Le gouvernement PS de Manuel Valls et François Hollande accentue la répression des manifestations contre la réactionnaire loi Travail. Il avait déjà lancé une série de mesures répressives contre les manifestations de jeunes contre la loi à partir de mars, monté des provocations, procédé à des arrestations préventives et à d’autres mesures d’État policier contre le mouvement de protestation. Le PS a fait passer le projet de loi en force au parlement en utilisant l’article 49.3 de la Constitution.
L’imposition de la loi n’a pas empêché les grèves et manifestations contre elle de se poursuivre. Les sondages montrent que 75 pour cent de la population s’oppose à la loi; un sondage plus récent a montré que 54 pour cent des Français veulent que les manifestations contre cette loi illégitime continuent, même si techniquement elle a été adoptée. La colère chez les jeunes et les travailleurs continue de monter et les bureaucraties syndicales qui travaillent en étroite collaboration avec le PS, ont même été contraintes d’appeler à deux journées nationales d’action contre la loi mercredi et jeudi.
La réaction du PS a été de dénoncer les manifestants comme des ennemis de l’État pour avoir osé continuer à protester et de lancer contre eux des mesures extraordinaires de répression. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé : « Les forces de l’ordre se trouvent en butte avec des groupes d’une extrême violence qui ne sont pas là pour exprimer leurs revendications, mais qui sont là pour casser, pour détruire, pour exprimer la haine de l’État et des institutions... Cela est intolérable et cela ne sera pas toléré. »
Cazneuve a révélé que la police avait arrêté 1.300 personnes depuis le début des manifestations et placé 819 personnes en garde à vue. Cinquante et une ont été condamnées en comparution immédiate par des pseudo-tribunaux. « Cinquante et une personnes ont été condamnées, souvent sévèrement. Il y aura d'autres convocations devant les tribunaux et, je le dis ici, à Rennes, la fermeté sera totale » a dit le ministre de l’Intérieur.
En fait, la police paramilitaire est bien connue pour son comportement violent. Elle porte une armure de corps complète, lance de violentes attaques à la matraque contre les manifestants, tire des balles en caoutchouc, des flash-balles et des grenades lacrymogènes.
Un manifestant de 20 ans, étudiant en géographie, a perdu un œil quand un policier lui a tiré avec un flash-ball dans l’œil il y a deux semaines. De nombreux manifestants doivent être hospitalisés à la suite de telles attaques de la police. Il y a moins de deux ans, un autre étudiant, Remi Fraisse, avait été tué par un gendarme tirant une « grenade de défense » qui l’a frappé lors de manifestations près de Nantes.
Lorsque plus de 700 jeunes ont tenté d’organiser une manifestation contre la violence policière à Rennes samedi dernier, celle-ci a été interdite en vertu de l’état d’urgence. Toute la ville a été verrouillée, la police qui avait reçu des renforts a cerné la manifestation et dispersé les jeunes avec des gaz lacrymogènes et tiré sur eux avec des « balles de défense. »
Avant d’être dispersés les jeunes ont scandé : « La police mutile, la police assassine. » L'un d'eux a montré à un journaliste de l'AFP une marque sur sa cuisse où un flash-ball l'avait frappé et a dit : « Ils ne cherchent pas à nous faire peur mais à nous faire mal. »
L’opposition croissante à l’austérité dans toute l’Europe a conduit à une explosion des tensions de classe et, en France à l’émergence d’une crise de régime. Profondément enracinée, l’opposition populaire à la destruction des droits sociaux fondamentaux par le PS se heurte à la détermination de la bourgeoisie de faire porter le fardeau de la crise capitaliste aux travailleurs.
Le PS qui a dominé pendant des décennies ce qui passait en France pour une politique de « gauche », avance systématiquement un programme de contre-révolution sociale. Hollande, depuis son arrivé au pouvoir en 2012, a imposé d’énormes attaques austéritaires, dont des dizaines de milliards d’euros en coupes budgétaires, la Loi Macron de déréglementation en 2015 et maintenant la Loi El Khomri, afin de détruire des droits et des conditions dont les travailleurs ont joui pendant des décennies.
Hollande est à la tête d’un gouvernement extrêmement faible et réactionnaire. Il n’a survécu politiquement jusqu’à présent qu’en raison de l’opposition des bureaucraties syndicales et de leurs alliés politiques du mouvement #NuitDebout à une lutte plus large pour faire tomber le gouvernement PS. Le dirigeant de la Confédération générale du travail (CGT) Philippe Martinez, s’est moqué publiquement de la revendication d’une grève générale avancée par des manifestants.
Pour essayer d’écraser l’opposition populaire à son programme, le PS emploie des méthodes ouvertement autoritaires.
Des informations de la presse et de sites Web activistes font état d’arrestations préventives de dizaines de personnes par la police en vertu de l’état d’urgence au moment où elles partent se joindre à des manifestations contre la loi El Khomri. Deux personnes dans le quartier de Belleville à Paris ont été arrêtées par la police et ont vu que les policiers travaillaient avec des listes de photos signalétiques, y compris les leurs. Ils ont été emmenés au poste de police jusqu’à la fin de la manifestation.
La police a également arrêté un lycéen de 18 ans et l’a accusé d’avoir tenté d’assassiner un policier lors d’une manifestation le 3 mai. La police affirme avoir identifié le jeune à partir d’images de vidéosurveillance de la manifestation. Mais ce jeune a nié l’accusation.
Hollande a presque accusé les manifestants de collaborer avec le terrorisme, affirmant que la violence par les manifestants détournait les forces de sécurité de « la protection de notre territoire et de notre population face à la menace terroriste qui reste à un niveau particulièrement élevé. »
En réalité, il est maintenant clair que l’état d’urgence de Hollande est principalement utilisé contre l’opposition sociale aux politiques régressives du PS dans le pays. Les attaques terroristes du 13 novembre à Paris, menées par des réseaux islamistes qui continuent de bénéficier d’un soutien tacite de l’État français dans le cadre de la guerre de changement de régime de l’OTAN en Syrie, ont servi de prétexte pour imposer un état d’urgence dont la cible est l’opposition sociale des travailleurs et des jeunes.
(Article paru d’abord en anglais le 17 mai 2016)