Le 24 mai, plus de 100 policiers CRS (Compagnies Républicaines de Sécurité) ont rassemblé et expulsé les réfugiés du camp de réfugiés de Valmy à Grenoble, dans le sud-est de la France. Plus de 100 réfugiés et leurs 54 enfants ont été transportés temporairement dans les gymnases Alphonse Daudet et La Houille Blanche à Grenoble. Après l’évacuation, le camp a été complètement détruit par la police.
La plupart des réfugiés provenaient d’Albanie, de Macédoine, du Kosovo et de Serbie, pays dévastés par la restauration capitaliste et les guerres de l’OTAN dans les années 1990, où des dizaines de milliers d’habitants sont morts et des centaines de milliers d’autres ont tout perdu. Depuis février, les réfugiés ont été installés dans un ensemble de tentes et de huttes improvisées à Valmy et ont vécu dans des conditions épouvantables, sans eau ni électricité.
Le maire de Grenoble, Eric Piolle, du parti Europe écologie-les verts (EELV), a intenté un procès devant le tribunal administratif pour l’expulsion des réfugiés du camp de Valmy à la mi-avril. Piolle a été élu en 2014 avec parmi ses soutiens, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, le Nouveau Parti anti-capitaliste (NPA) et les Alternatifs.
Deux jours avant l’expulsion, le camp de Valmy a été attaqué, et les réfugiés terrorisés par des voyous fascistes. La nuit du samedi 20 mai, une trentaine de casseurs sur des motos ont pénétré dans le camp et ont lancé des menaces de mort contre les réfugiés. Ils avaient des bâtons, des battes de baseball, des couteaux et des barres de fer, et ont brisé tout ce qu’ils pouvaient trouver dans le camp.
Monique Fraysse-Guiglini, de l’association Accueil Migrants Grésivaudan (AMG), a déclaré aux médias : « ils étaient très effrayés, un petit albanais est venu vers moi pour me dire qu’il s’agissait de nazis. Ils étaient armés de bâton, leur ont hurlé des menaces de mort et se sont déclarés d’extrême droite d’après ce qu’ils m’ont expliqué. Ils leur ont aussi dit qu’ils reviendraient tous les jours, jusqu’à ce qu’ils soient partis. Raison pour laquelle beaucoup de familles ont fui le camp. »
Dans la soirée du 22 mai, des voyous ont jeté des cocktails Molotov dans les ordures du camp, qui leur a mis le feu ainsi qu’à un véhicule voisin. Deux jours plus tard, la préfecture de police et le conseil municipal ont profité de ces incidents pour expulser les réfugiés et détruire le camp. Un membre de l’association « La Patate chaude » a commenté : « Je suis écœurée, la préfecture a saisi ce prétexte pour les expulser plutôt que de les héberger. »
La politique réactionnaire de Piolle, qui bénéficie du soutien du NPA et des organisations petites-bourgeoises similaires, est le produit de décennies de politiques anti-immigrés et d’attisement de la haine raciale par le Parti socialiste (PS) et sa périphérie politique. Au milieu de la colère sociale des coupures sociales et des guerres impérialistes, ces forces ont cherché à détourner la colère des travailleurs et des jeunes contre les immigrants.
L’ancien gouvernement PS a mené d’énormes attaques contre la classe ouvrière française et immigrée, ainsi que les réfugiés. Il a persécuté les Roms et a ordonné à la police de détruire ses camps. L’ancien Premier ministre Manuel Valls, est allé jusqu’à dire que la population rom devrait être expulsée et que la France n’était pas là pour « accueillir ces populations ». L’année dernière, le PS a détruit le camp de Calais où les réfugiés attendaient d’aller au Royaume-Uni.
L’attaque barbare contre les réfugiés à Grenoble souligne le rôle réactionnaire des Verts et des organisations pseudo-gauche comme le NPA. En 2012, ils ont aidé à mettre le PS au pouvoir. Cette année, ils ont soutenu l’ancien banquier de Rothschild et le ministre du PS, Emmanuel Macron, qui a remporté l’élection présidentielle de 2017. Ils ont affirmé que Macron et les organisations qui l’appuyaient étaient le moindre mal par rapport au Front national néo-fasciste (FN) et que les travailleurs devaient voter pour eux afin d’arrêter les attaques contre les droits démocratiques et les immigrés.
En fait, les diverses organisations à la périphérie du PS capitulent devant l’extrême droite, attaquent les droits démocratiques et intensifient la persécution des immigrants et des réfugiés. Le FN n’a fait que bénéficier de l’humeur anti-immigrés promue par le PS et ses alliés. Il a reçu plus de 30 pour cent des voix lors de la dernière élection présidentielle.
En expulsant les réfugiés du camp de Valmy, les Verts contribuent à mener à bien les politiques xénophobes et racistes souhaitées par les escouades fascistes et leurs partisans.
Cela souligne l’exactitude de la politique du Parti de l’égalité socialiste lors des élections présidentielles, et en particulier son appel à un boycott actif du deuxième tour entre Macron et la dirigeante du FN, Marine Le Pen. Il a insisté sur le fait que seules une perspective indépendante pour la classe ouvrière et sa mobilisation dans une lutte politique contre le président entrant permettraient à la classe ouvrière de s’opposer au vaste changement vers la droite préparé par la classe dirigeante.
La démolition par Piolle du camp de Valmy à Grenoble quelques semaines seulement après l’élection de Macron est un avertissement qui confirme l’analyse du PES : la victoire de Macron, avec le soutien des forces des Verts et de la pseudo-gauches, n’a fait que permettre la préparation d’énormes attaques sur les droits fondamentaux démocratiques et sociaux.
(Article paru d’abord en anglais le 1 juin 2017)