Le légendaire interprète country George Jones est décédé le 26 avril au centre médical de l'université Vanderbilt à Nashville au Tennessee. Il avait 81 ans. Jones était hospitalisé depuis le 18 avril lorsqu'il fut admis en raison d'une forte fièvre et une pression sanguine irrégulière.
Chanteur d'une remarquable sensibilité, capable d'atteindre une large gamme d'émotion, Jones était peut-être le plus grand vocaliste country de l'histoire. En effet, une compilation des artistes les plus marquants et fascinant de la musique populaire américaine plus particulièrement durant les années 1960 et 1970, serait incomplète sans que son nom y apparaisse.
Jones est né le 12 septembre 1931 à Saragota, Texas et grandi dans la ville de Vidor. Il était l'un des 8 enfants d'une famille ouvrière en difficulté. Son père, un camionneur, était connu pour son alcoolisme et sa personnalité volatile. La vie n'a pas dû être une vie facile pour le jeune Jones.
Jones a trouvé refuge das la musique country, qu'il a découvert à travers le célèbre programme radio du Grand Ole Opry à l'âge de 7 ans. Ayant acquis une guitare à l'âge de 9 ans, Jones démontra un réel talent musical. Il a pu ramener un peu d'argent à sa famille en chantant dans la rue pour quelques pièces de monnaie. À l'époque de son adolescence, Jones jouait dans les clubs et à la station radio voisine de Beaumont au Texas, une ville associée à l'industrie pétrolière. C'est à cet endroit qu'il devait rencontrer l'une de ses idoles, Hank Williams, qui transmit quelques mots d'encouragement au jeune homme.
Jones signa sa première entente pour l'enregistrement d'un disque en 1953 et obtenu son premier vrai succès populaire en 1955 avec son magnifique «Why Baby Why.» À partir de ce moment, sa carrière pris son envolé avec la production d'une série d'existants 45 tours à partir de la fin des années '50 et la décennie des années '60, incluant, les rythmés «White Lightnin’», et «Ragged But Right», aussi bien que des ballades émouvantes comme «Beneath Still Water», «Walk Through This World With Me» et «A Good Year for the Roses».
«The Race is On» illustre particulièrement le sens du rythme de Jones. Son phrasé s'intègre doucement et adroitement au contre temps de la section rythmique, fusionnants mots et émotions. À l'exception de quelques compositions au début de sa carrière, Jones n'était pas un compositeur. Il était avant tout un chanteur et un interprète talentueux, particulièrement pour les ballades. Son habileté à contribuer et étendre le récit fourni par la musique et les paroles était remarquable.
Au moment où Jones entra dans sa très forte période créative des années 1970, qui donna une série d'albums significatifs incluant «The Grand Tour» (1974), «Alone Again» (1976), «Bartender’s Blues» (1978), «I Am What I Am» (1980), et le classique «If Drinkin’ Don’t Kill Me (Her Memory Will)» et «He Stopped Loving Her Today» sa voix semblait capable de reproduire les bendings et les slides de la steel guitare qui l'accompagnaient si souvent. Il savait particulièrement bien exprimer le désir, les regrets et l'angoisse. Sa qualité tonique et sa sensibilité rythmique lui viennent de sa dure expérience.
En 1969, Jones épouse Tammy Wynette, une chanteuse country talentueuse. Bien que le couple ait eu une relation volatile qui se termina par un divorce six ans plus tard, ils produisent une série de duos remarquables durant les années 1970, incluant «We’re Gonna Hold On», «Golden Ring», «Near You» et «Two Story House». Ce sont des chansons d'amour émouvantes, dans lesquelles les relations sont mises à l'épreuve par des circonstances et des situations financières difficiles.
Au lieu de s'épanouir et de croitre, parfois tout ce qu'il était possible de faire était de «hold on» (tenir bon). Cette musique était combien différente de celle des premières années de l'après-guerre ! Le niveau de vie était maintenant sous attaque et il était de plus en plus difficile de se construire une vie. Beaucoup de ces sentiments et de ces états associés à ces difficultés se retrouvent dans ces enregistrements, la réalité de la vraie vie s'exprima à travers ces voix.
George Jones était à plusieurs égards un individu troublé et ses problèmes se multiplieront suite à son divorce avec Wynette. Sa lutte contre l'alcoolisme et la drogue et connut. Il avait un tempérament vif et pouvait être violent. Il connaissait trop bien la perte, la souffrance et la solitude. Ses problèmes l'emmenèrent éventuellement de force à l'hôpital psychiatrique d'Alabama pour une certaine période à la fin des années 1970.
Avec leur obsession pour les potins et les travers des célébrités, l'«hommage» que lui ont rendu suite à son décès les médias se sont attardés de manière prévisible sur sa vie personnelle et omettent pour la plupart de faire une évaluation sérieuse de sa contribution artistique.
Regardez le clip vidéo de Jones interprétant «The Grand Tour,» et tout le potinage disparait dans l'insignifiance. Dans cette pièce à propos d'un homme qui fait visite sa maison après un divorce, Jones devient tout à fait sympathique, profondément et magnifiquement humain. C'est une musique qui échappe à la moralisation et qui cherche à comprendre les gens. Son ton et ses yeux révèlent qu'il a perdu quelque chose d'important et qu'il en est lui-même en partie responsable. Il a fait ses erreurs. Mais il n'est pas le seul. C'est un être blessé qui mérite de la compassion au lieu d'être rejeté par un vindicatif «honte à toi.»
Dans cette prestation et dans plusieurs autres, Jones laisse l'auditeur avec une plus grande compréhension des difficultés de la vie, de ses personnages en marge de la société et un sentiment de solidarité avec ses camarades de vie. Souvent ses meilleures chansons regroupent plus que les problèmes d'un seul individu. C'est l'expérience d'une génération, d'une région appauvrie, d'une classe sociale…
Finalement, Jones eut la vie dure et il en paya personnellement le prix. En grande partie durant sa vie, il tenta, mais fut incapable de «tenir bon». Mais lorsqu'il était présent et qu'il chantait, il était réellement inoubliable, un interprète et un performer puissant.
Les lecteurs sont fortement encouragés à explorer son oeuvre.
(Article original anglais paru le 29 avril 2013)