Zorya Leonidovna Serebryakova est née en 1923. Elle est la fille du leader bolchevik et opposant de gauche Leonid Petrovitch Serebryakov.
Serebryakov (1890-1937) rejoint la faction bolchevik du Parti social-démocrate de Russie en 1905 et participe activement aux événements révolutionnaires de cette année. Comme beaucoup d’opposants de gauche, il est exclu du Parti en 1927 et envoyé en exil à Semipalatinsk au Kazakhstan en 1928.
Serebryakov est réadmis au Parti communiste en 1930. Dans les années qui suivent, il soutient l’industrialisation soviétique. En août 1936, il est arrêté. Serebryakov est l’un des principaux accusés dans le Deuxième procès de Moscou au début de 1937. Il est reconnu coupable le 30 janvier et est abattu le 1er février 1937. Il n’est réhabilité qu’un demi-siècle plus tard, en décembre 1986.
Sa fille, Zorya, est arrêtée en 1937, à l’âge de 14 ans. Elle est envoyée en exil à Semipalatinsk et ne retourne à Moscou qu’en 1945. En 1949, alors mère d’un petit garçon, elle est de nouveau arrêtée et exilée. Son mari est condamné à 25 ans dans les camps pour «agitation antisoviétique». Elle, sa mère et son mari sont réhabilités sous Khrouchtchev en 1956.
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WSWS : Pouvez-vous nous parler de votre père et de vos souvenirs d’enfance de l’Opposition de gauche dans les années 1920?
Zorya Leonidovna Serebryakova : Mon père a rejoint le Parti à un très jeune âge et il n’avait que 21 ans quand il a été envoyé comme délégué à la Conférence de Prague en 1912. [1] En fait, quelqu’un a récemment découvert dans les archives locales de l’église de Samara où il fut baptisé qu’il est né en 1890 et non en 1888. Il a changé son année de naissance pour pouvoir commencer à travailler plus tôt en usine, à 14 ans.
Mon père était en effet issu d’une famille de la classe ouvrière. La famille vivait dans des conditions très modestes, mais ils luttaient tous pour la justice disons, certains comme bolcheviks, d’autres comme mencheviks.
Mon père était très proche de Lénine et de Trotsky. Lénine l’a déjà décrit comme un «travailleur brillant».
Sur cette photo vous voyez Lénine avec les trois secrétaires du Comité central de 1919 à 1921, Serebryakov (à la gauche de Lénine), Krestinsky [2] (derrière Serebryakov) et Preobrajensky [3] (à la gauche de Serebryakov). Ils étaient tous très proches de Trotsky.
Après 1921, ils ont essentiellement été remplacés par les hommes de Staline. Mon père était sur la liste des 16 bolcheviks les plus proches de Lénine qui ne pouvaient être réhabilités sous Khrouchtchev. Je n’ai découvert cela que plus tard. Dans les années 1950, j’ai tout fait pour essayer de le faire réhabiliter, ne sachant pas à ce moment-là que ce serait futile de toute façon.
Je me souviens de beaucoup de Vieux bolcheviks et d’opposants de gauche qui venaient chez nous: Voronsky [4], l’un des meilleurs amis de mon père, était là; de même que Preobrajensky, qui était aussi un ami proche de mon père; Trotsky, évidemment, et bien d’autres encore. Il a également été un bon ami de Boukharine [5] jusqu’à ce que Boukharine commence à soutenir Staline. Les Vieux bolcheviks formaient un cercle étroit, après tout. Tous se connaissaient très bien entre eux.
Mon père admirait énormément Trotsky et j’ai été élevée avec beaucoup d’amour et de respect pour Lev Davidovitch [Trotsky]. J’ai été en fait présentée à lui enfant. J’étais alors très petite, mais j’ai de bons et très intenses souvenirs de lui.
Beaucoup disent qu’il était froid. Mais dans ses relations avec ma famille, il était un homme d’une chaleur extraordinaire. Il a pris un vif intérêt pour tout le monde dans notre famille, même sur des aspects très personnels, comme le divorce de mes parents (Trotsky était contre et a essayé de convaincre ma mère de ne pas laisser mon père).
Quand ma mère a quitté mon père pour Sokolnikov [6] en 1924, je suis restée avec mon père. J’aime beaucoup cette photo, car elle montre à quel point nous étions proches. Ma mère lui avait dit : «Je te laisse la petite. Ça va être plus facile pour toi.»
Ma mère [7] aussi admirait grandement Trotsky. Elle venait tout juste de commencer à écrire dans ces années-là et appréciait hautement son avis et ses conseils en matière littéraire. Elle allait également lui rendre visite quand il était malade. Il était un ami de la famille.
Donc, vous voyez qu’il était loin d’être l’homme arrogant et froid que certains disent qu’il était. Il se souciait beaucoup de ses amis et de ceux qui étaient près de lui. Cela a toujours été très douloureux pour moi que de le voir calomnié comme cela.
Trotsky avait absolument raison quand il a appelé Staline «le fossoyeur du Parti et de la Révolution». J’ai récemment trouvé un document dans le fonds privé de Ordjonikidze qui confirme que Staline avait été en fait un agent de l’Okhrana [la police secrète du tsar]. Il était un ennemi du peuple, il a d’abord détruit le Parti, puis le pays dans son ensemble.
Je voudrais citer quelques déclarations de Trotsky sur mon père pour montrer combien Trotsky l’estimait. Voici ce qu’il a écrit sur Serebryakov en 1937 : «De 1923 à 1927, il fut l’un des dirigeants de l’Opposition de gauche aux côtés d’I. N. Smirnov (le fusillé du Procès des seize). Il facilita incontestablement notre rapprochement avec le groupe de Zinoviev (l’“opposition de 1926”), et contribua de façon décisive à atténuer les conflits au sein de l’opposition ainsi constituée » [8]
Plus loin, Trotsky écrit : «Serebryakov capitula devant la clique dirigeante [en 1929] d’une façon, il est vrai, plus digne que celle de certains, mais non moins décidée.» [9] Et la dernière citation : «Pyatakov et Serebryakov ont été mes partisans politiques de 1923 et 1927, et ont été très proches de moi.» [10]
WSWS : Serebryakov était important dans le Deuxième procès de Moscou en 1937…
Zorya Leonidovna Serebryakova : Mon père avait été le secrétaire de l’organisation du Parti avant Staline. Staline a pris de facto sa place. Serebryakov était alors très proche de Trotsky dans les années 1920 et a joué un rôle de premier plan dans l’Opposition de gauche, comme les extraits des écrits de Trotsky que j’ai cités le montrent. Donc Staline devait le faire disparaître de l’histoire.
Mon père a quitté l’Opposition parce qu’il estimait que la lutte était inutile et qu’il pouvait encore apporter quelque chose dans le travail concret. À partir de 1931, il a été à la tête (de la division) du transport automobile et il a pris son travail très au sérieux.
Lors du procès, il a été accusé d’avoir participé à une tentative d’attenter à la vie de Yezhov et de Beria [11] (le nom de ce dernier a été ajouté par Staline en personne) et d’être responsable de nombreuses attaques de diversion et néfastes sur les chemins de fer soviétiques en sa qualité de chef du transport ferroviaire soviétique. En fait, il était à la tête du transport automobile soviétique, et non ferroviaire. Cela peut sembler être un détail mineur, mais c’est l’un des nombreux détails qui prouvent que tout était un coup monté.
Je sais qu’il a avoué et a collaboré lors du procès pour sauver ma vie. Et je tiens à souligner que, contrairement à beaucoup d’autres, mon père n’a jamais dit un mauvais mot à propos de Lev Davidovitch.
Max Eastman relate une conversation [en 1929] dans ses mémoires où mon père prédit presque les purges. Il [Serebryakov] dit : «Staline nous aura tous à la fin. Il va tuer chacun d’entre nous qui s’est opposé à lui. Il est l’être vivant le plus vindicatif qui soit. Vous savez ce qu’il a déjà dit lors d’une discussion à propos de savoir quelle est la plus grande sensation de bonheur qu’on peut ressentir dans une vie? “Se venger d’un ennemi, puis rentrer à la maison et aller tranquillement se coucher”. Ce n’est pas un mythe. C’est exactement ce qu’il a dit. Staline peut attendre, si nécessaire, toute une vie pour goûter à ce bonheur.» [12]
WSWS : Quels sont vos souvenirs de la terreur des années 1930?
Zorya Leonidovna Serebryakova : Oh! C’était des temps vraiment horribles. Je me souviens d’une fille que je connaissais et qui était consternée quand elle m’a dit à l’été 1937: «Ils transportent les corps par camions.» Un million de personnes ont été tuées en 1937-1838, et Moscou était au centre de tout cela.
Nous attendions tous que le NKVD vienne nous chercher. Nous étions éveillés la nuit, en écoutant les moteurs des camions dans la cour. C’était terrible. Personne dans la maison ne savait qui serait le prochain. Tout le monde attendait dans l’horreur.
Ils montaient les escaliers lentement, agissant comme s’ils ne savaient pas encore qui ils allaient ramasser. S’ils frappaient à la porte d’un voisin, nous étions soulagés, car cela signifiait au moins un jour de répit de plus pour nous. Une femme dans notre maison, dont la chambre était à proximité de l’ascenseur, a fini avec une maladie nerveuse parce qu’elle entendait toujours l’ascenseur monter, craignant qu’elle était la prochaine à être enlevée. Finalement, elle n’a jamais été arrêtée, mais ses troubles nerveux n’ont jamais disparu.
Sept membres de ma famille ont été tués par Staline. La mère de mon père a été exilée en 1937 à l’âge de 76 ans et est morte en exil dans les années 1940. Sa sœur, aussi, est morte en exil. Son frère, un bolchevik, a passé huit ans dans les camps.
Le père de ma mère, Iosif Moiseevich Byk [13] avait été un partisan de l’Opposition de gauche qui avait signé la Déclaration des 46 (en 1923) [14], et il a été l’un des premiers à être tués quand les Grandes Purges ont commencé en octobre 1936. Sa femme, Bronislava Sigizmundovna Krasutskaya, ma grand-mère, était également une Vieille bolchevik. Elle a été expulsée du Parti et envoyée en exil où elle est morte en 1950.
Ma mère n’a survécu que par miracle. Elle avait des problèmes psychologiques et a passé un certain temps en traitement psychiatrique au moment où elle a été arrêtée – elle ne pouvait pas supporter ce qui se passait dans les années 1930 – et je crois que finalement, cela lui a sauvé la vie. Elle a passé plus de 20 ans dans divers camps de travail et prisons.
WSWS : Saviez-vous que votre mère a signé la Déclaration des 83 en 1927?
Zorya Leonidovna Serebryakova : Non, je ne le savais pas. Elle ne me l’aurait jamais dit. Mais je suis très heureuse de l’apprendre. Très probablement, elle ne me l’a pas dit parce qu’elle avait peur. Dans ses mémoires [sur son arrestation], elle écrit à un moment donné: «Ce que nous craignions le plus, c’étaient les provocations » Cette crainte n’est jamais vraiment partie, pas même sous Khrouchtchev [1956-1964], alors qu’elle était devenue une écrivaine célèbre.
WSWS : Qu’est-ce qui vous est arrivé?
Zorya Leonidovna Serebryakova : J’aurais pu être tuée si j’avais été un garçon ou âgée d’un an de plus. Staline avait ordonné que les enfants, à partir de 15 ans, soient tenus pour responsables de «crimes» selon les mêmes normes que les adultes.
Rauf Lakoba, le fils de Nestor Lakoba [15], et ses deux cousins ont été arrêtés à 15 ans. Leurs parents n’étaient pas membres de l’Opposition de gauche, mais ils étaient en bons termes avec Trotsky et l’ont hébergé avec [sa femme] Natalia Sedova en 1924 et 1925 dans leur maison en Abkhazie.
Les garçons ont été emmenés d’Abkhazie pour être jetés en prison à Moscou et finalement être tués sur l’ordre de Staline. En Abkhazie, Rauf et sa mère ont été torturés en face l’un de l’autre. Ils voulaient la forcer à témoigner contre son mari. Elle a refusé et a dit à plusieurs reprises à son fils : «Tiens bon!» Pouvez-vous imaginer cela? Elle a finalement succombé à la torture. Il a ensuite été abattu.
J’ai été envoyée en exil en 1937 et je suis revenue en 1945. En 1949, j’ai été arrêtée à nouveau. J’avais déjà eu Viktor, mon fils. Il a été envoyé dans un orphelinat. Mon mari a été arrêté et envoyé dans les camps la même année.
Ma mère et moi avons été réhabilitées par Khrouchtchev en 1956, pour lequel je suis très reconnaissante. Je pense qu’il est très important de se rappeler que Khrouchtchev a libéré des centaines de milliers de prisonniers politiques. Les gens n’apprécient pas pleinement cela. Nous étions en mesure de retourner à Moscou et avons reçu un logement gratuit. J’ai été autorisée à travailler comme historienne et je pouvais faire des recherches dans les archives, et j’ai commencé à travailler sur ma thèse.
Ma mère était amie avec la femme de Khrouchtchev. Sous Khrouchtchev, ma mère est redevenue une écrivaine célèbre, a été invitée à toutes sortes de réceptions, et ainsi de suite.
Lorsque Khrouchtchev a été écarté du pouvoir [en 1964], il est devenu impossible pour moi de défendre ma thèse de doctorat. J’ai toujours essayé d’obtenir la réhabilitation de mon père, mais pendant les deux décennies suivantes, il n’y a pas eu d’autres réhabilitations. Ils m’ont dit: «Mais qu’est-ce que vous voulez de toute façon? Après tout, vous savez bien qu’il était trotskyste…»
Je n’ai pu reprendre mon travail sur ma thèse de doctorat que sous Gorbatchev [1985-1991].
Puis, sous Eltsine en 1992, j’ai été licenciée de mon emploi à l’Institut historique. Ils m’ont dit: «Malheureusement, nos avis sont trop divergents.» J’ai été assez stupide pour dire: «Eh bien, je pensais que nous étions maintenant en démocratie, de sorte que cela n’est pas censé avoir d’importance.» Le directeur de l’institut m’a répondu: «Zorya Leonidovna, vous ne pouvez pas être naïve à ce point? Après tout ce que vous avez traversé…» Ils ne se sont même pas souciés des formalités en me renvoyant.
Le hasard a voulu que, le même mois que j’ai été licenciée de mon emploi, Sudoplatov [16] et Eitington [17] – les principaux organisateurs de l’assassinat de Trotsky – ont été réhabilités.
Les années 1990 ont été terribles. Les temps sous Staline étaient, bien sûr, au-delà de toute description. Mais dans les années 1990, c’était le chaos absolu. Si ce n’était pas de mon fils, je ne serais plus ici. Je n’avais pas de travail et pas de quoi vivre. Des voisins ont été volés, certains tués, et personne ne s’en mêlait. C’était ce à quoi le capitalisme, que tout le monde avait tant attendu, ressemblait en réalité.
Je me souviens avec horreur des événements d’octobre 1993. L’Occident et l’intelligentsia, bien sûr, ont applaudi quand Eltsine a dissout le parlement, même s’il n’avait pourtant pas le droit de le faire! Et ils ont continué d’applaudir même quand il a ordonné l’assaut contre la Maison-Blanche avec des chars. Je suis passé par beaucoup de choses, mais quand vous voyez l’histoire en mouvement comme ça, c’est vraiment terrifiant.
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Notes :
1. Le VIe congrès du Parti de la faction bolchevik du Parti social-démocrate de Russie a lieu à Prague, du 5 au 17 janvier 1912. La conférence marque la rupture définitive entre les bolcheviks, qui forment dorénavant et officiellement un parti distinct, et la faction menchevik du Parti social-démocrate de Russie. [Retour au texte]
2. Nikolaï Nikolaïevitch Krestinsky (1883-1938) est membre du Parti bolchevik dès 1903 et membre du Comité central (CC) de 1917 à 1921. De 1919 à 1920, il est secrétaire du CC. Krestinsky reste un associé politique de longue date de Trotsky jusqu’à ce qu’il rompe avec l’Opposition de gauche en avril 1928. Il est exécuté après le Troisième procès de Moscou en mars 1938 et réhabilité en 1956. [Retour au texte]
3. Evgeny Alekseevich Preobrajensky (1886-1937) est membre du Parti bolchevik dès 1903. Il est un membre de haut rang dans le Parti sous Lénine et devient plus tard l’un des principaux théoriciens en économie de l’Opposition de gauche. Il capitule en 1929 et est abattu en juillet 1937. Il est réhabilité en 1988. [Retour au texte]
4. Alexandre Konstantinovich Voronsky (1884-1937) est un critique littéraire marxiste majeur du XXe siècle. Bolchevik dès 1904, il est un participant actif dans les révolutions de 1905 et de 1917. Plus tard, il devient une figure importante de l’Opposition de gauche. Comme rédacteur en chef de la revue littéraire Krasnaya Nov’ [Terre vierge rouge], Voronsky est connu comme l’un des critiques littéraires les plus influents des années 1920. Il quitte officiellement l’Opposition en octobre 1929. Il est arrêté immédiatement après le Deuxième procès de Moscou le 1er février 1937 et abattu le 13 août 1937. Voronsky est réhabilité en 1957. [Retour au texte]
5. Nikolaï Ivanovitch Boukharine (1888-1938) est un membre dirigeant du Parti bolchevik. Après avoir pris des positions d’extrême gauche pendant la Guerre civile, il soutient Staline dans la lutte interne du Parti contre Trotsky et est le principal théoricien du «socialisme dans un seul pays» (1924). Plus tard, il s’éloigne de Staline et apparaît comme le chef de l’Opposition de droite qui exige des politiques plus favorables au marché. Il est abattu en 1938 et réhabilité en 1988. [Retour au texte]
6. Grigory Yakovlevitch Sokolnikov (1888-1939) est membre du Parti bolchevik dès 1905. Il est une figure de haut rang dans le gouvernement soviétique sous Lénine. En tant que partisan de Zinoviev, il rejoint l’Opposition de gauche en 1925. Il est arrêté en 1936 et tué en 1939. Réhabilité en 1988. [Retour au texte]
7. Galina Iosifovna Serebryakova (1905-1980) est une éminente écrivaine soviétique et membre de longue date du Parti bolchevik. Elle signe la Déclaration des 83 de l’Opposition de gauche en 1927. Elle est arrêtée en 1936 et réhabilitée en 1956. [Retour au texte]
8. Léon Trotsky Œuvres Décembre 1936/Février 1937, (Paris : Publications de l’Institut Léon Trotsky, 1982), p. 140. [Retour au texte]
9. Ibid. [Retour au texte]
10. Ibid. p. 131. [Retour au texte]
11. Lavrenty Pavlovich Beria (1899-1953) devient membre du Parti bolchevik en 1917. Il devient rapidement un chef de file de la Tcheka et appartient au Cercle des intimes de Staline. Il est le bourreau notoire des Procès de Moscou. Beria est le chef du NKVD pendant la Deuxième Guerre mondiale et vice-premier ministre de 1946 à son arrestation, suivie par sa condamnation et son exécution après la mort de Staline en 1953. [Retour au texte]
12. Max Eastman, Love and Revolution. My Journey through an Epoch (New York : Random House, 1964), p. 536 (notre traduction). [Retour au texte]
13. Iosif Moiseevich Byk (1882-1936) est un participant actif de la Guerre civile et un membre de haut rang du Parti bolchevik en Ukraine. Il signe la Déclaration des 46 en 1923, est arrêté en juillet 1936 et abattu le 5 octobre de la même année. [Retour au texte]
14. La Déclaration des 46, une lettre des plus grands bolcheviks envoyée en secret au Politburo le 15 octobre 1923, est le document fondateur de l’Opposition de gauche. Pour la traduction complète en français et les signataires de la lettre, voir http://www. marxists. org/francais/4int/ogi/1923/ogi_19231015. pdf. [Retour au texte]
15. Nestor Lakoba (1893-1936) est un bolchevik abkhaze. Il soutient Staline dans la lutte interne du parti dans les années 1920. Cependant, il continue d’entretenir de bonnes relations avec de nombreux autres leaders bolcheviks membres de l’Opposition, y compris Serebryakov et Léon Trotsky, qu’il héberge dans sa maison en 1925. Il est arrêté et meurt dans des circonstances mystérieuses en 1936. La plupart des membres de sa famille sont réprimés, envoyés en exil ou tués. [Retour au texte]
16. Pavel Anatolyevich Sudoplatov (1907-1996) est une figure de proue dans le GPU, le NKVD et le MVD. Il est placé à la tête du plan pour l’assassinat de Léon Trotsky en mars 1939. Sudoplatov choisit personnellement l’assassin de Trotsky, Ramon Mercader, qui tue le chef de la Quatrième Internationale en août 1940. Il est arrêté après la mort de Staline en 1953 et purge une peine de prison de 15 ans. Il est réhabilité en 1992, quelques jours après la dissolution officielle de l’URSS, et enterré au prestigieux cimetière du monastère Donskoï à Moscou. [Retour au texte]
17. Nahum Isaakovich Eitington (1899-1981) joue un rôle majeur dans l’appareil des services secrets de Staline. Travaillant pour le GPU pendant la Guerre civile d’Espagne (1936-1939), il est responsable de l’assassinat de milliers de communistes, en plus d’établir des liens avec des staliniens espagnols tels Ramon Mercader, qui seront ensuite impliqués dans l’assassinat de Trotsky. Avec Sudoplatov, il est chargé de l’organisation et de l’exécution d’un plan pour assassiner Trotsky. Au début des années 1950, il est jugé dans le soi-disant Complot des blouses blanches et accusé de collaborer dans une tentative de complot contre Staline pour s’emparer du pouvoir. Après la mort de Staline et de Beria, il est emprisonné pendant 12 ans. Il est réhabilité au début de 1992 après la chute de l’URSS, en même temps que Sudoplatov. [Retour au texte]