Perspective

L’impérialisme américain est responsable des crimes de guerre israéliens à Gaza

Dans le monde entier, des millions de personnes sont choquées et indignées par les bombardements terroristes brutaux, le nettoyage ethnique et la violence communautaire perpétrés par Israël, un État client des États-Unis, contre la population de Gaza.

Deux cent vingt-sept personnes, dont 63 enfants, ont été tuées au cours de l’assaut israélien sur Gaza qui dure depuis dix jours, un chiffre près de 20 fois supérieur au nombre d’Israéliens tués dans le conflit.

Des manifestants qui soutiennent les Palestiniens descendent l’avenue Michigan, alors que le président Joe Biden visite un centre de véhicules électriques Ford à proximité, le mardi 18 mai 2021, à Dearborn, au Michigan (AP Photo/Carlos Osorio).

Ces crimes sont commis à l’aide d’armements américains, financés par l’argent des contribuables américains et avec l’approbation du gouvernement américain. Ils sont facilités par des contrats d’armement et des alliances militaires créés dans le dos de la population américaine et orchestrés pour faciliter les intérêts prédateurs de l’oligarchie financière américaine.

Lundi, après une semaine de bombardements meurtriers de la population de Gaza, le président américain Joe Biden a entamé une discussion téléphonique avec le président israélien Benjamin Netanyahou. Il a déclaré, selon les termes du compte rendu officiel: «Le président a réitéré son soutien ferme au droit d’Israël de se défendre contre les attaques aveugles à la roquette».

Mardi, lorsque Biden s’est rendu à Dearborn, dans le Michigan, la ville qui compte le pourcentage le plus élevé de résidents arabes américains aux États-Unis, il a été accueilli par des milliers de personnes qui protestaient contre les crimes qu’Israël commet avec le soutien des États-Unis.

À un journaliste qui lui demandait s’il accepterait de répondre à une question sur le conflit alors qu’il était en train de tester un nouveau camion Ford, Biden a répondu: «Non, vous ne pouvez pas. Pas à moins que vous ne vous mettiez devant la voiture au moment où j’appuie sur l’accélérateur».

Mercredi, Biden a de nouveau parlé à Netanyahou des «progrès d’Israël dans la dégradation des capacités du Hamas et d’autres éléments terroristes». Biden a dit qu’il s’attendait à une «désescalade significative aujourd’hui», une demande que Netanyahou a ignorée, déclarant qu’il était «déterminé à poursuivre cette opération jusqu’à ce que son objectif soit atteint».

La demande de «désescalade» de Biden, présentée par les médias comme un changement majeur de la politique américaine, est un stratagème cynique. Depuis que les bombardements israéliens ont commencé, ils ont reçu l'aide cruciale des États-Unis et des autres grandes puissances impérialistes.

Le 6 mai, quelques jours seulement avant le début de l’assaut sur Gaza, le gouvernement Biden a informé le Congrès qu’il avait approuvé la vente à Israël de bombes intelligentes JDAM et SDB pour une valeur de 735 millions de dollars: le type même de munitions qui pleuvent maintenant sur la population de Gaza. Au cours de l’exercice 2019, les États-Unis ont fourni 3,8 milliards de dollars d’aide militaire étrangère à Israël et ce dernier bénéficie de près de 8 milliards de dollars de garanties de prêt américaines.

Les États-Unis ont utilisé leur droit de veto 42 fois pour protéger Israël de résolutions censurant sa conduite au Conseil de sécurité des Nations unies: plus de la moitié de l’ensemble des vetos que les États-Unis ont exercés dans cet organe. Cela inclut trois vetos à des résolutions appelant à un cessez-le-feu au cours du dernier massacre.

En mai 2011 et en mars 2015, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait été invité à s’adresser aux sessions conjointes du Congrès, occasions qu’il a mises à profit pour dénigrer et menacer les Palestiniens.

Alors que le gouvernement américain soutient Israël jusqu’au bout, les médias américains s’emploient à blanchir les atrocités commises par Israël.

L’exemple le plus flagrant est celui du Wall Street Journal, qui a ouvertement défendu le bombardement par Israël des médias à Gaza la semaine dernière. Samedi, Israël a détruit à Gaza un immeuble de 11 étages qui abritait les bureaux de l’Associated Press, d’Al Jazeera et d’autres médias.

Se moquant des «cris d’indignation et d’admonestation» suscités par les actions d’Israël, le Wall Street Journal a carrément défendu les crimes de guerre d’Israël:

Mais qui met réellement en danger les journalistes? ... L’utilisation de civils et de journalistes comme boucliers est une tactique courante du Hamas… Inévitablement, des erreurs auraient lieu en temps de guerre, et des civils mourront, mais c’est remarquable de constater à quel point Israël a ciblé ses objectifs de façon discriminatoire.

L’affirmation selon laquelle l’ennemi utilisait la population comme «bouclier humain» a permis aux États-Unis de justifier des pertes civiles massives lors de la guerre du Golfe, du bombardement de la Yougoslavie et du bombardement de «choc et effroi» de l’Irak en 2003. Aujourd’hui, cette apologie répugnante des crimes de guerre est à nouveau dépoussiérée pour justifier les massacres perpétrés par l’armée israélienne.

Les autres grands journaux américains, même s’ils ne trempent pas aussi allègrement leurs mains dans le sang des Palestiniens que le Wall Street Journal, expriment essentiellement la même ligne. «Israël n’a pas commencé la guerre qui fait maintenant rage entre lui et le Hamas», commence le seul éditorial sur le conflit publié par le Washington Post. Il s’agit bien entendu d’un mensonge, car les affrontements ont été déclenchés par l’expulsion de familles palestiniennes de Jérusalem-Est par Israël, suivie de raids militaires israéliens sur la mosquée al-Aqsa au début du mois.

Alors que le Post est resté pratiquement silencieux sur les attaques contre les Palestiniens, sa machine de propagande continue à tourner, crachant éditorial après éditorial qui condamnait la Russie et la Chine pour leurs prétendues violations des «droits de l’homme». Quelques exemples devraient suffire:

  • 16 mai: «La répression des Ouïghours par la Chine n’est pas seulement culturelle, mais aussi physique, selon un nouveau rapport» – Affirmant faussement que la Chine mène un «génocide» contre sa population musulmane.
  • 17 mai: «Deux théories possibles des origines de la pandémie restent viables. Le monde a besoin de savoir». – Le Post affirme faussement que le COVID-19 pourrait avoir été créé par des «expériences» à l’Institut de virologie de Wuhan, dans une théorie du complot démentie par l’Organisation mondiale de la santé. La Chine, déclare le Post, «agit comme si elle avait quelque chose à cacher».
  • 19 mai: «Apple doit résister à la tyrannie de la Chine» – accusant Apple de collaborer aux violations présumées de la liberté d’expression par la Chine. Il exige qu’Apple cesse de collaborer avec le gouvernement chinois et collabore plus directement avec le gouvernement américain.

Quant au New York Times, le porte-parole de l'establishment du Parti démocrate américain, qui a soutenu les guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, il n'a pas publié un seul éditorial sur l'attaque d'Israël contre Gaza.

Ce bref examen suffit à établir le modus operandi des médias américains. Depuis la naissance de l’impérialisme américain sur la scène mondiale avec la guerre hispano-américaine, toute la politique étrangère américaine est justifiée par des accusations émotionnelles sur la tyrannie et les crimes de ceux qui sont ciblés pour la conquête ou l’exploitation. Et ces accusations n’ont précisément aucun lien avec la tyrannie et l’injustice réelles qui se produisent dans le monde entier, dont une grande partie est parrainée ou exécutée par les États-Unis eux-mêmes.

En réponse aux atrocités commises par Israël, des personnalités de l’aile «progressiste» du Parti démocrate ont critiqué le soutien de Biden aux crimes de guerre israéliens. Commentant l’attaque d’Israël contre le siège de l’Associated Press à Gaza, Alexandria Ocasio-Cortez, membre du Congrès, a écrit sur Twitter: «Cela se passe avec le soutien des États-Unis… Si le gouvernement Biden ne peut pas tenir tête à un allié, à qui peut-elle tenir tête? Comment peuvent-ils prétendre de manière crédible défendre les droits de l’homme?»

Ocasio-Cortez a raison de faire porter la responsabilité des crimes de guerre d’Israël aux pieds de Washington. Mais si l’administration Biden est à blâmer, tous ceux qui ont soutenu Biden – comme Ocasio-Cortez elle-même – portent également cette responsabilité. Le fait est qu’Ocasio-Cortez parle en tant que défenseur embarrassé des objectifs impérialistes américains. Elle est préoccupée par le fait que le soutien éhonté des crimes de guerre ouverts par Netanyahou entrave la capacité des États-Unis à se poser en défenseur des «droits de l’homme».

Toute défense sérieuse des intérêts de la classe ouvrière aux États-Unis et dans toutes les régions du monde commence par le rejet de l’impérialisme américain et ses prétentions mensongères à la défense des «droits de l’homme». Les objectifs de la politique étrangère des États-Unis sont dictés par les mêmes sociétés qui exploitent impitoyablement leur classe ouvrière et qui supervisent la réponse criminelle à une pandémie qui a tué près d’un million de personnes rien qu’aux États-Unis.

La voie à suivre dans la lutte contre la guerre et la barbarie impérialiste n’est pas la politique de l’impérialisme des «droits de l’homme», mais l’unité internationale de la classe ouvrière – aux États-Unis, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient – sur la base de la lutte pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 19 mai 2021)

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