Le Parti socialiste (PS) au pouvoir a subi une nouvelle défaite majeure dimanche au second tour des élections départementales. Le PS a gagné dans 34 des 101 départements français, ce qui signifie qu'il va céder le contrôle de près de la moitié des 61 départements qu'il détenait avant l’élection.
Le parti droitier Union pour un mouvement populaire (UMP) va diriger 67 conseils départementaux. Le Front national (FN) d'extrême droite ne l’a emporté dans aucun département. Le taux d'abstention était de 50 pour cent, similaire à celui du premier tour.
C'est la quatrième défaite consécutive à une élection de mi-mandat depuis que le candidat PS François Hollande a remporté l’élection présidentielle de mai 2012 et l’élection législative quelques semaines plus tard. Hollande est largement détesté pour avoir présidé à une forte hausse du chômage et au blocage des augmentations de salaire. Sa politique d'austérité et de guerre ont fait de lui le président le plus impopulaire de la France depuis la Seconde Guerre mondiale. Le PS a même perdu le département de la Corrèze, le fief électoral de Hollande.
Plus d'une semaine avant les élections départementales, Hollande avait insisté pour dire qu'il ne modifierait pas sa politique d'austérité, même si les électeurs la rejetaient massivement dans les urnes. Il avait déclaré au magazine économique Challenges qu'il n'y aurait « pas de changement, ni de ligne ni de Premier ministre ».
Rejetant avec arrogance la colère de masse vis-à-vis de sa politique, il avait dit: « Pourquoi changerais-je de ligne politique, alors qu’elle est claire, qu’elle commence à porter ses fruits? »
Le PS a réagi à sa défaite en envoyant le premier ministre Manuel Valls annoncer sans détours que le PS poursuivrait sa politique impopulaire. « L'économie va mieux grâce aux réformes que nous avons menées pour nos entreprises », a déclaré Valls allègrement. Il ajouta que les différentes factions du PS, ses alliés Verts et de la pseudo-gauche étaient « trop dispersés » et auraient tous dû faire campagne ensemble.
Les députés de la faction soi-disant « frondeuse » du PS, qui a quitté le gouvernement à l'automne dernier pour appeler à une politique financière plus indépendante de l'Allemagne et de l'Union européenne, pressent à une collaboration plus étroite avec le gouvernement. (Voir: L’effondrement du gouvernement français: une crise du régime capitaliste en Europe). Samedi dernier, ils ont affiché un manifeste sur leur site web proposant un « contrat de rassemblement ».
Faisant écho à ces appels à l'unité du PS, la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem a dit qu'il ne saurait y avoir aucun répit dans l'austérité imposée par le PS. « Etre indécis maintenant signifierait ruiner tous les efforts que nous avons faits depuis 2012, » a-t-elle dit.
Nicolas Sarkozy, ancien président de 2007 à 2012 et actuel président de l'UMP, a célébré la victoire de son parti en déclarant: « Ce soir, la droite républicaine et le centre ont nettement remporté les élections. Jamais, sous la Ve, notre famille n'avait gagné autant de départements. (…) C'est le mensonge, l'impuissance, qui ont été sanctionnés aujourd'hui ».
En fait, malgré sa victoire électorale, l'UMP ne dispose pas pour sa politique de droite d’un large appui, car il est pratiquement impossible de la distinguer de celle de Hollande. Sarkozy lui-même est une figure très controversée. Sa politique en avait fait le président le plus impopulaire de la France dans l'histoire, jusqu'à ce que Hollande, qui l’a battu aux élections de 2012, ne plonge encore plus bas que lui dans les sondages.
Une fois que les conseillers de l'UMP auront pris leurs fonctions, ils seront obligés d'imposer des milliards d'euros de coupes impopulaires, puisque le PS a supprimé €11 milliards des dotations de l'Etat aux autorités territoriales.
Le bilan similaire de l'UMP et du PS profite surtout au parti d'extrême droite FN. En raison du caractère réactionnaire et banqueroutier des partis de la pseudo-gauche comme le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) qui sont alignés sur le PS, le FN peut, de façon démagogique, prendre la pose de seul parti d'opposition en France.
Après l'annonce des résultats dimanche, la présidente du FN Marine Le Pen a dénoncé le « mépris de classe pour nos candidats » de la part du reste de l'establishment politique. Elle a salué les 31 binômes gagnants du FN, un total de 62 conseillers départementaux sur l’ensemble du pays, comme « la base des grandes victoires de demain. »
« Je suis désormais à la tête du seul mouvement d’opposition véritable », a-t-elle dit. Elle a appelé à la réduction des retraites des fonctionnaires de l’Etat pour alléger le fardeau fiscal des contribuables les plus pauvres et à l'interdiction du foulard islamique dans les crèches.
Les élections départementales semblent avoir produit un léger recul du FN, dont certains médias avaient prédit qu’il contrôlerait jusqu'à cinq départements – le Vaucluse, le Gard, l'Aisne, l'Oise, et le Pas-de-Calais. Mais le parti d'extrême-droite poursuit nettement son ascension, passant d'un conseiller départemental dans toute la France à 62, ce qui montre son influence croissante dans l’ensemble du pays.
Apparaissant sur France2, Florian Philippot, un conseiller de Le Pen, a fait remarquer que dans 1100 des 2054 cantons où le FN était passé au second tour, il avait obtenu une moyenne de 40 pour cent des voix, soulignant ainsi la force électorale croissante des néo-fascistes.