Réagissant au coup militaire qui a suivi le soulèvement de masse du 28 octobre au Burkina Faso, le NPA s’en remet à l’opposition bourgeoise au président Blaise Compaoré pour rétablir l'ordre au Burkina Faso et défendre ainsi les intérêts de l’impérialisme français.
Dans l'article Burkina Faso : solidarité avec la révolte populaire, le NPA n’hésite pas à s’aligner, sans aucune critique à son encontre, sur la déclaration de l’opposition bourgeoise: « 'La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l’armée', déclarent les partis de l’opposition et les associations qui appelaient à manifester dimanche dernier [le 2 novembre]. ».
L'idée véhiculée par le NPA que le coup d'Etat du colonel Isaac Zida et ses négociations avec l'opposition bourgeoise représentent une « victoire issue de l'insurrection populaire » est un mensonge politique absurde.
La tentative de confisquer les revendications des masses n’est pas seulement l’œuvre de l’armée. L’opposition bourgeoise cherche après le 28 octobre, tout comme la junte militaire, à rétablir l’ordre au Burkina Faso. Les critiques émises par l’opposition et les associations à l’encontre de l’armée révèlent seulement les divergences au sein de la bourgeoisie burkinabé et parmi les puissances impérialistes sur la façon de reprendre la situation en main.
En cachant ces réalités politiques, le NPA s’aligne sur la position du gouvernement français, qui compte sur l’opposition pour défendre ses intérêts. Des discussions ont eu lieu entre l’ambassadeur français et l’opposition bourgeoise pour organiser la manifestation du 2 novembre, avec comme objectif de servir de soupape pour rendre inoffensive la colère des masses.
Pour couvrir sa position pro-impérialiste, le NPA n’hésite pas à présenter l’opposition comme étant progressiste, d'une manière anhistorique et fausse. Il avance comme référence le « Che Africain », Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso, assassiné en 1987 avec la complicité de la CIA et de la France. Il s'oriente ainsi vers des sections de l'opposition et de l'armée, proches du général Kouamé Lougué, qui utilisent l'image de l’ancien président assassiné pour se donner une image radicale et tenter de gagner la sympathie des manifestants.
Le NPA écrit : « Thomas Isidore Noël Sankara aura permis de poser les bases d’une révolution intègre et africaine, il définissait son programme comme anti-impérialiste et permit la réduction du train de vie du gouvernement, la suppression de la chefferie traditionnelle, la lutte contre l’analphabétisme et la promotions de l’égalité homme-femme dans cette société très inégalitaire qu’était l’ex Haute Volta. Dans chaque forum international, à chaque tribune internationale qui lui était offerte, Thomas Sankara s’est fait le chantre des opprimés et pas seulement de l’Afrique. Il nous faut à présent continuer la lutte pour une justice pour Thomas Sankara, une justice qui sera aussi celle de tous les révolutionnaires du monde et surtout de la jeunesse africaine ».
Cet éloge de Thomas Sankara, chef de l'Etat de 1983 à son assassinat en 1987, est une trace fossilisée de l'orientation développée par la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), le précurseur du NPA, vers les régimes nationalistes du Tiers Monde.
Les programmes sociaux et le discours radical de Sankara lui ont valu de puissants ennemis parmi les élites du Burkina Faso, à Washington, et à Paris. Cependant, cette politique émanait d'un régime bourgeois qui tentait d'arriver à une co-existence politique avec les puissances impérialistes, notamment la France. En cela, Sankara rejoignait des nationalistes bourgeois tels que Fidel Castro à Cuba, Muammar Kadhafi en Libye, ou Yasser Arafat de l'Organisation de libération de la Palestine.
Sankara n’est pas arrivé au pouvoir en dirigeant un mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière, ralliant les masses opprimées dans une lutte contre l'impérialisme, mais par un coup d'Etat. Il se basait dans l'analyse finale sur des sections de la bourgeoisie du Burkina Faso qui cherchaient à défendre au mieux leurs intérêts en jonglant entre les différentes puissances. C'est cela qui lui valait une certaine sympathie auprès des petit-bourgeois anti-marxistes de la LCR, issue de la « gauche » estudiantine post-soixante-huitarde.
Cependant, les liens politiques et matériels entre la LCR et l'impérialisme français—dirigé par le Parti socialiste (PS) du président François Mitterrand à l'époque, et le président François Hollande aujourd'hui—pesaient bien plus que ces sympathies pour Sankara. La LCR s'est donc accommodée à la complicité de Paris dans l'assassinat de Sankara par Compaoré, et dans l'annulation des mesures de Sankara jugées trop radicales.
Presque 30 ans plus tard, l'« opposition » burkinabé est très à droite de ce qu’a pu être Sankara, tout comme le NPA est très à droite de la LCR des années 1980. Le général Lougué assure à RFI qu'il est « du côté de ses frères d'armes », c'est-à-dire de la junte militaire et de ses manoeuvres avec l'opposition bourgeoise.
L'opposition encensée par le NPA est en fait pilotée par les intérêts stratégiques du CAC-40. Le porte-parole du Chef de file de l'Opposition, Zephirin Diabré, est député à l'Assemblée nationale, ayant été ministre du Commerce, de l'Industrie et des mines, de l'Economie, des Finances et du Plan. En 2006, il a rejoint le groupe Areva, pour y diriger les opérations de sa division Afrique et Moyen-Orient. Il a quitté le groupe Areva en 2011 pour faire du travail de conseil dans le domaine du financement minier. Depuis le 1er mars 2010, il préside l'Union pour le progrès et le changement (UPC).
Les soulèvements de la classe ouvrière contre les régimes issus du nationalisme bourgeois en Afrique, notamment en Tunisie et en Egypte en 2011, démontrent la faillite de la perspective nationaliste. Elle s'est avérée incapable d’assurer des droits sociaux et démocratiques pour la classe ouvrière et les masses opprimées. Alors que tous les régimes pro-impérialistes de la région vacillent sous les coups de la crise capitaliste et la colère grandissante des travailleurs, c'est la perspective d'une révolution internationaliste du prolétariat et non du nationalisme bourgeois qui est confirmée.
Ceci a achevé de jeter les forces petite-bourgeoises de la pseudo-gauche représentées par le NPA dans le camp de la réaction sociale. Le NPA défend la politique du gouvernement Hollande, qu’il a aidé à faire élire. Le NPA empêche la classe ouvrière de pouvoir lutter contre la politique d’austérité en soutenant la trahison des syndicats. Le NPA a ainsi facilité les licenciements de masse et la réduction du niveau de vie de la classe ouvrière.
Le NPA s’est aligné sur les intérêts de l’impérialisme français, applaudissant les guerres « humanitaires » de la France et de l'OTAN en Libye et en Syrie ou encore l'intervention en Ukraine. Il a soutenu des islamistes liés à Al Qaïda ou les milices fascistes ukrainiennes qui ont dirigé le putsch de Kiev, les présentant comme des forces « révolutionnaires ».
L'éloge qu'il fait à présent de la collaboration entre Diabré, Lougué, et la junte militaire burkinabé fait partie de l'orientation réactionnaire du NPA contre les travailleurs et les masses opprimées du monde, et vers l'impérialisme français.