Un gel des salaires durant les trois prochaines années, une réduction du temps de pause, un contrôle exercé par l’entreprise sur les vacances – ce ne sont là que quelques-unes des concessions contenues dans un accord que le syndicat australien des travailleurs du secteur manufacturier (Australian Manufacturing Workers Union,AMWU), a conclu en collaboration avec le gouvernement travailliste et General Motors Holden (GMH).
Cette trahison a été soumise au vote des travailleurs de GMH sous la forme d’un ultimatum. Il ne s’agissait rien de moins qu’un chantage vu qu’un rejet de l’accord par les travailleurs aurait entraîné la fin de la production en 2016.
Le syndicat AMWU avait clairement fait comprendre avant le vote qu’il accepterait la fermeture des usines de GMH et abandonnerait les travailleurs à leur sort si l’accord n’était pas accepté.
Lors du vote des 1.700 travailleurs à l’usine GMH à Elizabeth, en Australie du sud, 30 pour cent des salariés ont rejeté l’accord. Le vote doit encore avoir lieu à l’usine de Melbourne.
Les travailleurs de GM-Opel en Europe sont confrontés à des dilemmes identiques en raison du rôle réactionnaire joué par les syndicats. En Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne et dans d’autres pays, GM a appliqué, en collaboration avec les syndicats, des réductions drastiques des salaires et des emplois.
J’appelle tous les travailleurs d’Opel et les travailleurs de l’ensemble de l’industrie automobile européenne à contacter leurs collègues GM en Australie pour organiser une lutte commune ! Adressez-vous au Parti de l’Egalité sociale et à la rédaction du World Socialist Web Site. Nous vous aiderons à établir ce contact.
Les entreprises mondiales, telles GM luttent impitoyablement pour des parts de marché et des bénéfices aux dépens des travailleurs. La crise financière internationale est utilisée pour un retour en arrière de 100 ans dans l’histoire. Les attaques contre les travailleurs de GM en Australie font partie d’une stratégie internationale ayant pour but de réduire drastiquement les coûts de main-d’œuvre et de révoquer tous les acquis conquis par les générations précédentes de travailleurs.
La faillite de GM en 2009 aux Etats-Unis, qui avait été gérée par le gouvernement Obama, a été utilisée pour fermer des usines et diminuer de manière draconienne les salaires des travailleurs nouvellement recrutés en les abaissant à la moitié du niveau de ceux des travailleurs plus anciens. Le syndicat United Auto Workers (Travailleurs unis de l’automobile, UAW) a été récompensé pour avoir soutenu cette attaque contre ses propres membres en se voyant octroyer de fortes participations au capital des trois grands constructeurs automobiles américains [«Big Three», Ford, Chrysler et General Motors (GM)].
En Europe, l’Union européenne – menée par le gouvernement allemand d’Angela Merkel – est en train d’affaiblir les travailleurs en vue des attaques à mener par les entreprises en imposant des coupes dans les dépenses sociales, notamment dans des pays de l’Europe méridionale comme l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce. Des taux de chômage de l’ordre de 20 à 30 pour cent servent d’arme à l’encontre des travailleurs. En Espagne, tout comme au Royaume-Uni, GM a déjà effectué de sévères réductions de salaire.
Dans tous les sites, les travailleurs sont montés les uns contre les autres avec l’aide des syndicats et des comités d’entreprise qui recourent au même vieil argument éculé : « Si vous travaillez à moindre coût et de manière plus productive, vos emplois sont sûrs. » En réalité, chaque concession rapproche les usines encore davantage des fermetures.
Un bon exemple de la trahison des intérêts des travailleurs est la fermeture de l’usine Opel à Bochum en Allemagne, qui emploie plus de 3.000 salariés. Pendant des années, les travailleurs d’Opel ont eu à subir le chantage de GM et du syndicat IG Metall ainsi que des comités d’entreprise pour qu’ils acceptent une série de concessions après l’autre, soi-disant pour sauver les emplois. En mars dernier, lorsqu’ils ont refusé d’accepter de nouvelles diminutions de salaire, d’emplois et la fermeture de l’usine en 2016, GM a dit que l’usine serait fermée à la fin de 2014. La production des boîtes de vitesse s’arrêtera en septembre.
La presse a rapporté il y a tout juste deux semaines qu’en Corée du sud, où GM produit plus d’une voiture sur cinq, la même stratégie est poursuivie. La production doit être fortement réduite.
Après qu’en Europe et aux Etats-Unis les salaires ont été réduits et la productivité accrue pendant des années en invoquant les coûts de main d’œuvre inférieurs en Corée du Sud, l’on prétend que les salaires y sont à présent trop élevés. L’année dernière, une grève avait entraîné une perte de production de près de 50.000 véhicules.
Le modèle Opel Mokka ne sera plus construit en Corée du sud, mais en Espagne. Quant aux syndicats sud-coréens, ils affirment que « comparée à l’Australie et à l’Allemagne, la Corée bénéficie d’un avantage en termes de coûts. » GM et les autres sociétés automobiles, conjointement avec les gouvernements nationaux et les syndicats, ont mis en marche une spirale qui, pour les travailleurs, ne pointe que dans une seule direction : vers le bas.
Au Royaume-Uni, les usines Ford à Southampton et à Dagenham ont été fermées. En Belgique, l’usine Ford de Genk fermera à la fin de 2014. La fermeture de ces trois usines à elle seule détruira 6.200 emplois.
En France, la fermeture de l’usine du groupe PSA (Peugeot-Citroën) à Aulnay est programmée pour l’année prochaine avec la perte de 3.000 emplois.
Dans chaque pays, les groupes automobiles mondiaux comptent sur les syndicats lorsqu’il est question d’imposer leurs attaques. Les syndicats ont été intégrés aux cadres supérieurs. Dans bien des cas, ils contribuent à planifier les réductions de façon à neutraliser les travailleurs des autres pays.
Les racines de la transformation des syndicats ne se trouvent pas seulement dans le caractère corrompu de leur direction, bien qu’on ne saurait le nier. La mondialisation de la production a privé les syndicats de la base de leur perspective nationaliste et réformiste. C’est parce qu’ils défendent inconditionnellement le capitalisme qu’ils sont devenus les plus proches et les plus féroces défenseurs des employeurs. Leur objectif primordial est d’accroître la compétitivité de leurs propres usines et de leur propre patronat.
Le manifeste électoral du PSG dit: « Les syndicats ont depuis longtemps cessé de représenter les intérêts des travailleurs. Ils représentent un appareil bureaucratique qui est aliéné de la classe ouvrière et qui lui est hostile. Les responsables syndicaux sont royalement rémunérés comme co-gestionnaires qui intimident et répriment les travailleurs. En Allemagne, tout licenciement, toute réduction de salaire et toute fermeture d’usine porte la signature des syndicats et de leurs représentants aux conseils d’entreprise. »
La classe ouvrière ne peut défendre ses droits durement acquis – l’emploi étant un droit fondamental inconditionnel – que si elle se rebelle contre les syndicats. Elle doit s’organiser indépendamment des syndicats et de leurs comités d’entreprise, elle doit former des comités d’action par la base des travailleurs et forger des liens avec d’autres usines automobiles dans le monde entier dans le but d’organiser une lutte internationale.
Une telle approche requiert une perspective socialiste et internationaliste axée sur la conquête du pouvoir politique. Les entreprises automobiles – au même titre que tous les autres grands groupes et les banques – doivent être expropriées, transformées en propriété publique et placées sous un contrôle démocratique. C’est sur cette base que l’ensemble de l’économie peut être réorganisée de façon à satisfaire les besoins de la population laborieuse et de la société en général et non pas les profits des milliardaires, des banquiers et des spéculateurs. La défense des usines et des emplois en est une condition préalable.
C’est en cela que réside la signification de la campagne électorale du Partei für Soziale Gleichheit (Parti de l’Egalité sociale.)
Il est nécessaire de rompre avec la politique des syndicats et des partis sociaux-démocrates. A la différence de la perspective nationaliste du Parti social-démocrate allemand (SPD), de Die Linke [La Gauche – l’homologue allemand du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon en France] et des syndicats, la classe ouvrière a besoin d’un programme socialiste international et d’un parti marxiste mondial, la Quatrième Internationale.
(Article original paru le 29 août 2013)