Les élus des organisations étudiantes de deux grandes universités à Berlin, Allemagne, ont diffusé des déclarations de soutien au Comité général des étudiants (Asta) de l’université de Brême. L’Asta est poursuivi en justice par le professeur Jörg Baberowski, un influent idéologue de l’extrême-droite en Allemagne.
En octobre 2016, l’Asta de l’université de Brême avait publié un tract qui critiquait et contenait des citations de déclarations faites par Baberowski où il préconisait une répression contre les réfugiés et des interventions militaires plus agressives de la part de l’Allemagne. En affirmant à tort d’avoir été diffamé, Baberowski a engagé des poursuites judiciaires contre l’Asta dans le but d’empêcher les étudiants de le critiquer et même de le citer.
Il y a une semaine, une centaine d’étudiants et d’enseignants de Brême avait participé à une réunion pour exprimer leur soutien au Comité général des Étudiants.
Le parlement étudiant de l’université libre de Berlin, qui représente plus de 36 000 étudiants de l’université, a déclaré sa solidarité avec l’Asta de l’université de Brême.
Une résolution adoptée jeudi dernier déclarait que le parlement étudiant rejetait « dans les termes les plus fermes la tentative du professeur d’histoire de l’Europe orientale de l’université Humboldt Jörg Baberowski, de poursuivre en justice l’organisation étudiante de l’université (Asta) de Brême pour avoir exprimé des critiques de sa campagne de dénigrement contre les réfugiés, ainsi que contre sa théorie de la violence. La tentative de Baberowski de museler des étudiants critiques constitue une attaque fondamentale contre la liberté d’expression et une université critique. »
Les motifs justifiant la motion furent énoncés lors de la réunion du parlement étudiant. « Alors que Baberowski bat le tambour pour la guerre dans des débats télévisés, des interviews et des articles de journaux et qu’il fait campagne contre les réfugiés, il veut recourir aux tribunaux pour faire taire les étudiants qui le critiquent », a dit devant le parlement étudiant un représentant de l’International Youth and Students for Social Equality (Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale, IYSSE).
La défense de l’organisation étudiante de Brême est donc de la plus haute importance a dit le représentant de l’IYSSE. Il s’agit de défendre le droit de pouvoir démasquer et critiquer des positions réactionnaires, nationalistes et militaristes. « Si les tentatives de censure d’un idéologue de droite chevronné comme Baberowski étaient couronnées de succès, cela signifierait la criminalisation de toute opposition au virage vers la droite. »
Les étudiants de l’université Humboldt (HU) ont également donné leur soutien à l’Asta de Brême. Alors que la prochaine séance du parlement étudiant de HU n’aura lieu qu’en avril, le FRIV a déjà exprimé sa solidarité. Le FRIV (Fachschaftsräte – und – initiativenversammlung) est le regroupement interdisciplinaire de tous les conseils et initiatives d’étudiants de l’université HU),
Lors de la séance du 1ᵉʳ février, le FRIV de l’université Humboldt s’était prononcé contre la tentative de Baberowski de poursuivre en justice les étudiants de Brême « parce que leur représentation étudiante a critiqué la campagne qu’il mène contre les réfugiés et sa théorie de la violence. » La déclaration qui fut envoyée directement à l’Asta de Brême conclut en disant : « C’est pourquoi nous exprimons explicitement notre solidarité avec l’Asta de Brême. »
De plus, les représentants étudiants du département d’histoire ont également publié une déclaration. Les représentants étudiants du FSI représentent le département où Baberowski enseigne l’histoire de l’Europe orientale.
Dans une lettre, que la représentation des étudiants du département d’histoire (FSI) a publiée sur son site web et adressée à l’Asta de Brême, on peut lire : « Nous avons appris que le titulaire de la chaire d’Histoire de l’Europe orientale de votre département, Jörg Baberowski, vous poursuit en justice parce que vous l’avez cité et exprimé des critiques contre ses points de vue. Dans un contexte universitaire, la critique devrait conduire à un débat et ne pas être empêchée par des moyens juridiques. Nous défendons le droit de tous les étudiants de critiquer leurs professeurs et nous nous solidarisons avec vous ! »
La réunion plénière du département des sciences sociales de l’université Humboldt a aussi affiché sa solidarité en exigeant la réintégration du professeur assistant en sociologie urbaine, Andrej Holm. Holm a été licencié par l’université au motif qu’il aurait fait de fausses déclarations au sujet de sa courte période d’activité au ministère de la Sécurité d’État de l’Allemagne de l’Est (Stasi).
« Les agissements de Baberowski constituent une attaque contre une discussion factuelle avec des étudiants critiques. Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette démarche illégitime et nous nous solidarisons avec vous », a fait savoir la réunion plénière dans un Tweet. Et d’ajouter : « La critique des étudiants ne peut pas être interdite par ordonnance judiciaire. »
Le groupe de l’IYSSE à l’université Humboldt élargira sa campagne de soutien en faveur des étudiants de Brême. Un meeting de soutien est prévu le lundi 14 février.
Le World Socialist Web Site en appelle aux étudiants, aux enseignants et surtout aux travailleurs pour exprimer leur soutien au comité des étudiants de Brême. Adressez des courriers de solidarité à l’Asta de Brême, avec copie à l’IYSSE.
(Article original paru le 11 février 2017)