Twitter supprime le compte de l'organisation de défense d'Assange

Jeudi dernier, sans préavis ni explication, Twitter a arbitrairement suspendu le compte de @Unity4J, une plateforme dédiée à la diffusion d’informations et au plaidoyer pour le fondateur de WikiLeaks Julian Assange. Au moment d’écrire ces lignes, le compte a disparu depuis deux jours.

Les opérateurs du compte ont indiqué que le personnel de Twitter ne leur avait donné aucune raison de le supprimer et qu’ils n’avaient reçu aucune réponse à leurs demandes de rétablissement. Assange, journaliste et éditeur, est resté incarcéré dans la célèbre prison de Belmarsh, à Londres. Il risque d’être extradé vers les États-Unis, où il pourrait être emprisonné à vie ou exécuté sur la base d’accusations sans précédent en vertu de la loi américaine sur l’espionnage.

«Vers 8 h 45 CST, le jeudi 11 juillet, l’un des membres de l’équipe Twitter d’Unity4J est allé retweeter sur le compte et a remarqué que le compte n’était plus accessible», a rapporté Christy Dopf, l’un des opérateurs du compte. «Lorsque chacun d’entre nous a également tenté d’accéder au compte, nous avons tous reçu le même message “Compte suspendu”».

«Twitter ne nous a pas envoyé de raison ou de violation pour la suspension. Donc on a soumis un recours. Nous avons reçu de la correspondance qui indiquait que Twitter a reçu notre demande et que l’affaire est actuellement en cours. Malheureusement, nous n’avons pas d’échéancier pour le temps que cela pourrait prendre.»

Unity4J a joué un rôle de premier plan dans la campagne contre la persécution, l’arrestation et l’extradition d’Assange. Ses veillées en ligne ont mis en vedette des défenseurs bien connus d’Assange, y compris des représentants du Parti de l’égalité socialiste (SEP). Le SEP a parlé de sa campagne mondiale pour libérer Assange et la dénonciatrice Chelsea Manning, actuellement emprisonnée dans une prison américaine pour avoir refusé de témoigner contre Assange.

ElizabethVos, co-fondatrice d’Unity4J, a twitté: «Je n’ai aucun doute que Twitter a suspendu le compte de @Unity4J. Cela était à cause du fait qu’il était un centre d’informations utiles sur les événements et les actions de solidarité en faveur d’Assange, WikiLeaks, Chelsea Manning et plus. C’est un acte de censure horrible de suspendre le compte, @TwitterSupport.»

L’initiative de Twitter fait partie d’un schéma plus large. Vos a déclaré à la journaliste indépendante Caitlin Johnstone: «Il semble que les partisans d’Assange aient été visés par des suspensions au cours des derniers jours et des dernières semaines. Cela comprend la suspension de personnes (Yon Solitary, Monique Jolie) ainsi que de comptes comme Unity4J. Toutes ces suspensions sont inacceptables, mais je trouve la suspension d’Unity4J particulièrement flagrante parce que c’était un amplificateur d’événements à tous les niveaux, et ce n’était pas seulement des actions dirigées par Unity4J. Il n’a jamais enfreint les règles de Twitter. Il s’agissait d’un compte d’activiste qui soutenait un journaliste qui a été réduit au silence ou “fait disparaître”, donc cette suspension est une extension de cette suppression.»

De nombreux partisans d’Assange ont protesté auprès du compte @Twitter Support et le PDG de Twitter, Jack Dorsey, s’opposant au silence d’un compte militant légitime, sans succès jusqu’à présent.

Christine Assange, la mère du journaliste, a tweeté: «À L’AIDE!!! Twitter a suspendu @Unity4J. C’est le compte global #FreeAssange. C’est un point central pour les mises à jour, les interviews et les actions concernant mon fils JULIAN ASSANGE, journaliste politiquement persécuté! Veuillez demander @TwitterSupport et @Jack de le réinstaller. Merci beaucoup #Unity4J.»

Le musicien Roger Waters, co-fondateur du célèbre groupe rock Pink Floyd, a diffusé une vidéo qui dénonce la suspension. Il a accusé Twitter de vouloir faire taire les partisans d’Assange, qu’il a qualifié de «grand héros de la liberté de la presse et de la liberté de toute nature». Waters a dit qu’Unity4J était une voix convaincante, intelligente et puissante d’opposition à la persécution d’Assange. «Twitter, tu es Big Brother!» dit-il. «Vous êtes un bras de la police de la pensée.»

Twitter a agi en tant que juge des grandes entreprises, jury et bourreau. Il n’a fourni aucune explication, et encore moins une justification. Même si le compte est finalement rétabli, le retrait sert à saper la lutte internationale en cours pour défendre Assange et Manning.

Le 20 juin, le «World Socialist Web Site» et les Partis de l’égalité socialiste affiliés au Comité international de la Quatrième Internationale ont appelé à une campagne mondiale pour arrêter l’extradition d’Assange vers les États-Unis, et pour garantir sa liberté et celle de Manning.

Ce dimanche, à 14 heures, heure de l’Est d’Australie, le SEP en Australie organisera un rassemblement en direct à Melbourne, après les rassemblements de Sydney et Brisbane, pour faire avancer cette campagne. Les lecteurs peuvent suivre le rassemblement sur Facebook au SEP Australie.

Twitter s’est joint à Facebook et Google dans ce qui est devenu une censure croissante dirigée contre le discours politique progressiste et de gauche sur les plateformes médiatiques en ligne. L’année dernière, les WSWS ont appelé à la formation d’une coalition internationale pour lutter contre la censure des sites, organisations et militants socialistes, anti-guerre, de gauche et progressistes. La manipulation des résultats de recherche par Google, à partir d’avril 2017, a limité le trafic vers les sites de gauche, en particulier les WSWS. Par conséquent, ce dernier a fait état d’une baisse de près de 70 pour cent du nombre de lecteurs qui résultaient de recherches Google.

(Article paru d’abord en anglais le 13 juillet 2019)

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