L’EJIES (Étudiants et Jeunes internationalistes pour l’égalité sociale – nom international ÉJIES, International Youth and Students for Social Equality) est parvenu à créer un club étudiant à l’Université de Melbourne. Lors d’une réunion de lundi, le Comité des clubs et des sociétés (C&SC) du syndicat étudiant de l’université a officiellement approuvé la dernière étape de la demande de l’ÉJIES et a informé les dirigeants de club que l’ÉJIES était maintenant affilié.
La fondation d’un club de l’ÉJIES s’appuyant sur le programme révolutionnaire socialiste et internationaliste du mouvement trotskyste mondial dans une des universités les plus anciennes et les plus prestigieuses du pays revêt une importance considérable. Elle souligne le désir d’un nombre croissant d’étudiants de s’engager dans une lutte politique contre le programme de guerre et d’austérité, les attaques contre l’éducation et l’érosion des droits démocratiques mis en œuvre par l’ensemble de l’establishment politique officiel, y compris le Parti travailliste, les Libéraux et les Verts.
L’attrait des jeunes pour le programme de l’ÉJIES, avec son appel aux étudiants pour qu’ils se tournent vers la classe ouvrière et étudient le trotskysme, c’est-à-dire le marxisme classique, est une indication d’une opposition croissante à ce qui passe pour la politique de « gauche », basée sur la promotion de la politique d’identité par des organisations qui parlent pour une couche privilégiée de la classe moyenne supérieure.
Beaucoup de ceux qui ont adhéré à l’ÉJIES et ont combattu pour la création du club ont exprimé leur hostilité aux tentatives de ce milieu de diviser la classe ouvrière selon le genre, l’ethnie et l’orientation sexuelle et de supprimer les questions de classe fondamentales, y compris les menaces croissantes de guerre mondiale. L’opposition de l’ÉJIES aux thèses du post-modernisme, à savoir qu’il n’y a pas de « vérité objective » ni de lois scientifiques des processus historiques, a attiré nombre d’étudiants qui veulent comprendre la crise économique et la politique mondiale dans son contexte historique objectif.
L’affiliation de l’ÉJIES au C&SC est le produit d’une lutte politique qui a duré plus de deux ans et demi. Sa candidature initiale, au cours du premier semestre de 2014, a été rejetée par le C&SC, au motif qu’il avait des « objectifs qui se recoupent » avec ceux du club de l’organisation pseudo-gauche et anti-trotskyste, Socialist Alternative (SAlt).
Une deuxième demande au cours du premier semestre de 2015 a été rejetée sur la même base et les partisans de l’ÉJIES ont été informés qu’ils devaient adhérer à Socialist Alternative. Après que l’ÉJIES a publié une réponse publique détaillée, soulignant le fossé infranchissable entre son programme socialiste et internationaliste et la politique de SAlt, le C&SC a adopté un nouveau prétexte. Il a rejeté la troisième demande de l’ÉJIES au deuxième semestre de 2015, estimant que le comité ne pouvait pas avoir une « relation de travail de bonne foi » avec l’ÉJIES parce que celui-ci avait adressé une lettre ouverte aux étudiants qui s’opposaient à la décision précédente du C & SC.
Cette année, l’ÉJIES a intensifié sa campagne pour le droit de s’affilier et a pu démontrer les conceptions antidémocratiques qui sous-tendaient le maintient de la mise à l’écart de l’ÉJIES par le C & SC. Cela a abouti au premier semestre de 2016, lorsque l’ÉJIES a démontré que le C&SC avait violé sa propre constitution en refusant la quatrième demande d’affiliation de l’ÉJIES sans invoquer aucun des motifs de rejet valides.
Dans le cadre de sa cinquième campagne d’affiliation, au cours du deuxième semestre, l' l’ÉJIES a recueilli plus de 80 « manifestations d’intérêt » de la part des étudiants qui ont signalé leur soutien à la formation d’un club. Face à ce soutien croissant des étudiants, le C&SC lui a permis de poursuivre son affiliation et de tenir une assemblée générale inaugurale (IGM).
Au cours des semaines qui ont précédé l’IGM, les membres de l’ÉJIES ont distribué des milliers de tracts et ont tenu des centaines de discussions avec des étudiants sur la nécessité de construire un mouvement anti-guerre international basé sur un programme socialiste pour stopper la menace croissante d’un conflit mondial.
Les militants de l’ÉJIES ont expliqué que le Parti travailliste, les Libéraux et les Verts avaient mis l’Australie au premier plan des préparatifs américains pour la guerre contre la Chine. Ils ont averti que cela s’accompagnerait inévitablement d’une aggravation des droits démocratiques et de la promotion toujours plus grande du nationalisme et de la xénophobie, y compris des dénonciations de « l’influence chinoise » dans la société australienne par des politiciens pro-américains et des commentateurs des médias (voir : Australia : Opponents of war with China labelled “rats, flies, mosquitoes and sparrows”). Ils ont également soulevé les questions historiques fondamentales, y compris l’importance contemporaine de la Révolution russe au milieu d’une autre effondrement du capitalisme mondial, et l’importance de la lutte menée par Léon Trotsky contre la trahison de la Révolution russe par la bureaucratie stalinienne.
Dans une indication de l’intérêt parmi les étudiants, 46 étudiants ont assisté à l’IGM, dont 38 membres de l’ÉJIES. Après l’élection de l’exécutif du club et la ratification de sa constitution, le secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste, James Cogan, a fait une présentation détaillée des plans de guerre dressés par les États-Unis à l’encontre de la Chine et la Russie.
Au cours de la discussion qui a suivi, les membres du club de Socialist Alternative ont dénoncé l’ÉJIES pour s’être opposé aux intérêts de la classe moyenne supérieure qui sous-tendent la politique d’identité et les mouvements tels que Black Lives Matter, qui venait de recevoir une subvention de 100 millions de dollars de la Ford Foundation, une institution ayant les liens les plus étroits avec l’État américain et l’élite patronale et financière. L’abîme net entre l’orientation de classe et la perspective politique de l’ÉJIES et de Socialist Alternative a démontré à tous ceux présents, le faux caractère des allégations antérieures du C&SC selon lesquelles les deux organisations avaient des « objectifs similaires ».
Après l’IGM, l’ÉJIES a soumis sa liste de 67 étudiants adhérents.
Un dirigeant du club a parlé au WSWS de l’importance de la campagne : « C’était un produit de la lutte prolongée que nous avons menée contre la censure de notre club. Il s’agissait d’une campagne de principe qui s’appuyait sur la démarcation de notre mouvement face à des tendances de pseudo-gauche sur le campus et sur la lutte contre le danger de guerre. Nous nous sommes opposés à la demande du C&SC selon laquelle nous devrions former une alliance sans principes avec les clubs pseudo-gauches.
« Nous avons insisté sur le droit démocratique de tous les étudiants à former le club de leur choix et c’est sur cette base que nous avons gagné beaucoup de soutien. L’ÉJIES est le seul club anti-guerre sur le campus, c’est seulement ainsi que le sentiment croissant des étudiants contre la guerre peut trouver une expression.
En 2017, le club ÉJIES de l’Université de Melbourne mènera une offensive pour le trotskysme, en opposition à la politique de pseudo-gauche qui a dominé sur le campus. À l’instar de ses homologues d’autres universités et collèges d’Australie et de l’étranger, il mettra en avant la nécessité pour les étudiants de se tourner vers la classe ouvrière sur la base de la lutte pour un programme socialiste. Au cours de l’année du centenaire de la Révolution russe, l’ÉJIES organisera des conférences et des événements importants sur les expériences historiques critiques de la classe ouvrière au XXᵉ siècle, surtout la Révolution d’Octobre de 1917, et les leçons qui doivent en être tirées en préparation à d’énormes luttes sociales qui vont éclater dans une période très proche. Les étudiants peuvent contacter l’ÉJIES, et adhérer au club ici [traduction française via google].
(Article paru en anglais le 24 novembre 2016)