Depuis des années, le mot «disgracié» est obligatoirement accolé au nom du vicomte Matthew Ridley, l’aristocrate britannique et président de Northern Rock qui a conduit cette banque, et le Royaume-Uni tout entier, à la ruine financière.
«Matt Ridley, disgracié en 2007 en tant qu’ancien président de la banque Northern Rock qui s’est effondrée», écrivait Reuters en 2013 dans un article sur les dirigeants bancaires «humiliés». Le «banquier disgracié», l’a appelé le Guardian en 2015.
La «disgrâce» de Ridley s’est produite devant la commission du Trésor de la Chambre des communes en octobre 2007, où les députés ont déclaré que le dirigeant n’avait aucun «sens de l’honneur» et avait «porté atteinte à la bonne réputation du secteur bancaire britannique».
Ils ont démontré qu’il avait menti ouvertement et de manière flagrante au Parlement, en écrivant dans une lettre «nous n’avons pas de prêts à risques», tout en diffusant des publicités qui indiquaient: «ouvert aux affaires de prêts à risque».
Dès lors, on a supposé que Ridley serait considéré non seulement comme un escroc et un incompétent, mais aussi comme un menteur. Personne n’allait le prendre au sérieux sur quoi que ce soit, et encore moins sur la conduite morale des autres.
Je vous écris pour vous informer de la situation actuelle de Northern Rock.
La situation est en train de se stabiliser en ce qui concerne les épargnants et les autres clients. L’activité globale de Northern Rocks reste rentable et saine, avec des actifs supérieurs aux passifs.
Je voudrais profiter de cette occasion pour faire trois remarques.
1. Nous n’avons pas été un prêteur imprudent. Nos arriérés sont en fait inférieurs à la moitié de la moyenne du secteur. Nous prêtons à des gens ordinaires au Royaume-Uni qui achètent leur maison et, comme l’a dit le Chancelier, nous avons un «solide portefeuille de prêts à long terme». Nous n’avons pas de prêts à risque.
Mais depuis sa mésaventure bancaire, qui a coûté 37 milliards de livres aux contribuables britanniques et entraîné des dizaines de milliers de saisies. Le 5e vicomte Ridley ne s’est pas contenté de se retirer dans son domaine, où se trouve la plus grande mine à ciel ouvert de Grande-Bretagne.
Il est au contraire revenu à la vie publique, élu par ses pairs aristocrates à la Chambre des Lords en 2013, et a redémarré sa carrière comme «écrivain scientifique» au cours de laquelle il a déjà nié l’existence du changement climatique, a défendu une base génétique de la race et promu les idées associées au darwinisme social.
Plus récemment, il a rejoint la bande de voyous et de crapules comprenant le raciste Nicholas Wade et le menteur des «tubes d’aluminium» Michael R. Gordon et qui œuvre à calomnier les plus grands experts mondiaux du coronavirus, notamment Shi Zhengli et Peter Daszak, durant une pandémie mondiale qui a tué jusqu’à 20 millions de personnes.
Dans la lignée de son collègue partisan du Brexit Raheem Kassam, co-animateur du podcast «War Room: Pandemic» de Steve Bannon, Ridley a depuis le début de l’année 2020 cherché à rendre la Chine responsable de la pandémie de COVID-19. En mars 2020, il a demandé: «N’y a-t-il pas lieu d’exiger une sorte de réparation de la part du gouvernement chinois» pour «les terribles souffrances humaines» causées par la pandémie.
Partant de cette conclusion, Ridley a accusé les Instituts nationaux de la santé des États-Unis et l’alliance EcoHealth de dissimulation, laissant entendre qu’ils étaient complices de la création ou de la diffusion du SRAS-CoV-2.
Utilisant les «paroles ambiguës» communes à tous les pickpockets intellectuels, Ridley fait régulièrement des déclarations radicales dans la presse utilisant un langage contestable pour promouvoir l’affirmation que le SRAS-CoV-2 est un virus génétiquement modifié créé à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV). Par exemple, il a écrit en mai 2020: «La simple histoire d’un animal dans un marché infecté par une chauve-souris qui a ensuite infecté plusieurs êtres humains ne semble plus crédible». Une déclaration que toute personne normale interpréterait comme un rejet des origines naturelles du COVID-19.
Pour couronner cette campagne, Ridley a écrit, avec Alina Chan, une «conspirationniste manipulatrice et intellectuellement malhonnête» selon les termes de la virologue Angela Rasmussen, un livre de 400 pages censé confirmer le canular de la «fuite du laboratoire».
Pour être l’œuvre de deux crapules, Viral n’est pas un livre complètement inutile. «Car même si je suis un homme très virulent, je peux raconter une histoire morale», dit le vendeur de fausses reliques religieuses de Chaucer, approuvé par l’église. Viral rend un service, en quelque sorte, en compilant, sous forme longue, tous les arguments concoctés par chaque charlatan, toutes les fuites fournies à des «chercheurs» anonymes sur Internet, et utilisées pour mettre en doute la crédibilité de scientifiques ayant consacré leur vie à protéger l’humanité de nouvelles maladies infectieuses.
Après des centaines de pages décrivant la genèse de la théorie de la «fuite en laboratoire», Ridley et Chan en viennent à leur argument central: un effort pour présenter un canular d’extrême droite comme une théorie scientifique «crédible».
Ils consacrent un chapitre aux origines naturelles de COVID-19, un autre aux «origines non naturelles» et un dernier chapitre aux conclusions.
Ces arguments sont présentés sous la forme d’une délibération de jury dans une affaire criminelle, les arguments sont adressés à «Mesdames et Messieurs les Jurés».
Le chapitre qui argumente en faveur des origines naturelles commence comme suit: «Ainsi, la théorie selon laquelle la pandémie a commencé par un débordement naturel était dès le départ, et reste à ce jour hautement plausible. C’est l’hypothèse nulle, l’hypothèse par défaut».
Dans une procédure judiciaire, l’«hypothèse nulle» est «non coupable». Par conséquent, le cas de la zoonose est présenté comme la défense, et la théorie de la «fuite du laboratoire» est présentée comme l'accusation. Après avoir formulé la question de cette manière, Ridley continue à plaider pour la défense:
Ensuite, il y a le manque de preuves directes d’une fuite de laboratoire. Où est le laborantin infecté, le cas type? Où est l’enregistrement d’un accident? S’il y a eu une fuite, pourquoi, dans les mois qui ont suivi le début de la pandémie, aucun scientifique ne s’est présenté avec une confession ou un témoignage oculaire? Le régime chinois est peut-être autoritaire, mais il n’est pas omnipotent. L’absence d’un lanceur d’alerte qui dispose d’une preuve réelle d’une fuite du virus dans la communauté doit compter pour quelque chose.
N’oubliez pas. Aucune preuve n’existe que le virus SRAS-CoV-2 a fait l’objet d’expériences dans un quelconque laboratoire.
En conclusion, Mesdames et Messieurs les Jurés, dit l’avocat, il n’y a aucune preuve d’une fuite en laboratoire, et l’hypothèse par défaut doit rester que cette pandémie a commencé par un événement naturel, comme tant d’autres épidémies dans le passé.
C’est un argument simple, direct, cohérent et correct. Ridley et Chan se tournent ensuite vers l’argument de l’accusation, que nous abrégeons ici:
L’allégation que nous prenons au sérieux est que les scientifiques de l’Institut de virologie de Wuhan et, éventuellement, d’autres laboratoires de la ville, du Centre de contrôle des maladies ou de l’Université agricole de Huazhong, faisaient exactement ce qu’ils disaient faire: à savoir, étudier les virus des chauves-souris et d’autres animaux sauvages en vue de prédire les pandémies et, éventuellement, de développer des thérapeutiques ou des vaccins. Mais quelque chose a mal tourné et un virus a fui, infectant une personne qui travaillait sur le terrain, dans un laboratoire, ou ailleurs dans la ville si l’on n’avait pas correctement décontaminé les déchets de laboratoire avant de les jeter…
Considérons ensuite qu’il n’existe aucune preuve directe d’une origine naturelle de la pandémie de Covid-19…
Nous savons maintenant, comme nous ne le savions pas en février 2020, que le WIV était en possession d’un lot de virus très proches collectés dans une mine de cuivre abandonnée à Mojiang, où des travailleurs avaient été atteints d’une maladie semblable au SRAS en 2012…
Contrairement au virus du SRAS de 2003, aucune explication n’a été donnée sur la façon dont il a pu se propager si facilement parmi les humains. Le SRAS de 2003 et le SRAS-CoV-2 sont tous deux des virus généralistes qui peuvent infecter un large éventail d’espèces animales, mais l’adaptation progressive du virus du SRAS de 2003 à son nouvel hôte humain au cours des premiers mois de l’épidémie fait totalement défaut dans le cas du SRAS-CoV-2…
Ensuite, il y a le secret presque ridicule qui entoure la mine elle-même…
L’autre élément de preuve contre les scientifiques du laboratoire est le dossier long et détaillé de leurs recherches. Dans un article après l’autre, ils ont mis à nu un ensemble d’expériences sur les sarbecovirus et autres coronavirus qui étaient ingénieuses, complètes et fructueuses…
Un dernier argument en faveur de la fuite en laboratoire est que de plus en plus de virologues ont changé d’avis et pensent maintenant que c’est possible ou même probable…
On doit admettre qu’un grand nombre de ceux qui affirment que le SRAS-CoV-2 s’est échappé d’un laboratoire ne sont pas d’accord sur la version de la fuite qu’ils jugent la plus plausible: le SRAS-CoV-2 est-il un virus naturel qui fut stocké dans un laboratoire et qui s’est échappé, comme les fuites de SRAS à Pékin en 2004, ou un virus qui a été multiplié dans des cultures de cellules humaines jusqu’à devenir un pathogène humain efficace, ou encore le SRAS-CoV-2 est-il un virus chimérique fabriqué. Toutes ces hypothèses sont possibles et, jusqu’à ce que l’on dispose de meilleures preuves, aucune d’entre elles ne peut être écartée…
Mesdames et messieurs les jurés, conclut l’avocat, il y a une absence flagrante de preuves d’un débordement zoonotique au début de cette pandémie. En revanche, la proximité de l’épidémie avec le WIV — la plus grande collection de coronavirus liés au SRAS dans le monde, où les scientifiques créaient des virus chimériques et expérimentaient de proches parents du CoV-2-SRAS — plaide de façon convaincante en faveur d’une origine du virus en laboratoire.
Ridley part du principe que ses lecteurs concluront qu’une présentation quasi judiciaire de ses arguments leur conférera de la rigueur. Mais en formulant l’argument de cette manière, il ne fait que s’exposer à une réfutation totale. En statistique, si l’«hypothèse nulle» n’est pas rejetée à un niveau de confiance élevé, disons 90 à 95 pour cent, les alternatives sont écartées et l’hypothèse nulle est maintenue.
Dans les normes du droit pénal, le défendeur est présumé non coupable, à moins que sa culpabilité ne soit prouvée au-delà de tout doute raisonnable.
J’ai demandé à mon collègue Tom Carter, un avocat, comment il réagirait si un procureur accusait son client d’avoir commis un crime, mais proposait deux théories mutuellement exclusives sur la façon dont le crime a été commis. Carter a répondu:
Si le procureur dit que le crime a été commis d’une façon ou d’une autre, je répondrais que cela signifie que le procureur n’a pas suffisamment de preuves pour prouver l’une ou l’autre alternative au-delà d’un doute raisonnable. Par conséquent, le procureur ne peut pas réellement prouver qu’un crime ait du tout été commis.
Ce type d’argument est souvent utilisé par des procureurs sans scrupules, qui tentent de renforcer un dossier faible en accumulant les accusations, dans l’espoir que le jury pense qu’avec toutes ces accusations officielles, le défendeur doit bien être coupable de quelque chose.
Une accusation qu’on ne peut prouver au-delà d’un doute raisonnable plus une deuxième accusation qu’on ne peut prouver au-delà d’un doute raisonnable, cela fait juste deux accusations non prouvables au-delà d’un doute raisonnable. Zéro plus zéro, cela fait toujours zéro.
Et c’est précisément là le problème. Certaines des affirmations de Ridley sont partiellement vraies, certaines trompeuses et d’autres totalement fausses. Mais si toutes les prémisses de l’accusateur — vraies ou fausses — sont acceptées, il ne peut toujours pas énoncer ce qui selon lui est arrivé.
Ridley commence par affirmer qu’il ne sait pas si la maladie a été génétiquement conçue ou non. Puis il laisse entendre qu’il pense que le SRAS-CoV-2 a été génétiquement modifié à partir du RaTG13, un virus qui lui ressemble à 96 pour cent. Ensuite, de nouveaux virus sont découverts au Laos, et il accuse les scientifiques d’avoir fait des recherches au Laos et d’avoir emmené les virus à Wuhan, laissant entendre qu’ils ont utilisé ces virus comme base pour fabriquer génétiquement le SRAS-CoV-2.
Chacune de ces intrigues est si tendancieuse que même Ridley refuse de se compromettre sur l’une ou l’autre. Il se contente donc de les additionner et de les accumuler, l’une sur l’autre. Mais, comme le dit Carter, «Zéro plus zéro, cela reste zéro». Et Ridley et Chan le savent.
N’ayant pas réussi à prouver sa théorie favorite à l’aide du test logique qu’il a établi, Ridley décide de rejeter sa propre méthodologie, contredisant totalement son affirmation précédente que l’origine naturelle du COVID-19 était «l’hypothèse nulle».
Une grande partie du débat sur l’origine du virus suppose que la théorie de la fuite de laboratoire doit être prouvée. L’origine naturelle, en revanche, est l’hypothèse par défaut, qui n’a pas à prouver quoi que ce soit. La balle est dans le camp de ses adversaires. Ainsi, toute théorie de fuite en laboratoire est soumise à une norme de preuve plus élevée que toute théorie d’une origine naturelle.
Mais pourquoi la charge de la preuve devrait-elle incomber à ceux qui postulent une fuite en laboratoire? Il est vrai qu’il n’y a pas eu de pandémie majeure causée par une fuite en laboratoire, ce serait donc une première. Mais nous sommes entrés dans une ère où les scientifiques collectent, séquencent et manipulent les virus à une échelle sans précédent.
Nous pensons que même si la charge de la preuve incombait initialement à la fuite de laboratoire, elle s’est déplacée depuis. Le fait que le plus proche parent du SRAS-CoV-2, RaTG13, soit arrivé à Wuhan par l’intermédiaire de scientifiques déplace la charge de la preuve. Il en va de même pour l’obscurcissement et la fausse orientation dans l’histoire des mineurs de Mojiang. De même pour l’existence des huit autres virus de type SRAS-CoV-2 provenant de la mine. De même pour la base de données manquante de plus de vingt-deux mille entrées. De même pour la longue série de collectes de virus, de manipulations génétiques de coronavirus et d’expériences d’infection d’animaux à Wuhan. De même pour les antécédents des scientifiques qui ont inséré des sites de clivage de la furine dans des virus; et pour l’incapacité à trouver un site de clivage de la furine dans un autre virus similaire au SRAS, malgré les recherches approfondies menées en Chine et dans d’autres pays. De même pour l’incapacité de l’hypothèse du passage au marché à trouver une preuve définitive: pas d’hôte intermédiaire, pas de précurseur immédiat du SRAS-CoV-2, pas d’échantillons d’animaux positifs pour le virus.
Pour résumer l'argumentation de Ridley, les preuves indiquant une origine de laboratoire du COVID-19 sont si substantielles que la charge de la preuve pour démontrer sa théorie doit être abaissée.
C’est un argument si absurde qu’un lecteur typique supposerait simplement qu’il l’a mal compris. Mais non, c’est ce que Ridley prétend en réalité: c’est-à-dire qu’il y a tellement de «zéros», tellement de spéculations et d’hypothèses qui ne prouvent rien, que cela justifie d’abaisser la charge de la preuve pour ce que tous ces zéros cherchent à prouver.
Voici la théorie. Bien qu’il n’existe pas de «prépondérance de preuve» entre les multiples théories concurrentes défendues par Ridley et Chan, toutes les allégations spéculatives et non prouvées, additionnées ensemble, constituent «une hypothèse plausible digne d’une enquête crédible».
Non. Non, cela n’est pas le cas. Cela ne constitue même pas une hypothèse plausible si toutes les affirmations spécieuses des auteurs sont acceptées, si tous les contre-arguments sont ignorés et si on ne tient pas compte des motivations de ses partisans.
Mais en réalité, chaque semaine ajoute de nouvelles preuves aux origines naturelles de la COVID-19 ; depuis la révélation du fait que le premier cas connu était un vendeur du marché aux fruits de mer de Huanan à la découverte d’un ensemble de virus au Laos dont les domaines de liaison aux récepteurs sont plus proches de ceux du SRAS-CoV-2 d’origine que de ceux de ses variants ; jusqu’aux nouvelles preuves que les coronavirus semblables au SRAS ‘débordent’ constamment d’animaux à la population humaine dans toute l’Asie.
Et les «preuves» décrites par Ridley et Chan indiquant une «origine de laboratoire» vont de l’insignifiant au grotesque. Dans son excellente critique de Viral parue dans le Guardian, l’historien de la médecine Mark Honigsbaum les démonte une à une.
Prenons par exemple l'affirmation de Chan selon laquelle le virus semblait pré-adapté à la transmission à l'homme «dans une mesure similaire à celle de l'épidémie tardive de SRAS». Cette affirmation repose sur une seule mutation de la protéine spike qui semble «améliorer légèrement» (selon Chan et Ridley) sa capacité à se lier aux cellules réceptrices humaines et suggère qu'au moment où elle a été détectée pour la première fois à Wuhan, elle s'était «apparemment stabilisée génétiquement».
Mais cette affirmation est très trompeuse. Comme le montre la soupe aux lettres des variants qui a s’en est suivie, le coronavirus a subi des mutations répétées qui n’ont cessé d’accroître sa capacité d’adaptation. En outre, des études sur des virus isolés de pangolins, l’un des animaux soupçonnés d’être un hôte intermédiaire, se lient aux cellules réceptrices humaines encore plus efficacement que le Sars-CoV-2. Cela suggère une capacité d’adaptation supplémentaire. Selon deux virologues éminents, le virus n’était pas parfaitement adapté à l’homme, mais était «juste assez bon».
Une autre caractéristique suspecte du virus Sars-CoV-2 est qu’il possède une clé moléculaire, appelée site de clivage de la furine, qui lui permet d’ouvrir la protéine réceptrice des cellules humaines et de lancer le processus d’infection. La même séquence est présente dans les virus de la grippe très contagieux et a déjà été utilisée par les chercheurs pour modifier la protéine de spicule du SRAS. Chan et Ridley suggèrent que c’est exactement le type d’insertion que l’on s’attendrait à trouver dans un virus de chauve-souris qui a été modifié en laboratoire.
Mais 21 éminents experts scientifiques ont récemment souligné que la séquence de la furine est sous-optimale et que des séquences «presque identiques» ont été trouvées dans des coronavirus qui infectent couramment les humains et le bétail. En d’autres termes, bien que cette caractéristique soit absente des coronavirus de chauve-souris connus, elle pourrait tout aussi bien être le produit d’une évolution naturelle. Fait révélateur, Chan et Ridley ne vont pas jusqu’à suggérer que cette caractéristique du virus a été insérée délibérément. Ils se contentent de dire qu’il n’y a «aucun moyen de savoir».
C'est ce même empilement de 'preuves' tendancieuses qui a conduit Ridley à accréditer en 2020 la théorie de la conspiration selon laquelle le sida était un virus créé par l'homme, en écrivant, dans le même langage qu'il utilise pour promouvoir le mensonge du laboratoire de Wuhan,
«La plupart des scientifiques pensent que le sida a été 'naturellement' transféré des primates aux êtres humains par un chasseur qui a mangé un chimpanzé. Mais une théorie concurrente affirme que le sida a été provoqué dans les années 1950 lorsque des milliers d'Africains ont reçu un vaccin vivant contre la polio dérivé de reins de chimpanzés. Les enjeux sont de plus en plus importants.»
Mais le motif est ce qui fait passer la théorie de la «fuite du laboratoire» d’une simple absurdité malencontreuse à une théorie complotiste d’extrême droite.
Il est intéressant de noter que Viral répond à certaines des critiques soulevées par le World Socialist Web Site concernant le traitement de la théorie du complot par les médias américains. Il admet à contrecœur les antécédents de Nicholas Wade en matière de falsification scientifique, et les liens entre le «lanceur d’alerte» Li-Meng Yan et Steve Bannon.
Mais Ridley refuse de reconnaître le fait que c’est Michael R. Gordon, dont l’article en première page du Wall Street Journal a conduit l’ensemble des médias à déclarer «crédible» la théorie de la fuite en laboratoire, qui a écrit l’article discrédité du New York Times déclarant que Saddam Hussein cherchait des «tubes d’aluminium» pour ses armes nucléaires.
L’omission de cette révélation est délibérée et significative car elle est la réfutation fondamentale de l’argument de Ridley. Le tireur d’extrême droite Kyle Rittenhouse, selon les termes du Daily Stormer néo-nazi, est «un garçon américain qui essaie simplement d’aider la communauté». De même, le canular de la fuite de laboratoire n’est pas un prétexte pour diaboliser la Chine et préparer une guerre, c’est une «théorie scientifique.»
Mais c’est précisément diaboliser la Chine qui est l’objectif central de Ridley, qui est fasciste, antisémite et partisan de la contamination en masse par la COVID-19.
Le 15 octobre, Ridley a fait sienne la Déclaration de Great Barrington, rédigée en consultation avec la Maison-Blanche de Trump, et a déclaré: «Les élèves qui attrapent la COVID peuvent sauver des vies». Il ajoute: «La vérité extraordinaire est qu’un élève qui attrape la COVID pourrait sauver la vie de grand-mère au lieu de la menacer».
Approuvant le tract raciste de Nicholas Wade en 2014, Ridley s’extasie: «Peut-être que les personnes d’origine juive ashkénaze ont un QI moyen élevé parce que, pendant des siècles, leurs ancêtres ont travaillé presque exclusivement dans des professions telles que le prêt d’argent».
Ridley rend les socialistes responsables des dictatures fascistes qui ont exterminé des centaines de milliers de travailleurs de gauche et des millions de Juifs, déclarant: «Le fascisme, correctement compris, n’est pas du tout un phénomène de la droite. Au contraire, il est, et a toujours été, un phénomène de la gauche».
Pendant des mois, les scientifiques et le grand public ont été soumis à une campagne ininterrompue de promotion du mensonge du ‘laboratoire de Wuhan’. Tous les grands journaux américains ont cité Nicholas Wade de manière favorable. Le journal «de gauche» Intercept a publié des articles qui condamnent Anthony Fauci pour son rôle dans un prétendu camouflage. Joe Biden a exigé une enquête. Même l’Institut national de la santé a déclaré, sans preuve, que l’Alliance EcoHealth n’avait pas rendu compte de ses conclusions de manière appropriée. À cela se sont ajoutés des menaces de mort et des discours de haine antisémite qui visaient des scientifiques et des journalistes.
Mais la vérité est la vérité, et toutes les forces de l’État et des médias d’entreprise, toutes les forces de l’ignorance et de la réaction n’ont pu changer le fait que la «théorie» de la fuite de laboratoire est un mensonge.
Comme l’a récemment déclaré Daszak à Science, «Il s’agit d’une attaque anti-science et, malheureusement, nous en sommes la cible… Si un petit groupe de scientifiques avait absolument raison dans ses prédictions, pourquoi les mettre maintenant sur le bûcher au milieu du village, danser autour et les brûler vifs»?
«C’est ce qui me donne vraiment la nausée».
Comme nous l’avons dit aux scientifiques, ce n’est pas seulement eux que cette chasse aux sorcières de droite dégoûte, ce sont aussi les dizaines de milliers de travailleurs du monde entier qui voient en des scientifiques comme Daszak des leaders et des guides dans leur lutte pour protéger leur vie et celle de leurs proches contre la pandémie.
Ce mois-ci, Peter Hotez, chercheur en santé mondiale au Collège de médecine Baylor, a dénoncé la campagne contre Daszak comme une chasse aux sorcières. Il est l’une des principales voix d’un chœur de scientifiques et de journalistes ayant des principes et qui, se tournant vers la classe ouvrière pour obtenir son soutien, condamneront à l’infamie ce canular répugnant et tous ses partisans.
(Article paru d’abord en anglais le 25 novembre 2021)