Les aiguilleurs du ciel de l’aéroport de Bruxelles Zavantem qui s’étaient mis en arrêts de maladie organisés mardi soir et mercredi, entrainant l’arrêt du trafic aérien en Belgique, ont repris le travail. Belgocontrol, l’autorité de la sécurité aérienne belge, a indiqué qu’aucun travailleur ne s’était déclaré en maladie, contrairement à mercredi, où l’action avait imposé l’annulation de 400 vols.
Les syndicats continuent de négocier avec Belgocontrol et le gouvernement sur la réactionnaire proposition de contrat qui inclut une augmentation de trois ans de l’âge de la retraite, le portant à 58ans, et l’embauche de 30 autres aiguilleurs du ciel d’ici le début de l’an prochain.
La Guilde belge des contrôleurs du trafic aérien (BGATC), un syndicat minoritaire qui a critiqué le contrat négocié par l’État et les syndicats du secteur public, n’a pas répondu à des demandes de commentaires de la part du WSWS.
Suite à des informations indiquant que l’un de ses responsables avait dit que la guilde appuierait une campagne d’arrêts de maladie, la BGATC a pris agressivement ses distances avec la grève contre le contrat mercredi, essayant d’isoler ses membres. Elle a fait une déclaration publique disant: « La guilde, en aucun cas, n’a organisé, mobilisé ou appelé ses membres à commencer cette action de grève. »
Ceci est tout à fait conforme au rôle anti-ouvrier des syndicats belges qui ont cherché à étouffer l’opposition des travailleurs au gouvernement droitier et pro-austérité du premier ministre Charles Michel en maintenant les grèves dans le cadre bien rodé des manifestations symboliques d’une journée.
Les syndicats n’ont pas répondu aux accusations incendiaires de Michel qui a exploité la tragédie de l’attentat du 22 mars à l’aéroport de Zavantem et dans le métro de Bruxelles par des combattants islamistes associés à la milice de l’État islamique (EI). Le premier ministre a dit que, dans ce contexte, la grève était « totalement inacceptable » et que les grévistes visaient à « prendre le pays en otage, pour mettre notre image et notre situation économique en danger. »
Ces commentaires ont été repris par Philippe Lamberts député du Parlement européen pour les Verts et représentant Bruxelles. Il a dénoncé les grévistes pour leur « manque total de considération », ajoutant : « Ils ont essentiellement pris l’aéroport principal du pays en otage. »
Ce sont là des calomnies réactionnaires visant à stigmatiser la défense des salaires et des conditions des travailleurs comme une activité essentiellement terroriste, tout en détournant l’attention du public des révélations de plus en plus nombreuses sur le rôle du gouvernement belge dans la période ayant précédé les attentats du 22 mars.
La responsabilité politique des attaques ne réside pas chez les grévistes, mais chez les puissances de l’OTAN, qui ont construit, au cours de leur réactionnaire guerre par procuration en Syrie, un vaste cadre de combattants islamistes terroristes. L’identité des terroristes avait été donnée aux autorités belges ainsi que le fait qu’il y aurait des attaques sur l’aéroport de Zavantem et le métro de Bruxelles, et que ces attaques étaient imminentes. Néanmoins, rien n’a été fait, apparemment parce que le réseau islamiste développé à Bruxelles était trop vaste pour que les agences de renseignement belges le surveille efficacement.
Plus tôt ce mois-ci, la police basée à l’aéroport de Zavantem a fait circuler une lettre ouverte précisant que les avertissements répétés au sujet de manquements à la sécurité à l’aéroport avaient été ignorés. Ils ont menacé de faire une grève qui aurait été évitée de justesse par des négociations de dernière minute.
L’escalade des luttes au sein de la machine d’État pour savoir qui portera le blâme d’un stupéfiant manquement à la sécurité ayant coûté 31 vies, commence à faire tomber des têtes parmi les hauts fonctionnaires. Hier, le président de l’autorité belge de transport fédéral, Laurent Ledoux, a démissionné et attaqué sévèrement la ministre des Transports Jacqueline Galant, disant que sa conduite était « digne de la Gestapo », pour lui avoir demandé de nommer et de dénoncer d’autres responsables belge des transports.
Galant, qui a répondu en promettant une « enquête psycho-sociale » dans le bien-être du personnel de son ministère, s’est également trouvée accusée d’avoir menti au Parlement belge quand elle a affirmé qu’elle n’a jamais reçu une quelconque demande de renforcement de la sécurité dans les aéroports belges.
Avant-hier, des lettres adressées à Galant ont été divulguées à la presse; Ledoux y avait appelé à une grande augmentation des dépenses de sécurité. Le contenu de ces lettres souligne à nouveau la responsabilité de la collaboration étroite entre la politique étrangère belge et de l’OTAN et de l’établissement de la Sécurité, avec les groupes terroristes islamistes dans les attentats du 22 mars.
Dans un passage remarquable, noté sans commentaire par Le Soir, Ledoux écrit : « On entre dans l’aéroport comme dans un moulin, des Djihadistes bien connus s’y baladent avec un badge d’accès. »
Dans cette lettre en date du 15 décembre 2014, Ledoux ajoute: « Depuis des années, il y a de graves manquements en Belgique concernant la sûreté aérienne… Nous allons donc devoir probablement revoir l’organisation du service d’inspection de sûreté aérienne et soit recruter du personnel qualifié (que nous n’avons pas en interne), soit engager des consultants. Vu nos limitations budgétaires actuelles, nous aurons besoin du plein soutien du cabinet à cette fin. »
Si les services de sécurité sont tellement infiltrés par Al-Qaïda qu’ils permettent à des terroristes islamistes de se promener dans l’aéroport de Bruxelles, on ne voit pas toutefois l’intérêt de sabrer le niveau de vie des travailleurs afin de donner à ces services des centaines de millions d’euros supplémentaires.
Michel a été contraint de défendre son ministre des Transports dans une session du parlement hier, durant laquelle il a affirmé sans conviction qu’il voulait « une transparence totale » sur la question.
Les tentatives des partis bourgeois belges, tant dans le gouvernement que dans l’opposition, de discréditer les grévistes en citant les attaques du 22 mars doivent être rejetées avec mépris. Le contrat réactionnaire préparé par le gouvernement et les syndicats concernant les aiguilleurs du ciel, la trahison de l’action des travailleurs, et les attaques du 22 mars elles-mêmes, témoignent du caractère tout à fait réactionnaire du gouvernement Michel et de ses alliés de l’OTAN.
(Article paru d’abord en anglais le 15 avril 2016)