Hier, le juge John Koeltl de la cour du district sud de New York a porté un coup dévastateur à la conspiration menée par Washington contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.
Dans son jugement, Koeltl, nommé par le président démocrate Bill Clinton et qui avait été procureur dans l’investigation du scandale Watergate, a rejeté la plainte formulée en avril 2018 par le Comité national démocrate (DNC). Selon cette plainte, WikiLeaks aurait conspiré avec le Kremlin afin de voler des mails du DNC et les présenter au public.
Cette décision démasque le Parti démocrate, qui organise sa propre conspiration pour attaquer la liberté d’expression et couvrir les crimes de l’impérialisme américain ainsi que les activités corrompues des deux partis de Wall Street. Selon le juge Koeltl:
«Si WikiLeaks peut être tenu responsable pour avoir publié des documents sur les stratégies politique, financière ou électorale du DNC, simplement parce que le DNC les traite de ‘secrets’ ou de secrets commerciaux, on pourrait faire de même pour tout journal ou média. Ceci éleverait sans justification un intérêt de discrétion purement privé au-dessus du 1er Amendement et la publication de sujets de grand intérêt public. La publication des communications internes du DNC ont permis au peuple américain de lever le voile sur un des deux principaux partis politiques américaines lors d’une élection présidentielle. Ce type d’information doit manifestement jouir des plus fortes protections offertes par le 1er Amendement.»
Ce jugement souligne l’illégalité de la conspiration du gouvernement des États-Unis, soutenus par ceux du Royaume-Uni, d’Ecuador et de Suède et par toute l’élite politico-médiatique bourgeoise pour extrader Assange aux États-Unis, où il serait passible de 170 ans de prison pour espionage.
Le plaignant dans ce procès, le Parti démocrate, a été le principal procureur visant Assange au sein de l’appareil d’État depuis plus d’une décennie. Ce sont des responsables démocrates au département de la Justice sous Obama, ou qui continuaient à y travailler sous Trump, qui ont préparé ce procès contre lui.
Le rejet de cette plainte dévoile aussi des conflits d’intérêts massifs dissimulés, l’inconduite du parquet et d’autres abus criminels de la procédure. La poursuite d’Assange n’a rien à voir avec les faits. Elle vise plutôt à le punir pour avoir dit la vérité sur les crimes de guerre commis par l’impérialisme américain et ses alliés.
Selon le juge, WikiLeaks est une «organisation internationalle de nouvelles» et Assange est un «éditeur», réfuante les menteurs dans la presse bourgeoise qui déclarent qu’Assange n’est pas protégé par la liberté d’expression. Le juge Joeltl a ajouté, «Dans New York Times vs United States, le célèbre procès des ‘Papiers du Pentagone’, la Cour suprême a défendu la liberté de la presse de publier des informations d’intérêt public volés par des tiers.»
Du point de vue légal, en accédant à la demande de WikiLeaks de rejeter la plainte, la cour déclare que le DNC n’a pas avancé une position plausible. A cette étape de la procédure, le juge doit agir comme si tous les faits allégués par le plaignant étaient vrais. Ici, le juge a tranché que même si tous les faits allégués par le DNC étaient véridiques, on ne pourrait «tirer raisonnablement la conclusion que le prévenu est coupable des méfaits présumés.»
En plus, le juge a traité les arguments du DNC d’ «appauvris»: «Le DNC n’allègue nulle part des faits» qui établiraient qu’Assange ou WikiLeaks «ont participé au vol des informations.»
Pour le juge Koeltl, l’argument du DNC selon lequel Assange et WikiLeaks «ont conspiré avec la Russie pour voler et disséminer les matériels du DNC» est «entièrement séparé des faits.» Le juge a aussi déclaré que la cour «n’est pas tenue de traiter des allégations sans fondement de faits.»
Le juge a aussi détruit l’argument du DNC selon lequel WikiLeaks est coupable d’être lié à la Russie. Il a traité len lien allégué entre Assange et le gouvernement russe de «non pertinent», car «une personne peut publier des documents volés que l’éditeur a demandé à une source, dès lors que l’éditeur n’a pas participé au vol.»
Le juge a aussi rejeté l’argument du DNC selon laquelle «WikiLeaks peut être tenu coupable du vol en tant que co-conspirateur retroactif dans le vol des documents.» Cet argument «peu convaincant», selon lui, «viderait de substance» les protections constitutionnelles: «Une telle règle rendrait tout journaliste qui publie un article fondé sur des informations volées un co-conspirateur dans le vol.»
Dans sa plainte d’avril 2018, le DNC a avancé une série d’arguments à présent démasqués comme étant des mensonges éhontés, notamment qu’Assange, Trump et la Russie avaient «miné et nuit à la capacité du DNC de communiquer les valeurs et les visions du parti à l’électorat américain.»
La plainte alléguait aussi que «le renseignement russe a ensuite publié les matériels secrets volés à travers l’agent GRU n°1, ainsi que WikiLeaks et Assange, qui ont activement soutenu la campagne et les partisans de Trump alors qu’ils publiaient et disséminaient les informations à la population américaine à un moment et d’une manière choisis pour servir leurs buts communs.»
Alors que le DNC présentait sa plainte, le New York Times écrivait que cette plainte était fondée sur «des faits publiquement connus» et des «informations révélées dans la presse et lors de procédures judiciaires ultérieures.» La plainte «émerge sur fond d’une attention accrue portée à M. Trump, ses partisans et leurs interactions avec la Russie», a assuré le Times.
Il est profondément ironique aue le juge Koeltl ait cité le cas des «Papiers du Pentagone», New York Times vs United States, dans sa décision.
La plainte sans fondement du DNC, cite le New York Times 8 fois en tant que «preuve» des liens reliant Assange et WikiLeaks à la Russie. Elle cite des articles des reporters du Times Andrew Kramer, Michael Gordon, Niraj Chokshi, Sharon La Franiere, K.K. Rebecca Lai, Eric Lichtblau, Noah Wiland, Alicia Parlapiano, et Ashley Parker ainsi qu’un article du 26 juillet 2016 par Charlie savage intitulé «Assange, l’ennemi juré de Clinton, a voulu lancer la publication les mails en même temps que le convention démocrate.»
Le premier article de cette liste est sorti juste après que le New York Times ait embauché James Bennett en tant qu’éditeur en mars 2016. Son frère, Michael Bennett, est un candidat présidentiel, sénateur du Colorado et ex-président du comité électoral pour le Sénat du DNC. En 2018, Bennett a écrit au vice-président Mike Pence, pour déclarer qu’il était «très inquiet» que l’Équateur n’avait pas ôté l’asile à Assange, qui était alors enfermé dans l’ambassade équatorienne à Londres.
«Vous devez impérativement présenter les inquiétudes des États-Unis avec le Président (équatorien Lenin) Moreno sur le soutien d’Équateur pour M. Assange alors que WikiLeaks continue ses efforts pour miner les processus démocratiques à travers le monde.»
En avril 2019, quand l’administration Trump a porté plainte contre Assange, le comité éditorial du New York Times, dirigé par James Bennett, a écrit: «L’administration a bien commencé, en accusant M. Assange d’un crime indisputable.» Deux semaines plus tard, Michael Bennett annonçait sa campagne électorale. Depuis, il jouit d’une couverture favorable dans la page éditoriale du Times.
Mercredi, le Times a publié un seul et bref article, de six paragraphes à la page 25, intitulé «La plainte du DNC contre l’élection est rejetée.» Sur sa page web, le Times mettait en avant un lien à sa page spéciale sur le rapport Mueller, qui est fondé sur les mêmes mensonges creux lancés par le DNC que le juge Koeltl venait de rejeter.