Trump lance une menace de « conflit majeur » avec la Corée du Nord

Le président américain Donald Trump a annoncé hier qu’il y avait « tout à fait » la possibilité d’un « conflit majeur, majeur » avec la Corée du Nord, tout en prétendant qu’il préférerait une issue diplomatique à la demande de Washington que la Corée du Nord interrompe ses programmes nucléaire et de missile balistique.

« Nous aimerions résoudre les choses diplomatiquement, mais c’est très compliqué », a déclaré Trump à Reuters lors d’un entretien dans le bureau ovale avant son 100e jour en fonction en tant que président samedi. Trump a déclaré qu’il pensait que le président chinois Xi Jinping « essayait très fort » de freiner la Corée du Nord car « il ne veut certainement pas voir la tourmente et la mort. »

Trump cherche à préparer l’opinion publique à une confrontation militaire potentiellement catastrophique, en dépeignant les États-Unis comme faisant tout leur possible pour éviter la guerre. En même temps, il intensifie ses demandes sur la Chine, dont l’incapacité prétendue à contenir la Corée du Nord, pourrait constituer un prétexte pour l’action militaire américaine.

En réalité, grâce à une combinaison d’exercices militaires agressifs et de sanctions économiques paralysantes, Washington intensifie délibérément la pression sur le régime nord-coréen instable.

Selon les reportages, l’ancien président américain Jimmy Carter a effectivement reçu l’ordre de la Maison-Blanche et du Pentagone de ne pas essayer d’ouvrir des canaux de communication avec la Corée du Nord, contrairement à ce qu’il a fait par le passé. Le Financial Times a rapporté aujourd’hui : « Le plaidoyer à M. Carter a signalé que l’ancien président pourrait compliquer la politique américaine à l’égard de Pyongyang ; il a forcé les administrations précédentes à changer de cap, y compris en 1994, lorsque Bill Clinton envisageait de lancer une attaque militaire contre la Corée du Nord. »

Contrairement aux affirmations des médias capitalistes selon lesquelles la menace d’une guerre imminente a reculé, suite à la convocation sans précédent du Sénat à la Maison Blanche pour une séance de briefing militaire sur la crise coréenne, les risques créés par les actions provocatrices du gouvernement Trump augmentent.

De nombreux navires de guerre américains, rejoints par des navires sud-coréens et japonais, effectuent des exercices à grande échelle dans les eaux proches de la péninsule coréenne. Les images récemment publiées ont révélé que les forces américaines et sud-coréennes effectuaient des exercices massifs de tir réel proche de la zone démilitarisée entre le Nord et le Sud. Les cibles peintes sur une colline ont été effacées par des avions de chasse, des chars et des hélicoptères d’attaque.

Les responsables à Washington et a Séoul insistent pour dire que leurs jeux de guerre sont défensifs, mais ces exercices sont maintenant fondés sur un plan opérationnel agressif, OPLAN 5015, convenu entre les États-Unis et la Corée du Sud fin 2015. L’OPLAN comprend des frappes préventives sur la Corée du Nord en cas de guerre, ainsi que des raids de décapitation pour assassiner ses principaux dirigeants.

Pyongyang a dénoncé les exercices actuels comme des répétitions pour une invasion. De toute évidence, il existe une forte possibilité que les jeux de guerre puissent déclencher des conflits militaires, même par erreur ou par accident, qui pourraient déclencher une guerre nucléaire potentielle au seuil de la Chine et de la Russie, qui ont tous deux des frontières avec la Corée du Nord.

Craignant vraisemblablement une attaque, la Corée du Nord a publié hier une vidéo de propagande représentant des assauts simulés sur les États-Unis, montrant la Maison Blanche comme une cible, suivie d’un porte-avions qui explosait en flammes. La légende qui l’accompagne se traduit : « Lorsque l’ennemi fait le premier pas vers la provocation et l’invasion. »

Cette propagande est à la fois ridicule et réactionnaire. Le régime de Kim Jung-un n’a pas la capacité de mener de telles attaques : ses missiles et ses armes nucléaires restent primitifs, et elle serait anéantie par les forces américaines si elle tentait de lancer une quelconque attaque. De telles vidéos ne font que faire le jeu de Washington, en donnant un prétexte pour mener une guerre prétendument « préventive », tout en divisant les travailleurs nord-coréens de leurs collègues en Amérique et à l’étranger.

Pour intensifier la pression sur Pyongyang, le gouvernement par intérim de Corée du Sud a déclaré hier qu’il avait convenu avec Washington de « mesures punitives rapides » contre la Corée du Nord dans le cas de nouveaux essais nucléaires ou antimissiles en Corée du Nord.

Les mesures, y compris une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, seraient « insupportables pour le Nord », a déclaré le bureau présidentiel du Sud après que son conseiller en sécurité nationale, Kim Kwan-jin, avait tenu un appel téléphonique avec son homologue américain, le lieutenant-général Herbert McMaster.

Vendredi, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson présidera une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU. Tillerson « s’exprimera fortement » pour que les nations imposent de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, a déclaré Mark Toner, porte-parole du Département d’État.

Ces mesures viseront à priver la Corée du Nord des revenus étrangers qui lui restent, ce qui contribuera à l’effet préjudiciable des sanctions existantes imposées par les États-Unis et leurs alliés. Parmi les mesures proposées, figurent les interdictions concernant le commerce des droits de pêche de la Corée du Nord et l’emploi des travailleurs nord-coréens à l’étranger.

Washington a également menacé de nouvelles sanctions contre les sociétés de financement chinoises qui mèneraient des affaires en Corée du Nord. Cela en dépit de la preuve que les mesures de la Chine contre Pyongyang, y compris la suspension des achats de charbon – la source la plus importante de revenu de la Corée du Nord – ont déjà un effet sévère. Les exportations de la Corée du Nord vers la Chine, son marché principal, ont diminué de 35 % par rapport au mois de mars, elles ne sont plus que de 114,56 millions de dollars, selon les données douanières chinoises.

L’attention portée sur la Chine par le gouvernement Trump, accompagnée de demandes que Pékin agisse pour arrêter les programmes missiles et nucléaires de la Corée du Nord, vise à déstabiliser non seulement la Corée du Nord, mais aussi la Chine. Washington a continué à insister sur le fait que la Chine devait faire plus, malgré les protestations des dirigeants de Pékin qu’ils ont peu de contrôle sur Pyongyang et leur appel à une collaboration avec les États-Unis pour résoudre la crise par le dialogue.

Malgré tous les efforts de Pékin visant à apaiser Washington, le Pentagone a installé cette semaine une batterie antimissile de Haute-Altitude (THAAD) en Corée du Sud, défiant les protestations de la Chine et de la Russie.

Loin d’être une arme défensive, le système de THAAD peut mener une surveillance en profondeur en Chine et en Russie. Son but est d’empêcher toute riposte dans le cas d’une première frappe nucléaire américaine. Confrontés à une opposition publique intense en Corée du Sud au déploiement de THAAD, les États-Unis ont avancé la date de l’installation pour prévenir le résultat de l’élection présidentielle du 9 mai qui remplacera l’ancienne présidente destituée de ses fonctions, Park Geun-hye.

Le bellicisme du Pentagone a été souligné lorsque l’amiral Harry Harris, commandant du Commandement du Pacifique des États-Unis, a déclaré au Congrès américain cette semaine que le système THAAD serait opérationnel dans quelques jours. Harris a déclaré que la batterie détruirait tout missile destiné aux forces américaines. « Si ça vole, ça va mourir », a déclaré Harris.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé son « immense inquiétude ». Il a déclaré que le déploiement de THAAD a brisé l’équilibre stratégique dans la région et a intensifié la tension sur la péninsule coréenne. La Chine a exhorté les États-Unis et la Corée du Sud à retirer l’installation et a averti que la Chine prendrait les mesures nécessaires pour « protéger ses propres intérêts ».

Hier, la Chine a annoncé qu’elle mènerait des exercices utilisant de vraies munitions et ferait des essais sur de nouvelles armes pour contrer le système THAAD. Un porte-parole de l’armée a déclaré que les exercices simuleraient des scénarios de contre-attaque, y compris le lancement d’attaques préventives pour éliminer le THAAD en utilisant des missiles anti-radiation, de surface à surface ou de croisière.

À Moscou, la Chine et la Russie ont entrepris leur troisième conférence de presse antimissile commune, affirmant que le déploiement de THAAD visait à affaiblir leur capacité stratégique et que les deux pays prenaient des mesures supplémentaires pour sauvegarder leurs intérêts de sécurité.

« Renforcer unilatéralement un système antimissile consiste à obtenir un avantage militaire absolu, ce qui augmenterait les tensions, déclencherait une confrontation régionale ou provoquerait même une course aux armements », a déclaré le porte-parole de la Commission militaire centrale de Chine, Cai Jun.

En aggravant les tensions et l’incertitude croissante, la Rand Corporation, un groupe de réflexion lié au Pentagone, a publié un rapport cette semaine indiquant de possibles opérations de changement de régime nord-coréen par les États-Unis. En citant des responsables de premier plan qui ont fui le pays, le rapport affirme que les riches élites nord-coréennes considèrent de plus en plus Kim Jong-un comme faible et inefficace. Le rapport préconisait des mesures pour tendre la main à ces élites afin de faciliter l’unification de la Corée sur une base capitaliste.

Une telle intervention de changement de régime aurait comme objectif d’établir un État pro-américain sur la frontière chinoise, ce que Washington a essayé de faire pendant la guerre de Corée de 1950 à 53, dans le cadre d’une volonté plus large d’imposer une hégémonie américaine incontestée dans la région Asie-Pacifique.

(Article paru en anglais le 28 avril 2017)

 

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