Le Parti de l'égalité socialiste (PES) condamne fermement l'annulation par le gouvernement sri-lankais des réunions et rassemblements de la fête du 1er mai, ce qui équivaut dans les faits à une interdiction de célébrer la journée internationale des travailleurs.
Le PES s'oppose avec véhémence à la décision du gouvernement de l'empêcher, de même que plusieurs syndicats et autres organisations, de fêter le 1er mai. C'est une attaque frontale contre les droits démocratiques de la classe ouvrière.
Nous appelons tous les travailleurs, les opprimés, les jeunes, les étudiants et les intellectuels à se joindre au PES pour protester cette attaque flagrante contre un droit constitutionnel dont jouissent les travailleurs du Sri Lanka depuis plus de trois quarts de siècle.
Le PES a fait le paiement nécessaire au Conseil municipal de Colombo pour réserver la Nouvelle mairie pour sa réunion publique du 1er mai. Le parti a également obtenu la permission de la police pour la réunion, comme requis par la loi. Lundi, cependant, le PES a reçu une lettre non datée de l'ingénieur L. R. L. Wickremaratne, commissaire municipal, qui annulait la location de l'hôtel de ville pour notre réunion.
Wickremaratne a noté dans sa lettre que «le gouvernement a décidé d'annuler les réunions de la fête du 1er mai, en tenant compte d'une demande du chef du sangha (clergé) bouddhiste», le conseil municipal a également décidé de ne pas autoriser les réunions dans ses locaux.
D'autres organisations qui ont planifié des événements de la fête du 1er mai à cette journée ont subi une attaque similaire. C'est une alliance de 14 syndicats, y compris le Ceylon Bank Employees Union (syndicat d'employés de banque), Ceylon Mercantile Industriel & General Workers Union (syndicat général), Syndicat des employés des zones franches et des services généraux, Ceylon Estate Staff Union (syndicat des plantations de thé), Ceylon Teachers Union (enseignants) et Fédération des Syndicats des employés des médias, ainsi que le Frontline Socialist Party (Parti socialiste de première ligne, FSP), le Parti socialiste uni (USP) et le Nava Sama Samaja Party (NSSP).
Le gouvernement du président Maithripala Sirisena et du premier ministre Ranil Wickremesinghe a annulé le jour férié du 1er mai, répondant à une «demande» des chefs bouddhistes de ne pas autoriser les activités de la classe ouvrière ce jour-là, car c'est pendant la «semaine Wesek», un festival sacré bouddhiste. En conséquence, le gouvernement a arbitrairement déplacé le congé du 1er mai au 7 mai.
- Le PES et l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE – Étudiants et jeunes internationalistes pour l'égalité sociale) exigent que le gouvernement et les autres autorités annulent cette interdiction effective du 1er mai, imposée par l'annulation réservations de salles pour les réunions et les rassemblements de cette journée.
- Nous avertissons la classe ouvrière que la décision du gouvernement de saboter la fête du 1er mai est une indication de l'attaque en règle préparée par le gouvernement pour détruire les droits démocratiques et sociaux des travailleurs et des jeunes.
L'interdiction est une extension de l'offensive antidémocratique déjà menée par ce gouvernement capitaliste par des attaques contre des manifestations pacifiques et des actions de protestation légitimes des étudiants, des jeunes sans-emploi et des pauvres des zones rurales. Le gouvernement a également montré sa brutalité contre les luttes ouvrières en utilisant les militaires comme des briseurs de grève.
Le gouvernement de Sirisena-Wickremesinghe est déterminé à utiliser toute la force de l'État bourgeois pour écraser les droits démocratiques durement acquis des travailleurs, afin de mettre en œuvre les mesures socialement contre-révolutionnaires exigées par le capital financier impérialiste.
L'imposition par le gouvernement de la supposée demande de la hiérarchie bouddhiste de bloquer le droit des travailleurs à organiser des célébrations de la fête du 1er mai est totalement illégale et inconstitutionnelle. La constitution dit, au moins sur papier, que tous les citoyens et leurs organisations sont égaux devant la loi, et leur garantit la liberté d'expression et de réunion. Les actions du gouvernement discriminent clairement tous les non-bouddhistes et les athées et violent leurs droits fondamentaux.
L'initiative du gouvernement d'empêcher toute mobilisation de la classe ouvrière et des opprimés provient de la crainte que celle-ci n'approfondisse la crise politique déjà aiguë de la domination capitaliste. La coalition au pouvoir dirigée par Sirisena et Wickremesinghe est en lambeaux.
L'opposition croissante des masses au gouvernement a été fortement exprimée lors des élections municipales de février, où le Parti uni national (UNP) de Wickremesinghe et le Parti de la liberté du Sri Lanka (SLFP) de Sirisena ont tous deux perdu leur base de vote. Les gains ont été réalisés par le Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP) rival, dirigé par l'ancien président Mahinda Rajapakse. Ce n'est pas à cause de l'approbation populaire de Rajapakse, qui a été défait il y a trois ans, mais à cause de l'hostilité généralisée envers l'administration actuelle.
Tous les jours, des actions de protestation de différentes catégories de travailleurs, d'étudiants, de fermiers et de professionnels, et de Tamouls opprimés dans le nord, continuent d'éclater, contestant objectivement l'ensemble de l'establishment politique. Plus important encore, ces luttes à travers l'île coïncident avec une offensive internationale de la classe ouvrière, propulsée par la crise systémique du capitalisme mondial, affectant les relations de classe et la stabilité politique dans tous les pays.
Le gouvernement Sirisena-Wickremesinghe se prépare à imposer d'autres attaques impitoyables dictées par le Fonds monétaire international sur les conditions sociales des travailleurs. Il préconise une augmentation immédiate des prix du carburant et de l'électricité, ce qui aura un effet domino sur le coût de tous les produits essentiels. Le gouvernement doit payer des dettes étrangères totalisant 2,9 milliards de dollars américains cette année et 4,9 milliards de dollars l'année prochaine, et cet argent sera extrait des travailleurs et des pauvres.
Le gouvernement est conscient du fait que ces attaques déclencheront des vagues de luttes qui ne peuvent être combattues sans déchaîner toute la force de l'armée qui a été utilisée dans la guerre civile contre les Tigres séparatistes de libération de l'Eelam tamoul. De là découle la décision du gouvernement d'abolir tous les droits démocratiques fondamentaux des travailleurs. Dans le cadre de la création d'un État policier militaire, le gouvernement a entamé des discussions avec Facebook pour établir un bureau à Colombo afin de contrôler les médias sociaux.
Les gouvernements successifs depuis l'indépendance formelle en 1948 ont recouru à la discrimination anti-tamoule pour diviser les travailleurs selon des critères ethniques lorsque la classe dirigeante faisait face à des crises politiques. De telles actions comprenaient l'abolition des droits de citoyenneté des travailleurs des plantations en 1948 et l'adoption du cinghalais comme seule langue officielle en 1956. En 1972, un gouvernement de coalition dirigé par le SLFP bourgeois, auquel s’étaient joints l'ancien parti trotskyste Lanka Sama Samaja (LSSP) et le Parti communiste stalinien, a accordé un statut privilégié à la religion bouddhiste dans la constitution.
Depuis lors, des provocations systématiques ont eu lieu, qui ont déclenché la guerre anti-tamoule en 1983 qui s'est poursuivie pendant près de 30 ans. Bien que Rajapakse ait militairement gagné la guerre en mai 2009, les provocations communautaires ne se sont pas arrêtées. Au contraire, des groupes bouddhistes extrémistes, tels que Bodu Bala Sena, Ravana Balakaya et Mahasohon Balakaya, ont été soutenus, déclenchant la terreur contre les musulmans aussi bien que contre les Tamouls.
L'UNP, le SLFP et le SLPP dirigé par Rajapakse sont en compétition les uns avec les autres pour gagner la faveur de la hiérarchie bouddhiste, lui donnant des pots-de-vin substantiels pour obtenir ses bénédictions et recevoir ses «conseils» sur la façon d'utiliser une couverture religieuse pour des actes antidémocratiques et antisociaux de la classe capitaliste au pouvoir.
La célébration du 1er mai, établie par l'Internationale socialiste en 1889, est un droit démocratique fondamental de la classe ouvrière internationale. La classe ouvrière sri-lankaise a observé ce jour comme un droit pendant des décennies. L'attaque du gouvernement a des conséquences réactionnaires profondes et doit être vaincue avec toute la force politique des travailleurs et des jeunes.
Le PES, la section sri-lankaise du Comité international de la Quatrième Internationale, et l'IYSSE appellent à la plus forte mobilisation des travailleurs, des pauvres, des jeunes, des étudiants, des intellectuels et des professionnels pour un piquet devant la gare Fort de Colombo à 16 h le vendredi 27 avril.
Le PES insiste sur le fait que l'attaque du gouvernement contre la fête du 1er mai démontre, une fois de plus, la nécessité inévitable pour la classe ouvrière de rompre avec toutes les factions de la classe capitaliste et de conduire les opprimés, sur la base d'un programme socialiste international, à l’établissement d'un gouvernement ouvrier et paysan. C'est le seul moyen de défendre les droits démocratiques et sociaux des travailleurs et d'empêcher la dictature capitaliste et la menace d'une troisième guerre mondiale préparée par les puissances impérialistes.
(Article paru en anglais le 25 avril 2018)