Emmanuel Macron nous a été présenté par les médias depuis le lancement de son mouvement En Marche comme un météore politique, qui parce qu‘il avait bon coeur, voulait le bien des Français. Mais lui et son mouvement sont les produits politiques de l‘évolution sur des décennies d‘un Parti socialiste constitué avec la participation active de la soit-disant « gauche non communiste » et de la pseudo-gauche petite-bourgeoise en général.
Une des influences politiques déterminantes de Macron a été Michel Rocard, ex-chef du Parti socialiste unifié (PSU) qui, formé par divers ex-trotskystes, ex-staliniens, et catholiques sociaux, est passé avec armes et bagages en 1974 au PS de Francois Mitterrand. Il devint un des principaux dirigeants de ce parti jusqu‘à sa mort en 2016. Il fut premier ministre de François Mitterrand de 1988 à 1991.
Le PSU, en partie créé et soutenu par des rénégats du trotskysme comme le groupe Socialisme ou barbarie fut une des composantes majeures de la „Deuxième Gauche“, des formations dont la mission était la critique du stalinisme par la droite et la lutte contre le trotskysme. Lors du premier meeting d‘En Marche, Macron a rendu un hommage vibrant à Rocard, dont la veuve était une invitée d‘honneur.
Macron a aussi entretenu des liens avec le mouvement « souverainiste de gauche » MRC (Mouvement républicain et citoyen) de Jean-Pierre Chevènement. En 1998, il participa à l'université d'été de ce parti. Cette organisation servit de pont entre le PS et le FN pour fournir des dirigeants au parti d'extrême-droite comme Florian Philippot. Le MRC a aussi compté dans son mouvement des royalistes proches ou membres de l'action française comme Paul-Marie Coûteaux ou Denis About, ancien secrétaire général adjoint de cette organisation héritière des Camelots du roi. Macron et Chevènement entretiennent toujours des relations.
Une protection politique essentielle de Macron a été Jean-Pierre Jouyet, devenu un de ses proches. Membre du PS, il a été de plusieurs gouvernements PS, sous Jacques Delors en 1991 et Lionel Jospin en 1997, puis conservateurs sous Francois Fillon durant le mandat de Nicolas Sarkozy. Il y a joué un rôle important dans les rapports de la France avec l‘Union européenne. Il est marié à Brigitte Taittinger, membre du clan politico-financier du même nom, dont le grand-père, Pierre Taittinger, fut pétainiste et président du Conseil municipal de Paris sous l‘Occupation.
Jouyet est engagé dans l’Aspen Institute, l’un des plus influents cercles de réflexion aux Etats Unis. Il en présida jusqu’en 2013 la section française créée par le politicien conservateur Raymond Barre et en est aujourd’hui le président d’honneur. Laurent Wauquiez, Jérôme Guedj, Olivier Ferrand, Cécile Duflot, Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Vincent Placé sont les membres les plus connus des promotions depuis 2006 de Aspen qui forme des « leaders politiques professionnels ».
Emmanuel Macron a débuté en 2004 à sa sortie de l’ENA dans le cabinet de Jean-Pierre Jouyet. Jouyet a recommandé Macron pour entrer dans la Commission pour la libération de la croissance française, commanditée par Sarkozy en 2007 et dirigée par Jacques Attali, un autre élément important de la carrière de Macron. Dans cette commission se retrouvent socialistes et libéraux (la plupart sont aujourd’hui des soutiens de Macron). Attali a été durant des décennies un des conseillers les plus écoutés de Mitterrand. Il a fait Macron rapporteur de cette commission où furent développées les politiques d‘attaque de la classe ouvriere mises en oeuvre sous Sarkozy et Hollande et maintenant sous propre gouvernement.
En 2007, Macron rejoint aussi Les Gracques, un groupe d’anciens patrons et de hauts fonctionnaires dont Jean-Pierre Jouyet est l’animateur. Cette association tentait d’organiser une alliance entre le Parti socialiste et les centristes Royal-Bayrou pour les élections présidentielles.
D‘autres influences ou protections importantes de Macron ont été le lobbyiste Alain Minc ; Serge Weinberg, l‘actuel PDG de Sanofi, lié par sa femme à la Banque Lazare où elle s‘occupe des fusions acquisitions ; ou encore Francois Henrot, un banquier d‘affaire au parcours similaire à Macron et bras droit de David de Rothschild à la banque d’affaires Rothschild. Henrot est aussi membre de la French american foundation fondée par Gerald Ford et Valéry Giscard d‘Estaing.
De cette fondation sont sortis des politiciens connus, conservateurs comme Alain Juppé, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko Morizet et du PS comme François Hollande, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Marisol Touraine, Najat Vallaut-Belkacem, Bruno Leroux; des représentants des médias comme Laurent Joffrin (Liberation, Nouvel Obs), Denis Olivennes (Europe 1, Paris-Match, JDD), Erik Izraelewicz (Le Monde); ou encore des politiciens-financiers comme Matthieu Pigasse (Banque Lazare). Et du coté américain, Bill et Hillary Clinton.
En 2012, Emmanuel Macron devient Young leader de la French-American Foundation, dont Philippe Manière (le directeur de l’Institut Montaigne où Macron a fondé En Marche) et Alain Minc (trésorier de la Fondation Saint-Simon, prédécesseur de la fondation Montaigne) sont administrateurs. Cette année-là, sous l’impulsion de Jouyet, Macron devient secrétaire général adjoint de la présidence de la République auprès de François Hollande, puis ministre de l’Économie en 2014.
Une autre mentor décisif de Macron a été le richissime rocardien Henry Hermand. Hermand a été membre de la revue social-catholique Esprit dans les années 1950, dirigeant régional du PSU dans les années 1970, directeur du quotidien pro-PS Le Matin dans les années 1980. Henry Hermand a fait fortune dans la création de supermarchés. Hermand dira plus tard que Macron ne prenait jamais une décision importante sans le consulter.
Toutes ces figures sont au coeur de l‘aristocratie financière. Une de leurs principales activités, comme celle de leur entourage et celle de Macron à la Banque Rothschild, étant les fusions-acquisitions, c‘est à dire le dépecage de sociétés pour en récupérer les parts les plus juteuses en vue de faire monter les cours de la bourse et produisant à chaque fois le lienciement de centaines ou de milliers de salariés.
Attali, Jouyet, Minc, Hermand, Henrot, Weinberg sont tous engagés dans les « think tanks » et autres fondations comme les Fondations Jaurès et Montaigne, Terra Nova, la National Endowment for Democracy (NED), la French-American Foundation ou encore l‘Aspen Institute—où se côtoient, souvent dans la même personne, responsables du PS, politiciens conservateurs, hauts responsables de l‘Etat de droite comme « de gauche », patronat, haute finance, et intérêts l‘impérialistes. Ce sont là les figures qui ont fait Macron.
Le Monde écrit :“ Chez les Jouyet, les soirs d’élections, on trouve toujours une moitié de convives pour fêter la victoire au champagne rosé Taittinger. Et ce talent du couple Jouyet de mêler, dans leur vaste appartement du 16e arrondissement de Paris, rue Raynouard, l’establishment français au complet : patrons, diplomates, banquiers, politiques, François Fillon comme Manuel Valls ou Emmanuel Macron, François Pinault et Serge Weinberg, droite et gauche mêlées et confondues, sans que jamais − « miracle ! », s’amuse François Hollande - personne ne quitte la table ou ne claque la porte. Chez les Jouyet, les soirs d’élections, que la gauche ou la droite l’emporte,...“
Non moins parlants sont les mânes philosophiques de Macron. Celui-ci a souvent réitéré l‘influence exercée sur lui par le philisophe Paul Ricoeur, dont il a été l‘assistant. Ricoeur a été un adepte du personnalisme d‘Emmanuel Mounier, collaborateur de la revue Esprit dans les années 1930 et par la suite auteur d‘articles de propagande pour le régime de Vichy.
Le magazine Esprit a joué un rôle clé, aux années 1970, dans la promotion du PS et la dénonciation du marxisme en tant que « totalitarisme », qu'ils menaient en choeur avec les ex-trotskystes antimarxistes du groupe Socialisme ou Barbarie tels que Cornélius Castoriadis et Claude Lefort.