Après le massacre de vendredi à Odessa, qui a été perpétré par les partisans de l’extrême-droite du régime fantoche pro-occidental de Kiev, les combats se sont intensifiés au cours du week-end d’un bout à l’autre de l’Ukraine orientale. Des comptes rendus sur les atrocités ont confirmé qu’il s’agissait bien d’un acte de terreur qui visait les protestataires pro-russes, avec l’intention d’embraser les tensions contre la Russie dans toute l'Ukraine.
Un millier de hooligans bien armés de Kharkiv et des nervis fascistes de la milice Secteur droit ont attaqué des manifestants pro-russes, les obligeant à pénétrer dans le hall de la maison des syndicats de la ville, pour ensuite donner l’assaut contre le bâtiment, l’attaquer à l’aide d’armes légères et l’incendier à coups de cocktails Molotov. En tout, 42 personnes sont mortes et 170 ont été blessées. C'est l’acte de répression à lui seul le plus sanglant de Kiev contre les protestations. La police d’Odessa a laissé faire, puis a emprisonné les manifestants pro-russes qui avaient réussi à échapper à la fois aux flammes et aux nervis de Secteur droit qui agressaient toute personne sautant du bâtiment.
Dimanche, à Odessa, plus d’un millier de manifestants ont pris d’assaut le quartier général de la police pour faire libérer les 67 détenus en scandant des slogans tels « Odessa est une ville russe » et « Un pour tous, tous pour un. » Une fois à l’intérieur du bâtiment, ils ont retiré le drapeau ukrainien et ont négocié avec la police la libération des détenus.
Des milliers de gens se sont aussi rassemblés au cours du week-end devant le bâtiment des syndicats pour y déposer des fleurs et rendre hommage à ceux qui sont morts.
Samedi, le ministre ukrainien de l’Intérieur, Arsen Avakov, a déclaré que la répression militaire du régime à l’encontre des manifestants pro-russes dans l’Est du pays continuerait. Il a dit : « Nous ne nous arrêterons pas là. » Il a promis que des opérations employant des « unités spéciales » se poursuivraient partout en Ukraine orientale.
Le massacre d’Odessa est un réquisitoire contre l’intervention réactionnaire de Washington et de Berlin pour installer un régime non élu à Kiev au moyen du coup d’Etat fasciste perpétré le 22 février. Le groupe néo-nazi Secteur droit a été utilisé par les puissances impérialistes occidentales comme troupes de choc dans ce coup d’Etat.
Washington et Berlin comptaient sur leurs médias corrompus pour présenter le coup d’Etat comme une révolution populaire en faveur de la démocratie, tandis qu'ils se préparaient à écraser l’opposition populaire au moyen de meurtres de masse commis par leurs alliés d’extrême droite.
La responsabilité des atrocités incombe d’abord et avant tout aux partisans impérialistes du régime de Kiev. Le massacre en soi a été, selon toute probabilité, discuté et préparé avec des responsables occidentaux, comme le furent les deux vagues d’assauts militaires lancées contre des villes de l’Est contrôlées par les rebelles antigouvernementaux. La première répression avait eu lieu après une visite secrète effectuée à Kiev les 12-13 avril par le directeur de la CIA, John Brennan, la deuxième avait fait suite à la visite, les 21-22 avril, du vice-président américain, Joseph Biden.
De nouveaux reportages sont apparus qui établissent des liens étroits entre les services de renseignement américains et le régime de Kiev. Citant des sources au sein des services de sécurité allemands, le journal Bild am Sonntag écrivait dimanche : « Le gouvernement provisoire de Kiev est conseillé par des dizaines de spécialistes des services secrets de la CIA et du FBI, l’agence chargée de faire respecter les lois fédérales.
Selon le Bild, les responsables de la CIA et du FBI collaborent avec les forces de sécurité à Kiev en vue « d’aider à mettre fin à la rébellion à l’Est du pays et d'établir une infrastructure de sécurité qui fonctionne. »
Au cours du weekend, les combats se sont intensifiés dans toute la région de Donetsk. Des dizaines de véhicules de transport de troupes blindés et 20 hélicoptères ont encerclé et attaqué vendredi les milices pro-russes à Slaviansk et les combats se sont poursuivis ce weekend. Les forces pro-russes à Slaviansk ont fait état de 10 morts et de 40 blessé lors d’attaques menées par les forces de Secteur droit mais elles ont dit aux médias russes qu’elles continuaient à tenir la ville et à organiser des offensives pour récupérer les postes de contrôle dont se sont emparés les forces pro-Kiev.
Outre l’attaque contre les manifestants pro-russes dans la ville portuaire de Mariupol, les unités pro-Kiev auraient repris en main la ville industrielle de Kramatorsk en tuant 6 personnes et ne laissant que le centre de la ville aux mains des forces pro-russes. Les usines de construction mécanique de Novokramatorsky et de Starokramatorsky, l’usine de production d’acier Energomashseptsstal et l’usine de fabrication d’équipement pour usines métallurgiques de Kramatorsk, employant au total 50.000 travailleurs, étaient toutes fermées.
Le massacre d’Odessa illustre la témérité et la criminalité du régime de Kiev et de ses partisans occidentaux. Après avoir provoqué une crise en mettant en place un régime impopulaire, au moyen d'un coup d’Etat, ils déchaînent des meurtres de masse calculés pour pousser le Kremlin dans une guerre désastreuse en Ukraine. Ce faisant ils détournent la colère sociale qui résulte de la politique anti-ouvrière appliquée par Kiev en attisant une guerre civile.
La veille du massacre d’Odessa, le régime de Kiev avait imposé une hausse très impopulaire de 50 pour cent du prix du gaz, dictée par le Fonds monétaire international. Cette mesure acculera à la faillite un grand nombre de familles ouvrières ukrainiennes.
Les responsables russes ont dit ne pas avoir l'intention d’envahir l’Ukraine orientale mais ils ont aussi dit qu'ils interviendront militairement pour mettre fin aux massacres de masse des Russes de souche et des forces pro-russes là-bas. Le lendemain du massacre d’Odessa, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a affirmé que le Kremlin recevait « des milliers » d’appels en provenance d’Ukraine demandant que la Russie les protège.
« Les gens lancent des cris de désespoir, en demandant de l’aide. L’écrasante majorité exige une aide russe, » a-t-il dit en ajoutant que le régime de Kiev et ses partisans ont « les mains dans le sang jusqu’aux coudes ».
Hier, Peskov a prévenu que la situation « ne fait qu’empirer. » Il a ajouté, « Nous estimons que nous devrions avoir une interprétation commune de ce qui se passe en Ukraine, mais malheureusement, il ne semble pas que l’Europe et les Etats-Unis soient sains d’esprit dans leurs évaluations. »
Alors que les oligarques du Kremlin veulent très certainement trouver une « interprétation commune » et parvenir à un accord avec l’impérialisme, rien de tel n’est proposé. Poussées par l’aggravation des tensions sur le plan intérieur et l’intensification des conflits géopolitiques qui, des décennies durant depuis la dissolution de l’Union soviétique, se sont développés en raison des interventions impérialistes au Moyen-Orient, au Caucase et dans les Balkans, les puissances de l’OTAN ne recherchent pas la paix mais la confrontation.
Elles ont saisi l’occasion de la crise de l’Ukraine pour déployer des troupes, des navires de guerre et des avions de combat tout au long de la frontière occidentale de la Russie et envoyer des soldats en Pologne, dans les Etats baltes et la Roumanie et des navires en Mer noire.
La mise en place en Ukraine d’un régime farouchement anti-russe faisait déjà partie d'une campagne plus générale visant à déstabiliser et démanteler la Russie tout en plaçant l’Amérique et l’Europe sur un pied de guerre permanent. Avec cette politique particulièrement irresponsable qui risque de déclencher une guerre mondiale impliquant des armes nucléaires, les aristocraties financières des différentes puissances impérialistes cherchent à sauvegarder leur suprématie sur l'échiquier politique mondial.
Dans une série d’interviews accordées au journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen a qualifié la crise ukrainienne de « tournant » et exigé le « réarmement » de l’OTAN. Le journal a demandé à Rasmussen si l’ampleur du tournant était comparable à celle de la dissolution de l’Union soviétique et du Pacte de Varsovie ou du lancement par Washington de la « guerre contre le terrorisme » au Moyen-Orient après les attentats du 11 septembre .
Rasmussen a répondu par l’affirmative: « Pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, un pays européen s’est violemment emparé d’un territoire. Nous pensions que ce que nous avions vu en Crimée et ce que nous vivons en Ukraine orientale appartenaient au passé. Mais cela se passe au 21ème siècle ! Nous devons réagir ! »
En fait, il y avait eu peu de violence lors du référendum en Crimée, et certainement pas de l’envergure des atrocités déclenchées par les intermédiaires fascistes de l’OTAN. Toutefois, l’affirmation que la crise ukrainienne est le 11 septembre de l’Europe, souligne que cette crise sera exploitée pour lancer de vastes opérations militaires à l’étranger et des attaques contre les droits démocratiques à l’intérieur du pays.
Dans un remarquable article publié dans le Daily Beast, le président émérite du Council on Foreign Relations américain, Leslie Gelb, a réclamé que le Pentagone arme massivement le régime de Kiev contre la Russie. Les armes qu’il mentionne sont similaires à celles livrées aux forces liées à al Qaïda que Washington avaient mobilisées contre le régime syrien du président Bachar al-Assad.
« Cette aide militaire doit passer par les forces d’opérations spéciales et être des sortes d’engins explosifs improvisés (EEI) placés en bord de route, des mortiers, des grenades, d’autres explosifs et des armes de petit calibre. Une formation américaine doit être fournie, sinon en Ukraine même, alors dans des pays avoisinants, » a-t-il dit.
La fourniture de telles armes à des groupes comme Secteur droit, qui ont combattu aux côtés des groupes terroristes islamistes tchéchènes en Russie, serait une étape majeure menant à des opérations militaires américaines directes à l'intérieur même de la Russie.
(Article original paru le 5 mai 2014)
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