Il y a 100 ans : l'intensification des tensions politiques fait tomber le gouvernement français

Caillaux

Le 2 décembre 1913, le cabinet français tomba, avec la démission du premier ministre Louis Barthou. Si la cause immédiate de cette chute tenait aux différends sur la politique financière, cette crise du gouvernement reflétait des différences profondes au sein de l'élite dirigeante française concernant la croissance des tensions inter-impérialistes en Europe, et aux revers militaires subis par l'impérialisme français en Afrique du Nord.

L'opposition parlementaire au gouvernement était menée par Joseph Caillaux, chef du Parti radical et ex-premier ministre, qui s'opposait à la politique de Barthou consistant à vouloir lancer un emprunt public de 52 millions de livres sans augmenter les impôts. Caillaux, populiste démagogue lié à certaines sections du Parti socialiste, demandait l'introduction d'un impôt progressif sur les revenus.

Plus d'un quart du prêt envisagé aurait servi à couvrir les coûts des opérations militaires françaises dans le protectorat du Maroc, théâtre de troubles sociaux importants aux cours des trois années précédentes. Barthou affirmait également qu'il fallait payer pour l'augmentation de la durée du service militaire obligatoire, passée de deux à trois ans en mai.

L'introduction de la « loi des trois ans » était largement contestée, le Parti socialiste et les principaux syndicats avaient organisé des manifestations rassemblant jusqu'à 100 000 personnes. Caillaux avait dénoncé cette loi par crainte qu'elle ne concentre l'opposition au militarisme.

Cette loi était en général considérée comme une réaction face au renforcement militaire de l'Allemagne, Caillaux de son côté prônait des relations plus étroites entre les deux pays. Il avait dû démissionner de son poste de premier ministre en janvier 1912, suite à des révélations sur des négociations secrètes qu'il avait menées avec le gouvernement allemand, sans la permission du président, à un moment où les tensions franco-allemandes étaient intenses pour le contrôle du Maroc.

Barthou démissionna immédiatement après que son cabinet eut perdu un vote au Parlement sur cet emprunt. Le président Raymond Poincaré proposa au député radical Gaston Doumergue le poste de premier ministre, et Caillaux devint ministre des Finances.

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