Alors que les travailleurs aux États-Unis et ailleurs dans le monde voient leurs revenus chuter, la valeur nette combinée des avoirs des milliardaires du monde a doublé depuis 2009, selon un rapport publié mardi par UBS et Wealth-X, des sociétés-conseils faisant un suivi des super-riches.
La richesse collective des milliardaires du monde atteint maintenant le sommet de 6.500 milliards de dollars, un chiffre presque aussi grand que le produit intérieur brut de la Chine, la deuxième économie du monde. Le nombre de milliardaires a augmenté à 2.170 en 2013, alors qu’il était de 1.360 en 2009, selon le rapport.
Le vaste enrichissement de cette couche sociale provient de la flambée des marchés boursiers, alimentée par «l’argent facile» et les opérations d’impression de la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales. Ce processus s’intensifie. Ainsi, la semaine dernière, la Banque centrale européenne, répondant à une détérioration des conditions économiques en Europe, a abaissé son taux d’intérêt directeur de moitié, le faisant passer de 0,5 pour cent à 0,25 pour cent, insufflant ainsi une nouvelle vague de liquidités dans les marchés financiers.
Le lendemain de la publication du rapport de Wealth-X, Twitter, le service de réseautage social, a lancé son offre publique initiale, créant 1.600 millionnaires sur papier en une seule journée, alors que ses actions ont doublé en quelques heures selon le cabinet d’analyse financière PrivCo. Evan Williams, co-fondateur du site, a augmenté sa richesse dans le processus, la faisant passer de 1 milliard de dollars à 2,5 milliards de dollars. L’autre co-fondateur, Jack Dorsey, a fait 500 millions de dollars, ce qui porte maintenant sa fortune à 2 milliards de dollars.
Ce rapport sur la richesse reflète la croissance parasitaire du secteur financier dans l’économie mondiale. Ainsi, 17 pour cent des milliardaires ont amassé leur richesse dans les secteurs financier, bancaire et de l’investissement plus que tout autre, alors que seulement 8 pour cent se sont enrichis dans le secteur manufacturier.
La grande expansion dans les revenus des super-riches survient alors même que les services sociaux subissent des compressions sauvages aux États-Unis, en Europe et dans le monde entier. Plus tôt ce mois-ci, les prestations de coupons alimentaires ont été réduites pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, et les prestations de chômage prolongées doivent expirer complètement à la fin de l’année.
Le budget du programme de coupons d’alimentation SNAP est actuellement de 74,6 milliards de dollars par année, et le financement pour un an de la prolongation des allocations de chômage prolongées qui prendront fin en janvier coûterait 25,2 milliards de dollars. La valeur nette combinée des avoirs des 515 milliardaires américains permettrait de financer ces deux programmes pendant 100 ans.
En plus d’analyser la richesse des milliardaires du monde entier, le rapport documente les énormes sommes dépensées par ceux-ci en articles de luxe. Les milliardaires du monde entier possèdent pour environ 126 milliards de dollars en yachts, jets privés, oeuvres d’art, antiquités, articles de mode, bijoux et voitures de collection. Ce chiffre est supérieur au produit intérieur brut du Bangladesh, un pays de 150 millions de personnes.
Les 2.170 milliardaires du monde détiennent 48 milliards de dollars en yachts, soit une moyenne de 22 millions de dollars par navire. Pour mettre ce chiffre en perspective, les Nations Unies ont estimé que pour éradiquer la faim dans le monde, il faudrait un investissement de 30 milliards de dollars par année.
Le rapport estime les avoirs immobiliers des milliardaires de la planète à 169 milliards de dollars, soit en moyenne 78 millions de dollars par personne. Comme il est noté dans le rapport, «le milliardaire moyen possède quatre maisons, chacune ayant une valeur de près de 20 millions de dollars.»
Le rapport ajoute : «Le temps et la distance sont rarement des limites pour les milliardaires du monde, beaucoup ayant un ou deux jets privés, un super yacht et d’autres modes de transport confortables et rapides, sans parler de plusieurs maisons disséminées ailleurs dans le monde.»
En dépit de leur mobilité, les milliardaires du monde sont concentrés autour des grands centres financiers tels New York, qui compte 96 milliardaires, suivi par Hong Kong avec 75, Moscou avec 74, et Londres avec 67. Si la richesse des milliardaires de New York était réparties entre les 1,7 millions d’habitants pauvres de la ville, chacun obtiendrait 170.000 dollars.
La couche sociale des super-riches représente un énorme fardeau pour la société mondiale, ne produisant rien de valeur tout en monopolisant de vastes ressources. Non seulement de vastes ressources sociales sont consacrées à l’enrichissement personnel des super-riches, mais de plus, leur domination sur la vie économique et politique agit comme un bloc à toute solution rationnelle aux grands problèmes auxquels est confrontée l’humanité. Le contrôle des super-riches sur tous les aspects de la vie politique à travers le monde a des conséquences désastreuses.
Cet état de fait est le résultat inévitable du système capitaliste, qui traite la richesse des milliardaires du monde entier comme sacro-sainte, alors que les besoins de la population, tels que l’éducation, le logement et la santé, sont sujets à être sacrifiés.