Les résultats des élections de Berlin ont exprimé une profonde défiance et une colère grandissante de la population à l’égard des partis politiques traditionnels et de leur politique de réarmement militaire et de coupes sociales radicales. Les sociaux-démocrates (SPD) et les chrétiens-démocrates (CDU), les deux partis au pouvoir, ont été en somme chassés du pouvoir.
Par conséquent, les partis Die Linke (La Gauche) et les Verts proposent leurs services afin de maintenir le SPD au pouvoir, un parti qui depuis la réunification a fait partie sans interruption du gouvernement du Land de Berlin. La capitale de la pauvreté se développera de plus en plus en un centre de militarisation et de préparation à la guerre sous une coalition rouge-rouge-verte.
Die Linke et les Vert sont indiscernables du SPD et du CDU/CSU (Union chrétienne sociale) en matière de politique étrangère agressive pour avoir été dès le début pleinement intégrés au retour au militarisme et à la politique de grande puissance. Le rôle spécifique qu’ils jouent consiste à avancer des arguments humanitaires et des Droits de l’Homme pour justifier de nouvelles guerres.
Des millions de travailleurs et de jeunes s’apercevront que c’est précisément cette politique qui fut rejetée le jour de l’élection mais qui sera imposée avec une brutalité renforcée. La résistance à ce cartel politique revêtira de nouvelles formes. De violents conflits sociaux et politiques sont donc inévitables.
Ces conditions montrent à quel point la campagne menée par le Partei für Soziale Gleichheit (PSG, Parti de l'égalité sociale) était importante et à quel point la classe ouvrière requiert un parti liant la lutte contre la guerre à la celle contre le capitalisme dans une lutte pour un programme socialiste et internationaliste.
Les conflits mondiaux se sont encore aggravés davantage depuis le week-end électoral. Le vendredi qui a précédé le scrutin, le sommet de Bratislava a montré à quel point le reste de l’Union européenne (UE) est divisé après le Brexit. Les antagonismes nationaux se sont considérablement aggravés et la crise bancaire italienne préfigure une nouvelle vague d’attaques sociales sur tout le continent.
Le danger de guerre s’accélère également rapidement. Sur fond d’encerclement militaire de la Chine par les États-Unis, les conflits entre les deux puissances dotées de l’arme nucléaire, l’Inde et le Pakistan, sont en train de s’aggraver. En Syrie il existe, suite à l’attaque américaine de positions de l’armée syrienne et du bombardement d’un convoi humanitaire à Alep, le risque d’une confrontation directe entre l’OTAN et la Russie. La Turquie a déjà annoncé son intention d’étendre encore davantage son incursion militaire. Elle envisage d’envahir de larges pans de territoires de façon à occuper en permanence certaines régions de la Syrie.
L’OTAN a annoncé le déploiement le week-end dernier de 4000 soldats à la frontière russe. L’armée allemande (Bundeswehr) y est également impliquée tout comme la force de réaction rapide de l’OTAN qui cible elle aussi directement la Russie. La menace d’une troisième guerre mondiale est plus grande que jamais.
Le PSG a placé la lutte contre la guerre au centre de sa campagne électorale. Dès le départ, la campagne avait été conçue comme faisant partie intégrante de la construction partout dans le monde du Comité International de la Quatrième Internationale (CIQI). Elle était fondée sur la déclaration « Le socialisme et la lutte contre la guerre » publiée par le CIQI le 1er mars de cette année. La déclaration a souligné que « La même crise du capitalisme qui produit la folie de la guerre provoque aussi l’élan pour la révolution sociale. »
La déclaration démontre clairement que la grave crise capitaliste qui a déjà produit deux guerres mondiales au vingtième siècle est une fois de plus en train de mener à la guerre et à la barbarie. Le seul moyen d’éviter une catastrophe est en construisant un mouvement international contre le capitalisme. « La classe ouvrière cherche à résoudre la crise mondiale par la révolution sociale. »
Quatre principes furent ensuite posés et qui guideront la lutte contre la guerre : premièrement, elle doit se baser sur la classe ouvrière : deuxièmement, elle doit être anticapitaliste et socialiste ; troisièmement, elle doit être indépendante de toutes les organisations de la classe capitaliste ; et quatrièmement, « Le nouveau mouvement anti-guerre doit surtout être international et mobiliser toute la puissance de la classe ouvrière dans une lutte mondiale unifiée contre l’impérialisme. »
Cette orientation internationale et ces principes ont formé la base de la campagne électorale du PSG. Dans son manifeste électoral, le PSG a décrit en détail comment l’élite dirigeante allemande est en train de préparer la guerre et d’organiser la résurgence du militarisme. Ce développement ne peut être entravé que par la mobilisation de la classe ouvrière. « Afin d’intervenir indépendamment dans les événements politiques, les travailleurs ont besoin de leur propre parti », a conclu le manifeste.
Ces dizaines de milliers de copies du manifeste électoral ont été distribuées et ont été à l’origine de nombreuses discussions aux stands d’information et durant les rassemblements électoraux. De plus, le PSG a collé des milliers d’affiches et enregistré plusieurs Videos. Le message central étant toujours la clarification des questions politiques et la lutte pour l’indépendance politique de la classe ouvrière par rapport à toutes les organisations bourgeoises qui sont en train de virer de plus en plus vers la droite au fur et à mesure que s’aggrave la crise.
De plus, le PSG a aussi organisé une série de réunions auxquelles ont participé des représentants d’autres sections du CIQI afin de rendre compte des importantes expériences faites par la classe ouvrière. La plupart de ces réunions furent retransmises en directe en s’adressant aux travailleurs du monde entier.
Deux de ces réunions ont porté sur le risque d’une troisième guerre mondiale et les tensions croissantes entre les grandes puissances ainsi que le rôle du militarisme allemand qui fait valoir de plus en plus agressivement ses propres intérêts.
De nombreuses discussions eurent pour sujet l’importance des divers groupes de la pseudo-gauche qui sont en train de devenir la plus importante base de soutien de la politique belliciste. Les candidats présidentiels du Socialist Equality Party (SEP, Parti de l’égalité socialiste) aux États-Unis, Jerry White et Niles Niemuth, ont pris la parole lors d’une réunion via Internet à l’université Humboldt à Berlin pour discuter des projets de guerre de Clinton et de Trump. Ils ont clairement indiqué que le socialiste autoproclamé Bernie Sanders avait joué un rôle majeur en mobilisant le soutien pour Clinton et en masquant sa politique belliciste.
Lors de la réunion relative à la lutte de classe en France, Alex Lantier a rapporté que le gouvernement « socialiste » de François Hollande n’avait pu imposer l’état d’urgence qu’avec l’appui du Front de Gauche, le parti frère de Die Linke, et qu’il l’utilisait exclusivement que contre la classe ouvrière.
Le PSG s’en est pris durement et directement à Die Linke en mettant en garde contre le danger d’un gouvernement rouge-rouge-vert. « Die Linke a fait de Berlin la capitale de la pauvreté. En Grèce, son parti frère, Syriza, a ruiné la vie de millions de gens en appliquant de brutales mesures d’austérité », poursuit le manifeste.
Une coalition rouge-rouge-verte serait un test pour son application au niveau fédéral. « Un tel gouvernement ne représenterait nullement un progrès. En 1998, le SPD et les Verts avaient formé une coalition qui avait envoyé pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale la Bundeswehr dans des missions de combat à l’étranger et qui avait réduit les salaires et les prestations sociales. Maintenant, cette alliance doit être redynamisée au moyen de Die Linke afin d’imposer la prochaine série de coupes sociales et d’ouvrir la voie à un développement du militarisme allemand », a souligné le manifeste.
Les résultats des élections seront le prélude à une rapide intensification de la situation politique. Un gouvernement régional rassemblant le SPD, Die Linke et les Verts, tout comme n’importe quelle autre coalition bourgeoise, accroîtra les attaques contre la classe ouvrière tout en poussant davantage l’establishment politique vers la droite. Ceci contribuera à renforcer encore plus le parti d’extrême-droite AfD (Alternative pour l’Allemagne).
Les travailleurs s’opposeront rapidement aux brutales attaques sociales perpétrées par le nouveau gouvernement ainsi qu’à ses préparatifs de guerre. Dans ces conditions la construction du PSG revêt une urgence accrue.
Bien que le PSG n’ait pas encore obtenu un soutien de masse aux élections, les 2042 voix qu’il a recueillies sont d’une grande importance. En dépit d’un silence médiatique total – mises à part les émissions électorales obligatoires et le débat consacré aux petits partis – et des ressources extrêmement limitées dont dispose le parti, le PSG fut en mesure d’augmenter de manière significative ses voix, notamment dans certains quartiers ouvriers.
Ce ne peut pourtant être que le début. Compte tenu des développements politiques dramatiques en cours, il est grand temps de participer activement à la construction du parti. Inscrivez-vous dès aujourd’hui comme partisan en faisant une généreuse donation et en adhérant au PSG.
(Article original paru le 22 septembre 2016)