Le candidat de l'administration Obama aux fonctions de nouveau chef d'état-major des armées a déclaré jeudi, lors d'une audience de confirmation devant le Comité sénatorial des services armés que la Russie « présen[tait] la plus grande menace pour notre sécurité nationale ».
Le général Joseph F. Dunford a dit que l'arsenal nucléaire de la Russie était une menace sérieuse pour les intérêts américains. « Si vous voulez parler d'une nation qui pourrait être une menace existentielle pour les États-Unis, il faudrait que je désigne la Russie », a dit Dunford. « Si vous regardez leur comportement, il est rien moins qu’alarmant ».
Les remarques de Dunford faisaient écho à celles de la secrétaire de l’US air force Deborah James qui avait déclaré la veille que la Russie représentait la « plus grande menace » pour la sécurité des États-Unis. Elle a également appelé tous les membres de l'OTAN à porter leurs dépenses militaires à deux pour cent de leur PIB en vue de contrer la Russie.
James a dit à Reuters que les États-Unis augmentaient leur présence militaire en Europe de l'Est pour répondre à l'activité « inquiétante » de la Russie. « Ce n’est en aucun cas le moment de montrer un manque de détermination face à ces actions russes », a déclaré James.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réagi aux remarques de James jeudi en l'accusant de créer « une atmosphère artificielle d'hostilité ».
Présenter, comme le font de hauts responsables militaires américains, les actions des Etats-Unis en Europe comme la réponse à une agression russe, c’est mettre la réalité à l’envers. L'impérialisme américain n'a cessé de multiplier ses incursions militaires en Europe de l'Est dans le but d’encercler la Russie, processus considérablement accéléré après le coup d'Etat droitier pro-américain en Ukraine l'an dernier.
Ces récentes remarques de hauts responsables de l’armée américaine montrent clairement que la campagne de pression militaire de l'administration Obama contre la Russie exacerbe le danger d'une guerre entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde. La Stratégie militaire nationale 2015, rendue publique par le Pentagone la semaine dernière, nomme la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l'Iran comme cibles possibles d’une action militaire américaine.
Le mois dernier, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a annoncé que l'armée allait déployer, en rotation, de l'artillerie lourde, des chars et d'autres équipements militaires dans toute l'Europe de l'Est.
Selon des informations récentes, l'OTAN discute également d’une modification des conditions où elle pourrait utiliser des armes nucléaires contre la Russie.
L'OTAN a aussi annoncé le mois dernier qu'elle allait tripler les effectifs de sa Force de réaction et les porter à 40.000. Elle a commencé des exercices d’entrainement avec la Force jointe de réaction très rapide récemment formée, une force de 5000 soldats mobilisables contre la Russie en quelques jours. L’OTAN ouvre encore six nouveaux centres de commandement en Lettonie, Lituanie, Estonie, Bulgarie, Pologne et Roumanie.
Plus tôt cette année, l'administration Obama a annoncé qu'elle envisageait de fournir au régime de Kiev soutenu par l'Occident du matériel militaire létal pour l'aider à écraser les séparatistes pro-russes en Ukraine orientale. Le sénateur républicain John McCain, qui préside le Comité des services armés du Sénat, a maintes fois poussé à un armement public du régime ukrainien.
Jeudi, en réponse à des questions amicales de McCain, Dunford a clairement affiché son soutien pour la livraison de systèmes de contre-batterie et de missiles anti char Javelin ou Tow au régime ukrainien. « Du point de vue militaire, je pense qu'il est raisonnable de fournir ce soutien aux Ukrainiens. Franchement sans ce genre de soutien ils ne pourront pas se protéger contre l'agression russe », a-t-il dit.
L'administration Obama a déjà fourni au gouvernement ukrainien des Humvees, des gilets pare-balles et des fournitures de premiers secours. Outre l’envoi de véhicules et d'équipement, environ 300 parachutistes américains sont actuellement déployés dans l'ouest de l'Ukraine pour y former la Garde nationale ukrainienne. Celle-ci a intégré le bataillon fasciste Azov et d'autres groupes paramilitaires d'extrême-droite ayant commis de nombreuses atrocités au cours des opérations militaires dans l'Est.
Le Wall Street Journal a rapporté jeudi que l'administration Obama se préparait à étendre l'opération d’entrainement et à y inclure l'armée ukrainienne ainsi que les forces spéciales. Lors d'une récente visite dans une base d’entrainement à l'ouest de Lviv, le général Ray Odierno, chef d'état-major de l’armée de terre, a donné son appui aux projet d’extension des capacités de cette base pour y former de plus grandes unités.
Odierno a précisé que le programme de formation avait joué un rôle important dans la préparation des soldats américains à l’éventualité d'avoir à se battre contre les troupes russes. «Cet entrainement est une préparation mutuelle», a déclaré Odierno. « Les forces américaines forment les forces ukrainiennes et les forces ukrainiennes forment les forces américaines ».
(Article original publié le 10 juin 2015)