Perspective

Conclusions de l’enquête Mueller : une débâcle pour la campagne anti-Russie des démocrates

Le 22 mars, le conseiller juridique spécial Robert Mueller a conclu son enquête, qui a duré près de deux ans, sans avoir trouvé de preuve de collusion entre la campagne Trump et le gouvernement russe.

«L’enquête n’a pas démontré que les membres de la Campagne Trump aient conspiré ou agi de façon coordonnée avec le gouvernement russe dans ses activités d’ingérence électorale», dit une section du rapport rendue publique par le ministère de la Justice.

L’allégation d’une « collusion » de Trump avec la Russie était au centre de l’offensive des démocrates contre l’Administration Trump. Cela avait commencé par la déclaration de Paul Krugman, dans un éditorial du New York Times du 22 juillet 2016, que Trump était un «candidat sibérien». Le Times, le Washington Post et d’autres médias ont ensuite publié des centaines d’articles censés prouver que Trump avait remporté l’élection grâce à une infâme conspiration avec Vladimir Putin.

Mais Mueller, l’ancien directeur du FBI, dont l’enquête a duré plus de 600 jours et qui, selon le ministère de la Justice, a délivré «2.800 assignations à comparaître », a « exécuté près de 500 mandats de perquisition, obtenu plus de 230 ordonnances pour des enregistrements de communications... et interrogé environ 500 témoins» n’a trouvé aucune preuve de ces allégations.

L’ex-directeur du FBI Mueller applaudi par l’ex-président Obama et celui qu’il a nommé directeur du FBI, James Comey, lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche en juin 2013[Crédit: Maison-Blanche].

Le résultat de l’enquête est une débâcle pour les démocrates et leurs associés dans les médias, et renforce la position politique de Trump, le fasciste. «Pas de collusion, pas d’obstruction, EXONÉRATION complète et totale», a-t-il déclaré sur Twitter. Maintenant qu’il intensifie son attaque frontale des droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière, il aura politiquement le vent en poupe.

Le danger que représente cette Administration pour la classe ouvrière est devenu évident au cours des deux années écoulées depuis l’élection de Trump. Trump a utilisé les pouvoirs d’urgence pour allouer des fonds non attribués par le Congrès pour son mur à la frontière avec le Mexique, une forte extension du pouvoir exécutif visant à supprimer toutes les oppositions. L’Administration a emprisonné des dizaines de milliers d’enfants immigrés dans des camps de concentration, ce que les responsables des droits de l’homme ont qualifié de torture.

Ces derniers mois, Trump a déclaré la guerre au socialisme, dans le cadre de son appel aux forces fascistes aux États-Unis et sur le plan international. Sa rhétorique fasciste a inspiré des terroristes néonazis comme Brenton Tarrant, qui a massacré 50 personnes en Nouvelle-Zélande ce mois-ci; Robert Bowers, qui a tué 11 personnes dans une synagogue l’année dernière; et James Alex Fields, qui a foncé avec une voiture dans une manifestation anti-fasciste à Charlottesville en 2017.

On peut tirer de l’expérience tortueuse des deux dernières années une conclusion claire et incontournable: la lutte contre l’Administration Trump ne peut se fonder sur le Parti démocrate, le cadavre en décomposition du libéralisme américain.

Dès le début, l’opposition des démocrates à Trump s’est concentrée sur les divergences dans la politique étrangère et sur la meilleure façon de protéger les intérêts prédateurs de l’impérialisme américain. Les ennemis de Trump dans la classe dirigeante exigeaient que le président adopte une position plus conflictuelle envers la Russie et investisse des ressources militaires supplémentaires pour déstabiliser et renverser le gouvernement syrien.

En d’autres termes, le différend s’est limité à une «mêlée intra-muros» (comme l’a dit Obama après l’élection de Trump) entre deux factions droitières de l’élite au pouvoir. L’un des principaux objectifs de l’hystérie anti-russe promue par les Démocrates a été de détourner la haine et l’hostilité populaires largement ressenties à l’égard de Trump vers une politique droitière de guerre avec la Russie servant aussi à justifier les attaques contre les droits démocratiques.

La campagne autour des allégations d’«ingérence» russe a été utilisée pour légitimer la censure sur Internet, ce qui a entraîné une baisse massive du trafic de recherche vers les sites de gauche. Elle a également été utilisée pour diaboliser WikiLeaks, créer les conditions pour emprisonner la lanceuse d’alerte Chelsea Manning et intensifier la persécution de Julian Assange.

Dans le même temps, les démocrates ont, sur de nombreuses questions fondamentales, formé ce qui équivaut à un gouvernement d’unité nationale avec Trump. Ils ont avalisé deux augmentations annuelles massives du budget militaire, approuvant pleinement le plan de Trump d’augmenter considérablement la taille de l’armée américaine ; ceci dans le but de préparer une «concurrence entre grandes puissances» avec la Russie et la Chine.

Ces derniers mois, les démocrates ont endossé la guerre commerciale de Trump contre la Chine. Ils l’ont également critiqué pour son manque d’agressivité dans la campagne des États-Unis contre les entreprises de télécommunications chinoises. Et ils ont, sans exception ou presque, soutenu l’exigence de Trump pour un changement de régime au Venezuela.

La principale préoccupation des démocrates a été d’éviter tout ce qui pouvait mobiliser des pans plus larges de la population. Ainsi, ils se sont toujours opposés à une procédure de destitution, insistant pour que tout soit subordonné à l’enquête Mueller. Les Démocrates ont beaucoup plus peur de la montée de la lutte des classes qu’ils ne s’inquiètent des divergences factionnelles qu’ils ont avec l’occupant de la Maison-Blanche.

Ce sont les intérêts de classe des forces sociales représentées par les démocrates qui déterminent cela. Ils parlent au nom de puissantes sections de l’oligarchie financière et de l’appareil militaire et de renseignement, ainsi que des couches nanties de la classe moyenne supérieure.

Trump n’est pas une aberration. Au contraire, son Administration revêt les caractéristiques les plus essentielles du système capitaliste ; elle est l’un des symptômes d’une maladie profonde dont l’autre symptôme sont ses adversaires dans l’establishment politique.

La seule force sociale capable de mener une véritable lutte contre l’Administration Trump est la classe ouvrière internationale. Comme l’a écrit le «World Socialist Web Site» en juin 2017 dans «Révolution de palais ou lutte des classes: la crise politique à Washington et la stratégie de la classe ouvrière»:

[comment] Quote from French version of Palace coup or class struggle perspective[comment]

[blockquote][p] La classe ouvrière est opposée avec Trump et son gouvernement à un ennemi brutal, dédié à la destruction de ses droits démocratiques et à une baisse supplémentaire de son niveau de vie... La classe ouvrière doit s’opposer à ce gouvernement et demander son départ. Mais cette tâche ne doit pas être confiée aux opposants factionnels de Trump dans la classe dirigeante. La classe ouvrière ne peut rester spectatrice dans le conflit entre Trump et les démocrates. Au contraire, elle doit développer sa lutte contre Trump sous sa propre bannière et avec son propre programme.[/p] [/blockquote]

Près de deux ans après la publication de cette déclaration, un mouvement international de grève s’est développé dans presque tous les pays et toutes les industries. L’an dernier, plus d’un demi-million de travailleurs américains ont fait grève, soit 20 fois plus qu’en 2017. Dix ans après la crise financière de 2008, et après des décennies d’inégalité sociale, la classe ouvrière est apparue sur la scène politique mondiale. Les premières expressions de la lutte de la classe ouvrière se développeront et s’étendront au cours de cette année.

La montée de la lutte de classe à l’échelle mondiale doit se transformer en un mouvement conscient, international et révolutionnaire contre le système capitaliste. Telle est la tâche politique, essentielle et urgente.

(Article paru d’abord en anglais le 25 mars 2019)

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