Une semaine s’est écoulée depuis qu'une conférence nationale des dirigeants de Teamsters a voté pour approuver l’entente qui comprend d'importantes concessions de réduction des coûts à UPS et maintien des salaires de pauvreté pour des centaines de milliers de travailleurs.
Le syndicat des Teamsters continue de garder les travailleurs dans le noir. Il n’y a toujours pas de date pour un vote concernant l’entente et le syndicat n’a rien dit depuis son annonce vendredi dernier selon laquelle les travailleurs recevront des bulletins de vote au début du mois de septembre, environ deux mois après l’expiration du dernier contrat. Le silence du syndicat fait partie d'une stratégie délibérée élaborée avec la direction d'UPS pour gagner du temps et réduire l'opposition des travailleurs de la base.
La direction d’UPS a clairement souligné l’importance du contrat jeudi dernier, lorsqu’elle a publié une déclaration jubilatoire sur le vote des Teamsters déclarant que leur contrat «donnerait à UPS une plus grande flexibilité», y compris pour «des services résidentiels étendus les fins de semaine, en plus de faire face à la concurrence».
En comptant sur la capacité des Teamsters à faire passer le contrat, UPS s’est senti libre d’annoncer le jour même un dividende trimestriel de plus de 700 millions de dollars à ses actionnaires. Cet argent ira directement à l'élite des entreprises et de la finance, dont le PDG d'UPS, David Abney et d'autres dirigeants, ainsi qu'aux fonds de spéculation géants tels que Vanguard Group (qui reçoit 46 millions de dollars), Blackrock (36 millions de dollars) et State Street (24 millions de dollars).
Les Teamsters déclarent qu'il n'y a pas d'argent pour fournir un moyen de subsistance aux employés d'entrepôt à temps partiel qui représentent 70% de la main-d'œuvre de l'entreprise et effectuent travail éreintant pour 10-12 $ de l'heure. Ils déclarent qu'un salaire maximum de 15,50 dollars pour un employé d’entrepôt constituerait une grande «victoire».
Quels mensonges! Il y a plus qu'assez d'argent pour des augmentations salariales importantes, des soins de santé et des prestations de retraite entièrement payés et pour que tous les travailleurs à temps partiel travaillent à temps plein. Le problème n’est pas le manque de richesse, mais l’expropriation de l’argent produit par les travailleurs par les entreprises pour être remis aux riches. Les 2,8 milliards de dollars qu’UPS versera en dividendes à Wall Street cette année pourraient générer une augmentation immédiate de 11.000 dollars pour chaque employé d'UPS.
Il y a une forte opposition des travailleurs face à la conspiration du syndicat. Mais il faut qu’elle soit consciemment organisée et mobilisée.
Créons des comités de la base pour organiser une lutte!
Le WSWS UPS Workers Newsletter invite les travailleurs à former des comités de la base pour prendre la direction de leur lutte. Ces comités devraient élaborer des revendications qui serviraient de base à une grève nationale. Celles-ci devraient inclure:
• La transformation immédiate de tous les travailleurs à temps partiel à temps plein, avec une augmentation correspondante de la rémunération et des avantages complets.
• L’abolition des paliers dans les statuts d’emploi.
• Une augmentation de salaire globale de 30% et la restauration des ajustements au coût de la vie.
• Des milliards de dollars pour financer entièrement les fonds de pension et les soins de santé pour tous les travailleurs.
• Le contrôle des travailleurs sur la production, y compris la mise en place de cadences et de conditions de travail sécuritaires dans les entrepôts.
De nombreux travailleurs ont soulevé des préoccupations justifiées selon lesquelles les Teamsters chercheraient à faire adopter le vote en bourrant les urnes. La campagne pour le «non» doit donc exiger une demande de surveillance des travailleurs sur le processus de vote et la vérification de son intégrité. Le contrôle du fonds de grève des Teamsters, doté de 160 millions de dollars et financé par les cotisations des travailleurs, doit être contrôlé par les travailleurs pour garantir une rémunération adéquate lors d’une grève.
Les travailleurs d'UPS doivent s’unir à d'autres sections de la classe ouvrière!
Les travailleurs d'UPS, qui sont près d'un quart de million, possèdent un immense pouvoir social. Ils transportent plus du tiers de toutes les livraisons de colis aux États-Unis, dont une grande partie est essentielle au fonctionnement d’une grande partie de l’industrie et de l’économie. Ils ont de puissants alliés parmi les 200.000 employés du Service postal des États-Unis (USPS) et le demi-million de travailleurs d'Amazone à l'échelle internationale, qui font partie de la même chaîne d'approvisionnement mondiale et sont confrontés à des conditions d'exploitation et d'abus similaires.
Les travailleurs savent qu'une grève chez UPS se heurterait à une opposition féroce de la classe dirigeante et de son État, allant des injonctions judiciaires et de la répression policière aux attaques du gouvernement Trump et du Parti démocrate, aux dénonciations des médias contrôlés par les entreprises et aux efforts des Teamsters pour isoler et trahir la lutte.
La logique de la lutte des travailleurs d'UPS pose donc la nécessité pour les travailleurs d'étendre leur lutte. Les comités de la base des travailleurs d'UPS devraient tenter d’établir la communication avec les travailleurs de distribution chez Amazon, USPS, FedEx et d'autres sections de la classe ouvrière aux États-Unis et à travers le monde.
Une grève à UPS gagnerait le soutien de millions de travailleurs qui ont subi trois décennies d'attaques contre leurs emplois, leurs salaires et leurs droits sociaux. Partout dans le monde, la classe ouvrière est de plus en plus déterminée à se battre. Au cours des deux dernières semaines, les travailleurs de Ryanair en Europe ont voté massivement pour des débrayages et ont fait une journée de grève. Les enseignants américains reviennent au travail dans un contexte où aucun des enjeux soulevés dans les grèves spontanées qui ont été interrompues et trahies par les syndicats plus tôt cette année n’a été résolu.
Les travailleurs d'UPS bénéficient d'un soutien considérable, comme le montrent les déclarations faites au WSWS par les travailleurs de l’auto de Detroit qui ont appelé à une grève nationale des travailleurs.
C'est précisément ce que craint la classe dirigeante. Sous les administrations Obama et Trump, elle a poursuivi le transfert de richesses de la classe ouvrière vers l'élite des entreprises grâce à une politique de taux d'intérêt extrêmement bas, de réductions d'impôts sur les sociétés, de réduction des salaires et de pillage des programmes sociaux.
La logique de la lutte des classes
Le marché capitaliste dans son ensemble dépend aujourd'hui de la hausse sans fin des cours des actions par la baisse des salaires des travailleurs pour satisfaire les exigences du capital financier en vue de réaliser des profits toujours plus importants.
Ce transfert de richesse a été rendu possible grâce au rôle des syndicats, qui agissent en tant qu'agents de la direction des entreprises et non comme organisations de travailleurs, et ont vendu et trahi chaque lutte des travailleurs au cours des trois dernières décennies.
L'illusion la plus dangereuse serait de croire que le syndicat des Teamsters peut être contraint d'adopter une politique militante et de défendre les conditions des travailleurs. C'est le mensonge promu par les Teamsters for Democratic Union (TDU), qui représentent une faction de l'appareil du syndicat.
Les TDU appellent à un «non», mais n'offrent aucune perspective sur laquelle les travailleurs peuvent se battre. Ils appellent les travailleurs à faire confiance au syndicat pour revenir à la table des négociations et à parvenir à un meilleur accord, et ils ont explicitement déclaré qu'ils n'appelaient pas à la grève. C'est parce qu'ils veulent contenir l'opposition et l'empêcher de se transformer en une véritable lutte contre l'entreprise et l'élite dirigeante capitaliste.
La classe ouvrière a une longue expérience avec les factions dissidentes opérant au sein des syndicats, dont la rhétorique d’opposition n’est que du vent. Les TDU eux-mêmes contrôlaient le syndicat des Teamsters sous la direction de Ron Carey de 1991 à 1997, autorisant une série de contrats de concessions. Ils acceptent le cadre nationaliste et procapitaliste du syndicat. Leur principal souci est d’être intégrés à la direction du syndicat et d’assumer une plus grande part de ses postes hautement rémunérés.
La lutte des classes est une guerre. Les syndicats, les entreprises et le gouvernement élaborent leur stratégie contre les travailleurs. Les travailleurs doivent donc se baser sur leur propre stratégie et sur leurs propres organisations indépendantes.
La lutte des travailleurs d'UPS pose directement la question à savoir quelle classe détient le pouvoir et décide de la répartition des ressources de la société: la classe ouvrière, qui produit toute la richesse de la société par son travail ou l'oligarchie financière et patronale.
Le Parti de l'égalité socialiste lutte pour un mouvement socialiste de la classe ouvrière afin d'exproprier les gigantesques sociétés telles qu'UPS et Amazon. La richesse de l'oligarchie doit être expropriée et utilisée pour répondre aux besoins sociaux de la classe ouvrière. Ces sociétés doivent être mises à profit pour la société dans son ensemble par leur transformation en services publics sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière.
(Article paru en anglais le 14 août 2018)