Nous reproduisons ci-dessous l’introduction du président du comité de rédaction international du «World Socialist Web Site», David North, à l’ouvrage à paraître, «Le Projet 1619 du New York Times et la falsification racialiste de l’histoire». Il est disponible en précommande chez Mehring Books pour livraison fin janvier 2021.
Ce volume est une réfutation détaillée du Projet 1619 du New York Times, une falsification racialiste de l’histoire de la Révolution américaine et de la guerre de Sécession. Outre des essais historiques, il comprend des interviews d’éminents historiens des États-Unis, dont James McPherson, James Oakes, Gordon Wood, Richard Carwardine, Victoria Bynum et Clayborne Carson.
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Je dois respectueusement suggérer que, bien que les opprimés puissent avoir besoin de l’histoire pour leur identité et leur inspiration, ils en ont surtout besoin pour la vérité de ce que le monde a fait d’eux et de ce qu’ils ont contribué à faire du monde. Cette connaissance seule peut produire ce sentiment d’identité qui devrait être suffisant pour l’inspiration; et ceux qui se tournent vers l’histoire pour fournir des moments glorieux et des héros sont invariablement trahis et commettent des erreurs catastrophiques de jugement politique. – Eugene Genovese [1]
Les mythes tant idéologiques qu’historiques sont le produit d’intérêts de classe immédiats… On peut réfuter ces mythes en rétablissant la vérité historique – la présentation honnête des faits réels et des tendances du passé – Vadim Z. Rogovin [2].
Le New York Times a dévoilé le «Projet 1619» le 14 août 2019. Programmée pour coïncider avec le quatre-centième anniversaire de l’arrivée des premiers esclaves dans la Virginie coloniale, l’édition spéciale de 100 pages du New York Times Magazine consistait en une série d’essais présentant l’histoire américaine comme une lutte raciale inflexible. Dans cette lutte, les Noirs américains ont mené un combat solitaire pour sauver la démocratie face au racisme blanc.
Pour le Projet 1619, le Times a mobilisé de vastes ressources éditoriales et financières. Avec le soutien du «Pulitzer Center for Crisis Reporting» (Centre Pulitzer pour les reportages de crise), financé par la grande entreprise, on a en envoyé des centaines de milliers d’exemplaires aux écoles. Le Projet 1619 s’est étendu à d’autres formats de médias. On a même annoncé des plans pour des films et des programmes télévisés avec le soutien de la personnalité médiatique milliardaire Oprah Winfrey.
En tant qu’entreprise commerciale, le Projet 1619 se poursuit, mais en tant qu’effort de révision historique, il se trouve, dans une large mesure, discrédité. Cela est dû largement à l’intervention du «World Socialist Web Site», soutenu par un certain nombre d’historiens éminents et courageux, qui a démasqué le projet 1619 pour ce qu’il est: un mélange de mauvais journalisme, de recherches négligentes et malhonnêtes et d’un faux récit à motivation politique faisant du racisme et du conflit racial les principaux moteurs de l’histoire américaine.
À l’appui de son affirmation selon laquelle l’histoire américaine ne peut être comprise qu’à travers le prisme du conflit racial, le Projet 1619 a cherché à discréditer les deux événements fondateurs de l’histoire américaine: La révolution de 1775-1783 et la guerre civile de 1861-1865. Cela n’a pu être réalisé que par une série de distorsions, d’omissions, de demi-vérités et de fausses déclarations – des tromperies qui se trouvent cataloguées et réfutées dans ce livre.
Le New York Times n’est pas étranger aux scandales produits par un journalisme malhonnête et sans principes. Son histoire longue et mouvementée comprend des épisodes tels que son approbation des procès truqués de Moscou de 1936 à 1938 par son correspondant Walter Duranty, lauréat du prix Pulitzer, et, pendant la Seconde Guerre mondiale, sa décision inadmissible de traiter le meurtre de millions de Juifs européens comme «une histoire relativement sans importance» ne nécessitant pas une couverture étendue et systématique. Plus récemment, le Times s’est trouvé impliqué, par le biais des reportages de Judith Miller et des chroniques de Thomas Friedman, dans le colportage de fausses informations gouvernementales sur les «armes de destruction massive», qui ont servi à légitimer l’invasion de l’Irak en 2003. On pourrait citer de nombreux autres exemples de violations flagrantes, même des normes généralement laxistes de l’éthique journalistique, en particulier au cours de la dernière décennie, alors que le New York Times — coté à la bourse de New York avec une capitalisation boursière de 7,5 milliards de dollars — a de plus en plus pris le caractère d’un empire médiatique.
La «financiarisation» du Times s’est faite parallèlement à un autre facteur déterminant pour le choix des sujets à faire connaître et à promouvoir: à savoir son rôle central dans la formulation et le marketing agressif des politiques du Parti démocrate. Ce processus a permis d’effacer la frontière toujours ténue entre le reportage objectif et la pure propagande. Les conséquences de l’évolution financière et politique du Times se sont manifestées de façon particulièrement réactionnaire dans le Projet 1619. Dirigé par Mme Nikole Hannah-Jones et le rédacteur en chef du New York Times Magazine, Jake Silverstein, il a été développé dans le but de fournir au Parti démocrate un récit historique légitimant ses efforts pour gagner un soutien électoral sur la base d’une promotion de la politique raciale. Soutenant les efforts déployés par le Parti démocrate depuis des décennies pour se dissocier de son identification avec le libéralisme du bien-être social de l’époque allant du «New Deal» à la «Great Society», le Projet 1619, en donnant la priorité au conflit racial, marginalise, voire élimine, le conflit de classe en tant que facteur important de l’histoire et de la politique.
Le passage de la lutte des classes au conflit racial ne s’est pas fait dans le vide. Le New York Times, comme nous l’expliquerons, s’inspire et exploite les tendances intellectuelles réactionnaires qui fermentent depuis plusieurs décennies dans une partie considérable du milieu des classes moyennes universitaires
Les intérêts politiques et les considérations idéologiques connexes qui ont motivé le Projet 1619 ont déterminé les méthodes peu scrupuleuses et malhonnêtes employées par le Times en le créant. Le New York Times était bien conscient de promouvoir une narration de l’histoire américaine basée sur la race qui ne pouvait pas résister à l’évaluation critique des principaux spécialistes de la Révolution et de la Guerre de Sécession. Le rédacteur en chef du New York Times Magazine a délibérément refusé de consulter les historiens les plus respectés et faisant le plus autorité.
De plus, lorsqu’une des personnes chargées de vérifier les faits au Times a identifié de fausses déclarations utilisées pour soutenir les arguments centraux du projet de 1619, on a ignoré ses conclusions. Et lorsque furent démasquées fausses déclarations et erreurs factuelles, le Times a subrepticement modifié les phrases-clés du matériel en ligne du Projet 1619. Le Times n’avait rien à faire des connaissances et de l’expertise d’historiens de l’envergure de Gordon Wood et James McPherson. Ses rédacteurs savaient que ceux-ci s’opposeraient à la thèse centrale du projet de 1619, défendue par l’essayiste principale Hannah-Jones: on avait lancé la révolution américaine comme une conspiration pour défendre l’esclavage contre une émancipation prochaine par l’Angleterre.
Mme Hannah-Jones avait affirmé :
Le fait que l’une des principales raisons pour quoi les colons ont décidé de déclarer leur indépendance de l’Angleterre était qu’ils voulaient protéger l’institution de l’esclavage est commodément écarté de notre mythologie fondatrice. En 1776, l’Angleterre était en proie à un profond conflit sur son rôle dans l’institution barbare qui avait remodelé l’hémisphère occidental. À Londres, les appels à l’abolition de la traite des esclaves se multipliaient… D’aucuns avanceront qu’on a fondé cette nation non pas comme une démocratie, mais comme une «slavocratie». [4]
Cette affirmation – selon laquelle la Révolution américaine n’était pas du tout une révolution, mais une contre-révolution menée pour défendre l’esclavage – a d’énormes implications pour l’histoire américaine et mondiale. La dénonciation de la Révolution américaine légitime le rejet de tous les récits historiques attribuant un quelconque contenu progressiste au renversement de la domination britannique sur les colonies et, par conséquent, à la vague des révolutions démocratiques qu’elle a inspirée dans le monde entier. Si la création des États-Unis a été une contre-révolution, le document fondateur de cet événement – la Déclaration d’indépendance qui a proclamé l’égalité entre les hommes – ne mérite que le mépris comme exemple de la plus vile hypocrisie.
Comment, dès lors, expliquer l’impact mondial explosif de la Révolution américaine sur la pensée et la politique des contemporains immédiats et des générations qui ont suivi?
Le philosophe Diderot – l’un des plus grands penseurs des Lumières – a répondu avec enthousiasme à la Révolution américaine:
Après des siècles d’une oppression générale, puisse la révolution qui vient de s’opérer au-delà des mers, en offrant à tous les habitants de l’Europe un asile contre le fanatisme et la tyrannie, instruire ceux qui gouvernent les hommes sur le légitime usage de leur autorité! Puissent ces braves Américains qui ont mieux aimé voir leurs femmes outragées, leurs enfants égorgés, leurs habitations détruites, leurs champs ravagés, leurs villes incendiées, verser leur sang et mourir, que de perdre la plus petite portion de leur liberté, prévenir l’accroissement énorme et inégale répartition de la richesse, le luxe, la mollesse et la corruption des mœurs, et pourvoir au maintien de leur liberté et à la durée de leur gouvernement! [5]
Voltaire, en février 1778, quelques mois seulement avant sa mort, a organisé une réunion publique avec Benjamin Franklin, le célèbre envoyé de la Révolution américaine. Le vieux philosophe raconte dans une lettre que vingt spectateurs ont été témoins de son étreinte avec Franklin et «de tendres larmes» qui les ont émus. [6]
Marx avait raison lorsqu’il écrivait, dans sa préface de 1867 à la première édition de Das Kapital, que «la guerre d’indépendance américaine au XVIIIe siècle [avait] sonné la cloche d’alarme pour la classe moyenne en Europe», inspirant les soulèvements qui devaient balayer les détritus féodaux, accumulés au fil des siècles, de l’Ancien Régime. [7]
Comme l’a noté l’historien Peter Gay dans sa célèbre étude sur la culture et la politique des Lumières: «la liberté que les Américains avaient gagnée et qu’ils gardaient n’était pas seulement une performance exaltante qui enchantait les spectateurs européens et leur donnait des raisons d’être optimistes à l’égard de l’homme; elle s’avérait être aussi un idéal réaliste digne d’être imité». [8]
R.R. Palmer, l'un des historiens les plus érudits du milieu du XXe siècle, a défini la Révolution américaine comme un moment critique dans l'évolution de la civilisation occidentale, le début d'une ère de quarante ans de révolutions démocratiques. Il écrit :
Les révolutions américaine et française, les deux principales révolutions réelles de l’époque, malgré leurs grandes différences, avaient néanmoins beaucoup en commun, et ce qu’elles avaient en commun se trouvait également partagé par divers peuples et mouvements dans d’autres pays, notamment en Angleterre, en Irlande, en Hollande, en Belgique, en Suisse et en Italie, mais aussi en Allemagne, en Hongrie et en Pologne, et par des individus dispersés dans des endroits comme l’Espagne et la Russie. [9]
Plus récemment, Jonathan Israel, l'historien des Lumières radicales, soutint que la Révolution américaine
s’inscrivait dans une séquence révolutionnaire transatlantique plus large, une série de révolutions en France, en Italie, en Hollande, en Suisse, en Allemagne, en Irlande, en Haïti, en Pologne, en Espagne, en Grèce et en Amérique espagnole… Les efforts des Pères fondateurs et de leurs successeurs à l’étranger prouvent l’interaction profonde de la Révolution américaine et de ses principes avec les autres révolutions, ce qui confirme le rôle mondial de la Révolution, moins comme force d’intervention directe que comme moteur d’inspiration, le modèle principal, pour un changement universel. [10]
Les marxistes n’ont vu ni la Révolution américaine ni la Révolution française à travers des lunettes teintées de rose. En examinant les événements historiques mondiaux, Friedrich Engels rejetait les interprétations pragmatiques simplistes qui expliquent et jugent «tout d’après les mobiles de l’action», «partage les hommes exerçant une action historique en âmes nobles et non nobles, et constate ensuite régulièrement que les nobles sont les dupes et les non nobles les vainqueurs». Les mobiles personnels, insiste Engels, n’ont qu’une «importance secondaire». Les questions cruciales que les historiens doivent se poser sont les suivantes, « Quelles sont à leur tour les forces motrices cachées derrière ces motivations, et quelles sont les causes historiques qui prennent dans les cerveaux des hommes qui agissent, la forme de ces mobiles ». [11]
Quels que soient les motifs personnels et les limites individuelles de ceux qui ont mené la lutte pour l’indépendance, la révolution menée par les colonies américaines contre la Couronne britannique était ancrée dans des processus socio-économiques objectifs associés à la montée du capitalisme en tant que système mondial. L’esclavage existait depuis plusieurs milliers d’années, mais la forme spécifique qu’il a prise entre le XVIe et le XIXe siècle était liée au développement et à l’expansion du capitalisme. Comme l’a expliqué Marx:
La découverte des contrées aurifères et argentifères de l'Amérique, la réduction des indigènes en esclavage, leur enfouissement dans les mines ou leur extermination, les commencements de conquête et de pillage aux Indes orientales, la transformation de l'Afrique en une sorte de garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires, voilà les procédés idylliques d'accumulation primitive qui signalent l'ère capitaliste à son aurore. [12]
Marx et Engels ont insisté sur le caractère historiquement progressiste de la Révolution américaine, une appréciation qui fut validée par la guerre de Sécession. Marx écrit à Lincoln en 1865 que c’est dans la Révolution américaine que «l’idée d’une grande République démocratique a germé, d’où la première Déclaration des droits de l’homme, et la première impulsion donnée à la révolution européenne du XVIIIe siècle…». [13]
Rien dans l’essai de Mme Hannah-Jones n’indique qu’elle a réfléchi sur, ni même qu’elle est consciente des implications, du point de vue de l’histoire mondiale, de l’attaque de la Révolution américaine par le Projet 1619. En fait, on a concocté ce projet sans consulter les travaux des principaux historiens de la Révolution et de la Guerre de sécession. Ce n’est pas là un oubli, mais bien plutôt le résultat d’une décision délibérée du New York Times d’interdire, dans toute la mesure du possible, la participation des universitaires «blancs» à l’élaboration et à la rédaction des essais. Dans un article intitulé «How the 1619 Project Came Together», publié le 18 août 2019, le Times a informé ses lecteurs de ce que «presque tous les collaborateurs du magazine et des sections spéciales – rédacteurs, photographes et artistes – sont noirs, un aspect non négociable du projet qui contribuent à souligner sa thèse…» [14]
Quoi qu’il en soit, même si le Times a du enfreindre ses propres règles, cette insistance «non négociable» et raciste pour qu’exclusivement des Noirs produisent le Projet 1619 a été justifiée par la fausse affirmation que les historiens blancs avaient largement ignoré le sujet de l’esclavage américain. Et les rares fois que les historiens blancs avaient reconnu l’existence de l’esclavage, ils avaient soit minimisé son importance, soit menti à son sujet. Par conséquent, seuls des écrivains noirs pouvaient «raconter notre histoire avec sincérité». Le récit fondé sur la race du Projet 1619 allait placer «les conséquences de l’esclavage et les contributions des Noirs américains au centre même de l’histoire que nous nous racontons sur qui nous sommes». [15]
Le Projet 1619 était une falsification non seulement de l’histoire, mais aussi de l’historiographie. Il a ignoré les travaux, remontant aux années 1950, de deux générations d’historiens américains. Les auteurs et les rédacteurs du Projet 1619 n’avaient consulté aucune étude sérieuse sur l’esclavage, la Révolution américaine, le mouvement abolitionniste, la Guerre de Sécession ou la ségrégation Jim Crow. Rien n’indique que l’étude de l’histoire américaine par Hannah-Jones ait dépassé la lecture d’un seul livre, celui de l’écrivain nationaliste noir défunt Lerone Bennett Jr, écrit au début des années 1960. Son «recadrage» de l’histoire américaine, qui doit être envoyé aux écoles pour servir de base à de nouveaux programmes scolaires, ne s’est pas même soucié de joindre une bibliographie.
Hannah-Jones et Silverstein ont fait valoir qu’ils créaient «un nouveau récit», pour remplacer le prétendu «récit blanc» existant auparavant. Dans l’une de ses innombrables tirades sur Twitter, Hannah-Jones a déclaré que «le Projet 1619 n’[était] pas une Histoire». Il s’agissait plutôt «de savoir qui [allait] contrôler le récit national et, par conséquent, la mémoire partagée de la nation». Dans cette remarque, Hannah-Jones prône explicitement la séparation entre la recherche historique et l’effort de reconstruction du passé. Elle affirme que le but de l’Histoire n’est rien d’autre que la création d’un récit utile à la réalisation de l’un ou l’autre programme politique. La véracité ou la fausseté du récit n’est pas un motif de préoccupation.
La création de mythes nationalistes a, pendant longtemps, joué un rôle politique important dans la promotion des intérêts de classes moyennes se sentant lésées, qui s’efforcent de s’assurer une place plus privilégiée dans les structures de pouvoir existantes. Comme Eric Hobsbawm l’a laconiquement fait remarquer, «Les socialistes… qui utilisaient rarement le mot “nationalisme” sans le préfixe “petit-bourgeois”, savaient de quoi ils parlaient». [16]
Malgré l’affirmation que Hannah-Jones était en train de tracer une nouvelle voie pour l’étude et la compréhension de l’histoire américaine, l’insistance du Projet 1619 sur une histoire de l’Amérique centrée sur la race, écrite par des historiens afro-américains, reprend les arguments raciaux promus par les nationalistes noirs dans les années 1960. En dépit de toutes les poses militantes, l’objectif sous-jacent était, comme allait le montrer la suite des événements, d’ouvrir des possibilités de carrière particulières au profit de secteurs de la classe moyenne afro-américaine. Dans le monde universitaire, ce programme avançait la revendication que les matières ayant trait à l’expérience historique de la population noire devaient être exclusivement réservées aux Afro-Américains. Ainsi, dans la lutte qui s’ensuivit pour la répartition de privilèges et de statut, on a accusé des historiens de premier plan ayant fait des contributions majeures à l’étude de l’esclavage de s’être immiscés, en tant que blancs, dans une matière qui ne pouvait être comprise et expliquée que par des historiens noirs. Peter Novick, dans son livre «That Noble Dream» (Ce noble rêve), a rappelé l’impact du racisme nationaliste noir sur l’écriture de l’histoire américaine:
Des militants ont dit à Kenneth Stampp que, en tant que Blanc, il n’avait pas le droit d’écrire «The Peculiar Institution» (l’étrange institution). On a fait taire à force de cris Herbert Gutman qui présentait un document à l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire des Noirs. Un collègue blanc qui était présent (et qui a vécu la même expérience) a rapporté que Gutman était «brisé». Gutman avait plaidé en vain qu’il était «extrêmement favorable au mouvement de libération des Noirs – si les gens oubliaient simplement que je suis blanc et entendaient ce que je dis… [cela] apporterait un soutien au mouvement». Parmi les incidents les plus dramatiques de ce genre, on peut citer le traitement réservé à Robert Starobin, un jeune partisan de gauche des Black Panthers, qui avait présenté un document sur l’esclavage lors d’une conférence de la Wayne State University en 1969, un incident qui a dévasté Starobin à l’époque et qui a été rendu encore plus poignant par son suicide l’année suivante. [17]
Malgré ces attaques, les historiens blancs ont continué à écrire des études importantes sur l’esclavage américain, la guerre civile et la reconstruction. Les tentatives grossières qui visent à introduire une qualification raciale dans le jugement du «droit» d’un historien à traiter de l’esclavage se sont heurtées à une vive opposition. L’historien Eugène Genovese (1930-2012), auteur d’ouvrages remarquables tels que «L’économie politique de l’esclavage et le monde que les esclavagistes ont fait», a écrit:
Aucun historien des États-Unis et surtout du Sud ne peut éviter de faire des estimations sur l’expérience des Noirs, car sans cela il ne peut faire d’estimations sur rien d’autre. Lorsqu’on me demande donc, à la manière de notre époque inepte, de quel droit, en tant que Blanc, j’ai à écrire sur les Noirs, je suis obligé de répondre avec des gros mots. [18]
Ce passage a été écrit il y a plus d’un demi-siècle. Depuis la fin des années 1960, les efforts de racialisation des travaux universitaires, contre lesquels Genovese a à juste titre polémiqué, ont pris des proportions telles qu’ils ne peuvent être qualifiés simplement d’«ineptes». Sous l’influence du postmodernisme et de son rejeton, la «théorie raciale critique», les portes des universités américaines ont été grandes ouvertes à la propagation de conceptions profondément réactionnaires. L’identité raciale a remplacé la classe sociale et les processus économiques connexes en tant que principale et essentielle catégorie analytique.
On utilise à présent la théorie de la «blancheur», le dernier cri, pour nier le progrès historique, rejeter la vérité objective et interpréter tous les événements et tous les aspects de la culture à travers le prisme d’un prétendu intérêt de la propre race. Sur cette base, les pires absurdités peuvent être débitées avec la garantie que toutes les objections fondées sur les faits et la science seront rejetées comme une manifestation de la «fragilité blanche» ou d’une autre forme de racisme dissimulé. Dans cet environnement dégradé, Ibram X. Kendi peut écrire le passage absurde suivant, sans crainte de contradiction, dans son ouvrage « Stamped from the Beginning »:
Pour les intellectuels du siècle des Lumières, la métaphore de la lumière avait généralement un double sens. Les Européens avaient redécouvert l’enseignement après mille ans d’obscurité religieuse, et leur lumineux phare continental de perspicacité existait au milieu d’un monde «sombre» que la lumière n’avait pas encore touché. La lumière est donc devenue une métaphore de l’européanité, et donc de la blancheur, une notion que Benjamin Franklin et sa société philosophique ont adoptée et importée avec enthousiasme dans les colonies… Les idées des Lumières ont donné une légitimité à cette «partialité» raciste de longue date, le lien entre la lumière et la blancheur et la raison, d’une part, et entre l’obscurité et la noirceur et l’ignorance, d’autre part. [19]
C’est là une concoction ridicule qui attribue au mot «Lumières» une signification raciale qui n’a absolument aucun fondement étymologique, et encore moins historique. Le mot employé par le philosophe Emmanuel Kant en 1784 pour décrire cette période de progrès scientifique était Aufklärung, que l’on peut traduire de l’allemand par «clarification» ou «éclaircissement», ce qui sous-entend un éveil intellectuel. La traduction anglaise de Aufklärung par «Enlightenment» date de 1865 – soixante-quinze ans après la mort de Benjamin Franklin – auquel Kendi fait référence pour soutenir son argument racial. [20]
Un autre terme utilisé par les anglophones pour décrire les XVIIe et XVIIIe siècles est «The Age of Reason», que Tom Paine a employé dans son attaque cinglante contre la religion et toutes les formes de superstition. La tentative de Kendi d’attacher les Lumières à une pulsion raciste blanche ne repose sur rien d’autre que sur un jonglage vide de sens avec les mots. En fait, le racisme moderne est historiquement et intellectuellement lié à l’opposition aux Lumières, dont le représentant le plus important au XIXe siècle, le comte Gobineau, a écrit un «Essai sur l’inégalité des races humaines». Mais l’histoire réelle ne joue aucun rôle dans la formulation des fabrications pseudo-intellectuelles de Kendi. Son œuvre est empreinte d’ignorance.
L’histoire n’est pas la seule discipline attaquée par les spécialistes de la race. Dans un essai intitulé «La théorie de la musique et le cadre racial blanc», le professeur Philip A. Ewell du Hunter College de New York, déclare: «Je postule que dans la théorie de la musique existe un “cadre racial blanc” qui est structurel et institutionnalisé. Ce n’est que par un recadrage de ce cadre racial blanc que nous commencerons à voir des changements raciaux positifs dans la théorie de la musique». [21]
Cette dégradation de la théorie musicale prive la discipline de son caractère scientifique et historique. Les principes et éléments complexes de la composition, du contrepoint, de la tonalité, de la consonance, de la dissonance, du timbre, du rythme, de la notation, etc. sont dérivés, selon Ewell, de caractéristiques raciales. Le professeur Ewell musarde sur le territoire idéologique du Troisième Reich. Il y a plus qu’une ressemblance passagère entre son appel à la libération de la musique de la «blancheur» et les efforts des universitaires nazis dans l’Allemagne des années 1930 et 1940 pour libérer la musique de la «judaïcité». Les nazis ont attaqué Mendelssohn comme une médiocrité dont la popularité était l’insidieuse expression d’une tentative des Juifs de dominer la culture aryenne. De la même manière, Ewell proclame que Beethoven était simplement «au-dessus de la moyenne en tant que compositeur» et qu’il «occupe la place qu’il occupe parce qu’il a été soutenu pendant deux cents ans par la blancheur et la masculinité». [22]
Des revues universitaires couvrant pratiquement tous les domaines d’étude débordent de ce genre de camelote ignorante. Même la physique n’a pas échappé à l’assaut des théories raciales. Dans un essai récent, Chanda Prescod-Weinstein, professeure adjoint de physique à l’université du New Hampshire, proclame que «la race et l’ethnicité ont un impact sur les résultats épistémiques en physique». Elle introduit le concept d’«empirisme blanc» (en italique dans l’original), qui «en est venu à dominer le discours empirique en physique parce que la blancheur façonne puissamment les arbitres prédominants de qui est un observateur valide des phénomènes physiques et sociaux». [23]
Prescod-Weinstein affirme que «la production de connaissances en physique dépend des identités attribuées aux physiciens», que la race et le genre des scientifiques influent sur la manière dont la recherche scientifique est menée et que, par conséquent, les observations et les expériences menées par les physiciens afro-américains et les femmes physiciennes produiront des résultats différents de ceux des hommes blancs. Prescod-Weinstein s’identifie aux ‘contingentistes’ qui «contestent toute hypothèse selon laquelle la prise de décision scientifique est purement objective». [24]
La supposition d’une objectivité est, selon elle, un problème majeur. Les scientifiques, se plaint Prescod-Weinstein, sont «typiquement monistes – croyant à l’idée qu’il n’y a qu’une seule science… Cette approche moniste de la science empêche généralement d’examiner de plus près comment l’identité et les résultats épistémiques se mélangent. Pourtant, l’empirisme blanc sape une théorie importante de la physique du XXe siècle: la Relativité générale». (C'est nous qui soulignons) [25]
L’attaque de l’objectivité de la connaissance scientifique par Prescod-Weinstein est appuyée par une déformation de la théorie d’Einstein.
La contribution monumentale d’Albert Einstein à notre compréhension empirique de la gravité procède du principe de la covariance, qui est la simple idée qu’il n’existe pas de cadre de référence objectif qui soit plus objectif que les autres. Tous les cadres de référence, tous les observateurs, sont également compétents et capables d’observer les lois universelles qui sous-tendent les rouages de notre univers physique. (C’est nous qui soulignons) [26].
En fait, la déclaration de la relativité générale sur la covariance pose une symétrie fondamentale dans l’univers, de sorte que les lois de la nature sont les mêmes pour tous les observateurs. La grande idée initiale d’Einstein (bien qu’elle ne soit guère «simple») en étudiant les équations de Maxwell sur l’électromagnétisme touchant à la vitesse de la lumière dans le vide, était que ces équations étaient vraies dans tous les cadres de référence. Le fait que deux observateurs mesurent une troisième particule de lumière dans l’espace comme voyageant à la même vitesse – même s’ils se trouvent en mouvement l’un par rapport à l’autrea conduit Einstein à une profonde redéfinition théorique de la façon dont la matière existe dans l’espace et le temps. Ces théories ont été confirmées par des expériences, dont les résultats ne se laisseront pas réfuter en changeant la race ou le genre de ceux qui réalisent les expériences.
La masse, l’espace, le temps et d’autres quantités se sont révélés être variables et relatifs, selon le cadre de référence de chacun. Mais cette variation suit les lois de la nature et n’est pas subjective – et encore moins déterminée par la race. Elle confirme la conception moniste. Des déclarations ou des cadres de référence distincts, «racialement supérieurs», «féminins noirs» ou «empiristes blancs» n’existent pas dans la réalité physique. Il existe une vérité objective vérifiable, véritablement indépendante de la conscience, sur le monde matériel.
En outre, «tous les observateurs», quelles que soient leur éducation et leur expertise, ne sont pas «également compétents et capables» d’observer, et encore moins de découvrir, les lois universelles qui régissent l’univers. Les physiciens, quelle que soit leur identité personnelle, doivent recevoir une éducation appropriée, et cette éducation, espérons-le, ne sera pas entachée par le type de bêtises idéologiques propagées par les théoriciens de la race et du genre.
Il y a bien sûr un public pour les absurdités anti-scientifiques proposées par Prescod-Weinstein. Sous-tendant une grande partie des théories contemporaines sur la race et le genre, il y a la frustration et la colère liées à l’attribution des postes au sein du monde universitaire. L’essai de Prescod-Weinstein est un mémoire pour le compte de tous ceux qui pensent que leur carrière professionnelle a été entravée par «l’empirisme blanc». Elle tente de couvrir sa falsification de la science par des affirmations générales et non fondées selon lesquelles le racisme est omniprésent parmi les physiciens blancs, qui, allègue-t-elle, refusent tout simplement d’accepter la légitimité des recherches menées par des scientifiques femmes noires.
Il est possible qu’un très petit nombre de physiciens soient racistes. Mais cette possibilité ne confère aucune légitimité à sa tentative d’attribuer à l’identité raciale une signification épistémologique qui affecte le résultat des recherches. Dans cette optique, Prescod-Weinstein affirme que les prétentions à la vérité objective formulées par «l’empirisme blanc» reposent sur la force. Il s’agit là d’une variante du dogme postmoderniste selon lequel ce qu’on appelle la «vérité objective» n’est que la manifestation des rapports de pouvoir entre des forces sociales conflictuelles. Elle écrit:
L’empirisme blanc est la pratique qui consiste à permettre au discours social de s’insérer dans le raisonnement empirique sur la physique, et il nuit activement au développement d’une compréhension globale du monde naturel en empêchant de mettre des idées européennes provinciales sur la science – qui sont devenues dominantes par la force coloniale – en conversation avec des idées qui sont plus fortement associées à l’«indigénéité», qu’il s’agisse de l’indigénéité africaine ou d’une autre. (C'est nous qui soulignons) [27].
La prévalence et la légitimation des théories racialisantes sont la manifestation d’une profonde crise intellectuelle, sociale et culturelle de la société capitaliste contemporaine. Comme à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la théorie raciale acquiert une audience parmi des sections désorientées des intellectuels de la classe moyenne. Si la plupart, voire la totalité, des universitaires qui promeuvent un programme racial peuvent sincèrement croire qu’ils combattent les préjugés fondés sur la race, ils n’en propagent pas moins des idées anti-scientifiques et irrationnelles qui, quelles que soient leurs intentions personnelles, servent des fins réactionnaires.
L’interaction de l’idéologie racialiste telle qu’elle s’est développée depuis plusieurs décennies dans les milieux universitaires et du programme politique du parti démocrate est la force motrice du Projet 1619. En particulier dans des conditions de polarisation sociale extrême, où le socialisme suscite un intérêt et un soutien croissants, le Parti démocrate – en tant qu’instrument politique de la classe capitaliste – est soucieux de détourner l’attention dans le débat politique des questions soulevant le spectre de l’inégalité sociale et du conflit de classes. C’est là la fonction d’une réinterprétation de l’histoire plaçant la race au centre de son récit.
Le projet 1619 n’est pas né du jour au lendemain. Depuis plusieurs années, en concordance avec le rôle croissant joué par diverses formes de politiques identitaires dans la stratégie électorale du Parti démocrate, le Times s’est fixé sur la race dans une mesure que l’on peut légitimement qualifier d’obsessionnelle. Il apparaît souvent que le but principal de la couverture médiatique et des commentaires du Times soit de révéler l’essence raciale d’un événement ou d’une question donnée.
Une recherche dans les archives du New York Times montre que le terme «privilège blanc» n’est apparu que dans quatre articles en 2010. En 2013, le terme est apparu dans vingt-deux articles. En 2015, le Times a publié cinquante-deux articles dans lesquels le terme est référencé. En 2020, au 1er décembre, le Times avait publié 257 articles dans lesquels on fait référence au «privilège blanc».
Le mot «whiteness» [blancheur] n’est apparu que dans quinze articles du Times en 2000. En 2018, le nombre d’articles dans lesquels ce mot apparaît est passé à 222. Au 1er décembre 2020, le mot «blancheur» était mentionné dans 280 articles.
L’attention constante portée par le Times à la race au cours de l’année écoulée, même dans sa rubrique nécrologique, était clairement lié à la stratégie électorale du Parti démocrate pour 2020. Le Projet 1619 a été conçu comme un élément essentiel de cette stratégie. Le rédacteur en chef du Times, Dean Baquet, l’a déclaré explicitement, lors d’une réunion le 12 août 2019 avec le personnel du journal:
La compréhension de la race devrait faire partie de notre couverture de l’histoire américaine… Une des raisons pour lesquelles nous avons tous signé le Projet 1619 et l’avons rendu si ambitieux et étendu, est d’apprendre à nos lecteurs à penser un peu plus comme cela. La race au cours de l’année prochaine – et je pense que c’est, pour être franc, ce que vous retiendrez j’espère de cette discussion – la race l’année prochaine va constituer une énorme part de l’histoire américaine. [28]
L’effort du New York Times pour «apprendre» à ses lecteurs «à réfléchir un peu plus» sur la race a pris la forme d’une falsification de l’histoire américaine visant à discréditer les luttes révolutionnaires qui ont donné lieu à la fondation des États-Unis en 1776 et à la destruction ultime de l’esclavage dans la Guerre de sécession. Cette falsification ne pouvait que contribuer à l’érosion de la conscience démocratique, légitimer une vision racialisée de l’histoire et de la société américaines et saper l’unité de la grande masse des Américains dans leur lutte commune contre les conditions d’inégalité sociale et d’exploitation.
La campagne racialiste du New York Times s’est déroulée sur fond d’une pandémie qui ravage les communautés ouvrières, sans distinction de race et d’ethnie, dans tous les États-Unis et dans le monde entier. Le nombre de morts dans le monde a déjà dépassé 1,5 million. Aux États-Unis, le nombre de décès dus à la COVID-19 dépassera les 300.000 avant la fin de l’année. La pandémie a également entraîné la dévastation économique pour des millions d’Américains. Le taux de chômage se rapproche des niveaux de la Grande Dépression. D’innombrables millions de personnes sont sans aucune source de revenus et dépendent des banques alimentaires pour leur subsistance quotidienne.
Et pendant que la pandémie fait rage, les structures de la démocratie américaine s’effondrent sous le poids des contradictions sociales produites par une concentration stupéfiante des richesses dans une petite fraction de la population. La campagne présidentielle de 2020 s’est déroulée au milieu de conspirations fascistes, orchestrées depuis la Maison-Blanche, pour instaurer une dictature. Le vieil adage «Ça ne peut pas arriver ici», inventé dans les années 1930 lors de la montée du fascisme en Europe, a été réfuté par les événements. «Cela arrive ici» est une description correcte de la réalité américaine.
Au milieu de cette catastrophe sociale et politique sans précédent, qui exige une réponse unie de toutes les sections de la classe ouvrière, le New York Times a voué son énergie à promouvoir un faux récit dépeignant l’histoire américaine comme une guerre perpétuelle entre les races. Dans cette distorsion grotesque, il n’y a pas de place pour la classe ouvrière ou la lutte des classes, qui ont été des facteurs dominants de l’histoire sociale américaine des cent cinquante dernières années ; une histoire où les travailleurs afro-américains ont combattu héroïquement aux côtés de leurs frères et sœurs blancs. L’extrême crise sociale déclenchée par la pandémie et les conditions désespérées auxquelles sont confrontés des dizaines de millions de travailleurs de toutes origines raciales et ethniques, constituent un réquisitoire sans appel contre les prémisses réactionnaires du Projet 1619. La réfutation factuelle de la falsification de l’histoire par le Projet 1619 est livrée dans les essais et entretiens avec d’éminents historiens et publiés dans ce volume.
David North
Detroit
Le 3 décembre 2020
Notes:
[1] "The Nat Turner Case", dans The New York Review of Books, 12 septembre 1968. Traduit de l’anglais.
[2] Vadim Z. Rogovin, Bolsheviks Against Stalinism 1928–1933: Leon Trotsky and the Left Opposition (Les bolcheviks contre le stalinisme 1928-1933: Léon Trotsky et l'opposition de gauche), Oak Park 2019, p. 2. Traduit de l’anglais.
[3] Laurel Leff, Buried by the Times: The Holocaust and America's Most Important Newspaper (Cambridge: 2005), p. 5. Traduit de l’anglais.
[4] New York Times Magazine, 18 août 2019, p. 18.
[5] Cité dans Peter Gay, The Enlightenment: The Science of Freedom (New York et Londres: 1996), pp. 556-57 (Texte français :Denis Diderot, Œuvres politiques, Édition de Paul Vernière, Classiques Garnier, Paris, 2018. p. 491).
[6] Ibid, p. 557.
[7] Karl Marx, Le Capital: Livre Premier, Tome 1, Éditions sociales, Paris, 1975 p. 19.
[8] Gay, The Enlightenment: The Science of Freedom, p. 558. Traduit de l’anglais.
[9] R.R. Palmer, The Age of Democratic Revolution: A Political History of Europe and America, 1760-1800 (Princeton: 1959), p. 5. Traduit de l’anglais.
[10] Jonathan Israel, The Expanding Blaze: How the American Revolution Ignited the World, 1775-1848 (Princeton: 2017), p. 17-18. Traduit de l’anglais
[11] https://www.marxiste.org/theorie/philosophie/519-ludwig-feuerbach-et-la-fin-de-la-philosophie-classique-allemande (IV. Matérialisme dialectique).
[12] Karl Marx, Le Capital, Volume I, chapitre 31, Genèse du capitalisme industriel: https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-31.htm
13] Karl Marx, "To Abraham Lincoln, President of the United States", dans Karl Marx-Friedrich Engels Collected Works, Volume 20 (New York: 1984), p. 19. Traduit de l’anglais
[14] "How the 1619 Project Came Together" (Comment le Projet 1619 s’est consititué), consulté le 12/3/2020. https://www.nytimes.com/2019/08/18/reader-center/1619-project-slavery-jamestown.html
[15] New York Times Magazine, 18 août 2019, p. 5
[16] E.J. Hobsbawm, Les nations et le nationalisme depuis 1780: Program, Myth, Reality (Londres: 1991), p. 117. Traduit de l’anglais.
[17] Peter Novick, Ce noble rêve: The "Objectivity Question" and the American Historical Profession (Cambridge: 1988), p. 475. Traduit de l’anglais.
18] Eugene D. Genovese, In Red and Black: Marxian Explorations in Southern and Afro-American History (New York: 1968), p. viii. Traduit de l’anglais.
[19] Ibram X. Kendi, Stamped from the Beginning: The Definitive History of Racist Ideas in America (New York: 2017), p. 80. Traduit de l’anglais.
[20] https://www.etymonline.com/search?q=enlightenment
[21] "Music Theory and the White Racial Frame", dans MTO, volume 26, numéro 2, septembre 2020. Traduit de l’anglais.
[22] "Beethoven était un compositeur au-dessus de la moyenne – Restons-en là", 24 avril 2020, consulté le 12/3/2020: https://musictheoryswhiteracialframe.wordpress.com/2020/04/24/beethoven-was-an-above-average-composer-lets-leave-it-at-that/. Traduit de l’anglais.
[23] "Making Black Women Scientists under White Empiricism: The Racialization of Epistemology in Physics" (Faire des femmes noires des scientifiques sous l'empirisme blanc), dans Signs: Journal of Women in Culture and Society, 2020 Volume 45, No. 2, p. 421. Traduit de l’anglais.
[24] Ibid, p. 422.
[25] Ibid.
[26] Ibid.
[27] Ibid. p. 439.
[28] "The New York Times Unites vs. Twitter", magazine Slate, 15 août 2019, consulté le 3 décembre 2020: https://slate.com/news-and-politics/2019/08/new-york-times-meeting-transcript.html.
(Article paru d’abord en anglais le 4 décembre 2020)