion russe, et la Russie a en fait retiré les unités déployées le long de sa frontière avec l’Ukraine pour des exercices militaires. Les responsables américains et de l’OTAN ont néanmoins intensifié les déploiements militaires en Europe de l’Est et ont répété leurs accusations vides de sens selon lesquelles la Russie se prépare à attaquer l’Ukraine.
Alors même que Moscou a diffusé des vidéos qui montrent ses chars qui quittent la Crimée et le Belarus après ces exercices, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a de nouveau dénoncé la Russie lors d’une conférence de presse. Celle-ci a ouvrait la conférence de deux jours des ministres de la Défense de l’OTAN qui a débuté hier à Bruxelles. Au sujet des vidéos russes, il a abruptement affirmé que «nous n’avons vu aucun signe de désescalade sur le terrain. La Russie a amassé une force de combat en Ukraine et dans les environs, sans précédent depuis la guerre froide. Tout est maintenant en place pour une nouvelle attaque. Mais la Russie a encore le temps de s’éloigner du gouffre».
Stoltenberg a balayé d’un revers de main les préoccupations de Moscou, qui craint que l’OTAN n’admette des États situés aux frontières de la Russie, comme l’Ukraine ou la Géorgie, et n’y stationne des armes offensives. «Chaque nation a le droit de choisir sa propre voie», a-t-il affirmé, alors que les ministres de la Défense de l’OTAN se préparaient à rencontrer aujourd’hui les ministres de la Défense ukrainien et géorgien. Stoltenberg s’est également engagé à aller de l’avant avec les plans qui visent à stationner en permanence des groupes de combat de l’OTAN en Europe de l’Est et à faire en sorte que les armes nucléaires de l’OTAN soient prêtes à l’emploi.
«Nous avons déployé davantage de troupes, d’avions et de navires dans la partie orientale de l’Alliance, augmenté le niveau de préparation de notre Force de réaction de l’OTAN et renforcé nos groupements tactiques dans la région de la Baltique», a-t-il déclaré, ajoutant: «Les ministres de la Défense de l’OTAN vont se pencher sur la nécessité de renforcer encore notre dispositif défensif. Et je me félicite de l’offre de la France de diriger un nouveau groupement tactique de l’OTAN en Roumanie. Demain, je présiderai également une réunion ordinaire du Groupe des plans nucléaires, pour veiller à ce que notre dissuasion nucléaire reste sûre, sécurisée et efficace».
Stoltenberg s’est fait l’écho de remarques antérieures du secrétaire d’État américain Antony Blinken. Sans nier que les troupes russes quittaient la zone frontalière, Blinken a insisté sur le fait que Washington n’avait vu «aucun retrait significatif» des troupes russes. «Au contraire, nous continuons à voir des forces, en particulier des forces qui seraient à l’avant-garde de toute nouvelle agression contre l’Ukraine, continuer à être à la frontière, à se masser à la frontière», a-t-il déclaré, affirmant que le président russe, Vladimir Poutine, «pourrait appuyer sur la gâchette».
Ce langage hystérique vise à détourner l’attention du discrédit du récit antirusse concocté par l’OTAN, qui ne repose sur aucun fait, et à justifier un renforcement militaire inconsidéré.
Le gouvernement ukrainien pro-OTAN a, une nouvelle fois, directement contredit les mises en garde des responsables de l’OTAN qui sont censés le protéger d'une attaque russe. Après que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré publiquement à plusieurs reprises que la Russie ne dispose pas de troupes suffisantes dans la région pour envahir l’Ukraine, les services de renseignements militaires ukrainiens ont publié hier leur propre évaluation officielle. Ils ont déclaré: «Le contingent militaire russe près de la frontière ukrainienne est insuffisant pour mener à bien une agression armée à grande échelle contre l’Ukraine».
Les responsables ukrainiens ont également rejeté les accusations américaines selon lesquelles la Russie a mené une cyber attaque massive qui a touché le ministère de la défense et le secteur bancaire ukrainiens mardi. Alors que la sous-secrétaire d’État américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, a déclaré que «de toute évidence, le Kremlin» avait mené l’attaque, le responsable ukrainien de la cybersécurité, Victor Zhora, a déclaré à CNN: «Il est trop tôt pour attribuer la responsabilité».
Néanmoins, on s’attend à ce que les ministres de la Défense de l’OTAN annoncent le stationnement permanent de groupes de combat en Europe de l’Est. Cela sera soit aujourd’hui lors du sommet de Bruxelles, soit lors d’un sommet de l’OTAN prévu en juin prochain, à Madrid. Les groupes de combat se rendraient en Bulgarie, en Roumanie, en Slovaquie et en Hongrie, a déclaré mardi à Reuters un diplomate de l’OTAN sous couvert d’anonymat. Ainsi serait complété une série de déploiements de l’OTAN qui encerclent les frontières occidentales de la Russie et de l’Ukraine avec des bases et des troupes de l’OTAN.
Cette réaction au retrait par Moscou de forces importantes de la zone de conflit potentiel montre clairement une chose. Ce n’est pas la Russie, mais l’OTAN, dirigée par Washington, qui cherche la guerre. Au lieu de saluer un retrait partiel des forces russes et d’essayer d’apaiser les tensions dans la région, les puissances de l’OTAN dénoncent Moscou et intensifient leurs menaces. Et tandis que l’alliance de l’OTAN dénonce les troupes russes situées sur le sol russe, elle augmente le nombre de troupes qu’elle envoie aux frontières mêmes de la Russie et de l’Ukraine.
L’humanité fait face aux conséquences désastreuses de la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991. Cette dissolution a non seulement ouvert la voie à une campagne de guerre de l’OTAN au Moyen-Orient et en Asie centrale qui a coûté des millions de vies. À commencer par la guerre du Golfe en Irak en 1991, qui s’est poursuivie par des guerres contre la Serbie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et la Syrie. Au cours de cette même période, l’OTAN a mis en pièces toutes les garanties qu’elle avait données à la bureaucratie soviétique lors de la dissolution de l’Union soviétique. Ce processus a maintenant atteint son point culminant avec les plans de l’OTAN qui visent à stationner des troupes en permanence dans toute l’Europe de l’Est.
L’OTAN a mis de côté ses promesses dans les années 1990. Une fois que le secrétaire d’État américain de l’époque, James Baker, et le ministre allemand des Affaires étrangères, Hans-Dieter Genscher, eurent assuré Moscou en 1990 que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est après la réunification de l’Allemagne, L’OTAN et les pays du Pacte de Varsovie avaient signé en 1991 le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE). Ce traité limitait la capacité des pays européens à stocker suffisamment d’armes conventionnelles pour organiser une invasion à grande échelle d’autres pays.
L’Acte final OTAN-Russie de 1997 a toutefois admis la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie, l’OTAN répudiant toute prétention à avoir une politique de paix. En 1999, elle a bombardé la Serbie et, en 2002, Washington a déchiré le traité sur les missiles antibalistiques, suivi du traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE). Les USA ont bloqué la ratification par l’OTAN, alors même que l’alliance de l’OTAN admettait des sections de plus en plus larges de l’Europe de l’Est. Après avoir mis au rebut le traité sur le nucléaire iranien de 2015, Washington a également mis au rebut le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) en 2019.
Il est impossible d’arrêter la course à la guerre sans la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière aux États-Unis, à travers l’Europe et la Russie et au niveau international contre le danger croissant d’une guerre nucléaire mondiale. Il est évident que l’OTAN n’a aucune intention de répondre aux tentatives de Moscou de désescalade du conflit.
Le régime capitaliste postsoviétique en faillite de la Russie n’a pas de réponse progressiste à la campagne de guerre de l’OTAN. Tout en tentant de mener une politique plus prudente en Europe du moins pour l’instant, dans une tentative infructueuse d’apaiser l’OTAN, le régime russe signale qu’il envisage des mesures de représailles qui pourraient rapidement transformer un conflit en Europe à propos de l’Ukraine en une guerre mondiale.
Hier, le ministre russe de la Défense, Sergey Shoigu, s’est rendu en Syrie pour s’entretenir avec le président Bachar al-Assad, tandis que 15 navires de guerre russes effectuaient des exercices navals au large des côtes syriennes. Il a informé le gouvernement syrien, que l’Iran et la Russie ont soutenu dans un conflit de dix ans contre les guérillas islamistes et kurdes soutenues par l’OTAN, de la situation militaire.
«Dans les conditions où les États-Unis et les pays occidentaux aggravent délibérément la situation internationale… Shoigu se rend à Damas pour envoyer un message d’avertissement», a déclaré le général libanais Charles Abi Nader à l’agence de presse russe TASS. «Cela implique que la Russie utilisera ses installations stratégiques en Syrie en cas de confrontation militaire avec l’OTAN», a-t-il ajouté, soulignant «l’importance que la Russie attache à ces installations dans une confrontation mondiale».
De son côté, Stoltenberg a clairement indiqué lors de la conférence de presse de Bruxelles que l’OTAN considère sa volonté de guerre contre la Russie comme faisant partie d’un conflit avec la Chine. «La Chine développe maintenant rapidement de nouvelles capacités nucléaires, des missiles à longue portée, des missiles hypersoniques», a-t-il déclaré, avant de dénoncer les deux pays: «Je pense que fondamentalement, ce que nous voyons, c’est que deux puissances autoritaires, la Russie et la Chine opèrent ensemble parce qu’elles n’aiment pas l’ordre international fondé sur des règles.»
L’accélération de la volonté de guerre en Europe et l’escalade rapide des tensions militaires sur le plan international soulignent de toute urgence la nécessité d’alerter et de mobiliser la classe ouvrière au niveau international contre le danger croissant d’une nouvelle guerre mondiale provoquée par les puissances impérialistes.
(Article paru d’abord en anglais le 17 février 2022)