Le général Joe Dunford, chef d'état-major américain des armées et le secrétaire à la Défense Ashton Carter ont clairement laissé entendre le 25 mars que le Département américain de la Défense (DOD) profiterait des attentats terroristes de Bruxelles pour effectuer un nouveau déploiement en grand de troupes américaines en Irak.
Des forces américaines supplémentaires s'ajouteront à la force actuelle de quelque 5.000 soldats, qui dépasse déjà le « plafond » de 3.800 soldats déclaré par l'administration Obama. Des troupes supplémentaires pourraient partir pour l'Irak en l’espace de quelques semaines.
« Nous avons une série de recommandations que nous allons discuter avec le président dans les prochaines semaines pour permettre la poursuite de notre soutien aux forces de sécurité irakiennes », a dit le général Dunford, dans un communiqué du Pentagone.
« Le secrétaire et moi croyons qu'il y aura une augmentation des forces américaines en Irak dans les prochaines semaines, mais cette décision n'a pas été encore prise », a ajouté Dunford.
« Nous élargissons le poids et la nature de nos attaques », a déclaré le secrétaire à la Défense Carter au corps de presse du Pentagone lors d’une séance d'information. Les États-Unis prennent des « mesures importantes » en vue de « batailles cruciales dans les mois à venir », a dit Carter.
Parmi les « mesures importantes » prises par l’armée américaine il y a des frappes aériennes et des bombardements d'artillerie quotidiens pour préparer des assauts à grande échelle contre Mossoul et d'autres grandes villes irakiennes. Lundi 29 mars, l’aviation américaine a bombardé dix zones dans les villes irakiennes de Mossoul, Qayyarah, Sinjar et Sultan Abdullah et leurs environs.
Des centaines de Marines, secrètement déployés plus tôt ce mois-ci dans une nouvelle base près de Makhmur dans le nord de l'Irak, bombardent quotidiennement des villages à la périphérie de Mossoul. Selon l'armée irakienne, les forces nationales irakiennes ont évacué de force quelque 2.500 civils de villages au sud de Mossoul lundi 28 mars dont Mahana, Kudila et Kharbardan,.
En 2014, au début de la dernière guerre américaine en Irak connue sous le nom d’« Operation Inherent Resolve », l'administration Obama a promis que l'intervention américaine serait limitée à des frappes aériennes et un rôle minimal au sol à l’aide d’un petit nombre de « conseillers » intégrés aux unités irakiennes.
Ces promesses ont été continuellement reportées durant les deux ans ou presque d'escalade des opérations américaines depuis. Apparaît un schéma connu: les chefs militaires américains annoncent périodiquement, sans que rien n’indique que l'administration civile soit consultée ou même informée, leurs plans d’extension imminente de la qualité et du rôle des forces américaines dans la guerre.
En juin dernier, le Pentagone a dévoilé des plans pour le stationnement indéfini de forces terrestres américaines en Irak en un réseau de bases « lily pad » (feuille de nénuphar). En décembre, le secrétaire d’Etat Carter annonçait le déploiement d'un Joint Special Operations Command (JSOC) « force expéditionnaire de ciblage », essentiellement une petite armée généreusement financée et équipée d'unités de commandos spécialisées dans l'assassinat, l'enlèvement et d'autres opérations secrètes.
Les mesures prises par les Etats-Unis en vue d’opérations terrestres importantes l’ont été au milieu d’une implacable campagne de bombardements. Les avions de la coalition sous commandement américain qui pilonnent l'Irak depuis le début de la guerre aérienne en août 2014 ont effectué plus de 7.336 frappes.
La violence militaire américaine infligée à l'Irak au nom de la lutte contre l'État islamique (EI) est la poursuite d’une agression qui dure depuis plusieurs décennies contre ce pays.
Les guerres américaines sans fin en Irak sont le produit de la lutte géopolitique de l'impérialisme américain pour la suprématie sur la scène mondiale. Comme Al-Qaïda avant lui, l'EI est fondamentalement une création des interventions militaires américaines; il est utilisé maintenant comme prétexte pour mener de nouvelles opérations militaires visant à imposer l’hégémonie des Etats-Unis sur un Moyen-Orient riche en pétrole.
(Article paru en anglais le 29 mars 2016)