Perspective

Obamacare: Le voile tombe

Lundi, le département de la Santé et des services sociaux des États-Unis a annoncé que les primes des régimes d’assurance maladie vendus sous l'Affordable Care Act (ACA) augmenteront en moyenne de 25 pour cent en 2017, augmentant de milliers de dollars les coûts d’assurance maladie pour des millions de travailleurs.

En plus de franchises et quotes-parts extrêmement élevées et de sévères limites par rapport à la disponibilité de médecins et d’hôpitaux pour la plupart qui sont assurés sous l'ACA, mieux connu comme «Obamacare», les augmentations abruptes des primes témoignent du fait que la réforme dont l’administration Obama a fait sa marque est une fraude réactionnaire qui vise à augmenter les profits des entreprises en éliminant les avantages sociaux acquis par les travailleurs au cours de décennies de luttes.

Toute la réforme du système de santé est un complot élaboré avec la collaboration des compagnies d’assurance pour démanteler le système de régimes de santé couverts par l’assureur qui a résulté des luttes de masse des années 1930 et 1940, qui a établi les syndicats industriels et extrait des concessions en coûts d'assurance aux entreprises. L’absence d’un système de santé universel aux États-Unis est le résultat de la subordination politique du mouvement ouvrier par la bureaucratie syndicale antisocialiste au Parti démocrate dirigé par les entreprises.

Sur la base des «mandats individuels», qui requièrent que tous ceux qui ne sont pas couverts par des régimes parrainés par l’employeur, tels que Medicare et Medicaid, souscrivent à des régimes de couverture privés sur le marché mis en place par le gouvernement, Obamacare a établi un modèle à travers lequel chaque «consommateur» individuel est livré aux vicissitudes des compagnies d’assurance géantes, qui imposent les frais et conditions essentiellement sans restrictions.

Quiconque ne contracte pas l’assurance sous Obamacare est sujet à une pénalité fiscale qui égale au moins à 2,5 pour cent du revenu annuel. Celle-ci augmentera à 700 $ ou plus en 2017.

Le gouvernement fourni des subventions aux personnes à bas revenu sous l'ACA, établissant un précédent pour la transformation éventuelle de Medicare et Medicaid en programmes fondés sur le marché, où des bons seraient utilisés pour l’achat d’assurance privée.

Obamacare encourage la mise ne place d’échanges privés en dehors de ceux qui sont supervisés par le gouvernement et inclut une taxe supplémentaire pour pénaliser les régimes contenant des prestations supposément «trop généreuses», c’est-à-dire liées à des régimes syndicaux qui couvrent des millions de travailleurs. Le but consiste à encourager les employeurs à se débarrasser de leurs régimes d’assurance et à livrer leurs employés au marché. C’est ce qui arrive de plus en plus.

Cette contre-réforme profondément réactionnaire a été élaborée, présentée, et mise sur le marché par l’administration Obama et ses partisans et apologistes libéraux comme une réforme progressiste et une avancée importante vers la lutte pour l’assurance maladie publique. Un président libéral démocrate, élu sur la base d’une haine populaire envers les politiques propatronales et proguerre de l’administration républicaine Bush, s’est vu offrir la tâche de mettre en place un assaut de droite traditionnellement associé aux républicains contre l’assurance maladie.

Au début du nouveau siècle, la classe dirigeante dans l’ensemble est arrivée à la conclusion que le système existant, qui laissait plus de 50 millions de personnes sans assurance, était trop peu pratique et cher. Ce dont il fallait était un plan pour fournir une couverture minimale à une portion de ceux qui n’étaient pas assurés et en placer les coûts sur le dos de la masse des travailleurs. Il fallait surtout s’assurer que les profits des oligopoles de la santé ne soient pas remis en question.

Le résultat est le désastre du système de santé dans lequel 29 millions d’Américains sont sans couverture.

Mais ce n’est là que le début. Plusieurs sources indiquent que la prochaine administration, qu’elle soit dirigée par Hillary Clinton ou Donald Trump, appliquera des réformes majeures à Obamacare afin d’attirer les grandes firmes d’assurances, qui se sont largement retirées du marché de l'ACA, et les réintégrer dans le système en leur assurant la possibilité d’extraire des profits plus importants. Les mesures sous discussion telles que les pénalités fiscales plus élevées pour les personnes qui ne contractent pas d’assurance, plus de restrictions pour ceux qui souscrivent, et des subventions plus importantes pour les entreprises qui assurent des clients plus coûteux.

Ces développements confirment entièrement l’avertissement lancé par le World Socialist Web Site en juillet 2009 qui disait que l'Affordable Care Act «est une contre-révolution dans le système de la santé, qui est menée pour les intérêts de profit des compagnies pharmaceutiques et d'assurances, des chaînes d’hôpitaux, ainsi que des sociétés, qui seront poussées à mettre fin aux régimes d’assurances de leurs employés, forçant ces derniers à adhérer à des régimes d’assurance qui offrent moins de couvertures à des coûts plus élevés».

Obamacare n’est pas seulement une attaque contre la santé des travailleurs, il s’agit du fer de lance d’une contre-révolution sociale plus large qui vise à renverser tous les gains sociaux de la classe ouvrière sur l’échelle d’un siècle de luttes. Le modus operandi cynique à travers lequel ce programme a été imposé caractérise toute la présidence d’Obama.

Ce produit de la machine corrompue du Parti démocrate de Chicago, dont le premier emploi était avec Business International, une entreprise qui entretient des liens avec la CIA, a été catapulté à la tête du Parti démocrate et ensuite à la Maison-Blanche afin de fournir une allure de «gauche» à des politiques profondément anti-ouvrières. Sur la base de de sa posture antiguerre et ses slogans d'«espoir» et de «changement», et exploitant la croyance parmi les électeurs selon laquelle il serait plus réceptif à leurs besoins à cause de son ethnicité, Obama est arrivé au pouvoir en 2009 et s’est immédiatement attelé à la tâche de mettre en place un programme de droite, en politique étrangère et intérieure, en continuité avec son prédécesseur.

Une part importante de la responsabilité politique pour son succès peut être attribuée aux défenseurs du Parti démocrate de la pseudo-gauche tels que l'International Socialist Organization, qui a décrit Obama comme un «progressiste» et sa victoire électorale comme un «événement transformateur dans la politique des États-Unis».

Obama a continué la guerre en Irak; intensifié la guerre en Afghanistan et l’a étendue au Pakistan; a lancé de nouvelles guerres dévastatrices en Libye et en Syrie; et a appuyé le bain de sang mené par l’Arabie Saoudite contre le Yémen, tout en ordonnant l’assassinat par drone de milliers de personnes en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique.

Au pays, il a accru le sauvetage des banques entamé par Bush; il a supervisé la réduction des salaires des travailleurs de l’automobile dans la faillite forcée de General Motors et Chrysler; il a appuyé le démantèlement des pensions et régimes de santé des travailleurs municipaux dans la faillite de Detroit; et il a accéléré l'assaut sur les enseignants et l'éducation publique avec son programme «Race to the Top» des écoles à charte.

En utilisant les lois de «séquestration» élaborées avec les républicains du Congrès, Obama a fait en sorte que les dépenses fédérales non militaires soient réduites à leur niveau le plus bas en pourcentage du PIB depuis le début des années 1950. Sur la base de ces politiques, Obama a supervisé un immense boom du marché financier et la plus importante redistribution de la richesse du bas vers le haut dans l’histoire de la société américaine.

La réduction des dépenses sociales a libéré des fonds pour l’expansion effrénée des capacités militaires américaines. La Maison-Blanche Obama a lancé le programme de modernisation militaire le plus important depuis les années 1980, incluant une mise à jour de l’armement nucléaire au coût de 1000 milliards $.

La classe ouvrière doit tirer les leçons de ces huit années durant lesquelles Barack Obama et le Parti démocrate ont fait le sale boulot des banques et grandes sociétés. Il est impossible de défendre les emplois, les salaires et les conditions de vie dans le cadre du Parti démocrate et du système capitaliste.

Pour défendre ses droits sociaux, incluant l’assurance maladie de haute qualité pour tous, la classe ouvrière doit bâtir un mouvement politique de masse armé d’un programme socialiste pour réorganiser la société sur la base des besoins sociaux et non des profits des grandes entreprises. 

(Article paru d'abord en anglais le 27 octobre 2016)

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