La campagne menée par les Etats-Unis et l’OTAN pour justifier la guerre contre la Syrie se désagrège alors qu’une attaque est imminente

La campagne menée par Washington pour justifier une guerre contre la Syrie s’effondre au moment où il devient de plus en plus clair que la guerre est illégale et que Washington ne dispose d’aucune preuve pour appuyer les accusations émises contre le régime du président syrien Bachar al-Assad d’avoir utilisé des armes chimique à Ghouta. Malgré les articles de presse sur une attaque imminente des Etats-Unis et de l’OTAN, les responsables américains et britanniques ont laissé entendre hier qu’ils pourraient retarder le déclenchement de la guerre.

L’inquiétude est en train de grandir au sein de l’establishment politique quant à la manière de ficeler une guerre en Syrie sur le modèle de l’invasion détestée de l’Irak en 2003. Une fois de plus, Washington et Londres ont décidé de lancer une guerre fondée sur des mensonges concernant des armes de destruction massive et en l’absence d’un mandat légal du Conseil de sécurité de l’ONU, donc en violation du droit international.

Avant même le début de la guerre, les responsables du gouvernement Obama sont en déroute. Dans une interview accordée mardi soir à la chaîne de télévision PBS, Obama a tenté de prendre ses distances par rapport aux menaces d’une attaque imminente : « Nous n’avons pas encore pris de décision, mais la norme internationale contre l’usage des armes chimiques a besoin d’être maintenue en place. Si nous le disons clairement et énergiquement mais d’une façon limitée, nous envoyons un coup de semonce pour dire arrêtez ; ceci peut avoir un impact positif sur notre sécurité nationale à long terme. »

L’affirmation d’Obama que son gouvernement n’a pas pris de décision d’agir contre Assad est un mensonge absurde. Washington exige depuis plus d’un an le renversement d’Assad tandis que la CIA a massivement armé les milices islamistes d'opposition liées à al Qaïda contre son régime.

Un haut responsable américain a contredit Obama hier en disant à la chaîne NBC que les mesures américaines en faveur d’une intervention en Syrie avaient « atteint le point de non retour, » et que le lancement des frappes n’était qu’une question de jours.

Obama se heurte aussi à une opposition face à sa tentative de déclencher une guerre en l’absence d’un vote au Congrès et en violation à la Constitution américaine. Une pétition signée par 111 législateurs, 94 républicains et 17 démocrates, prévient que ceci serait « une violation de la séparation des pouvoirs. » La pétition demande que le Congrès soit convoqué de nouveau de façon à pouvoir soutenir la guerre et « partager le fardeau des décisions prises relatives à une implication des Etats-Unis dans un conflit qui est en train de rapidement s’intensifier en Syrie. »

Hier, le gouvernement conservateur-libéral démocrate britannique a renoncé à son intention de faire voter en faveur d’un appui pour la guerre en Syrie. Avec le soutien de l’opinion publique pour la guerre oscillant entre six et neuf pour cent et des prédictions de manifestations anti-guerre massives, et avec des désaccords au sein de l’armée et même du gouvernement, le Parti travailliste (Labour Party) d’opposition a déclaré qu’il ne soutiendrait pas une implication directe des forces britanniques sans qu’un vote supplémentaire ait lieu à la Chambre des Communes.

Dans le but de fournir un cache-sexe à son soutien à la guerre, le Labour a insisté pour dire que le Conseil de sécurité des Nations unies doit pouvoir tenir compte d’un rapport des inspecteurs en armes chimiques chargés d’enquêter sur les présumées attaques chimiques et que « tous les efforts doivent être faits pour obtenir une résolution du Conseil de sécurité appuyant une action militaire avant qu’une telle action ne soit prise. »

L’ONU a dit que les inspecteurs auront besoin de quatre jours au moins pour achever leur travail en Syrie.

La motion laissera maintenant la porte ouverte à une intervention, en demandant aux députés de souscrire au principe qu’une « réponse humanitaire forte » est requise de la part de la communauté internationale qui « pourra, le cas échéant, exiger une action militaire qui soit légale, proportionnée et destinée à sauver des vies en empêchant et en dissuadant tout nouvel usage d’armes chimiques en Syrie. »

Le fait que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se soient embarqués dans une politique aussi irresponsable et impopulaire, d’abord en armant les milices islamistes de l'opposition contre Assad, puis en décidant d’attaquer illégalement la Syrie, témoigne du fait qu’ils sont indifférents à l’opinion publique. De par leurs déclarations incendiaires répétées, Obama et Cameron jouent leur autorité politique dans cette guerre. Ils chercheront coûte que coûte à aller de l’avant, malgré son impopularité et une pression internationale croissante.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a affirmé cette semaine que Washington n’avait pas de preuve pour confirmer ses allégations selon lesquelles les forces d’Assad avaient gazé des civils syriens à Ghouta. « Ils ne peuvent pas fournir de preuves mais ils ne cessent de dire que la ‘ ligne rouge ‘ a été franchie et qu’on ne peut plus attendre plus longtemps, » a-t-il dit en soulignant que « le recours à la force sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU est une violation grossière du droit international. »

Craignant que le gouvernement Obama ne sape la crédibilité de l’ONU en optant pour la guerre avant même que les inspecteurs aient enquêté sur Ghouta, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a plaidé hier : « L’équipe a besoin de temps pour faire son travail. Il faut donner une chance à la paix ; une chance à la diplomatie, il faut mettre fin aux combats et entamer des pourparlers. »

Les responsables du gouvernement Obama ont toutefois dit à l’ONU d’annuler la mission des inspecteurs. Selon le Wall Street Journal, le gouvernement a dit à Ban que les efforts entrepris par les inspecteurs Syrie étaient « inutiles ». La chaîne CNN a rapporté mercredi que « les responsables américains disent presque aux inspecteurs des Nations unies en Syrie de décamper. »

Washington ne veut décidément pas que la vérité éclate sur ce qui s’est passé à Ghouta. L’incident en soi qui implique des armes chimiques aurait pu être fabriqué par les services secrets américains, dans une opération visant à fournir un prétexte à la guerre. Depuis le milieu du mois, les régions à proximité du lieu de l’incident chimique grouillent d’activistes entraînés par la CIA et sous la direction de commandos américains, israéliens et jordaniens.

Des enquêtes précédentes de l’ONU avaient conclu que les rebelles soutenus par les Etats-Unis étaient responsables des autres attaques aux armes chimiques en Syrie.

La propagande de l’Etat et des médias soutient que les projets d’attaque américains représentent une réponse limitée aux violations par Assad du droit international. Ces affirmations qui sont consciencieusement disséminées par des médias qui sont à la botte de l’Etat, sont des mensonges visant à désorienter l’opinion publique. L’objectif des frappes américaines planifiées est de tuer Assad et de paralyser son armée, pour ainsi modifier l’équilibre du pouvoir en Syrie entre le régime d'Assad et les milices islamistes d'opposition appuyées par les Etats-Unis.

L’offensive américaine est fondée sur un plan minutieusement préparé pour détruire les capacités militaires du régime syrien. Selon la CNN, « rien n’indique que les missiles cibleraient les stocks d’armes chimiques. » En fait, des frappes contre « les abris des centres de commandement » et des terrains d’aviation sont en train d’être planifiées.

Les Etats-Unis sont en train d’acheminer un important matériel dans la région, dont au moins un sous-marin nucléaire et quatre destroyers en Méditerranée, et deux porte-avions dans la partie occidentale de l’Océan indien. En plus du renforcement britannique des chasseurs-bombardiers et de l’équipement militaire à Chypre, pays voisin, ces déploiements montrent clairement que les affirmations des médias prétendant que la guerre syrienne se limiterait à des opérations de piqûres d’épingle sont des mensonges. Les Etats-Unis et leurs alliés sont en train de préparer des attaques dévastatrices qui tueront des milliers de personnes et ravageront l’infrastructure syrienne.

L’offensive menée par les Etats-Unis et leurs alliés risque de déclencher une guerre régionale bien plus vaste, voire même mondiale. Cela fait une décennie que les faucons américains et les planificateurs militaires réclament une guerre contre la Syrie qui s'accompagne d'un « changement de régime » dans le but d’ouvrir la voie à une attaque de l’impérialisme américain contre sa cible principale dans la région, l’Iran, et préparer le terrain pour une confrontation des Etats-Unis avec la Russie et la Chine.

L’Iran a réagi aux menaces de guerre en prévenant que des frappes seraient perpétrées contre Israël en représailles. Le porte-parole iranien du ministère des Affaires étrangères, Abbas Araqchi a dit : « Nous voulons adresser une sévère mise en garde contre toute attaque militaire en Syrie. Il y aura certainement des conséquences dangereuses dans la région. Ces complications et ces conséquences ne se limiteront pas à la Syrie, elles engloutiront la région tout entière. »

Mercredi, apparemment suite aux déclarations faites par l’Iran, Israël a mobilisé des réservistes et a renforcé son dispositif de défense anti-missile.

(Article original paru le 29 août 2013)

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