Le Président François Hollande a confirmé dans un entretien avec Le Monde le 19 août que la France a livré et continue de livrer des armes directement aux « rebelles » de l’Armée Syrienne Libre (ASL) dans le cadre de sa guerre par procuration pour renverser le régime du Président Bachar al-Assad. Cette nouvelle a précédé la décision récente des Etats-Unis d’une intervention militaire en Syrie, soi-disant dans le but d’écraser l’opposition des milices de l’Etat islamique (EI) opérant en Irak et en Syrie.
L’impérialisme français fournit des armes aux forces islamistes syriennes depuis au moins le printemps 2013. Selon Le Monde, les armes fournies comprennent des mitrailleuses de calibre 12.7mm, des lance-roquettes, des gilets pare-balles, et des moyens de communication, mais « aucun ‘équipement qui aurait pu se retourner contre nous’ tels que des explosifs » Les mêmes armes sont également expédiées aux milices peshmerga kurdes dans le nord de l’Irak pour arrêter la progression de la prise de pouvoir de l’EI, une conséquence direct de la guerre américaine en Irak.
Le rôle du gouvernement Hollande dans l'armement des “rebelles” en Syrie démasque une fois de plus, de façon dévastatrice, les groupes de pseudo-gauche comme le NPA en France qui ont soutenu la guerre impérialiste par procuration en Syrie. En promouvant la politique étrangère du Parti socialiste (PS), le NPA a répété le mensonge que l'Armée syrienne libre menait une « révolution démocratique » et attaqué Hollande pour n'avoir pas armé l’opposition syrienne. En fait, le NPA ne faisait que mettre la pression sur Hollande pour qu’il aille plus loin dans la politique réactionnaire qu’il menait déjà.
Une résolution adoptée en septembre dernier par le Comité politique national du NPA sur la Syrie déclare : “Les puissances occidentales ont tout fait depuis le début du soulèvement syrien pour s’éviter une nouvelle aventure militaire…Mais nous devons soutenir la demande d’aide internationale…: fourniture de nourriture et de biens de première nécessité, aide médicale et autre services publics, mais également les armes pour les secteurs les plus démocratiques. »
En outre, en septembre dernier, le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, demandait sur RFI au ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius de « donner gracieusement des armes aux révolutionnaires syriens » Il prévenait le gouvernement de ne pas écouter, « Ceux qui disent ‘il ne faut surtout pas donner d’armes parce que cela va finir chez les jihadistes’, c’est déjà le cas » (voir : France: L'offensive de l'EIIL en Irak révèle le soutien de la pseudo-gauche à la guerre en Syrie)
L’hystérie pro-guerre du NPA reflète la politique profondément cynique de sa base petite-bourgeoise réactionnaire et prospère qui soutient l'effort de l’impérialisme français à recoloniser la Syrie, mais qui veut se poser en critique du gouvernement Hollande afin de désorienter l’opposition de la classe ouvrière envers ce gouvernement de droite. On peut supposer, sans craindre de se tromper, que quelles que soient les objections tactiques que le NPA exprime face à la politique de guerre de la France, il continuera à soutenir l’escalade de l'intervention en Syrie.
Dans son entretien avec Le Monde, Hollande souligne la détermination de la France à intervenir en Syrie, faisant remarquer : “Nous ne devons pas relâcher le soutien que nous avions accordé à ces rebelles qui sont les seuls à participer à l’esprit démocratique”
La présentation par Hollande et le NPA des forces de l’opposition syrienne soutenues par les puissances occidentales comme des « démocrates » est une fraude ignoble. L’Etat islamique (EI) et de larges sections de l’ASL sont composés de groupes islamistes qui ont recours à des attentats terroristes et des tueries de masse pour mener une guerre civile qui a provoqué la mort de près de 190.000 personnes et fait des millions de réfugiés. En fait, ce sont précisément ces crimes que Washington essaie maintenant d’exploiter avec mépris en affirmant qu'il est nécessaire d’intervenir en Irak et en Syrie pour écraser l’Etat Islamique.
On marche sur la tête quand on entend François Hollande prétendre que la poussée de l’Etat islamique en Syrie et ses guerres sectaires sont la conséquence du refus des pays de l’OTAN de déclarer la guerre contre Assad.
“La communauté internationale porte une responsabilité très grave pour ce qui se passe en Syrie […] si, il y a un an, il y avait eu une réaction des grandes puissances à la hauteur de l’utilisation [par Bachar al-Assad] des armes chimiques, nous n’aurions pas été face à ce choix terrible, entre un dictateur et un groupe terroriste, alors que les rebelles méritent tout notre soutien. »
Le Président Hollande et les Etats-Unis portent en effet “une responsabilité très grave”, celle d’avoir fomenté une guerre civile, en utilisant des forces djihadistes tels l’ASL et l'EI comme agents locaux.
Le non respect de la légalité par le gouvernement PS de François Hollande a été démontré en août 2013 quand il a revendiqué haut et fort le bombardement de la Syrie pour chasser Assad du pouvoir, bravant la menace de veto de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU. La guerre avait été évitée de justesse, du fait de sérieux différends de politique étrangère au niveau international et de l'opposition à la guerre exprimée par le vote au parlement britannique, ceci au grand regret du gouvernement Hollande, qui était prêt à risquer de provoquer une guerre avec la Russie et l’Iran.
La poussée des forces djihadistes en Syrie est la conséquence directe de l’armement et du financement de forces intermédiaires par la CIA, la France et les monarchies du Golfe, pour le renversement de Assad. L'ASL, que Hollande qualifie de « démocratique », a vu de larges sections de ses milices rejoindre le Front Al-Nosra, proche d'al-Qaïda.
La France attise ouvertement les flammes de la guerre civile en Syrie depuis 2012, date où Hollande a reconnu la Coalition nationale syrienne, où siège l’ASL aux côtés de représentants de divers groupes islamistes et d’opposants libéraux de Assad, comme étant le gouvernement syrien. Le gouvernement PS de Hollande est l’un des plus belliqueux au monde. Après avoir lancé des guerres au Mali et en République centrafricaine dans sa course pour recoloniser l’Afrique, il soutient Washington et Berlin dans leur guerre par procuration avec la Russie, au sujet de l'Ukraine.
(Article original paru le 27 août 2014)