Le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) a adopté un projet de programme électoral lundi pour la campagne électorale fédérale. Celui-ci comprend un financement élargi pour la guerre et la répression domestique, caché derrière des phrases creuses sur la « justice sociale ».
La présentation du programme s’est accompagnée de problèmes organisationnels et d’erreurs. Dimanche, un porte-parole de l’exécutif du parti a annulé la conférence de presse prévue depuis longtemps pour lundi après-midi. Peu de temps après, ils sont revenu sur cette annulation. La présentation s’est poursuivie après un délai et sans la présence du président du parti Martin Schulz. Les représentants de la commission du programme électoral ont déclaré que d’importantes parties du programme étaient encore en cours d’élaboration.
Les médias ont par la suite monté en épingle ce « lundi noir pour les sociaux-démocrates » et « des jours de chaos pour le SPD ». Mais en réalité, les erreurs d’organisation sont le résultat de conflits amers qui se déroulent à huis clos à la Willy Brandt Haus, le siège du SPD. Les déclarations sur la sécurité intérieure et le renforcement de l’appareil d’État ne vont pas assez loin pour la faction droitière du SPD, le cercle Seeheimer. Cette faction a également fait des critiques internes à propos des déclarations de Schulz selon lesquelles il ne mettrait pas le réarmement de l’armée au centre de la campagne et ne s’engagerait pas dans une course aux armements.
Johannes Kahrs, le porte-parole du cercle Seeheimer a déclaré lundi matin à Deutschlandfunk (Radio Allemagne) qu’il se félicitait du report de la conférence de presse, car il était encore nécessaire de discuter. Il a ensuite noté : « Pour nous, en tant que sociaux-démocrates, un état fort est important, ce qui garantit également que la sécurité locale est la priorité dans tous les domaines. »
La sécurité interne ne pouvait être négligée en aucune circonstance, a-t-il ajouté. La demande de 15 000 nouveaux policiers, plus de vidéosurveillance, une politique d’expulsion des étrangers plus stricte, la protection des frontières extérieures de l’Europe et plus de pouvoirs pour le bureau fédéral de la police criminelle sont toutes des revendications sociales-démocrates.
Kahrs a déclaré : « Je peux vous dire qu’au niveau fédéral, le SPD a travaillé fort ces dernières années pour s’assurer, par exemple, que nous avons plus de policiers fédéraux, d’abord face à l’opposition de M. de Maizière [Union démocratique chrétienne, CDU, ministre de l’Intérieur] et M. Schäuble [ministre des Finances de la CDU]. Nous avons réussi à obtenir non seulement 3000 autres postes, mais encore 4000 autres, ce qui représente au total 7000 nouveaux postes à la police fédérale. C’est important pour nous en tant que sociaux-démocrates ».
Le cercle Seeheimer fait pression pour que la campagne électorale du SPD vise à attaquer la CDU depuis la droite. Kahrs a déclaré lundi que la CDU ne fait que parler de la sécurité intérieure, mais fait rarement quelque chose, ajoutant : « Je sais comment nous devons nous battre à la Commission du budget, même si nous l’avons financé, pour demander à M. de Maizière de commander trois navires dont nous avions besoin pour la police fédérale en mer Baltique, et pour la mettre en œuvre lorsque l’argent était là. Je sais combien la lutte fut difficile pour obtenir de nouveaux postes pour la police fédérale ».
Kahrs a souligné à maintes reprises que c’était le SPD, et non la CDU et son allié bavarois, l’Union sociale chrétienne, qui ont joué un rôle de premier plan dans la défense d’un appareil d’État plus solide. « Par exemple, nous voulions avoir des hélicoptères pour aller avec les nouveaux policiers fédéraux, pour lesquels nous sommes intervenus, comme je l’ai déjà dit, contre M. de Maizière. Cela signifiait qu’à la Commission du budget, nous avons demandé s’il n’était pas possible d’équiper rapidement 200 de ces nouveaux policiers avec des hélicoptères en Allemagne, pourquoi ne pas commander de nouveaux hélicoptères ? »
Le SPD a aussi été plus agressif que la CDU, selon lui, lorsqu’il s’agissait d’expulser les « étrangers criminels ». Il n’y a qu’à considérer ce que « la ville de Hambourg fait grâce à Olaf Scholz, avec fermeté et depuis de nombreuses années ».
Le programme électoral du SPD porte cette empreinte de droite. Dans une section intitulée « la criminalité et la dissuasion du terrorisme », un résumé du renforcement de l’appareil d’État est fourni. Le SPD appelle à 15 000 nouveaux agents de police à l’échelon fédéral et à celui des länder, et à l’expansion de la surveillance vidéo. Un parquet et un centre antiterroriste européens seront créés pour enquêter sur les actes criminels au sein de l’UE et améliorer la collaboration entre les services de renseignement.
Dans la section « Politique des réfugiés et immigration », le SPD exige que les demandeurs d’asile déboutés soient expulsés de façon ferme et rapide. Le contrôle des frontières extérieures de la zone Schengen serait renforcé. Le SPD incite délibérément des sentiments xénophobes avec cette demande. Comme tous les partis bourgeois, le SPD cherche à détourner l’opposition croissante à la crise sociale vers la droite.
(Article paru d’abord en anglais le 25 mai 2017)