Nous publions ici le discours d'ouverture prononcé par David North lors du Rassemblement international en ligne du 1er mai organisé par le World Socialist Web Site et le Comité international de la IVe Internationale. North est président du Comité de rédaction international du WSWS et le président du Socialist Equality Party aux États-Unis.
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En ouvrant ce rassemblement du 1er mai, j'ai l'honneur de transmettre les salutations du Comité international de la IVe Internationale au public international qui participe à travers cette fête historique à l'affirmation de la solidarité mondiale de la classe ouvrière.
Dans les conditions actuelles, il n'est pas possible de qualifier l'observation du 1er mai de «célébration». L'ampleur de la souffrance au cours de l'année écoulée, et qui continue encore, est trop importante. L'humanité paie un prix terrible pour la réponse criminelle des régimes capitalistes les plus puissants à la pandémie de COVID-19.
La priorisation des objectifs géopolitiques des principales puissances impérialistes, la course incessante aux profits et l'avidité insatiable des oligarques capitalistes pour des niveaux obscènes de richesse personnelle ont empêché la mise en œuvre d'une réponse à la pandémie mondiale scientifiquement dirigée et coordonnée au niveau international.
Les conséquences des politiques sociopathes menées par les gouvernements capitalistes sont révélées par le bilan humain stupéfiant de la pandémie.
Il y a un an, le 1er mai 2020, le nombre de morts de la pandémie atteignait 240.000. Aujourd'hui, le nombre de décès s'élève à près de 3.200.000, plus de 13 fois plus.
L'Europe compte 1.015.000 victimes. En Amérique du Nord, 861.000 personnes sont mortes. En Amérique du Sud, ce nombre s'élève à 670.000. L’Asie pleure 520.000 morts. En Afrique, le nombre officiel de victimes est de 122.000.
En tête des décès dans le monde, on trouve les États-Unis, le pays le plus riche et le plus puissant du monde, qui abrite le plus grand nombre de milliardaires. Il y a un an, le nombre d'Américains ayant succombé au virus s'élevait à 65 000. En l'espace de 12 mois, le nombre de victimes américaines a atteint 590 000.
Ce chiffre dépasse déjà le nombre total combiné de soldats américains morts au courant de toutes les guerres menées par les États-Unis depuis le début de la guerre hispano-américaine, il y a 123 ans. À la mi-automne 2021, si ce n'est plus tôt, le nombre de décès dus à la pandémie aura dépassé les pertes en vies humaines subies pendant le conflit le plus sanglant du pays - la guerre de Sécession de 1861-1865.
Selon une analyse de la mortalité par les Centers for Disease Control and Prevention, de mars 2020 au 20 février 2021, 574.000 Américains de plus sont décédés par rapport à une année normale.
La tragédie américaine fait partie d'une catastrophe mondiale, comme l'ont déjà montré les statistiques régionales. Au Brésil, le nombre de morts a dépassé les 400.000. Au Mexique, ce chiffre approche les 220.000. En Grande-Bretagne, 127.000 personnes sont mortes; en Russie, 110.000; en France, 105 000; en Allemagne, 85.000; en Espagne, 80.000; et en Turquie, 40.000.
A l’heure actuelle, l'attention du monde est concentrée sur l'impact horrible de la pandémie en Inde, où le nombre de victimes a dépassé 210.000 et augmente par milliers chaque jour. Cette tragédie souligne le fait indiscutable qu'il n'y a aucune solution nationale pour ce qui est, en fait, une crise mondiale.
Tant que le virus se répandra dans les populations non protégées de l'un ou l'autre pays ou région, développant ainsi des variants, il prélèvera un terrible tribut en vies humaines. Dans les mois à venir, les pays les plus pauvres seront les plus touchés par la crise. Comme l'a déclaré un médecin de Harvard vendredi au Financial Times, une éruption plus virulente de la pandémie en Afrique subsaharienne n'est plus qu'une question de temps.
En outre, malgré les assurances selon lesquelles les vaccins protégeront les pays riches des ravages qu’imposera le virus aux pays privés de l'approvisionnement nécessaire en vaccins, les scientifiques mettent en garde contre une complaisance injustifiée et dangereuse.
La pandémie n'est pas un événement passager, qui s'estompera pour permettre un retour au statu quo pré-pandémique. Loin de toucher à sa fin, la pandémie a profondément déstabilisé tout le système capitaliste mondial. Non seulement le monde n'approche pas de la fin de la pandémie, ni même du début de la fin, mais ce qui avait commencé comme une crise médicale s'est métastasé en une crise économique, sociale et politique fondamentale de l'ensemble de l'ordre capitaliste mondial.
En 2020, au début de la pandémie, le World Socialist Web Site, l'organe du Comité international de la IVe Internationale, l'a définie comme un 'événement déclencheur' historique, comme la Première Guerre mondiale. L'éruption soudaine de la guerre - déclenchée par ce qui, au départ, semblait n'être qu'un incident politique mineur dans les Balkans - a pris des dimensions que très peu, à part un petit nombre d'internationalistes révolutionnaires marxistes isolés, avaient cru possibles en août 1914.
Lorsque la guerre a éclaté, les jeunes hommes d'Europe sont partis au combat, dans une liesse générale, confiants de revenir à temps pour fêter Noël avec leurs proches. L’histoire en décida autrement. Des centaines de milliers de ces jeunes, pleins d'enthousiasme en août 1914, étaient morts en décembre. La guerre s'est poursuivie jusqu'en 1915, 1916 et 1917, inondant les champs de bataille d'Europe, tant sur le front oriental que sur le front occidental, du sang de millions de soldats.
La guerre s'est déroulée avec un terrible élan. La mort s'est normalisée. Les gouvernements et les commandants militaires en sont venus à considérer les êtres humains comme du «matériel humain», des «choses» abstraites à dépenser en fonction de la logique du conflit. On ne pouvait mettre fin à la guerre, malgré ses horreurs, car les intérêts géopolitiques et économiques des classes dirigeantes des puissances capitalistes belligérantes ne permettaient pas d’y apporter un règlement négocié.
Pour que la guerre prenne fin, il fallait retirer le contrôle de la société des mains des dirigeants capitalistes. Il s’agissait de mobiliser une force plus grande que les armées de tous les gouvernements de l'époque. C'était la classe ouvrière de tous les pays en guerre. Armée d'un programme socialiste révolutionnaire, la classe ouvrière internationale devait mener la guerre contre la guerre. C'était la perspective de Lénine et de Trotsky. En septembre 1915, un petit groupe de socialistes anti-guerre s'est réuni à Zimmerwald, en Suisse. Il a choisi Trotsky, à l'issue d'une conférence de quatre jours, pour rédiger un Manifeste adressé à la classe ouvrière.
Cet incomparable génie politique et combattant révolutionnaire a trouvé les mots appropriés pour convoquer les travailleurs d'Europe à la lutte:
«Voici plus d'un an que dure la guerre ! Des millions de cadavres couvrent les champs de bataille. Des millions d'hommes seront, pour le reste de leurs jours, mutilés. L'Europe est devenue un gigantesque abattoir d'hommes. Toute la civilisation créée par le travail de plusieurs générations est vouée à l'anéantissement. La barbarie la plus sauvage triomphe aujourd'hui de tout ce qui, jusqu'à présent, faisait l'orgueil de l'humanité.
«Quels que soient les responsables immédiats du déchaînement de cette guerre, une chose est certaine: la guerre qui a provoqué tout ce chaos est le produit de l'impérialisme. Elle est issue de la volonté des classes capitalistes de chaque nation de vivre de l'exploitation du travail humain et des richesses naturelles de l'univers. …
«Les mobiles de la guerre apparaissent dans toute leur nudité au fur et à mesure que les événements se développent. Morceau par morceau, tombe le voile par lequel a été cachée à la conscience des peuples la signification de cette catastrophe mondiale.»
En 18 mois à peine, en février 1917, la révolution éclata en Russie. Huit mois plus tard, en octobre 1917, Lénine et Trotsky ont dirigé la classe ouvrière russe dans le renversement du gouvernement provisoire bourgeois. La Russie soviétique se retira de la guerre. Puis, en novembre 1918, inspirée par la révolution bolchevique, la classe ouvrière allemande se souleva contre la guerre. Cela a finalement mis fin à la Première Guerre mondiale.
Tout comme la Première Guerre mondiale, la pandémie a pu apparaître au départ comme l'une des tragédies imprévisibles qui frappent parfois l'humanité et dont personne n’est directement responsable. Mais ce n'est vrai ni de la Première Guerre mondiale, ni de la pandémie. L’éruption de la guerre en 1914, au-delà de ses circonstances immédiates, et ses conséquences désastreuses étaient enracinées dans les politiques et les intérêts des puissances impérialistes de l'époque.
On ne pouvait prédire les circonstances et le lieu précis de la transmission initiale du coronavirus de l'animal à l'homme. Mais les épidémiologistes avaient mis en garde contre un tel événement avec une urgence croissante pendant les 30 dernières années. Ils avaient décrit l'impact terrible d'une pandémie en termes de mortalité, de bouleversements sociaux et de traumatismes émotionnels. Mais les gouvernements américain et européens ont fait la sourde oreille. Les dépenses sanitaires cruciales, pour eux, étaient des soustractions intolérables des profits et de la vaste spéculation financière qui nourrit les fortunes des super-riches.
Dès janvier 2020, les gouvernements des États-Unis, du Canada et d'Europe savaient que la pandémie pouvait entraîner des pertes humaines massives. Ce qui les inquiétait surtout, toutefois, est que les mesures critiques pour empêcher la propagation du virus (tests universels, traçage des contacts et confinement strict des lieux de travail non essentiels) entraînerait des pertes énormes sur les marchés financiers et ôterait des revenus nécessaires à des sociétés massivement endettées. L'administration Trump a décidé, avec l'approbation clandestine du Congrès, de minimiser délibérément le danger. Les mois critiques de février et mars 2020 ont été utilisés non pas pour contenir la propagation du virus, mais pour préparer un sauvetage massif de milliers de milliards de dollars des banques, du patronat et des spéculateurs financiers.
Les demandes croissantes de la classe ouvrière pour la fermeture des lieux de travail et des écoles ont conduit à des mesures d'endiguement tardives et limitées. Mais une fois le sauvetage financier mis en œuvre, fin mars 2020, les classes dirigeantes ont déclenché une campagne infâme pour rouvrir écoles et entreprises, en déclarant, «Le remède ne peut être pire que le mal.» La presse capitaliste d'Amérique et d'Europe a traité la décision imprudente et désastreuse de la Suède de laisser le virus se propager afin d'obtenir une immunité collective, de modèle à suivre pour tous.
C'est un fait indiscutable que la subordination de la vie humaine aux intérêts financiers est responsable de millions de morts prématurées. L'écrasante majorité des décès dus au coronavirus était évitables. L'impact dévastateur de la pandémie est dû bien plus aux intérêts économiques de la classe capitaliste qu'à la structure biologique du virus.
De plus, comme la Première Guerre mondiale, la pandémie a dévoilé et exacerbé les profondes contradictions économiques, politiques et sociales du système capitaliste à l'échelle nationale et mondiale. Elle a mis à nu un degré d'inégalité manifestement incompatible avec la stabilité sociale, sans parler des formes traditionnelles de démocratie. Dans son discours sur l'état de l'Union, le président Biden a pratiquement reconnu que les États-Unis sont une société dysfonctionnelle, où des millions de personnes vivent dans des conditions désespérées. Il a évoqué ses rencontres avec des Américains qui lui ont dit qu'ils risquaient d'être expulsés de leur maison, qu'ils ne pouvaient nourrir leur famille ou se payer des soins médicaux. Trente-cinq pour cent des Américains vivant en milieu rural, a avoué Biden, n'ont pas accès à Internet.
Tout juste 114 jours après l'assaut fasciste armé contre le Congrès organisé par son prédécesseur, Biden – protégé par les soldats et les policiers qui encerclaient le Capitole – a déclaré que le peuple américain «a regardé dans l'abîme de l'insurrection et de l'autocratie, de la pandémie et de la douleur». Il a traité les événements du 6 janvier de «crise existentielle, un test pour savoir si notre démocratie peut survivre.»
Il a ajouté, «la lutte est loin d'être terminée», et a poursuivi en remettant en question la survie de la démocratie aux États-Unis: «La question de savoir si notre démocratie pourra durer est à la fois ancienne et urgente, aussi vieille que notre République - toujours vitale aujourd'hui.»
Jamais dans l'histoire des États-Unis un président n'a exprimé dans un discours public, prononcé devant tous les Américains, un tel degré de démoralisation et de désespoir.
Qu'a proposé le président Biden comme solution à cette crise existentielle? Il n’avait que de vagues promesses, des demi-mesures et des quarts de mesures. Il veut vider un océan d'inégalités avec une cuillère. L'oligarchie de Wall Street et patronale ne mettra à sa disposition pas d’outil plus important. Les «réformes» de Biden ne comprennent pas la moindre mesure susceptible d'ébranler tant soit peu la richesse et le pouvoir de la classe dirigeante américaine. Il a explicitement rassuré les oligarques et les sections les plus aisées des classes moyennes: «Je pense qu’il faut pouvoir devenir un milliardaire et un millionnaire...» Tout ce qu'il demande, c'est qu'ils paient leur «juste part». Comme si l'accumulation de millions et de milliards par les capitalistes était possible sans l'exploitation massive des travailleurs aux États-Unis et à travers le monde.
Le véritable programme de Biden est apparu lorsqu'il a abordé les objectifs mondiaux de la classe dirigeante américaine. Les Etats-Unis, a-t-il déclaré, sont «en compétition avec la Chine et d'autres pays pour gagner le 21e siècle. Nous sommes à un grand point d'inflexion de l'histoire.»
Le programme intérieur de Biden était entièrement conçu en termes de nationalisme économique et de lutte pour maintenir la suprématie mondiale des États-Unis. Il s'est engagé à ce que son «Plan pour l'emploi américain soit guidé par un seul principe: Achetez américain. Achetez américain.»
L'idée maîtresse du nationalisme économique de Biden est la création d'une «Forteresse Amérique», prête à combattre la Chine et d'autres rivaux géopolitiques et économiques dans «la compétition que nous avons avec le reste du monde pour gagner le 21ème siècle.»
Une composante essentielle de la volonté américaine d'hégémonie mondiale est la suppression de toute expression indépendante par la classe ouvrière de ses propres intérêts sociaux.
Biden et la classe dirigeante dans son ensemble sont pleinement conscients que la pandémie a accéléré une radicalisation de la classe ouvrière qui s'est développée au cours de la dernière décennie. La plus grande crainte de la classe dirigeante est une éruption incontrôlée de la lutte des classes qui submergerait les institutions existantes: la classe politique bipartite, les médias de propagande, l'industrie du divertissement, du sport et de la religion, les syndicats existants, et les citadelles universitaires de la politique de la race et du genre.
Surtout, le discrédit très avancé de l'AFL-CIO et de ses syndicats associés suscite une profonde inquiétude au sein de la classe dirigeante. Depuis quatre décennies, la bourgeoisie américaine a pu s’appuyer sur ces organisations corrompues, des «syndicats» qui n'en ont que le nom, pour étouffer la résistance sociale de la classe ouvrière. Et il faut reconnaître que ces syndicats jaunes, réactionnaires et anti-ouvriers – dotés de milliers de cadres et d'administrateurs qui perçoivent des milliards de dollars en salaires – ont accompli leur travail avec une grande efficacité. Au cours des 35 dernières années, les grèves ont pratiquement disparu aux États-Unis, les salaires ont chuté et des millions d'emplois ont été détruits.
Dans ce contexte, l'appel de Biden à renforcer les syndicats existants vise non pas à promouvoir le militantisme ouvrier, mais à empêcher son développement et à assurer sa suppression.
De plus, l'oblitération de toute organisation indépendante des travailleurs par un appareil syndical corporatiste parrainé par le gouvernement et intégré à l'État capitaliste, est un impératif stratégique pour l'impérialisme américain alors qu’il se prépare, sur fond de profonde crise économique, à ce que les milieux dirigeants considèrent comme une confrontation inévitable avec la Chine. Il est significatif que le «Groupe de travail de la Maison Blanche sur l'organisation et l'autonomisation ouvrières», créé par le président Biden par un décret la semaine dernière, compte parmi ses membres principaux les secrétaires à la Défense, Lloyd Austin, au Trésor, Janet Yellen (ex-présidente de la Banque centrale) et à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. Bref, l'«autonomisation» des syndicats parrainés par l’État se fera sous l'égide des principaux responsables des opérations militaires, de la finance, et de la répression intérieure.
Ce que crée Biden ressemble au type de structure étatique corporatiste, basée sur l'amalgame forcé des directions patronales et des syndicats officiels dirigés par l’État qu’établirent les régimes fascistes dans les années 1920 et 1930. Trotsky a expliqué l'impulsion économique objective qui sous-tend ce processus :
«Le capitalisme monopolisateur n'est pas basé sur la concurrence et sur l'initiative privée, mais sur un commandement central. Les cliques capitalistes, à la tête de trusts puissants, des syndicats, des consortiums bancaires, etc., contrôlent la vie économique au même niveau que le pouvoir d’État et, à chaque instant, elles ont recours à la collaboration de ce dernier. … Par la transformation des syndicats en organismes d’État, le fascisme n'invente rien de nouveau, il ne fait que pousser à leurs ultimes conséquences toutes les tendances inhérentes au capitalisme.»
L'administration Biden n'est pas fasciste, mais sa politique, impulsée par les impératifs économiques et géopolitiques de l'impérialisme américain, anticipe les politiques qu’un régime fasciste mettrait en œuvre, s’il arrivait au pouvoir, avec une brutalité illimitée et sans aucun semblant de légalité dans l'exercice de la violence contre la classe ouvrière.
La tendance à la suppression corporatiste de la classe ouvrière n'est en aucun cas un phénomène purement américain. Les méthodes employées par les gouvernements capitalistes varient selon les conditions et les traditions nationales, mais la tendance fondamentale vers une suppression et une répression toujours plus sévères des luttes ouvrières se manifeste dans tous les pays. La classe ouvrière ne peut avoir la possibilité d’affirmer ses propres intérêts sociaux, par opposition aux politiques nationales et internationales des élites dirigeantes. L’armée et la police ne suffisent plus à maintenir l’ordre social. Dans une époque de radicalisation sociale, le déploiement prématuré des forces de répression risque d’entraîner un désastre politique. La fonction des syndicats est de lier étroitement la classe ouvrière à l'agenda capitaliste. L'appareil doit supprimer les grèves et s'assurer de leur prompte trahison s’il est impossible de les empêcher entièrement. Les trahisons menées par les syndicats créent la démoralisation qui ouvre la voie à la victoire du fascisme.
Mais ces défaites doivent être empêchées. La lutte des classes, le processus social nécessaire dont dépendent le renouveau révolutionnaire et le développement progressif de la civilisation humaine, ne doit pas être supprimée. La grande puissance créatrice de la classe ouvrière doit être libérée aux Etats-Unis et dans le monde entier.
Pour enfin maîtriser la pandémie, stopper la poussée vers la guerre, et éviter la dictature et une catastrophe écologique, il faut créer de nouveaux moyens et instruments de lutte sociale.
C'est pourquoi le Comité international de la IVe Internationale a lancé un appel à la formation de l'Alliance internationale des travailleurs des comités de base (International Workers Alliance of Rank-and-File Committees, IWA-RFC). L'objectif de cette initiative mondiale est de développer un véritable mouvement de la base ouvrière à travers le monde, et d’encourager les travailleurs de tous les pays à rompre les chaînes dans lesquelles les enferment les syndicats existants, contrôlés par l'État et dirigés par des cadres pro-capitalistes.
L'IWA-RFC s'efforcera d'abattre les barrières nationales, de s'opposer aux efforts visant à saper l'unité de classe par la promotion de politiques identitaires petites-bourgeoises racialistes, ethniques ou d’autre forme, et de faciliter ainsi la coordination internationale de la lutte des classes.
Par ces efforts d'unification des travailleurs par-delà les frontières nationales, il contribuera puissamment à la création d'un mouvement mondial pour contrecarrer et stopper la course à la guerre.
Permettez-moi d'être très clair sur ce point. Le Comité international condamne catégoriquement les calomnies lancées contre le peuple chinois par l'impérialisme américain. Ce sont des mensonges, et rien que des mensonges.
Dans ses efforts pour aider les travailleurs à former et à construire l'IWA-RFC, le Comité international de la IVe Internationale, ses sections nationales, les Partis de l’égalité socialistes, et le World Socialist Web Site chercheront à insuffler à ces efforts une stratégie internationale claire, et à expliquer le lien entre les luttes locales et la lutte mondiale des travailleurs contre le capitalisme et l'impérialisme.
Aux heures les plus sombres de la Première Guerre mondiale, Trotsky a reconnu que la crise mondiale libérerait de puissantes forces de transformation révolutionnaire. Il a écrit:
«L'époque révolutionnaire créera de nouvelles formes d'organisation à partir des ressources inépuisables du socialisme prolétarien, de nouvelles formes qui seront à la hauteur de la grandeur des nouvelles tâches.»
Ces mots s'appliquent avec une force redoublée à la crise du monde actuel. L'Alliance ouvrière internationale des comités de base est une nouvelle forme d'organisation, dont la création est une réponse aux exigences d'une nouvelle époque de lutte révolutionnaire.
C'est la classe ouvrière internationale et le socialisme qui gagneront le 21ème siècle.