Quarante-trois pour cent de tous les enfants aux États-Unis vivent dans des familles à faible revenu, selon un rapport du Centre national pour les enfants vivant dans la pauvreté (CNEP), publié le mois dernier.
Le pourcentage d’enfants vivant dans des familles à faible revenu a augmenté d'un point entre 2009, le début officiel de la «reprise économique» proclamée par l’administration Obama, et 2015. Le CNEP définit «les familles à faible revenu» comme étant celles ayant un revenu sous le double du seuil de pauvreté fédérale (SPF), lequel est présentement établi à 24.036 $ pour une famille de quatre.
Le nombre total d’enfants vivant dans ces familles est de 30,6 millions, incluant 5,2 millions de bébés et de jeunes enfants de moins de trois ans.
Les très jeunes enfants sont les plus vulnérables à la pauvreté et au faible revenu. Quarante-cinq pour cent des enfants en bas de 3 ans vivent dans des familles à faible revenu et 23 pour cent (2,6 millions) vivent dans des familles dont le revenu est en deçà du niveau de pauvreté fédéral.
Selon le CNEP, les familles doivent généralement faire le double de ce niveau fédéral pour subvenir à leurs besoins. Toutefois, ce qui constitue un revenu suffisant pour vivre est très variable, car le prix de la nourriture, du loyer/hypothèque et des autres produits indispensables est considérablement plus élevé dans de nombreuses villes.
Subvenir aux besoins d’une famille de quatre à Boston, au Massachusetts, nécessite un revenu annuel d’environ 85.000 $ selon le rapport. À Akron, en Ohio, une famille de quatre nécessite un revenu d’environ 61.500 $ et à Tulsa, en Oklahoma, elle a besoin de 57.200 $. Beaucoup d'enfants de ces villes sont dans des familles qui luttent pour subvenir à leurs besoins de base sans toutefois être considérées comme étant «pauvres» ou «à faible revenu».
De nombreux enfants ont des parents qui travaillent, mais dont le revenu est insuffisant pour subvenir à leurs besoins essentiels. La moitié des enfants de familles à faible revenu âgés de moins de trois ans et 28 pour cent des enfants pauvres ont au moins un parent qui travaille à temps plein. Tandis que 84 pour cent des enfants qui ont des parents n’ayant pas fini leurs études secondaires vivent dans des ménages à faible revenu, 50 pour cent des enfants de familles à faible revenu ont au moins un parent qui a suivi des études supérieures. Quarante-et-un pour cent des enfants pauvres ont un parent qui est allé à l'université.
Les familles à faible revenu ont plus de chance de déménager, et ce, plus fréquemment. Le prix des loyers augmente sans cesse depuis 2009 et 71 pour cent des enfants de ménages à faible revenu sont dans des familles qui louent leur maison.
Durant la campagne électorale américaine l’année dernière, Obama a déclaré que «la situation n'avait jamais été aussi bonne», un message que lui et la candidate du Parti démocrate Hillary Clinton opposaient au slogan de Trump «rendre sa grandeur à l’Amérique». Obama a cité les gains boursiers et les statistiques à l’emploi pour appuyer ces affirmations.
Les statistiques pour la pauvreté infantile exposent néanmoins la réalité de la vie sociale aux États-Unis. La majorité de la croissance de l’emploi d’après-récession a eu lieu dans le secteur des services, dans des emplois à bas salaire. L’industrie américaine a continué de régresser même dans les endroits où les manufacturiers continuaient d’embaucher: avec des salaires plus bas et moins d’avantages sociaux.
Il y a peu de raison d’espérer que le pronostic économique s'améliore pour les enfants de ces ménages à faible revenu lorsqu’ils atteindront l’âge adulte. Un indice de l’insécurité économique des jeunes adultes est que près de la moitié des gens dans leur jeune vingtaine ont besoin de l'aide de leurs parents pour payer leur loyer et autres produits de base, selon un article paru dans le New York Times.
Quarante pour cent des jeunes adultes entre l’âge de 22 et 24 ans ont besoin d’aide: cette aide médiane atteint les 250 $ par mois. Les jeunes adultes qui vivent dans les zones métropolitaines d’un million de personnes et 30 pour cent plus de chance d’avoir besoin de l’aide de leurs parents. Et ces chiffres augmentent continuellement. Dans les années 1980, moins de 30 pour cent de ce groupe d’âge avaient besoin d’aide.
Le bilan de l’administration Obama et l’hostilité du Parti démocrate envers la classe ouvrière ont ouvert la voie à Trump pour qu'il puisse se présenter comme un adversaire du «statu quo» qui ramènerait des emplois. Toutefois, l’administration Trump, remplie de milliardaires et de PDG de la grande entreprise, prépare une vaste intensification de l’assaut sur la classe ouvrière.
À travers sa campagne, Trump a dénoncé des programmes comme le SNAP (Programme d’aide supplémentaire à la nutrition). L’un de ses conseillers de campagne, Jack Kingston, a déclaré en 2013 que les enfants qui ont besoin de repas gratuits ou moins chers devraient être forcés de balayer les planchers afin de «leur sortir de la tête le mythe que les repas gratuits existent». Trump a promis de retirer plus d’un million d’Américains du programme SNAP et de l’aide temporaire pour les familles dans le besoin (TANF) en début d’année 2017.
Les jeunes enfants américains sont essentiellement des canaris dans une mine. Comme les jeunes adultes qui peinent de plus en plus à subvenir eux-mêmes à leurs besoins, l'instabilité financière des enfants est l'indicateur d'un niveau plus élevé d’instabilité économique pour l’ensemble de la classe ouvrière.
(Article paru d'abord en anglais le 11 février 2017)