Jeudi dernier, le géant des médias sociaux Facebook a annoncé de nouvelles mesures visant à limiter le partage de «fausses nouvelles» provenant de sites web trompeurs. Ces mesures font cependant partie d’une campagne médiatique plus large qui vise à sévir contre les sources d’informations alternatives.
La déclaration de Facebook est une réponse aux critiques de la part des grands médias, tels que le New York Times, qui affirment que les fausses nouvelles partagées à travers les médias sociaux ont joué un rôle majeur pour influencer le résultat des élections de 2016. Le dirigeant et fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a d’abord dénoncé de telles accusations comme étant «absurdes», mais s'est depuis adapté à ces plaintes.
Dans une annonce publiée sur Facebook intitulée «Fils d'actualité: Réagir aux canulars et aux fausses nouvelles» («News Feed FYI: Addressing Hoaxes and Fake News») de Adam Mosseri, vice-président de la gestion des produits, Facebook a étalé les quatre composantes de sa nouvelle politique.
Sous la section «Signalement plus facile», Facebook rendra le moyen de signaler de fausses nouvelles plus efficace en intégrant de nouvelles fonctionnalités. Sous la section «Miner les incitatifs financiers pour les spammeurs», Facebook prévoit s’attaquer aux finances des sites de «fausses nouvelles» en limitant leur capacité d’acheter des publicités en augmentant la difficulté d’utiliser de faux domaines lorsqu’ils publient des publicités.
Ceci est suivi d’une mesure intitulée «Le partage informé». Si un article est lu plusieurs fois et n’est pas partagé par la suite, d’après Facebook, ceci pourrait être un signe que l’article est «trompeur». Si Facebook considère que c’est le cas, l’article recevra une cote moins élevée sur le flux de nouvelle Facebook, le rendant moins visible et accessible pour la lecture.
En pratique, ceci signifie que si un article, qu’il dise la vérité ou non, n’est pas partagé, alors il peut être déclassé et avoir ainsi moins de chance d'être lu. Une analyse de BuzzFeed News a trouvé que lors des campagnes pour les élections présidentielles, des publications considérées comme étant fausses étaient en fait plus partagées que celles considérées vraies.
Une politique encore plus révélatrice est intitulée «Marquer des nouvelles comme étant contestées». Facebook cataloguera des signalements de fausses nouvelles de la part des utilisateurs, en plus d’autres données vagues qui sont uniquement décrites comme des «signes», et les enverra à un vérificateur des faits de tiers parti pour arbitrer. Si une nouvelle est jugée fausse, alors Facebook la marquera ainsi avec une explication rattachée. De telles nouvelles apparaîtront plus bas sur la page Facebook.
Les «tiers partis» de Facebook consistent apparemment de cinq organisations médiatiques qui rempliront le rôle de vérificateurs des faits. Il s’agit de ABC News, Politifact, FactCheck, Snopes et Associated Press. D’après Facebook, ces organisations sont aussi signataires du Poynter Institute’s International Fact Checking Code of Principles, qui sont: 1) «un engagement à l’impartialité et la justice»; 2) « un engagement à la transparence des sources»; 3) « un engagement à la transparence du financement et de l’organisation»; 4) « un engagement à la transparence méthodologique»; et 5) «un engagement aux corrections ouvertes et honnêtes».
Poynter, qui se décrit comme «leader mondial en journalisme», est financé entre autres, par Google, la fondation Bill et Melinda Gates, et notamment le National Endowment for Democracy, une façade pour le département d’État américain qui est intervenu dans des élections à travers le monde dans l’intérêt de l’impérialisme américain.
Les conséquences des initiatives de Facebook pour limiter les «fausses nouvelles» sont menaçantes. Ceci a lieu dans un contexte où les médias de la grande entreprise tentent de créer un amalgame entre du contenu manifestement inventé et des articles et analyses qu’ils dénoncent comme de la «propagande russe» parce qu’ils sont critiques de la politique étrangère des États-Unis.
Le mois dernier, le Washington Post a publié un article, «La campagne de propagande russe a aidé à répandre de “fausses nouvelles” durant la campagne électorale, disent les experts,» qui faisait référence à une organisation, PropOrNot, qui a compilé une liste de sites web qui ont été désignés comme «propagateurs de propagande russe». On retrouve parmi ceux-ci: WikiLeaks, Truthout, Naked Capitalism et d'autres publications similaires.
(Article paru d'abord en anglais le 17 décembre 2016)