Le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon en France salue la capitulation du Premier ministre grec Alexis Tsipras le week-end dernier aux exigences du sommet de la zone euro. Passant sous silence le contenu des politiques de Tsipras, Mélenchon salue Syriza comme un exemple de la résistance aux diktats de l'Union européenne (UE).
Lundi, après que Tsipras avait accepté les mesures dictées par Berlin, Mélenchon a publié un communiqué intitulé "Un revolver sur la tempe". Il dit: «Le gouvernement d’Alexis Tsipras a résisté pied à pied comme nul autre ne l’a aujourd’hui fait en Europe. Il accepte donc un armistice dans la guerre qui lui est menée. Nous condamnons cette guerre, ceux qui la mènent et leurs objectifs.Nous condamnons les sacrifices encore demandés au Grecs et la violence qui leur est imposée ».
L'affirmation de Mélenchon que Tsipras s'oppose à l'austérité est un mensonge politique. Tout en prétendant désapprouver les mesures d'austérité de l'UE, Tsipras les impose néanmoins à une population grecque hostile. Les mesures comprennent des coupes claires dans les pensions et les salaires, des «réformes» du code de travail , des hausses la TVA et des privatisations d'actifs publics, qui transforment effectivement la Grèce en dépendance semi-coloniale de l'UE.
C'est une trahison éhontée de la classe ouvrière par Tsipras, qui répudie ses promesses électorales de mettre fin à l'austérité de l'UE, ainsi que le résultat du référendum du 5 juillet, que Syriza avait appelé, et qui a abouti à une victoire écrasante du « non » avec 61 pour cent contre l'UE.
Mélenchon a promis de soutenir et d'aider le leader grec: « Nous soutenons Alexis Tsipras et son combat pour permettre la résistance du peuple grec. Nous savons que le meilleur atout de la Grece serait la victoire de Podemos en Espagne et la nôtre en France. Nous y travaillons » !
En fait, la défense par Mélenchon de Syriza et deses politiques d'austérité expose le caractère réactionnaire de toute la pseudo-gauche, y compris le PG, qui fonctionne comme un instrument de l'UE pour attaquer la classe ouvrière. En soutenant la politique d'austérité de Syriza, Mélenchon signale qu'il menerait des politiques similaires en France, si le PG était au pouvoir.
Le 6 Juillet, un éditorial du PG intitulé « Elargir la brèche grecque » déclarait : « En votant massivement non à l’austérité européenne, le peuple grec vient d’élargir de manière historique la brèche de désobéissance ouverte en Europe par Alexis Tsipras. (...) Cette amplification de la volonté populaire et cette accélération de l’histoire attestent du caractère révolutionnaire du processus engagé à Athènes ».
Le PG a traité l'appel de Tsipras pour le référendum de « leçon de démocratie à toute l’Europe". Il a salué Tsipras, affirmant qu'il "respecte ses engagements à respecter la souveraineté populaire. ... Contrairement au gouvernement de droite précédent, il montre qu'il est pas écrit dans les étoiles que l'on doit soumettre sans résistance au diktat d'austérité imposé par la Troïka ".
La mise en garde faite par le WSWS avant le vote du 5 juillet a été entièrement confirmée : « Le but du référendum est de créer les conditions pour un vote en faveur de l'austérité et ainsi donner un vernis pseudo-démocratique à l'assaut social contre les travailleurs grecs. Il y a une colère profonde contre des années d'austérité brutale et Syriza et l'UE font donc tout leur possible pour rendre confuse l'opposition populaire et la démobiliser ».
Divers responsables de Syriza ont depuis confirmé qu'ils comptaient obtenir un «oui» au référendum, ce qui leur aurait permis de remettre le pouvoir à un nouveau gouvernement qui mettrait en œuvre les attaques de l'UE. Stupéfait par le vote écrasant du « non », Syriza a réagi à la répudiation populaire massive de l'austérité en se tournant encore plus à droite.
La nuit du 5 juillet, Tsipras a déclaré: «Cela n’est pas un mandat pour la rupture avec l'Europe, mais un mandat qui renforce notre force de négociation pour parvenir à un accord viable.» Quatre jours plus tard, Tsipras foulait aux pieds les résultats du référendum, en capitulant à l'UE et en proposant des mesures d’austérité s’élevant à €13 milliards en échange d'un plan de sauvetage de l'UE.
Alors que commençaient les pourparlers entre les membres de la zone euro, le PG a appuyé les coupes budgétaires de Tsipras et a lancé une campagne de propagande destinée à désamorcer l'opposition populaire à l'austérité.
Le coordinateur politique du PG Eric Coquerel a salué la trahison de Tsipras. Il essayait de lui donner une couverture politique en critiquant le refus de Berlin d'approuver les mesures de Tsipras sans exiger de nouvelles coupes. Coquerel a écrit: « Maintenant ça suffit ! L’avenir de la Grèce et des autres peuples européens ne peut dépendre du bon vouloir des conservateurs allemands ».
Coquerel s'est solidarisé avec l'austérité profonde de Syriza : « Plus que jamais nous affirmons notre solidarité avec la Grèce. Le plan du gouvernement Tsipras et la restructuration de la dette doivent être validés en l’état ».
Les dénonciations de Berlin par le PG n'étaient que de la démagogie creuse liée au chauvinisme anti-allemand réactionnaire du PG. Lorsque Tsipras a capitulé aux exigences de Berlin pour encore plus d'austérité le week-end dernier et a imposé une série de mesures qui transforment la Grèce en une colonie financière de l'UE, Mélenchon a réagi, comme indiqué ci-dessus, en le saluant comme une icône de la « résistance ».
L'émergence de Syriza comme outil l'austéritaire de l'UE, soutenu par le PG, est une expérience politique fondamentale de la classe ouvrière en Europe et à l'international. Il met en évidence le fossé qui sépare les parlementaires de la pseudo-gauche de Syriza et du PG d'une opposition marxiste à l'UE fondée sur des intérêts de la classe ouvrière.
Mélenchon, ancien membre de l'Organisation communiste internationaliste (OCI) qui a rejoint le PS aux années 1970, a aidé à organiser les attaques contre la classe ouvrière menées par le président François Mitterrand aux années 1980 et 1990. Il a été ministre du gouvernement de la Gauche plurielle du premier ministre PS Lionel Jospin entre 1997 et 2002. Après avoir fondé le PG en 2009, il a appelé à un vote pour le président François Hollande - maintenant largement détesté pour ses politiques d'austérité et de la guerre - au second tour de l'élection présidentielle de 2012.
(Article paru en anglais le 18 juillet 2015)