Une partie de Paris verrouillée après une attaque contre un policier

Les zones du centre-ville de Paris ont été verrouillées hier après qu’un attaquant armé d’un marteau ait légèrement blessé un policier devant la cathédrale Notre-Dame. Des policiers ont tiré sur l’attaquant le blessant gravement et ont causé une panique autour de la cathédrale, le deuxième site touristique le plus visité de France après Disneyland-Paris, alors que des milliers de touristes se dispersaient en courant.

Peu de temps avant 16 heures, l’attaquant a crié, « C’est pour la Syrie », avant de frapper un policier dans le cou avec un marteau. Un autre officier de police a sorti son arme à feu et a tiré à plusieurs reprises, l’a blessé dans la poitrine et dans les jambes. L’attaquant, un homme de 40 ans de la région de Kabylie en Algérie qui vit dans la région du Val d’Oise près de Paris sur un visa d’étudiant, aurait été un « soldat du califat ». Il portait également deux couteaux de cuisine, selon les rapports de presse.

« J’ai entendu deux coups de feu puis un énorme bruit de la foule », a déclaré David, un résident du quartier dont l’appartement a une vue sur la place en face de la cathédrale. « Les gens ont commencé à courir. Il y avait environ une centaine de personnes sur la place à ce moment-là. Je pouvais voir un homme par terre, mais les policiers ne semblaient pas s’intéresser à lui, comme s’il y avait autre chose de plus importante. Tout à coup, beaucoup de policiers avec des casques et des gilets pare-balles sont arrivés. »

Le policier, légèrement blessé, et l’attaquant ont été tous deux hospitalisés, et la place a été cernée de véhicules de police et a été isolée. Les stations du Métro et du Réseau express régional (RER) autour de la cathédrale ont été fermées.

Quelque 900 touristes ont été pris au piège à l’intérieur de la cathédrale. On leur a dit de lever les mains. Ils ont dû répondre à des questions détaillées pour voir s’ils étaient de complices de l’attaquant, mais tous ont finalement été relâchés.

La nuit dernière, les enquêteurs ont identifié l’attaquant comme Farid I., étudiant en doctorat à l’Université de Lorraine à Metz, dans l’est de la France. La police a fouillé un studio dans un logement universitaire à Cergy-Pontoise dans la banlieue ouest de Paris qui lui avait servi de « point de chute » et aurait trouvé une vidéo avec des documents de la milice de l’État islamique (ÉI). Néanmoins, ils ont conclu qu’il a agi seul.

« Ce n’était pas du tout un islamiste avec une grande barbe. Plutôt le genre pantalon en toile et veste, un style de professeur des écoles. Le genre insoupçonnable », a déclaré au Parisien un résident du logement universitaire à Cergy-Pontoise, ajoutant que Farid I. « avait l’air tout à fait normal ».

Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine, a déclaré à France Bleu qu’il travaillait à une thèse de doctorat au Centre de recherche sur les médiations (CREM) et ne « montrait rien de suspect ». Mutzenhardt a ajouté : « Son directeur de thèse est très surpris, et ne comprend pas ce qui s’est passé, il travaillait sur le journalisme, sur des sujets assez ouverts, il n’avait jamais montré de radicalisation ».

Farid I. a travaillé sur une thèse sur les nouveaux médias, les soulèvements du printemps arabe de 2011 et l’opinion publique. Il avait également mis en place un cabinet de traduction dont l’adresse juridique était dans un logement universitaire à Cergy-Pontoise.

Bien avant que les motifs et les liens de l’attaquant n’aient été clairement établis, le gouvernement du président Emmanuel Macron s’est emparé de l’attentat dans lequel un policier a été légèrement blessé pour réclamer encore l’extension de l’état d’urgence de la France, qui suspend les droits démocratiques fondamentaux.

Dans une attaque encore plus drastique contre les droits démocratiques, le gouvernement Macron envisage de mettre fin à l’état d’urgence en adoptant un projet de loi pour inscrire en permanence la plupart des pouvoirs d’urgence accordés par l’état d’urgence en droit commun. Il envisage également de mettre en place un groupe de travail « anti-ÉI » qui répond directement au président.

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé qu’une réunion du Conseil de défense des hauts fonctionnaires de la sécurité au palais présidentiel de l’Élysée, prévue précédemment, discuterait de l’attaque de Notre Dame : « Nous étudierons le prolongement de l’état d’urgence et les lois qui nous permettraient après la fin de l’état d’urgence d’éviter ce type de situation. »

Le bureau du procureur de Paris a lancé une enquête menée par la Section antiterroriste (SAT) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). On s’entend pour savoir si l’affirmation de Farid I. qu’il était « soldat du califat » a indiqué qu’il était membre du groupe algérien Jund al-Khilafah fi Ard al-Jazaïr (soldats du califat en Algérie) qui a juré allégeance à l’ÉI.

La réaction du gouvernement Macron à cette attaque doit être prise comme une mise en garde, d’immenses attaques contre les droits démocratiques et un risque manifeste de dictature émergent aujourd’hui en France.

L’ÉI a mené une série d’attentats terroristes réactionnaires en France et en Europe visant des individus innocents. Cependant, l’état d’urgence et les pouvoirs extraordinaires qu’il accorde à la police ne visent pas principalement les réseaux terroristes islamistes transportant des recrues et des armes d’Europe vers le Moyen-Orient dans le cadre de la guerre de l’OTAN pour le changement de régime en Syrie. Ces réseaux, impliquant des milliers de personnes en France et des dizaines de milliers à travers l’Europe, fonctionnent avec la protection de l’État, tandis que l’état d’urgence s’adresse à la classe ouvrière.

Sur plus de 3000 fouilles et arrestations arbitraires visant les familles musulmanes dans les banlieues ouvrières de Paris, seulement une poignée a entraîné des accusations de terrorisme, tandis que les centaines de personnes ont été assignées à domicile, en grande partie des manifestants opposés à la « Loi travail » anti-travailleurs au du gouvernement du Parti socialiste (PS).

L’état d’urgence en France, imposé après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, n’a déjoué aucune des attaques de la série d’actes terroristes islamistes qui ont eu lieu depuis. La plus sanglante était l’attaque du 14 juillet 2016 à Nice où un camion a été conduit à travers une foule rassemblée pour les feux d’artifice de la Fête de la Bastille, a tué 86 personnes.

Il ne fait aucun doute que les efforts de Macron pour saper de manière permanente les droits démocratiques fondamentaux en France et le transformer en état de police n’empêchent pas d’autres attaques de la part d’individus plus ou moins directement liés à l’ÉI ou à d’autres groupes terroristes engendrés par les guerres de l’OTAN au Moyen-Orient. Plutôt, il servira à cibler l’opposition à l’agenda prévu par Macron pour réduire la législation sociale et les protections du travail, tout en stimulant les dépenses militaires et en réintroduisant la conscription.

(Article paru d’abord en anglais le 7 juin 2017)

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