Les dix directeurs généraux les mieux payés aux États-Unis ont chacun reçu plus de 100 millions de dollars en 2012, d'après un sondage de GMI Ratings dont les résultats ont été publiés dans le Guardian mardi dernier. Deux chefs d'entreprise ont chacun reçu plus de 1 milliard de dollars, et le salaire combiné des dix premiers directeurs généraux était de 4,7 milliards de dollars.
Pendant même que les salaires de la population travailleuse diminuent, les revenus des super-riches continuent d'augmenter et sont gonflés en plus par les injections massives de liquidités de la Réserve fédérale qui viennent alimenter la croissance des marchés boursiers. «Je n'ai jamais rien vu de tel», dit Greg Ruel, l'auteur de l'article, au Guardian, «d'habitude, quelques directeurs généraux dépassent le seuil des 100 millions de dollars, mais jamais tous les 10 mieux payés».
Mark Zuckerberg, le directeur général du géant des médias sociaux Facebook, a reçu plus de 2,27 milliards de dollars, pendant que Richard Kinder, qui est à la tête de la compagnie énergétique Kinder Morgan, a encaissé 1,16 milliard de dollars.
Trois de ces 10 directeurs sont à la tête d'entreprise en technologie, incluant Zuckerberg, Tim Cook de Apple, qui a reçu 143,8 millions $, et Marx Benioff de salesforce.com, qui a empoché 109,5 millions $.
Deux autres dirigent des entreprises médiatiques. Mel Karmazin de Sirius XM Radio a empoché 255.3 millions $, et Gregory Maffei a reçu 254,8 millions $ en tant que dirigeant de Liberty Media, et un autre 136,4 millions $ en tant que chef de son entreprise sœur, Liberty Interactive.
Dans le secteur du commerce de détail, Edward Stack de Dick's Sporting Goods a empoché 142 millions $, tandis que Howard Schultz de Starbucks a reçu 117.5 millions $.
Frank Coyne, le dirigeant de l'entreprise d'informations sur les finances Verisk Analytics, a reçu 100,4 millions $.
Zuckerberg a reçu plus de 6 millions $ par jour, ou 5133 $ par minute. Avec un salaire de base de «seulement» un demi million de dollars, la vaste majorité de sa rémunération provient de l'exercice des 60 millions d'actions acquises lors du premier appel public à l'épargne de Facebook l'an dernier.
Les autres PDG de la liste ont également accumulé tous leurs gains à travers le marché boursier, recevant un total de 3,3 milliards $ d'options sur actions comparé à une rémunération au comptant de 16.2 millions $.
Malgré la stagnation de l'économie réelle, la valeur des actions a augmenté, le Dow Jones Industrial Average ayant grimpé de plus de 15 pour cent au cours de l'année passée et plus de 132 pour cent depuis 2009.
Ruel a dit au Guardiam qu'un marché boursier en hausse «permet aux PDG d'empocher de vastes sommes d'argent qui proviennent de gratifications en actions de l'ordre de centaines de milliers et parfois de millions de dollars.» Il a rajouté que «des comités de rémunération continuent d'accorder de larges parts de capitaux propres qui vont profiter de toute augmentation du prix des actions.»
Le sondage de GMI a trouvé une augmentation moyenne en rémunération de 8,47 pour cent pour plus de 2 000 PDG sondés. Le salaire moyen d'un PDG d'une entreprise des Fortune 500 a atteint 13,7 millions $, d'après GMI.
D'après le rapport de Forbes 400 publié en septembre, les 400 individus les plus riches aux États-Unis ont augmenté leur fortune de 17 pour cent en 2013, leur richesse collective passant de 1,7 billions de dollars à plus de 2 billions de dollars.
La richesse de ces 400 individus représente plus de deux fois la somme nécessaire pour rembourser le déficit du budget fédéral, qui est utilisé comme justification pour sabrer l'aide alimentaire, l'éducation, le logement et les programmes de services de santé.
Une statistique en particulier illustre l'incroyable augmentation de l'inégalité sociale aux États-Unis. La part des revenus des 1 pour cent les plus riches de la société a presque doublé entre 1979 et 2013, passant de 10 pour cent à 19.8 pour cent.
Le fossé grandissant qui sépare les riches et super-riches du reste de la population est lié au dépérissement de l'infrastructure productive du capitalisme américain et au rôle grandissant de la spéculation financière. Une étude récente publiée dans l'American Economic Review a trouvé qu'entre 1982 et 2011, la portion des Forbes 400 qui doivent leur fortune à la finance a augmenté de façon importante: de 4.4 pour cent à 20 pour cent.
Le revenu d'un ménage typique aux États-Unis a baissé au niveau le plus bas depuis 1989, pendant que la pauvreté atteint des niveaux qui n'ont pas été vus depuis des décennies, d'après un rapport publié par le Centre américain des statistiques (US Census Bureau) le mois dernier. Depuis 1999, le revenu moyen d'un ménage, ajusté à l'inflation, a chuté de presque 10 pour cent.
La pauvreté et la misère sociale ont atteint des niveaux épidémiques. Une étude publiée plus tôt ce mois-ci par la Southern Education Foundation montre que plus de la moitié des enfants qui fréquentent les écoles publiques aux États-Unis étaient pauvres quand l'année scolaire a pris fin en 2011. Des 45 pays les plus riches au monde, les États-Unis se situent en deuxième place derrière la Roumanie pour le taux de pauvreté infantile.
Pendant même que la Réserve fédérale continue d'injecter 85 milliards de dollars dans le système financier par mois, les démocrates et républicains ont agressivement coupé dans les dépenses qui servent la population travailleuse, incluant les coupes de 85 milliards $ du «séquestre» cette année seulement.
Maintenant, à la suite de la fermeture du gouvernement, l'administration Obama et le Congrès conspirent pour couper des centaines de milliards de plus des programmes sociaux fondamentaux comme l'assurance-maladie (Medicare) et l'assurance sociale.
Une augmentation temporaire dans l'aide alimentaire (Programme complémentaire d'aide alimentaire, SNAP) introduite en 2009 doit prendre fin à la fin du mois, ce qui va entraîner une réduction annuelle des prestations de plus de 300 dollars pour une famille de trois. Après les coupes, l'assistance alimentaire représentera moins de 1,40 dollar par individu par repas, d'après le Centre pour les priorités budgétaires et politiques (Center on Budget and Policy Priorities).
Pendant ce temps, le programme fédéral d'indemnité d'urgence pour personnes au chômage (Emergency Unemployment Compensation), qui offre des prestations de chômage prolongées au-delà de la limite des 26 semaines des programmes d'assurance-emploi de la plupart des États, arrive à échéance en décembre.
L'affirmation selon laquelle il n'y aurait «pas d'argent» pour maintenir ces programmes sociaux est démentie par les niveaux obscènes de richesse monopolisée par une minuscule couche de parasites en haut de l'échelle sociale.
L'enrichissement continu des super-riches à travers les injections d'argent dans les marchés financiers par le gouvernement, pendant que des programmes sociaux vitaux sont éliminés, reflète la subordination complète du système politique et des deux grands partis à l'élite patronale et financière. Le système capitaliste entraîne la pauvreté et la misère pour de sections grandissantes de la population. La défense des droits sociaux les plus élémentaires: un emploi stable et bien payé; un logement; des soins de santé et une retraite confortable, requiert une lutte consciente de la classe ouvrière pour un système basé sur l'égalité sociale – c'est-à-dire, le socialisme.
(Article original paru le 24 octobre 2013)