La richesse des milliardaires croît plus vite en France que dans tout autre pays

Alors que le président Emmanuel Macron casse les salaires et les conditions de travail dans toute la France, les treize personnes les plus riches du pays, elles, se sont enrichies de 23,67 milliards d’euros depuis le début de 2018. Cela fait de la France le pays du monde où les milliardaires augmentent leur richesse le plus rapidement selon un rapport publié par Bloomberg la semaine dernière.

Rien que depuis janvier, les milliardaires français ont accru leur richesse de 12,2 pour cent. En comparaison, les milliardaires japonais ont vu leur richesse croître de 7,1 pour cent, les milliardaires chinois de 6,3 pour cent et leurs homologues américains de 1,2 pour cent.

Le gouffre de classe révélé par ces chiffres ne pourrait être plus vaste. D’une part, Macron attaque avec arrogance les travailleurs opposés à sa politique, qu’il traite de « fainéants » parce qu’ils gagnent 9,88 euros de l’heure (7,83 euros après impôt) et critiquent ses coupes des dépenses sociales et des impôts sur les revenus des riches. D’autre part, il supervise le transfert de 770.000 euros par heure dans les poches de ce groupe minuscule de parasites financiers, de prédateurs industriels et d’héritières de fortunes liées à la mode.

Les deux personnes les plus riches de France, Bernard Arnault et François Pinault, ont récolté 19,12 milliards de dollars supplémentaires au cours de cette année civile. Arnault, le président du conglomérat de produits de luxe LVMH Moët Louis Vuitton SE, est la personne la plus riche d’Europe et la quatrième personne la plus riche du monde. Sa fortune est estimée à 65,5 milliards d’euros.

Pinault, qui a une fortune de 30,43 milliards d’euros, est le fondateur du trust du luxe Kering, propriétaire de marques telles que Gucci et Yves Saint Laurent, et de la holding financière Artemis.

Comme Macron élimine l’impôt sur les grandes fortunes (ISF) et démolit l’impôt sur les sociétés, la hausse des valeurs boursières de LVMH et de Kering va directement dans les poches d’Arnault et Pinault. « La demande renouvelée pour les produits de luxe en Chine et une présence croissante dans le commerce électronique ont fait grimper les ventes et propulsé les deux groupes dans les rangs des entreprises ayant le plus de valeur en France. Une hausse des ventes d’art à Christie’s, la maison de vente aux enchères de Pinault, y a également contribué » écrit Bloomberg.

De même, l’héritière de L’Oréal Françoise Bettencourt-Meyers a ajouté 3,17 milliards d’euros à sa valeur nette ; les frères Alain et Gerard Wertheimer, propriétaires de Chanel, ajoutent 2 milliards d’euros à leur fortune.

Ces chiffres montrent clairement que la politique du gouvernement Macron est basée sur des mensonges. On dit aux masses qu’elles doivent accepter, parce qu’il n’y a pas d’argent, les baisses de salaires, l’éviscération de l’allocation chômage, une forte extension du travail temporaire, des coupes dans les soins de santé et les retraites, et la fin de l’emploi garanti dans le secteur public. C’est une fraude politique.

En fait, il y a beaucoup d’argent. Le problème — en France comme dans le reste du monde — est qu’il est détourné vers les comptes bancaires d’une élite dirigeante parasitique et folle d’argent.

Avant l’élection présidentielle de 2012, l’économiste Thomas Piketty avait publié un rapport sur les inégalités de richesse en France, basé sur des statistiques de 2010. Il avait montré que les 10 pour cent les plus riches de la société française détenaient 62 pour cent de la richesse, et que le 1 pour cent le plus riche détenait 24 pour cent de la richesse. En revanche, la moitié inférieure de la société française ne détenait que 4 pour cent de la richesse. Après huit années de crise économique et d’austérité sociale, la fracture de classe est certainement plus flagrante encore aujourd’hui.

L’inégalité sociale révélée dans de tels rapports est une condamnation du système capitaliste. L’année dernière, le monde a été choqué par la nouvelle que huit milliardaires possédaient à eux seuls autant de richesse que la moitié inférieure de l’humanité. Le rapport Bloomberg souligne que le capitalisme français — malgré ses prétentions à être un ordre social moins dur, plus prévenant et plus réglementé — est déchiré par les mêmes contradictions sociales insolubles que le capitalisme mondial dans son ensemble.

Pour ce qui est de la physionomie sociale et de la mentalité, peu de choses distinguent les milliardaires qui dominent la vie économique et la société française de leurs homologues américains ou britanniques.

Arnault, dont la famille dirigeait une entreprise régionale de bâtiment, s’est servi de ses relations politiques et de la disponibilité de subventions d’État pour restructurer et comprimer l’industrie textile, tout en augmentant considérablement sa fortune, et a finalement acquis LVMH dans les années 1980. Il a laissé dans son sillage un cortège d’usines fermées et de communautés dévastées à travers le nord de la France qui est maintenant une base électorale du Front national néo-fasciste. Il est devenu fabuleusement riche en acquérant stratégiquement une marque de mode et de luxe après l’autre pour les ajouter à son conglomérat. Il a soutenu Macron l’année dernière.

Pinault a de la même façon pris de l’importance dans les années 1980 en tant que prédateur financier et industriel, recevant de vastes sommes pour restructurer et dégraisser les entreprises en faillite du bois et du papier, tout en empochant les subventions d’État destinées aux entreprises en difficulté. Comme Arnault, il a utilisé cette fortune initiale pour acquérir un empire de firmes de luxe, de finance et de distribution par lequel il est devenu le deuxième milliardaire le plus riche de France.

Quant à Bettencourt-Meyers, elle a hérité sa fortune l’année dernière de sa mère, feu Liliane Bettencourt. La holding de Bettencourt détenait une participation massive dans L’Oréal, l’entreprise de cosmétiques du grand-père de Bettencourt-Meyers, Eugène Schueller, un important collaborateur nazi et financier de groupes fascistes français pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une aristocratie financière est apparue en France qui n’est pas moins enracinée, arrogante et sclérosée que l’aristocratie féodale renversée par la Révolution française il y a deux siècles. Au moment où Macron cherche à éliminer tous les obstacles à son enrichissement en liquidant les droits sociaux acquis par la classe ouvrière au cours de décennies de lutte au XXe siècle, la seule réponse appropriée de la classe ouvrière est de lutter pour l’expropriation de ses richesses mal acquises.

(Article paru d’abord en anglais le 25 mai 2018)

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