WikiLeaks a publié jeudi une déclaration confirmant que son fondateur Julian Assange a été transféré au service médical de la prison britannique de Belmarsh. L'organisation médiatique a déclaré qu'elle était «très préoccupée par l'état de santé de notre éditeur».
WikiLeaks a rapporté: «Pendant les sept semaines passées à Belmarsh, sa santé s’est détériorée et il a perdu beaucoup de poids. La décision des autorités pénitentiaires de le transférer au service de santé parle d’elle-même».
Cette déclaration doit sonner l’alarme pour tous les défenseurs des droits démocratiques. La détention d’Assange par les autorités britanniques à la prison de Belmarsh, un établissement à sécurité maximale surnommé le Guantanamo du Royaume-Uni, s’inscrit dans le prolongement de la campagne menée depuis huit ans par le gouvernement américain et ses alliés pour détruire physiquement et psychologiquement le fondateur de WikiLeaks.
Cela s’inscrit dans le cadre du déni continu des droits de l’homme et des droits juridiques fondamentaux d’Assange. Ces attaques visent à empêcher sa défense contre les accusations sans précédent portées en vertu de la loi sur l’espionnage des États-Unis. L’attaque contre Assange cible aussi WikiLeaks et tous les lanceurs d’alerte pour avoir dénoncé des crimes de guerre, des opérations de surveillance de masse et des complots diplomatiques mondiaux.
Le World Socialist Web Site et les Partis de l'égalité socialistes du monde entier exigent la libération immédiate d'Assange.
Le fondateur de WikiLeaks doit être emmené à l'hôpital, avec les meilleurs soins médicaux disponibles, avec des médecins choisis par lui-même, ses collègues et ses avocats, et on duit lui permettre de se rétablir totalement.
Tous ceux qui sont impliqués dans sa persécution sont entièrement responsables de la souffrance d’Assange et doivent être tenus légalement responsables de tout préjudice qui lui est causé.
La mobilisation la plus large possible des travailleurs, des étudiants, des jeunes et des partisans des libertés civiles est nécessaire pour obtenir la libération d’Assange.
Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de WikiLeaks, a écrit jeudi: «Les gens doivent condamner ces gestes; ce sont leurs politiciens, leurs tribunaux, leur police et leurs prisons qui sont utilisés afin de laisser cette tache noire sur l’histoire. S’il vous plaît, agissez maintenant pour éviter cette honte».
L’avocat suédois d’Assange, Per Samuelson, a révélé la gravité de son état de santé, mardi.
Samuelson a dit à Reuters et aux médias scandinaves qu’il n’avait pas pu avoir de conversation avec Assange vendredi, car le fondateur de WikiLeaks était trop malade. La détérioration de l’état de santé d’Assange a coïncidé avec le dévoilement jeudi dernier de 17 nouvelles accusations américaines contre lui, portant une peine maximale de 170 ans de prison.
Malgré l’incapacité d’Assange à consulter ses avocats, un tribunal de district suédois a rejeté cette semaine une demande de report de l’audience du 3 juin sur de fausses allégations d’inconduite sexuelle jusqu’à ce que son état s’améliore et qu’on lui fournisse une copie en anglais du mandat d’arrestation à son encontre.
Cette décision était la plus récente de la vendetta politique et juridique perpétrée contre le fondateur de WikiLeaks. Il démontre que l’enquête préliminaire suédoise relancée vise à entraver la défense d’Assange contre l’extradition directe aux États-Unis, à souiller son nom, et à fournir un deuxième itinéraire par la Suède pour son extradition vers une prison américaine.
Assange a été envoyé à Belmarsh après avoir été condamné à 50 semaines de prison pour violation de liberté sous caution, à quelques heures seulement de son expulsion de l'ambassade de l'Équateur à Londres et son arrestation par la police britannique le 11 avril.
Le juge britannique n’a pas tenu compte du fait que l’infraction de mise en liberté sous caution avait été en réalité résolue des années auparavant. La justice avait confisqué de l’argent de sa caution. Il avait passé des années en détention à l’ambassade. L’enquête suédoise s’est achevée en 2017 sans accusation retenue contre Assange.
Malgré le caractère mineur de l'infraction, Assange a été placé dans le classement de sécurité le plus élevé des prisonniers. Il est détenu en isolement.
Dans une lettre adressée la semaine dernière au journaliste indépendant Gordon Dimmack, Assange a expliqué qu’il n’a droit qu’à deux visites par mois. Il est soumis à de sévères restrictions concernant les appels téléphoniques. Il n’a pas accès à Internet, aux ordinateurs portables ou à une bibliothèque nécessaire pour préparer sa défense.
Belmarsh est connu pour ses conditions brutales. C’est là que sont habituellement détenus les prisonniers condamnés pour les meurtres les plus graves et pour des infractions terroristes.
Dans un rapport de 2009, l’inspecteur en chef des prisons a noté que le recours à la force contre les détenus était «extrêmement élevé». Un grand nombre de détenus ont déclaré que le personnel les avait intimidés ou menacés. Le rapport de l’inspecteur de 2018 indiquait que de nombreuses «améliorations» recommandées pour l’installation n’avaient pas été «intégrées» et dans certains domaines, «nous avons jugé que les résultats avaient été moins bons que la dernière fois».
L’emprisonnement d’Assange fait suite aux sept années qu’il a passées à l’ambassade de l’Équateur. Les organes de l’ONU ont jugé qu’il était arbitrairement détenu dans le bâtiment en raison des menaces britanniques de l’arrêter s’il quittait l’ambassade, et de la possibilité de son extradition vers les États-Unis.
Assange a été privé de l’accès à la lumière directe du soleil. Le siège britannique de l’ambassade l’a empêché d’avoir accès aux soins médicaux nécessaires, ce qui a entraîné de graves problèmes de santé, notamment un abcès dentaire grave, une épaule bloquée et une toux persistante.
Deux médecins qui ont examiné Assange en janvier 2018 ont dit: «Nous pensons que son enfermement est dangereux physiquement et mentalement pour lui et constitue une violation de son droit à la santé». Les autorités britanniques ont rejeté leurs demandes voulant qu’il puisse se rendre à l’hôpital en toute sécurité.
Au cours de la dernière année de sa détention à l’ambassade, à partir de mars 2018, on a coupé les communications d’Assange et il n’avait plus le droit de recevoir la plupart des visiteurs. Les autorités équatoriennes, intervenant à la demande du gouvernement américain, ont transformé, essentiellement, le bâtiment en une prison de la CIA. Ils ont détenu Assange dans de conditions d’isolement cellulaire. Ils ont espionné tous ses mouvements au nom des services de renseignement américains.
Le sort d’Assange est l’expression la plus nette d’un virage des gouvernements du monde entier vers l’autoritarisme et les mesures policières étatiques.
Une multitude de forces politiques en sont responsables. Les démocrates, les républicains et l'establishment officiel aux États-Unis, qui ont poursuivi le fondateur de WikiLeaks pour avoir révélé leurs crimes contre la population mondiale, sont les principaux d'entre eux.
Pour leur part, les gouvernements suédois successifs ont cherché à piéger Assange sur des allégations fabriquées d’inconduite sexuelle, fournissant un prétexte pour le priver de sa liberté. Les gouvernements conservateurs britanniques et l’opposition travailliste ont rejeté les décisions de l’ONU confirmant le statut de réfugié politique d’Assange, appliquant sa détention arbitraire pendant des années, avant de l’arrêter pour faciliter son extradition vers les États-Unis.
Les attaques contre Assange n’auraient pas pu avoir lieu sans le soutien actif de tous les gouvernements australiens depuis 2010, tant le Parti travailliste que la coalition des partis libéral et national. Tous ont refusé de défendre Assange, un journaliste et citoyen australien, et se sont joints à la vendetta menée par les États-Unis contre lui.
Les grands médias ont joué un rôle honteux, calomniant sans relâche Assange, minimisant les menaces auxquelles il fait face et se solidarisant avec ses persécuteurs d’État. De nombreuses organisations qui prétendaient défendre Assange l’ont abandonné, y compris les syndicats et la pseudo-gauche, marquant ainsi leur soutien à la guerre impérialiste et à la répression.
La seule force sociale qui peut défendre Assange est la classe ouvrière internationale. Des millions de travailleurs, qui sont propulsés dans des luttes de masse contre l’inégalité, l’austérité et la guerre, voient à juste titre Assange comme un héros. Sa mauvaise santé souligne l’urgence de mobiliser cette force. Le WSWS appelle les travailleurs et les jeunes à soutenir la campagne du Comité international de la Quatrième Internationale et de ses sections pour la libération immédiate et inconditionnelle d’Assange.
(Article paru d’abord en anglais le 30 mai 2019)