Le 31 décembre 1966, le président français Charles de Gaulle a utilisé son discours annuel du Nouvel An en France pour émettre une vive critique de la guerre américaine au Vietnam.
De Gaulle a comparé ce qu’il appelait la paix et la prospérité de la France et de l’Europe à l’Asie du Sud-Est, où « la guerre fait rage ». Il a dit du Vietnam qu’il s’agissait d’une « Guerre injuste, car elle résulte en fait de l’intervention armée des États-Unis sur le territoire du Vietnam. Guerre détestable, parce qu’elle conduit une grande nation à en ravager une petite », et qu’il estimait nécessaire que les États-Unis mettent un terme à l’épreuve en ramenant leurs forces sur leur sol.
Le Vietnam, avec le reste de l’Indochine, était une ancienne colonie perdue pour l’impérialisme français mais seulement après une guerre de contre-insurrection amère qui a abouti à la défaite de la France dans le siège humiliant de Dien Bien Phu en 1954. Cela a été suivi de la perte de sa colonie la plus importante, l’Algérie, dans une guerre brutale qui a duré de 1954 à 1962. La France, avec la Grande-Bretagne la plus vieille des puissances coloniales, a essayé de refaire son image en se déclarant, comme le disait De Gaulle dans son discours de Nouvel An, « championne » des « peuples arriérés », se flattant du fait que Paris accordait proportionnellement plus d’aide aux pays en développement que les États-Unis ou tout autre pays.
La critique de De Gaulle à l’égard des États-Unis s’inscrivait dans une tentative plus large de créer un monde multipolaire basé sur la direction française de l’Europe occidentale, un objectif qui avait animé le retrait français de l’OTAN en 1966, et aussi les achats d’or à l’aide de dollars américains hautement publics comme un moyen de contester le système de Bretton Woods de la domination américano-britannique de la finance internationale.
L’aide française au Tiers Monde était un mécanisme soft d’ouverture des marchés au capitalisme français. De Gaulle a parlé de l’amélioration des relations avec les États staliniens d’Europe de l’Est et de « travailler à la construction du groupement économique et peut-être un jour politique des Six occidentaux » – la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.