L’alliance OTAN dirigée par les États-Unis, qui comprend la plupart des pays les plus riches du monde, a connu 115,3 millions cas de COVID-19 et 1,89 million de décès. Elle traverse une vague de pandémie hivernale qui, selon les prévisions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fera 700.000 morts de plus rien qu’en Europe. En outre, le nouveau variant Omicron, qui échappera probablement aux vaccins actuels contre la COVID-19, se propage actuellement en Amérique et en Europe.
Jeudi, Biden a promis qu'il n'y aurait néanmoins aucun «confinement ni fermeture» pour stopper la contagion, mais seulement une utilisation continue des vaccins existants. Cela signifie qu'il ne faut pas toucher au flux de profits de Wall Street, au détriment des millions de vies perdues à cause de la pandémie.
Dans ce contexte, Washington, aidé par ses alliés de l’OTAN, attise les tensions militaires dont le but est de détourner l’attention de l’opposition interne croissante à ses politiques criminellement irresponsables en matière de pandémie. Cependant, cela risque de déclencher une guerre totale avec la Russie, voire la Chine.
L’OTAN lance un renforcement militaire aux frontières de la Russie. Elle arme l’Ukraine de missiles antichars Javelin, de navires de guerre à missiles guidés que la Grande-Bretagne va construire et de batteries de missiles antiaériens. Le régime ukrainien de Kiev n’a pas contesté les informations russes selon lesquelles il massait 125.000 soldats à sa frontière avec la Russie.
Puis, vendredi, tandis que 521.291 habitants de pays de l’OTAN contractaient la COVID-19 et que 3.876 en mourraient, Biden a appelé l’OTAN à se préparer à la guerre avec la Russie, une grande puissance dotée de l’arme nucléaire.
Se préparant à un appel téléphonique aujourd’hui avec le président russe Vladimir Poutine, Biden a déclaré de manière imprudente qu’il rejette les «lignes rouges» de la Russie. C’est-à-dire qu’il prendra des mesures même si la Russie l’avertit qu’elles franchissent une ligne rouge et conduiront à la guerre. À propos de l’Ukraine, Biden a déclaré: «Nous sommes conscients des actions de la Russie depuis longtemps et je m’attends à ce que nous ayons une longue discussion avec Poutine. Je n’accepte les lignes rouges de personne».
Le rejet par Biden des «lignes rouges» russes était une réponse à l’avertissement de Poutine la semaine dernière que l’armement de l’Ukraine par l’OTAN avec des bases de missiles était une «ligne rouge» qui pourrait conduire à une guerre avec la Russie. Des missiles de croisière tirés depuis ces bases n’auraient besoin que de six minutes pour atteindre le centre de Moscou.
Washington présente sa politique, bien sûr, comme une défense de l’Ukraine contre l’agression russe. Après que le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, a affirmé que 94.300 soldats russes se massent près de la frontière entre l’Ukraine et la Russie et que «la probabilité d’une escalade à grande échelle de la part de la Russie existe», le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dénoncé la Russie.
Après avoir affirmé que la Chine se prépare à envahir Taïwan et mis en garde contre des «conséquences terribles», Blinken a déclaré: «Nous avons déjà vu ce mode opératoire, en 2014, lors de la dernière invasion de l’Ukraine par la Russie. À l’époque, comme aujourd’hui, ils ont considérablement augmenté les forces de combat près de la frontière. Ensuite, comme maintenant, ils ont intensifié la désinformation pour dépeindre l’Ukraine comme l’agresseur afin de justifier une action militaire planifiée à l’avance.»
C’est un tissu de mensonges. Blinken lui-même a admis que «nous ne savons pas si le président Poutine a pris la décision d’envahir», et que «l’incertitude sur les intentions et le calendrier» demeure. En d’autres termes, Washington et Kiev prétendent seulement que des troupes russes se trouvent sur le sol russe, et qu’ils ne savent pas ce que ces troupes feront. Pourtant, sur cette base peu solide, ils insistent pour que les pays de l’OTAN ignorent effectivement la pandémie et se préparent plutôt à une guerre avec la Russie.
L’examen des événements de 2014 montre que l’agresseur n’est pas la Russie, mais l’OTAN. En février 2014, alors que Biden était le vice-président de Barack Obama, Washington et Berlin ont soutenu un putsch mené par le Secteur droit néonazi qui a renversé le président ukrainien prorusse Viktor Yanukovich. Il a porté au pouvoir un régime d’extrême droite comprenant le parti Svoboda, que l’Union européenne avait formellement condamné en 2012 pour ses opinions racistes et antisémites. Il s’est également engagé à interdire la pratique de la langue russe et à assassiner les Russes ethniques en Ukraine.
Alors que les milices d’extrême droite lançaient des raids dans les zones russophones de l’est de l’Ukraine, comme le Donbass et la Crimée, ces régions ont voté la sécession. Le régime fasciste de Kiev n’a aucune revendication ferme sur la Crimée. La Russie l’a annexée en 1783, l’année où les États-Unis ont obtenu leur indépendance de la Grande-Bretagne. Le premier ministre soviétique, Nikita Khrouchtchev, a cédé la Crimée à l’Ukraine en 1954, alors que son statut interne au sein de l’Union soviétique avait peu d’importance.
Pourtant, depuis 2014, l’OTAN prétend frauduleusement que le vote de la Crimée pour rejoindre la Russie constitue une «invasion» russe de l’Ukraine justifiant les préparatifs de guerre de l’OTAN.
L’OTAN ne défend pas l’Ukraine, mais l’arme et incite Moscou à l’attaquer. À cet égard, il convient de réfléchir à la déclaration faite dimanche par le sénateur démocrate Chris Murphy, selon laquelle «l’Ukraine peut devenir le prochain Afghanistan pour la Russie si elle choisit d’aller plus loin».
Murphy faisait référence à la décision du gouvernement démocrate de Carter, en 1979, d’essayer de provoquer une invasion soviétique de l’Afghanistan. Cette politique, proposée par le stratège démocrate Zbigniew Brzezinski, consistait à armer les moudjahidines islamistes contre le régime afghan soutenu par les Soviétiques. Moscou est finalement intervenu pour soutenir le gouvernement afghan, piégeant l’armée soviétique dans une guerre sanglante de dix ans avec les islamistes soutenus par la CIA et alliés au futur chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden. Deux ans après avoir subi une défaite cuisante, en 1989, la bureaucratie stalinienne a dissout l’Union soviétique.
En 2014, en pleine aggravation de la crise des guerres américaines au Moyen-Orient, alors que la Russie et l’Iran soutenaient le président Bachar al-Assad contre l’OTAN dans la guerre de Syrie, Brzezinski a appelé à répéter cette politique.
Quelques mois après le putsch en Ukraine, Brzezinski a prononcé un discours au Wilson Center, au cours duquel il a proposé de piéger la Russie dans une guerre en Ukraine. Après une invasion russe de l’Ukraine, a-t-il expliqué de sang-froid, l’OTAN pourrait sacrifier des villes ukrainiennes comme Kharkov et Kiev pour épuiser l’armée russe, de la même manière que la guerre urbaine de Stalingrad a épuisé les armées nazies pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a déclaré:
Il y a une leçon à tirer de la résistance urbaine pendant la Seconde Guerre mondiale… Si les grandes villes, disons Kharkov, disons Kiev, devaient résister et que le combat de rue devenait une nécessité, il serait prolongé et coûteux. Et le fait est que – et c’est là que le timing de toute cette crise est important – la Russie n’est pas encore prête à entreprendre ce genre d’effort. Ce serait trop coûteux en sang, paralysant en finances. Et cela prendrait beaucoup de temps et créerait de plus en plus de pression internationale…
Nous devrions faire comprendre aux Ukrainiens que s’ils sont déterminés à résister, comme ils disent qu’ils le sont et comme il semble qu’ils essaient de le faire (quoique, pas très efficacement), nous leur fournirons des armes antichars, des armes antichars portatives, des roquettes portatives…
Telle est la politique irréfléchie que le gouvernement Biden s’emploie actuellement à mettre en œuvre. Les avertissements les plus sérieux sont de mise pour les travailleurs des pays de l’OTAN, des anciennes républiques soviétiques et au niveau international. Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire qu’une classe dirigeante désespérée conclut qu’une guerre lui permettra de sortir d’une crise interne explosive pour laquelle elle n’a pas de solutions progressistes.
La pandémie est un événement déclencheur, qui intensifie massivement les tensions de classe et internationales. Profondément déstabilisés, le gouvernement Biden et les gouvernements impérialistes d’Europe s’agitent désespérément, à la recherche d’une cible sur laquelle s’acharner.
La question décisive aujourd’hui, pour sauver des millions de vies, est de mobiliser la classe ouvrière et de l’unir dans un puissant mouvement international contre la guerre et pour une politique scientifique qui vise à stopper la pandémie de SRAS-CoV-2 et à éliminer la transmission du virus.
(Article paru en anglais le 6 décembre 2021)